14 juillet 2049
Le réveil retentit, et comme à chaque fois qu'il me réveille en sursaut, je suis quinze jours à trouver le bouton pour l'éteindre. Par habitude, je m'habille, prépare mon sac, mes Poké Balls et ma ceinture et descend en bas dans une espèce de transe, celle les lundis matins à 6 heures.
Je fis mon petit-déj'. J'entendis pleurer en haut, puis le craquement des escaliers fit son entrée et maman descendit. Mon petit frère, dans ses bras, criait comme si on l'égorgeait ou on le passait au fer à repasser. Maman me fixa, puis m'embrassa.
-Bonjour mon chéri. Rooooh, mais tu vas te taire un peu, Nate ?
-Salut m'man. C'est aujourd'hui l'épreuve commune du bilan de connaissance, je suis en stress, un truc de dingue !
Je ne pus entendre ce que venait de dire maman avec les hurlements de mon cher petit frère de 2 ans. Il fallait dire que le petit dernier de la famille était un sacré numéro. Il nous en faisait voir de toutes les couleurs ! Mais ce n'était rien comparé à la soeur...
-Tu disais quoi maman ? J'ai pas entendu un seul mot avec Nate.
-J'ai dit : si tu t'y es bien préparé, y a pas de raison que tu te plantes...
-Bennnnn... si ! Je stresse !
-Ils vont juste te poser des questions simples au début, puis de plus en plus difficiles, et une petite rédac', et c'est fini !
-Laisse tomber, tu sais pas rassurer !
Maman passa une tête à travers la porte de la cuisine.
-Relax ! C'est pas comme si tu faisais un saut vers l'aventure...
-AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH !!!
Le coeur battant, je bondis de mon lit, paniqué et confus. Quelqu'un arriva, et je mis plus d'une minute avant d'émerger définitivement et reconnaître Carapuce. Vagultabre arriva à sa suite, surpris. Tout ce petit groupe me regardait comme si je m'étais échappé de l'asile.
-Eh, ça va Max ? demanda Carapuce, les yeux écarquillés.
-Un problème ? fit Vagultabre.
-... Euuuuh nan nan nan ! En... en fait, euh... je voudrais en parler avec Carapuce...
Carapuce s'étonna, mais hocha la tête et me prit à l'écart.
-Qu'est-ce qu'il y a qui t'a fait crier ? Ah au fait, on a dormi deux jours...
-Deux jours ?! Hum, oui bon, c'est pas pour ça que je voulais te parler, c'est pour te dire que... j'ai rêvé de mon passé en tant qu'humain !
-Vraiment ?! Ouah, alors t'a fait quoi ??
Ses yeux brilaient de curiosité.
-Eh bien c'était le jour où j'ai passé l'ECBC, autrement dit l'Épreuve Commune du Bilan de Connaissance, un examen important pour devenir légalement un dresseur de Pokémon. Après je ne m'en souviens plus exactement mais ce que je sais, c'est que ce jour a été décisif pour un truc qui m'a échappé...
-Même si je n'ai pas compris la moitié, voire les trois quarts de ce que tu as dit, je considère que c'est un grand pas pour le retout de ta mémoire.
Carapuce me faisait rire avec son ignorance du mode de vie des humains, mais avec moi, il en savait quelques bases. Je revins sur le fait que l'on avait dormi deux jours entiers. Personnellement, j'ai eu l'impression que ces deux nuits avaient durés même pas une heure, juste le temps de retrouver un souvenir.
-Nous avons donc perdu du temps... mais ça m'a fait un bien fou !
-Ouais, à moi aussi ! Je suis frais pour repartir !
-Vous avez terminé ? intervint Vagultabre.
-Oui. En tout cas, merci beaucoup pour l'hospitalité. Nous te revaudrons ça, Vag !
Il sembla flatté.
-Eh bien mes amis, bon voyage, et portez-vous bien !
-Toi aussiiiiii ! cria Carapuce tandis que nous nous éloignions de lui.
Vagultabre nous salua d'un geste de la main et il disparut de mon champ de vision à cause du brouillard. Comme j'étais rentré en glissant sur la glace, je dus reprendre le sens inverse, toujours en patinant sur les pattes cette fois-ci. J'éclatai de rire quand Carapuce tomba à la renverse. Il me donna une tape amicale dans le dos en souriant tout en ayant les sourcils froncés quand je tendis ma main pour le relever. Et c'est avec un beau bleu que nous arrivâmes au point de départ, là où j'aurais du faire fondre la glace éternelle.
Pendant que j'essuyais la poudreuse qui s'était agglutinée sur mon dos, Carapuce tapotait sur le
Multidex pour tenter de trouver des infos sur Vagultabre. Bien évidemment, la base de données n'abritait pas le nom de ce Pokémon étrange. Alors Carapuce enregistra le peu d'infos que nous avions récolté sur lui et l'éteint. J'étouffai un petit cri de douleur quand je passai la main à l'endroit où Vagultabre avait lancé son Tranch'Herbe et découvrit une jolie blessure. Malgré mon type Feu, il m'avait bien eu.
-Eh, regarde-moi cette blessure ! Il ne m'a pas raté, Vag... signalai-je à Carapuce.
-Fais voir un peu... hmm, sacrée boursoufle.
-Je me demande qui était vraiment Vagultabre. Je ne l'avais jamais vu...
-Moi non plus, mais il l'a dit, il vient de loin, alors c'est normal que l'on ne le connaisse pas...
-Ouais... tu as oublié de regarder quelle sera notre prochaine destination sur le
Multidex.
-Ah zut, c'est vrai !
Il le ralluma. Il marcha pendant quelques secondes avant de mystérieusement s'éteindre sans que Carapuce n'eut à rappuyer sur le bouton arrêt. Il essaya plusieurs fois de le faire fonctionner mais rien n'y fit.
-Oh naaan, il est cassé, je sais pas pourquoi !...
-Mince, notre seul outil de localisation ! Comment on va faire ?
Carapuce regarda de fond en comble l'horizon, tentant d'apercevoir un donjon.
-Bon bah nous allons devoir nous orienter par instict et par chance...
-On est foutus si on compte sur ces choses-là.
-Oh là là mais dans quel FOUTOIR on s'est encore fourrés !
Nous nous mîmes d'accord et nous choisîmes un repère pour continuer notre route : le soleil. Pour l'instant, il était bien haut. C'est ainsi que nous marchâmes de nouveau vers cette géante boule de feu qui faisait notre lumière.
À force de le regarder, des tâches apparurent sur mes yeux. Mais le plus important, c'était que nous avançions. Avant de commencer à marcher, nous avons pris le soin de ne pas rebrousser chemin, et je sus que le chemin que nous allions prendre était le bon et que nous n'étions pas déjà passés par celui que j'ai emprunté pour sauver Carapuce grâce à mes traces de pas d'il y a deux jours, qui ne s'étaient pas estompées, étant donné que le sol était en nuages épais. Ce qui était amusant à voir, c'était les nuages se compresser sous mon poids et laisser le sceau visible et mou de nos pas. (Prenez la dernière phrase écrite en partant de la virgule après "voir", cela fait deux alexandrins, ndla.)
Au fur et à mesure que nous poursuivissions notre route, il faisait de plus en plus froid, ce qui était bien désagréable pour moi mais pas pour Carapuce.
-Tu ne sens pas cette petite brise ? sourit Carapuce.
-Si, je la sens drôlement bien passer, figure-toi, maugréai-je.
Le chemin du hasard nous conduisit devant une montagne de glace invisible au loin. C'était seulement de près que je distinguai une épaisse couche de neige ruisseler (ha ha, encore deux alexandrins !). La spécialité de ce mont était qu'elle était entièrement en nuage, mais je ne savais pas encore pourquoi il y avait des montagnes comme ça qui poussaient dans le ciel, alors que personne ne s'en rende compte sur la terre ferme. Je me demandais comment une telle chose incroyable pouvait tenir dans les cieux sans chuter. Et le plus étrange était les empreintes d'écailles autour des endroits où il neigeait abondamment. Rien que d'observer cette neiger tomber avec force fracas sur le sommet me donnait envie de faire demi-tour. Surtout qu'il y régnait un froid de canard, et que j'allais attraper un bon rhume.
-Et on ne peut pas contourner la montagne pour éviter de grimper au sommet et redescendre, tout ça en perdant un temps fou ? proposai-je. Je gardais bien à Carapuce que j'avais peur de gravir la pente.
Il n'eut pas le temps de répondre qu'un trou béant s'ouvrit juste à côté de moi. J'eus juste le temps de sauter à gauche et hurler avant qu'une fine couche de nuages se déplaçant vite ne bouche ma tombe si je n'avais pas eu le réflexe de bouger vers Carapuce. Ce dernier, perplexe, me soutenait.
-On dirait qu'il pleut en dessous de nous... déduit-il tout en me remettant droit. Tu me demandais si l'on pouvait contourner la montagne ; je pense qu'avec ça, la réponse est non.
-Humph, soupirai-je, le coeur encore en train de faire des pompes.
Après m'être remis de mes émotions fortes, nous commençâmes l'ascension de cette montagne aux nombreux secrets. Je pestai à l'intérieur de moi parce que je n'arrivais pas à avoir d'appui avec mes mains car dès que je m'aggripais, le nuage se désintégrait sous l'effet de ma chaleur. Carapuce eut aussi le droit de faillir de tomber à cause du même phénomène, il en perdit même le
Multidex.
-ATTENTION !!!
-ZUUUUUUT !!!
La machine dévala la pente et atterrit... sur une stèle. Je descendis pour aller le récuperer quand je vis les inscriptions à moitié effacées sur la stèle de pierre.
"T r ai e eu Ra u a"
Il y avait encore un message mais il était couvert de neige. Je l'enlevai immédiatement.
"To t n u s r on a n ra x é"
Malheureusement pour moi, je ne comprenais rien. Carapuce vint aussi en bas pour lire les indications et s'exclama aussitôt.
-Il faut que je note les lettres encore visibles sur le
Multidex pour ne pas les oublier et pour résoudre l'énigme plus tard.
Cependant, Carapuce se souvint que le
Multidex était H.S. Il essaya une énième fois de l'allumer quand soudain...
-Il marche !!
Le
Multidex montra la page d'acceuil. Carapuce explosa de joie. Il avait fallu un choc pour le faire refonctionner ! Il écrit les deux messages et les sauvegarda. Nous reprîmes la route, soulagés. Nous pumes enfin savoir que le donjon où nous étions s'appelait
Mont Coton. Il fallait trouver une ouverture pour rentrer proprement dit dans le donjon et aller au sommet sans rimper jusqu'en haut.
Les heures passèrent, et nous étions toujours en train de chercher cette fichue entrée. Ma flamme faiblissait à vue d'oeil au fur et à mesure que nous franchissions le col de la montagne et que le froid s'installait vraiment, de plus en plus glacial. Je n'osai pas aller plus loin quand je vis la puissance de la neige qui tapait contre le sol cotonneux. J'étais sur de finir congelé voire de mourir de froid, et cela serait très bête alors que l'on était si près du but.
-Argh, fichue tempête de neige ! grognai-je.
-Nous devrions rebrousser chemin et observer mieux avant que... hé mais attends... tu n'as pas remarqué que la neige tombait majoritairement fort à un endroit précis ?! s'étonna Carapuce.
Je le suivis alors qu'il se dirigeait vers ce point qu'il jugeait comme notre ouverture.
-Mais si ! La voilà, cette entrée secrète ! Nous tournions en rond depuis tout à l'heure.
-Ouais mais je ne suis pas très enclin à... aller mettre ma tête dans la neige.
-C'est qu'un mauvais moment à passer, et puis tu as déjà plongé dans l'eau glacée pour aller chez moi alors...!
J'acceptai avec une grimace. Tremblant, j'attendis que Carapuce passe en premier. Pour une fois qu'il pouvait être meneur. Il alla sans problème dans la tempête tandis que je paniquais comme un dingue. Je n'entendis plus que le vent souffler dans mes oreilles, et Carapuce ne criait pas de phrases encourageantes pour plonger dans l'ouverture enneigée. Je commençai forcement à m'inquièter.
-Ho hooooo Carapuce, tu m'entends ?! Oh la vache qu'est-ce que j'ai peur, j'ai pas envie de mourir si jeune...
J'aspirai une gigantesque goulée d'air puis pris mon courage à deux mains avant de faire un pas hésitant en avant. Et il se succéda une chaîne de sensations horribles pour un corps comme le mien. Tout d'abord, le froid mordant m'a saisi, puis je me sentis chuter inexorablement. J'hurlai de douleur quand un objet non identifié érafla mon bras. Le noir s'est installé brutalement, mais pas parce que je m'étais évanoui, mais parce que je m'enfonçais dans le ventre de la montagne, comme dans un volcan sans lave. Ensuite, tout mon corps de Pokémon Feu se fit recouvrir de glace. Je vis ma vie de Pokémon défiler devant mes yeux mais je n'eus pas le temps d'en voir le bout puisqu'un choc violent secoua mon crâne.
Étourdi, je tâtonnais le sol pour savoir si il était en nuage ou pas. À mon grand contentement, il était en sol véritable. Après les étoiles dans les yeux, le noir se chassa et me fit apercevoir une lumière verte, une ombre qui bougeait sans arrêt et un personnage bleu qui m'était familier. Il s'agissait bien évidemment de Carapuce qui tournait en rond mais qui ne m'avait pas encore remarqué. Pour me faire voir, je sortis la tête de la couche de neige qui me retenait prisonnier par terre. Je pouvais dire merci à celle-ci car d'un autre côté, elle avait amorti ma chute et limitait la douleur de la bosse sur ma tête avec le froid. Carapuce me vit et me tint la main pour me sortir.
-Accroche-toi !
-Mnnnnghest-c'qui s-s-s'est passé ? marmonnai-je, encore groggy.
-On se trouve au fin fond du
Mont Coton.
-Et pourq-quoi tu tournais... en r-rond ?
Carapuce me montra du doigt le mur lisse et ses environs, ne laissant transparaître aucune issue.
-J'étais en train de me demander si l'on allait avoir assez de baies si on sort un jour d'ici...