Chapitre 4: Bonaugure
« Bienvenue à Bonaugure ! » s'exclama Barry. Je pus alors voir de plus près ce qui était ma ville natale, d'après ce que j'avais compris. Les deux maisons que j'avais précédemment vues étaient accompagnées de deux autres, encore une fois l'une grande et l'autre petite. Une route en croix reliait les quatre habitations, et s'étendait latéralement avant de s'achever devant un point d'eau. Des arbres entouraient la ville, et des traces de neige étaient visibles. Je pensais pourtant qu'on était au printemps...
Bonaugure était un petit village simplet... et pourtant une impression de bien-être m'envahit en y pénétrant. C'était comme si j'avais enfin trouvé un chez moi après avoir vagabondé toute une vie... En réalité, je ne m'étais absenté que l'espace d'un après-midi. Mais le ressenti était le même, amnésie oblige... Barry, tout sourire, m'indiqua la maison la plus proche, à notre droite. C'était l'une des plus imposantes :
« Là, c'est chez moi. Ta maison se trouve à gauche, un peu plus loin. Je pense qu'il vaut mieux que je te laisse seul pour le moment. Et puis ma mère doit commencer à s'impatienter... Courage, Ambre ! Si tu as besoin de moi, tu sais où me trouver. »
J'acquiesçais, et me dirigeai vers ce qui était donc le lieu où j'habitais. Je me retrouvai devant la porte après quelques secondes de marche. J'entendis un bruit de porte qui s'ouvre, et vis en me retournant mon ami entrer dans sa maison en me faisant un signe de la main. J'en lui fis un également, et remarquai ensuite qu'il y avait une boîte aux lettres près de la maison. Y était inscrit : « Chez Ambre ». C'était bien chez moi...
Je soufflai. Prenant mon courage à demain, j'ouvris la porte avec le plus de délicatesse possible. A quoi pouvait donc ressembler ma mère ? Devais-je lui dire ce qu'il m'était arrivé ? Ouisticram monta soudain sur mon épaule, et quand je me tournai vers lui, il me regarda avec insistance, tout en souriant. Il semblait vouloir m'encourager, bien qu'il ne sache pas ce à quoi je me préparais...
Une fois la porte ouverte, j'aperçus l'intérieur de la maison. A ma gauche, une table jaune, et une petite chaise bleue. Un arbre était mis dans le coin de la pièce en décoration. Au centre, deux coussins étaient disposés sur un tapis, afin de pouvoir regarder la télé assis sur eux, cette dernière se trouvant en face. Un autre arbre était symétriquement mis à ma droite. La pièce, assez petite, se composait de murs uniformément peints en bleu azur.
Les fenêtres étaient près du réfrigérateur et de l'évier. Un bar semblait permettre de prendre une collation. Si c'était la cuisine sur la gauche, alors celle-ci n'était pas très spacieuse. Je me demandais bien où pouvait être ma mère, quand je vis des escaliers aux pieds desquels se trouvait un petit tapis rouge. Je grimpais donc les marches jaunes afin d'atteindre une autre pièce, légèrement plus petite.
Etait-ce ma chambre ? Elle s'adaptait à la forme du toit ; des fenêtres, une télé, un ordinateur posé sur une table, un lit, et enfin un arbuste étaient visibles. Un tapis recouvrait le sol près du lit. Mais... pourquoi maman n'était-elle pas là ? Peut-être était-elle sortie faire quelque course, me disais-je afin de me rassurer. Je remarquai alors la présence d'une console de jeu près de ma télévision, dont l'image était brouillée.
Je vis soudain une forme blanche sur mon lit : je me dirigeai vers elle afin d'en connaître la nature, curieux, et vis alors que c'était un bout de papier. Je l'attrapai, m'attendant à un banal mot de ma mère, et lus alors : « Le pauvre chou veut revoir sa môman ? Il n'a qu'à se rendre au lac vérité, s'il en a le courage bien sûr. »
Ces mots étaient écrits gauchement, à l'encre semblait-il, et sans être signés par qui que ce soit. . Je déchirai le papier après l'avoir lu et relu. Qu'était-ce que cela ? Une plaisanterie ? Mes nerfs s'échauffaient.
Qui avait bien pu écrire cela ? La seule personne au courant que je souhaitais « revoir » ma mère, comme l'employait l'auteur du message, était Barry. Mais il n'aurait jamais pu faire ça... Je descendais en courant les escaliers, et sortis rapidement de la maison.
Je crus apercevoir une forme sombre se déplacer devant les arbres durant quelques secondes, mais je n'y fis point attention. J'avais à voir mon ami. Je me dirigeai rapidement vers sa porte, tandis que se mêlaient crainte et colère dans mon crâne.
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Un lieu sombre. Une personne assise, dans l'ombre... On distinguait la forme d'un fauteuil, ainsi que celle de sa silhouette, celle d'un homme adulte, si on se trouvait dans la pièce. Aucune lumière n'éclairait cet endroit, si ce n'était que le fin rayon qui passait outre les stores présents dans ces lieux. Un rire guttural se fit entendre. Cela provenait du fauteuil...
Une deuxième ombre entra soudain dans la pièce, et sembla s'abaisser devant la première ; cela semblait être un autre homme, et on pouvait voir qu'il était très frêle.
« Monsieur, tout est en ordre. Je reviens à l'instant de Bonaugure, la cible s'y trouve. Le point d'eau le plus proche permettant d'accueillir... la chose est bien le lac Vérité, monsieur ? interrogea l'homme, toujours abaissé, qui n'osait apparemment pas regarder son congénère.
–C'est bien cela, oui... J'ai tellement hâte... J'attends cela depuis longtemps. Trop longtemps. Tu as bien revérifié l'état des différentes dimensions ? Il est bien optimal, n'est-ce pas ? demanda à son tour d'une voix grave son interlocuteur.
–Oui, Monsieur. Le garçon semblait troublé. Il y a de fortes chances qu'il ait pris connaissance du message. Maintenant, si vous me le permettez, je pense que sa mort approche, et ce, sans qu'on ait besoin de nous déplacer. Le rire retentit à nouveau. L'ombre se releva, puis quitta la pièce.
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« Mais t'es fou !? C'est à coup sûr un piège, mec ! Tu veux te faire tuer ou quoi ? Je sais pas qui t'en veut, mais non, je te laisserai pas aller au lac Vérité.
–Mais Barry... Lâche mon bras....l'implorai-je.
–Non c'est non ! Tu restes là, jusqu'à ce que tu retrouves la raison. Ma mère rentre finalement dans pas longtemps, on fera le point avec elle, pour ce qui est de l'absence de ta mère, et de ta décision totalement irrationnelle !
Ouisticram était toujours sur mon épaule, mais n'osait rien faire pour le moment. J'eus une idée macabre... Je dis alors: –Je suis désolé, Barry. Ouisticram, Griffe, maintenant ! Le singe me regarda, choqué, mais obéit à contrecœur. Il brandit sa griffe, et la dirigea vers le bras du jeune homme qui me retenait, ce qui eut pour effet de lui faire lâcher son emprise.
–Mais... t'es... malade... je... bégaya Barry. Il me regarda alors. Des larmes coulaient sur son visage. Etait-ce dû à la douleur ? Ou bien était-ce une blessure morale ? Que.... Qu'avais-je fait ...
-Va-s-y, vas te faire tuer. Fais comme tu veux mec... Content que je sois dans tes derniers souvenirs. »
Il renifla alors, puis me tourna le dos. Message reçu... Je descendis alors les escaliers de la maison de Barry, et sortit en trombe de sa maison. Mon pokemon ne souriait plus, il semblait m'en vouloir pour lui avoir fait faire ça.
Je me sentais le plus mal au monde... Mais je ne pouvais pas le laisser m'empêcher de retrouver ma mère... J'en avais besoin... Il le fallait... Maman... J'étais si inquiet... J'avais aperçu un panneau près du commencement de la route 201. « Lac Vérité » y était inscrit. Ce n'était donc pas loin... Je me mis à courir.