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Misérable [OS] de Pierredelune



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Informations

» Auteur : Pierredelune - Voir le profil
» Créé le 31/03/2013 à 05:57
» Dernière mise à jour le 03/04/2013 à 01:34

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Misérable
Dans la chambre, tout est rose. Sur le petit lit trônant au milieu de la petite salle, une enfant joue. Elle tient dans ses bras une poupée, la protège d'ennemis imaginaires. Elle rit de la victoire de sa marionnette, pleure quand elle perd, et finalement s'endort, en tenant serrée fort contre elle la petite poupée de chiffon, objet de tant d'attention. 

L'image se voile, remplacée par une autre. 

Dans la chambre recolorée en violet, au milieu d'un grand nombre d'affiche vantant tel ou tel groupe de rock, il n'y a plus de poupée. La petite fille désormais grande regarde le plafond, se concentrant sur la musique résonnant dans ses oreilles. Sous son lit, la petite poupée reste là sans bouger, comme une marionnette dont on a coupé les fils. 

Le souvenir se brouille, un autre apparaît. 

Dans la chambre, la poupée est de nouveau dans les bras de la jeune fille. Elle regarde le jouet un instant, jaugeant combien valent les souvenirs d'enfance. Puis elle le jette dans un grand récipient en plastique, entouré d'ordures en tout genre. 


Direction, la décharge. 

Au milieu d'un tas de déchets déposé là par un camion-benne de passage, une petite poupée de chiffon gît. La vie que lui avait donné la petite fille en la faisant jouer ne s'est pas totalement évaporée.
Elle regarde le ciel gris. Elle sait que le soleil n'est pas encore couché. Elle voudrait le regarder. Elle ne peut pas bouger sa tête... La petite poupée sait qu'elle n'est rien sans sa maîtresse. C'est elle qui la fait vivre... La faisait. Comment est-elle arrivé là? Ca n'a pas de sens. Ce n'est pas la maîtresse avec qui elle a passé tant de moments heureux, qui l'a délibérément abandonné dans ce machin en plastique grisâtre. C'est impossible. Il y a forcément une expliquation.

Que fait-elle là? Ce n'est pas sa place. Sa place est avec sa maîtresse. N'a t'elle pas vouée sa vie à jouer avec elle?


La marionnette sent une petite force s'accumuler en elle. La puissance de la tristesse. Comme elle aurait aimé être tenue dans ses bras par la jeune fille une autre fois! Elle aurait aimé retrouver sa place auprès d'elle. L'amuser, tel a toujours été son objectif. Mais comment pourrait-elle l'amuser, maintenant, alors qu'elle est coincée dans cet endroit qui n'est pas, elle en est sûre, la chambre de sa maîtresse?

L'évidence est là: la poupée doit amuser sa maîtresse. Or, elle n'est pas avec sa maîtresse. Il faut donc qu'elle la retrouve. Coûte que coûte.

Oui, il faut qu'elle retrouve sa maîtresse, qu'elle reprenne la place qui lui est due, au milieu de son lit. Elle se sent comme attirée par ce désir, mue par une force qui la fait se relever, quoique difficilement. Elle se sent plus forte.  Elle regarde autour d'elle.

"Dans quelle direction est-ce?" 

C'est par là. Elle le sait. Elle sent sa présence. Elle va la retrouver.

Et elle commence une lente marche à travers la décharge, son seul objectif l'attirant vers quelque part. Elle ne sait pas où elle va, mais un chose est sûre, elle retrouvera sa maîtresse. Elle va la prendre dans ses bras, et ce sera comme ci tout cela n'avait jamais existé.

Elle remarque d'autres poupées comme elle marcher dans d'autres directions, comme elle mue par la force du souvenir. Elle secoue la tête lentement. Elles ne vont pas dans la bonne direction. Sa maîtresse se trouve par là, c'est sûr, elle le sent. Mais elle ne leur dira pas. Elle ne veut pas partager sa maîtresse. 

Elle sort de la décharge. Autour d'elle, il n'y a que le ciel gris, les arbres décharnés et le goudron noir. Elle se sent écrasée par la taille du monde qu'elle découvre. Comme c'est différent de la chambre de sa maîtresse! Et comme ce monde est moche! Comme elle préfère le rose et le violet à toute ces nuances de gris... Comme elle préfère la petitesse de la chambre de sa maîtresse à l'immensité grise et triste de cet endroit! Il faut qu'elle rentre. La nostalgie de son paradis perdu se mêle à la tristesse que lui inspire cet endroit.

Sa maîtresse habitait-elle par là? Comment savoir? Elle n'est jamais sortit de la chambre. Mais cela ne l'empêchera pas de retrouver sa maîtresse. Elle sent tout de même cette présence, qui la pousse en avant. Sa maîtresse.

Il commence à pleuvoir. Elle se sent lourde, si lourde... La pluie, l'eau, une invention maléfique. Son tissu gorgé de ce maudit liquide la ralentit dans sa quête de sa maîtresse, c'est insupportable. Mais tant pis. Elle fera avec. Il faut qu'elle avance. 

Elle remarque quelqu'un. Il va vers elle. Les traits déformés de la poupée s'éclaire. Est-ce sa maîtresse qui vient la chercher? Elle s'emplit d'une joie mal contenue. Enfin!

Non, ce n'est pas elle. Elle le voit maintenant. C'est un autre humain. Il porte une casquette rouge très moche, une ceinture remplie de petites boules rouges et blanches. Il se met en plein milieu de sa route. Le visage de la poupée se referme, la rage remplit ses traits, nourrie par la déception de ne pas avoir retrouvé sa maîtresse. Veut-il l'empêcher de passer? De retrouver la retrouver? Ce n'est pas possible! Personne ne peut l'empêcher de revenir et de jouer à nouveau avec sa maîtresse. C'est son objectif. Son seul objectif.

La rage en elle la transforme.

Des griffes sortent des mains de la poupée. Elle s'en moque. Elle veut passer. 

L'homme prend à sa ceinture un des boules. Il la lance à côté d'elle. Quelque chose d'autre en sort. C'est un animal grand, tout rouge. On dirait une sorte de singe. La poupée l'a déjà vu sur les livres de sa maîtresse, c'est un Simiabraz. 

Elle ne comprend rien. Sont-ils tous contre elle? Les boules rouges et blanches, le Simiabraz, l'homme, leur but est-il seulement de l'empêcher de retrouver sa maîtresse? 

La rage monte de plus en plus. La Force vient avec. Comme elle se sent puissante, c'est un vrai bonheur! Comme elle retrouvera rapidement se maîtresse, avec la Force! Mais il faut déjà dégager l'avorton et son Simiabraz, qui ne lui déjà paraît plus si grand. 

"- Simiabraz, Pied sauté!" 

L'avorton a ouvert sa bouche, il a parlé, mais elle n'a pas compris ce qu'il a dit. Ce n'est pas grave. Sa maîtresse et elle se comprendront toujours. 

Le Simiabraz saute et se prépare à lui donne un violent coup de pied. Elle reste là, incrédule. Ce crétin ose l'attaquer? 

Ses griffes luisent. Il veut la guerre, il va l'avoir. 

Le coup de pied la traverse purement et simplement, sans qu'aucun effet ne se fasse sentir. Elle n'y prête pas attention, et réplique en donnant un grand coup de griffe dans le ventre du Simiabraz qui n'est plus défendu. 

"- Un Spectre, marmonne l'homme-à-la-casquette-rouge. Ça m'apprendra à ne pas me sortir mon Dex. Simiabraz, Surchauffe! 

L'animal luit d'une couleur rouge, et une puissante onde de chaleur frappe la poupée. Le feu. Elle n'aime pas le feu. Le feu brûle les tissus. Il ne l'empêchera pas de retrouver sa maîtresse! La poupée, bandant ses muscles de laine, saute et retombe sur le Simabraz. Elle le traverse, mais ses griffes le lacèrent tout de même. De l'intérieur. Le Simiabraz, visiblement surpris, pose sa main sur son ventre. Aucune blessures n'est apparente, mais il est déjà trop tard pour le singe. Il s'effondre dans un gargouillis sanglant. 

La poupée jette un regard de pure haine sur l'homme-à-la-casquette-moche. Il est lent, tellement lent. Elle, elle est rapide. Sans lui laisser le temps de réagir, elle l'attaque et donne un violent coup de griffe sur la ceinture de balls. Elles tombent toutes par terre. Le garçon, incrédule, regarde les boules répandues sur le sol. Il regarde à son tour la poupée de chiffon, puis le Simiabraz qui continue de cracher le sang sur le sol. 

Il recule lentement, ses yeux roulant dans leurs orbites. La poupée, sans savoir pourquoi, se délecte de la terreur qui émane de l'individu. 

Elle s'approche, laisse luire ses griffes à la faveur d'un rayon de lune. Il sait qu'elle sait qu'il a compris. Il va mourir là, petit cadavre à côté du corps sans vie du Simiabraz. Elle saute. Ses griffes traversent sa gorge sans ressentir la moindre résistance. Il est toujours vivant. Les griffes l'ont traversées. Elle l'a fait exprès. Elle veut amener la terreur de l'humain à son maximum. Il se retourne et cours. Il n'a plus qu'une idée en tête, quitter cet endroit. Elle le regarde courir, haletant, le sang battant à ses tempes. 

Elle lui laisse un peu de temps, puis elle saute. Elle prends plaisir à ressentir la Force et la puissance courir dans les fibres de tissu. Elle est juste au dessus de lui. Un simple petit coup de griffe. L'homme s'effondre, la gorge tranchée. Le sang coule très vite. Dans ses yeux, la terreur qui fut son dernier sentiment est toujours lisible. 

Soudainement, alors qu'elle continue de regarder le cadavre et l'eau qui se colore en rouge autour, l'image des longs cheveux de sa maîtresse s'impose à sa vision, se superpose à l'image du jeune homme étendu sur le sol. Elle recule lentement. 

"Qu'ai je fait?" 

Elle cours. La Force s'en va un peu, mais elle est toujours là. Elle va droit devant elle. Elle cours, elle cours à travers la longue rue droite. 

De nouvelles images de sa maîtresse pleurant, riant, ou simplement dormant s'encombrent dans son esprit. Elle sent toujours sa maîtresse au fond de la rue. Les souvenirs s'entremêlent. Elle ferme les yeux pour les savourer, ne regarde plus devant elle. Elle ne sent que la présence de sa maîtresse qui se rapproche, se rapproche... Les souvenirs s'effacent au profit d'images générées directement par la poupée. Elle imagine la joie de sa maîtresse en regardant la poupée qu'elle avait pensée perdue. Elle imagine à nouveau les jeux sans fin avec la jeune fille, les embrassades interminables, le bonheur partagé de la poupée et sa maîtresse. 

Elle se sent de plus en plus proche. Elle ouvre les yeux. Devant elle, un petit immeuble se dresse. Sa maîtresse est à l'étage. Elle va dissiper la cauchemar qu'elle est en train de vivre, toute cette terreur sera finie. 

Elle saute, profitant de la Force pour atteindre rapidement le 3ème étage où elle sent, puissante et attirante, sa maîtresse. Elle atterrit sur le rebord de la fenêtre, regarde à l'intérieur. Elle est là, en train de manger avec ses parents. Elle discute avec eux. Probablement de sa poupée disparue. Une radio diffuse un programme qu'elle ne peut comprendre.

"- Je suis là", a t-elle envie de crier. Mais ils ne l'entendent pas. Une petite muraille transparente sépare la poupée de sa maîtresse. 

Mais elle ne l'empêchera pas de passer, ça non, pas question. Sentant la force dans sa patte, elle donne un coup violent dans la vitre, qui explose en mille fragments. Pour la poupée, c'est l'apothéose. Les morceaux de vitre volent autour d'elle, sa maîtresse est juste là, et elle la regarde. 

Elle ne prête pas attention à l'air de terreur qui se peint sur le visage de la jeune fille. Elle ne prête pas attention à la radio qui crachote. 

"Un jeune homme et son Simiabraz ont été retrouvés mort. L'homme avait la gorge tranchée, le Simiabraz lacéré de l'intérieur. Un témoin assure que l'agresseur était un Branette..." 

Elle se jette sur la jeune fille, tentant de communiquer sa joie de la revoir. Elle recule brusquement. La poupée ne comprend pas. Que ce passe t-il? 

Elle regarde la jeune fille avec un air douloureux. Pourquoi n'est-elle pas heureuse? 

Elle ne prête pas attention aux parents de la jeune fille, qui ont sortis des boules rouges et blanches. Alors qu'elle s'approche de sa maîtresse, ouvrant largement ses bras pour qu'elle s'y jette... 

Elle reçoit dans le dos un puissant jet d'eau. Elle s'envole, atterrit sur le mur d'en face. Elle n'a pas envie de sa battre, pas envie d'utiliser la Force alors que sa maîtresse est là. Elle reste prostrée. 

"M'a t'elle vraiment... abandonnée?" 

Un second jet la frappe dans le dos. Elle s'en moque. 

"L'a t-elle vraiment fait... exprès?" 

Non, elle ne veut pas y penser. Le visage de sa maîtresse est apaisée, maintenant que sa poupée est hors d'état de nuire. Elle fixe ce visage en attendant la mort, tâchant de n'emporter de sa maîtresse que cette unique et magnifique image...