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Les chroniques de Maximus de Mkat



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» Auteur : Mkat - Voir le profil
» Créé le 24/02/2013 à 21:26
» Dernière mise à jour le 24/02/2013 à 21:26

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Ce jour là à Sekigahara
Début automne 1600

Akito courut le long du jardin, observant les alentours avec attention. Le calme mouvement de l'eau dans un petit lac artificiel, l'immobilité travaillée des vieux pins courbés, rien de tout cela ne trahissait un quelconque passage à son grand désarroi. Il adressa un bref salut aux gardes qu'il croisa et continua son chemin le long des murs de pierre du château d'Ueda.

On n'entendait guère plus que le doux bruit de l'eau qui coule et les rires feutrés de jeunes femmes qui se cachaient à des étages supérieurs.

Il était étrange de se dire qu'ils étaient tous en état d'alerte et que ce bâtiment venait à peine de sortir d'un assaut.

Ils l'avaient repoussé. Au prix de quelques vies, mais ils avaient tenus le coup. Akito avait encore les jambes qui en tremblaient au souvenir de la vague de guerriers et de pokémons qui s'était abattu sur eux. Une force numérique dix fois supérieur à la leur, mais qui était restée vaine puisque Hidetada Tokugawa avait dû repartir furieux et bredouille.

En ce moment même son père devait être en train de discuter avec les autres vassaux des Sanada pour prendre une décision. Suivre le frère de leur Maitre en intégrant l'armée de l'est ou bien rejoindre les forces du tout jeune Toyotomi dont le père avait été autrefois un excellent ami ?

Pour Akito, tout cela n'était que politique et quel que soit l'armée, ils seraient obligés de se battre.

Son onix apparut alors par une arche et poussant un cri profond, l'appela à le suivre. Il devait avoir retrouvé Naoya.

Il courut rejoindre son compagnon de combat, ce grand pokémon roche en qui il avait toute confiance malgré le fait que son père l'ait récupéré après avoir tué son ancien maitre. Comme résigné, celui-ci n'avait toujours été que protection pour le petit garçon qu'on lui avait mis dans les pattes.

Arrivé prés de lui, il passa affectueusement la main sur l'un de ses rochers, la caressant come s'il s'agissait d'une pierre précieuse.

C'était un pokémon, mais il semblait toujours le comprendre mieux que personne et, de fait, il semblait avoir pris très au sérieux la mission de retrouver son petit frère. Naoya n'était encore qu'un adolescent et il manquait de discipline, une discipline pourtant très importante sur le champ de bataille, cela l'inquiétait beaucoup.

Non contant du fait qu'il l'adorait positivement, il avait fait la promesse à sa mère de veiller sur lui.

Akito arrivait sur ses dix-huit ans, c'était assez pour qu'on le considère comme un homme. Un peu comme tout le monde, il avait la peau basanée, des yeux d'un noir profond, ses longs cheveux relevés au-dessus de sa tête et portait un haut de kimono ceint des armoiries des Sanada et un hakama bouffant dont la partie inferieure était coincée sous des guêtres plaquée de métal et des hautes chaussettes ceinturée par les lanières de ses sandales en paille de riz. Il avait laissé le reste de son armure auprès de son cerfrousse, ainsi que son arc, mais gardait son wakisashi pendue à sa ceinture.

Marchant d'un pas assuré il finit par tomber sur une petite cour isolé où, perché sur le haut d'un mur, trois jeunes garçon regardait de l'autre côté.

C'est par son sabelette qui ne le quittait jamais que Akito reconnu son frère, et furieux, ainsi qu'inquiet, il s'avança vers lui :
-Naoya ! Descends de ce mur immédiatement !

Son petit frère tourna les yeux vers lui, offrant la jeunesse et l'espièglerie de son visage.

-Niisan ! Tu devrais venir regarder aussi, les filles des Sanada sont si joliiiies ! Déclara-t-il avant de regarder à nouveau devant lui pour faire un signe de la main en souriant bêtement.
Des éclats de rires féminins lui répondirent.

Akito serra les dents se retenant d'aller l'étrangler lui-même. Oser observer les filles du Maître ainsi !

-C'est interdit ! Répliqua-t-il.

-Je vois pas pourquoi. Père est sous les ordres des Sanada, et comme il te cherche une épouse, il n'est pas impossible que tu te retrouves marié à une de celle-ci. Autant faire ton choix maintenant !

-Je te le répèterais pas Naoya ! Descends ! Si jamais un Sanada vous trouve ici il…

-Il pourrait te faire bouillir dans une marmite jusqu'à ce que ton infâme peau se détache de tes os… Fit une voix féminine et un peu rauque dans le dos d'Akito.

Il n'eut pas besoin de voir le visage de son petit frère passer au blanc de neige pour savoir qui se trouvait derrière lui et se prosterna immédiatement, le front touchant le sol.

-Divine Akasha, veuillez pardonner Naoya, il est encore jeune et il ne fait pas attention à ce qu'il fait.

Relevant les yeux, il tomba sur le spectacle d'une immense gueule blanche aux dents acérées et, retenant la peur primale qui naissait en lui, il observa la gigantesque feunard au pelage argenté qui dardait ses yeux de braise sur lui. A côté d'elle se tenait, droit et impassible, le seigneur Yukimura Sanada.

Akasha faisait partit de ces pokémons qu'on appelait les Gardiens. On les disait ancêtre de leurs races, doté d'une vie très longue, présentant une taille qui dépassait en moyenne les 2m au garrot et ayant gardé la capacité de parler le langage humain.

Akasha était lié au clan des Sanada depuis plusieurs générations.

-La jeunesse n'est pas une excuse, lui répondit-elle et il sentit son haleine brûlante sur son visage.

Entretemps Naoya et ses compagnons étaient descendus du mur et vinrent s'agenouiller à ses côtés, l'air repentant.

Dire qu'ils n'avaient pas peur d'Akasha aurait été un mensonge. Sa tête avait la taille d'un homme et elle aurait pût gober Naoya d'un seul mouvement.

Comme s'il avait senti sa peur, Onix vint s'enrouler autour des trois garçons, comme pour les protéger, même si, si combat il devait y avoir, il ne représenterait pas une très grande menace face à la renarde aux queues ondoyantes.

Celle-ci répondit d'une exclamation dédaigneuse, mais Yukimura posa sa main sur son cou pour la calmer. C'était la première fois qu' Akito le voyait d'aussi prêt. La trentaine, il était toujours bel homme et possédait surtout un charisme capable de soulever des montagnes. S'il était là, ça voulait dire que la réunion était terminée et que leur destin à tous était scellé.

-Mais ton petit frère a raison Akito… (Akito fut surpris que le fils cadet du Maitre connaisse son prénom et celui-ci répondit d'un fin sourire). Ton père dit que tu es un bon archer et tu possèdes un excellent pokémon en la personne de cet onix. J'attends beaucoup de toi sur le champ de bataille, ainsi que de la part de ton petit-frère, c'est pourquoi Akasha ne le mangera pas… N'est ce pas Akasha ?

-Si tel est ton désir Nobushige, répondit la feunard avec complaisance.

Akito remarqua qu'elle utilisait le prénom de naissance de Yukimura et qu'elle semblait éprouver de très fort sentiment pour lui. Il se souvint alors avoir entendu dire d'un soldat que les Gardiens, paradoxalement à leurs rôles de protecteurs des intérêts des pokémons, étaient les plus « humains » d'entre eux.

S'il avait pût comprendre Onix, il aurait su que celui-ci l'approuvait. Ce n'était pas la première fois qu'il rencontrait un Gardien et ceux-ci se présentaient comme les plus retors et les plus cruels pokémons de sa connaissance. Il ne savait pas si c'était le don de la parole, car après tout, celui-ci leur avait été retiré, ou si c'était à force de se mêler des affaires humaines, mais ils ressemblaient plus à des hommes sous des costumes de pokémons qu'à de vrais pokémons.

-Il n'est donc, effectivement, pas impossible que tu fasses partie de la famille Sanada un jour, reprit Yukimura.

Cette phrase fit battre le cœur d'Akito. Il n'avait jamais pensé comme envisageable que quelqu'un tout en bas de la hiérarchie des guerriers comme lui puisse un jour faire partie de la famille Sanada, même s'il ne s'agissait pas de la branche principale. Il se reprit suffisamment vite pour se rendre compte qu'il devrait dire quelque chose.

-Ce serait un honneur mon seigneur…

-Quoiqu'il en soit, pour l'instant, vous feriez mieux de rejoindre votre père. Nous n'allons pas trainer ici.

Ainsi dit, le seigneur tourna les talons dans un froissement de kimono, accompagné de la magnifique et terrible Akasha.

-Pfiuuu… On a eu chaud… Lâcha Naoya avant de se recevoir un regard brulant de reproche de son frère. S'il te plait, ne dis rien à Père !

Onix se déroula pour laisser sortir les trois adolescents et Akito en profita pour attraper rudement son frère par le col du kimono :
-Pourquoi est-ce que tu passes ton temps à faire des bêtises ? Tu ne pouvais pas simplement rester à côté de Shiki ?

-Mais Sabelette ne voulait pas tenir en place, s'expliqua Naoya en laissant le petit pokémon sol lui grimper sur l'épaule. Et puis ces garçons sont venu me parler et on a entendu des voix de filles alors…

-Oh laisse tomber, allons réunir nos affaires.

Il le lâcha mais Naoya le retint par la manche l'air vraiment inquiet :
-Promis, tu diras rien à Père ?

-A part s'il me le demande, je ne lui dirais rien. Lâche-moi donc maintenant et allons-y.

Avec un nouveau sourire de bonheur qui lui allait beaucoup mieux, le jeune garçon courut au-devant de lui en poussant des hauts cris de joie. Akito fit signe à Onix de le suivre et tout en posant la main sur un de ces rocs agréablement tiède, il se demanda ce qu'il resterait de cette joie quand ils seront sous les tirs des mousquets et des différents pouvoirs des pokémons, au beau milieu de la mêlée.

-Nous ne devrons pas le perdre de vue, affirma-t-il à Onix et celui-ci approuva gravement.

***
Ils réunirent rapidement leurs affaires et attachèrent ce qu'ils ne pouvaient pas porter sur eux même à Shiki, le cerfrousse d' Akito.

Leur père arriva à ce même moment sur sa propre monture : ils ne voyageraient pas ensemble car il devait se trouver aux côtés de Masayuki Sanada, de son fils Yukimura et d'Akasha. Akito ne lui enviait absolument pas sa place, ils seraient mieux, eux, en fin de file, le plus loin possible de la Gardienne.

Autour d'eux se préparaient les quelques 2000 guerriers Sanada, certains comme eux avaient la chance d'avoir une monture, d'autres iraient à pieds. Il était aussi prévu qu'une partie rejoigne le frère ainé de Yukimura, Nobuyuki, qui lui s'était allié aux Tokugawa.

Ce n'était pas que les deux frères ne s'entendaient pas, mais c'était le seul moyen qu'ils avaient trouvé afin que, quel que soit le camp qui gagne, le clan des Sanada continue à perdurer. Si la raison était louable, cela n'empêchait pas qu'ils risquaient d'avoir à s'entretuer.

Akito s'empressa de souhaiter un bon voyage à son père car le seigneur Masayuki et son fils Yukimura arrivait dans la place d'entrée du château, montés tout deux sur des magnifiques galopas décorés, accompagné d'Akasha, d'un typhlosion et d'un dracaufeu.

Les portes furent ouvertes et un défilé de cavalier se déversa sur le pont qui franchissait les douves, la plupart portant l'étendard des Sanada afin qu'on les repère dans la bataille. Akito s'empressa de sauter sur le dos de Shiki et de s'emparer des rênes pour l'empêcher de partir sur le champ. Le cerfrousse dansa sur lui-même, excité par l'effervescence qui l'entourait.

-Allez montes Naoya ! Le pressa t'il et l'adolescent sauta derrière lui, nouant un bras autour de sa taille retenant de l'autre son sabelette.

Il laissa alors Shiki démarrer à la suite des autres, le cerf bondissant avec allégresse sur le sol pavé, et fit un signe de bras à Onix. Le grand serpent de pierre partit alors à leur suite.

Une fois sur la route, Akito remarqua avec fierté que rare étaient ceux qui avait un pokémon aussi impressionnant que le sien. On dénombrait pas mal de caninos, de papilusion, dardagnan et pokémon oiseau, généralement très appréciés, mais aussi des rattatacs, des nidorino et nidorina, des colossinges et des machopeurs.

Au milieu du parcours, il se mit soudain à tomber des trombes d'eaux et, malgré son large chapeau de pluie, il devint difficile à Akito d'apercevoir l'arrière train du pokémon qui se trouvait devant lui. Onix s'était enterré pour continuer à les suivre et les ponytas et galopas commençaient à renâcler, leur silhouette entourée d'une immense vapeur d'eau.

Le convoi ne s'arrêta pas pour autant : tant qu'Akasha avançait, le reste devait suivre. Ils auraient tout le temps de s'en remettre quand ils établiraient leur campement.

-Dis Akito, est-ce les dieux qui sont en colère contre nous ? Demanda Naoya qui faisait tout son possible pour protéger son pokémon de la pluie.

-Je ne sais pas… Mais je leur en serais reconnaissant s'ils pouvaient nous permettre de camper au sec… D'un autre côté, si la poudre à canon est mouillée, elle n'explose pas… Et la pluie nettoiera nos sabres. N'oublies pas qu'un sabre couvert de sang ne coupe pas… Alors voyons ça plutôt comme un bon présage.

-Moi aussi je n'aime pas beaucoup les armes à feu…

-C'est l'époque qui veut ça.

Naoya ne continua pas la discussion, mais il se mit à chantonner une vieille chanson que leur mère avait l'habitude de réciter quand elle cuisinait ou cousait. Inconsciemment, Akito se mit à la reprendre en chœur et les hommes qui autour d'eux la reconnaissait en firent de même. Cela les aidait à garder le moral dans leur situation.

Qui allait mourir, qui allait survivre ?

Qui pourrait revoir les forêts ou les champs de fleurs de son enfance ? Se réfugier dans les bras d'une mère ou d'une épouse et voir les cerisiers fleurir à nouveau ?

Akito imaginait sa vie après la bataille. Ils rentreraient victorieux, son père, son frère et lui à la maison. Sa mère embrasserait son père en lui annonçant la venue prochaine d'un nouvel enfant et ses sœurs les féliciteraient. Après cela son père annoncerait son mariage avec l'une des filles du seigneur Yukimura Sanada. Il ne savait pas pourquoi, mais il l'imaginait forcément belle, avec une jolie voix et un comportement réservé et respectueux, aussi fraiche et douce qu'une roselia. Grace à elle, il pourrait comme son père faire partie du conseil et pourquoi pas même, devenir un ami intime de ses futurs frères par la loi ? Bref il élèverait sa propre famille à un meilleur rang, permettant ainsi à Naoya de fréquenter lui aussi des gens important et d'en devenir un, et à ses sœurs encore sous leur toit de faire d'excellents mariages.

Que pouvait rêver de mieux le fils ainé d'une famille ?

C'est dans ces rêveries qu'ils arrivèrent au lieu qu'Akasha choisit pour qu'ils passent la nuit. Il pleuvait toujours et alors que celle-ci s'empressait de se mettre à l'abri sous la grande tente qui était monté, Akito dû redescendre de sa position de futur privilégié à celle de fils anonyme de petit régisseur terrien pour leur trouver un sol pas trop mouillé et monter une protection de bois et de feuilles pour les protéger pendant la nuit.

Il fit coucher Naoya contre Shiki pour qu'il profite de sa chaleur et se plaça de l'autre côté, plus humide car moins bien protégé par l'abri. Les gouttes de pluie ne l'empêchèrent cependant pas de s'endormir et il fit un étrange rêve où ils courraient tous contre leur ennemi, Akasha crachant des flammes détruisaient toute une forêt d'un coup et soudain, ils n'arrivaient plus à courir, leurs pieds lourds comme des pierres.

Il fut alors réveillé par Naoya qui le secouait.

-Nii san, nii san ! Réveille-toi !

Akito ouvrit les yeux et se releva d'un saut, ayant peur que l'armée soit déjà partie sans eux. Mais non, il voyait toujours la fumée qui s'élevait du plus gros du camp, à une certaine distance, car ils avaient dû s'éloigner pour trouver une place au sec.

Le matin n'était pas tout à fait levé, mais la pluie avait cessée. De gros nuages noirs dans le ciel indiquaient cependant qu'elle pourrait revenir à tout moment.

-Qu'est ce qu'il y a Naoya ?

Celui-ci était excité et tenait son sabre à la main :
-Viens voir ! Lui dit-il les yeux brillant.

Il l'entraina à travers les arbres jusqu'à une pente qui tombait sur une plaine. Au milieu de celle-ci se tenaient deux hommes qui avançaient prudemment. Akito arriva à apercevoir les armureries des Fukushima.

-Des éclaireurs. Il faut prévenir notre père.

Naoya le retint alors en saisissant son bras :
-Attends. C'est nous qui les avons vu en premier. Ne pourrions-nous pas nous en charger ?

-Non, c'est une mauvaise idée. On ne sait pas quel sont leurs forces… Et ils n'ont aucun pokémon. C'est louche. Ils sont surement en train de patrouiller dans le ciel…

-Oh Akito, tu manques vraiment d'initiative ! Répliqua furieusement son frère en sautant par-dessus la roche où ils se tenaient cachés, fonçant sur les deux hommes.

-NAOYA NON ! Hurla imprudemment Akito, attirant sur lui l'attention des deux éclaireurs ennemis.
Naoya ne savait pas dans quoi il s'embarquait, il n'avait jamais vraiment combattu ! Akito ne perdit pas de temps et siffla Shiki qui se releva immédiatement pour prendre au passage son maitre.

-Onix ! Cria-t-il pour s'assurer que son pokémon serait du combat avant d'attraper son arc et de tendre une flèche dessus.

Que Shiki soit en plein galop ne le gênait nullement, comme tout guerrier il avait appris à se battre sur le dos de sa monture.

En bas, Naoya se battait au sabre avec l'un des éclaireurs, mais semblant ne pas vouloir perdre de temps avec des concepts comme l'honneur, le deuxième avait son naginata brandi, prêt à lui trancher la tête à la moindre ouverture. Sabelette aurait pût l'attaquer, mais il devait se défendre contre deux roucoups qui lui avait foncé dessus depuis le ciel.

Akito bandit son arc et tira. L'homme évita sa flèche de peu. Désespérant d'arriver à temps, il vit l'éclaireur s'apprêter à baisser son arme sur Naoya.

A ce moment, l'ennemi fut tout simplement expédié dans les airs par Onix qui jaillit de sous ses pieds. Le gigantesque pokémon de pierre se redressa de toute sa hauteur et poussa un grognement d'avertissement avant de balancer sa queue sur le deuxième combattant.

Celui-ci l'évita en roulant sur le côté, mais Akito se tenait prêt et décocha une nouvelle flèche qui l'atteignit en plein visage. L'homme hurla alors que du sang se mit à gicler en abondance, aspergeant Naoya qui était comme pétrifié et qui semblait avoir oublié qu'il tenait un sabre.

Onix s'enroula autour de lui pour le protéger tandis que son frère achevait leur ennemi d'une nouvelle flèche qui alla se ficher dans sa gorge. Le dernier éclaireur s'écroula alors qu'Akito sautait à bas de sa selle pour rejoindre Naoya.

-Naoya ? Tu vas bien ?

Son petit frère ne répondit pas immédiatement puis lui lança un regard désespéré.

-Je… Il a failli me tuer…

Akito ne lui accorda pas plus d'attention que le temps de s'assurer qu'il n'était pas gravement blessé : Une dernière tâche ingrate l'attendait.

Sabelette avait égorgé l'un des oiseaux de proie, mais l'autre avait réussi à s'échapper et sa silhouette se rapetissait sous leurs yeux. Akito prit une nouvelle flèche.

Il ne pouvait pas laisser à l'oiseau la possibilité de révéler tout ce qu'il avait vu.

La corde de l'arc se relâcha avec un bruit sec et dans le ciel une ombre noir tomba.

***
En revenant de cette bataille, Akito courut aussitôt prévenir le conseil sous la grande tente, un bout d'étoffe avec l'armoirie des Fukushima comme preuve. Son père le gronda d'avoir pris une telle initiative même si Akito voyait dans ses yeux qu'il ne le savait pas responsable. Les Sanada ne firent aucun commentaire et choisirent de continuer leur chemin sans rien changer à leurs plans.

Ils reprirent donc la route rapidement.

Durant le trajet, Naoya resta silencieux et fermé. Akito craignait que cette première confrontation l'ait bouleversé. Il se souvenait qu'après son premier combat, lui-même avait été assez secoué et s'était isolé quelques temps des rires et des membres de sa famille.

Si on dit d'une fille qu'elle devient femme à sa première perte de sang, le garçon devient homme la première fois qu'il verse le sang d'un autre homme. Tuer ne sera pour lui jamais un geste anodin. Il s'était posé tout un tas de question : Pourquoi était-il celui qui avait survécu ? Est-ce que cela obéissait à un quelconque destin ou les dieux guidaient-ils ses flèches ? Ou bien n'était-ce que du pur hasard ?

Il s'était effrayé de cette brève sensation de pouvoir qui avait surgit après le soulagement et le dégout.

Naoya n'avait peut-être pas tué ce matin là, mais il avait pris conscience de ce pouvoir que possédait tout homme et à quel point ils étaient tous fragile. Un rien pouvait faire basculer leur vie à la mort : une décision hâtive, une mauvaise analyse de la situation, une perte de sang froid et pfioouuu. Finit les rires et les sourires.

Akito respecta ce silence et se montra heureux lorsque l'adolescent le brisa.

La nuit était bien avancée lorsqu'ils arrivèrent au campement des Toyotomi. Ces derniers s'étaient basés à l'ouest du village de Sekigahara et l'on pouvait voir au loin, derrière une étendue de plaine traversée par un petit cours d'eau les feux du camp des Tokugawa.

Leurs alliés les Ishida étaient déjà sur les lieux et s'étaient placé de façon à encercler les camps adverses. Les Mori étaient attendus et devaient arriver derrière eux pour les empêcher de s'enfuir et les prendre ainsi complètement en tenaille. Les Kobakawa, les Shimazu, les Ukita et les Konishi devaient arriver demain.

On installa les Sanada pas loin du camp principal et comme pour la nuit précédente, chacun s'attela à se fabriquer un abri pour la nuit, ainsi qu'à monter les parois de tissus orné de leur armoirie pour délimiter leurs espaces. Akito et Naoya s'endormirent tout deux immédiatement, la tête appuyé contre Shiki et entouré par Onix.

Le lendemain ils continuèrent leurs préparatifs et Akito retendait son arc quand il sentit les premières vibrations dans le sol.

-Un tremblement de terre ? S'interrogea t'il en terminant de nouer la corde.

Son petit frère l'appela alors du haut d'un arbre, le ton excité :
-Aki ! Rokushi est arrivé !

Akito savait qu'il aurait dû rester au sol, mais il était trop curieux pour s'empêcher de le rejoindre en haut de son perchoir.

Dans la forêt, plusieurs arbres disparaissaient pour faire passer une espèce de colline vivante. C'est quand il aborda la plaine que Rokushi se dévoila vraiment aux yeux de tous. Sa tête ornée de pointe et son bec d'acier était aussi grands qu'Akasha entière. Il déplaça derrière lui son immense corps de torterra qui devait se mesurer en kilomètre plutôt qu'en simples mètres. A chaque pas qu'il faisait, la terre tremblait et des oiseaux s'envolaient en criant.

On pouvait voir sur son dos plusieurs arbres, mais aussi une grande maison et une multitude de petits points qui devaient être des guerriers.

-C'est donc vrai, le seigneur Kobakawa a fait construire sa maison sur le dos de Rokushi ! S'exclama Naoya. Mais quel endroit plus sur que le dos d'un Gardien ?

Depuis que le soleil était levé, le jeune garçon avait passé son temps à observer les différents Gardiens qui étaient de leurs côté. A présent Akito pouvaient les voir à son tour car ces derniers se portaient à la rencontre de la colline mouvante.

Il y avait bien sur Akasha, magnifique entre toute, mais aussi Karmayo, un Donphan aux défenses impressionnantes et qui était réputé pour avoir fait exploser les portes et les murs de plusieurs châteaux, protecteur des Ishida, et puis Soretrix, le Nidoking des Toyotomi, dont la tête dépassait de peu la cime des plus grands arbres.

Jugeant que ce n'était pas à lui d'écouter les discussions de ces quatre géants de la nature, Akito se laissa glisser en bas de l'arbre, vite suivi par Naoya qui semblait avoir retrouvé toute sa joie de vivre.

-Avec quatre Gardiens alors qu'ils n'ont en qu'un de leur côté, on va rapidement gagner cette guerre ! Affirma t-il alors que son grand frère retournait s'asseoir aux côté de son onix.

-Les Gardiens ne sont pas tout, affirma calmement Akito. D'après père, il y en a de moins en moins et tous disparaissent les uns après les autres sans être renouvelés par Ho-Oh.

-Comment est-ce possible ? Ils sont si grands, si forts !

-On raconte que l'ancêtre des onix est mort il y a très longtemps. Fatigué par les batailles ou peut-être par notre monde qui changeait déjà, il s'est assoupi au milieu du Japon et ne s'est jamais réveillé. Aujourd'hui on dit que la chaine argenté qui sépare le Johto et le Kanto avant de longer ce dernier n'est autre que son cadavre.

-Je ne connaissais pas cette histoire. Je ne pourrais plus jamais regarder ces montagnes de la même façon…

-Quoiqu'il en soit, c'est un fait, les Gardiens disparaissent et un jour, il n'y en aura plus aucun. On ne sait pas pourquoi, beaucoup pense que c'est à cause des étrangers, ou parce qu'en cherchant à conquérir la Corée, nos chefs auraient ramené des mauvais esprits de là bas. D'autres sentent de grands bouleversements arriver, un nouveau monde où les Gardiens n'auraient plus leur place.

-Mais les Gardiens sont les liens entre les Pokémons et les Humains ! S'ils disparaissent, comment ferons-nous pour comprendre leurs volontés ou quand ils sentent un désastre arriver ?

-Peut être que nous n'aurons plus besoin de les écouter… Ou que nous ne voudrons plus les écouter… Je n'en sais rien Naoya.

L'adolescent fit une grimace tout en songeant à ce qu'il venait de lui dire. Sabelette vint alors remuer son museau devant lui et le garçon le gratifia d'une caresse :
-Tout va bien Sabelette ! De toute façon aujourd'hui nous avons quatre Gardiens bien en vie !

Son sourire se mua alors en étonnement alors qu'il fixait un point dans le campement. Akito suivit son regard et aperçut deux jeunes femmes avancer calmement, accompagnées d'un pyroli et d'un voltali. Elles portaient plusieurs couches de kimono, dont celle supérieur était simplement noire et ornée d'une emblème présentant la forme stylisé d'un grand oiseau aux ailes déployée, une crête sur la tête et une queue à plusieurs plumes déployées sous lui. La forme réapparaissait sur les longues manches des jeunes femmes et dans leur dos laissé à découvert par une haute coiffure sophistiquée et piquées par de nombreux bijoux.

-Comment ça se fait, je croyais que les femmes n'avaient pas le droit de posséder des pokémons ?! Réagit Naoya.

-Ce ne sont pas vraiment des femmes, le contredit son frère. Regarde leur tenue, ce sont des prêtresses de la Tour Carillon. Des servantes de Ho-Oh.

-Et qu'est ce qu'elles font ici ?

-Elles viennent surement observer l'issue du combat et surveiller les Gardiens…

-Surveiller les Gardiens ? Ce n'est pas comme si les Gardiens leur obéissaient !

-Eh bien, techniquement si. Les Gardiens ont été créé par Ho-Oh et ces prêtresses sont ses messagères, elles seules ont le droit de parler avec le Dieu. C'est pour ça qu'elles sont aussi respectées et que l'Empereur a fait construire son palais prés de Rosalia. De plus, a ce qu'on raconte, il ne faut les sous estimer en combat pokémon. Elles sont très fortes.

-Mais pourquoi ce sont des femmes ? N'y a-t-il pas de prêtre ?

-C'est Ho-Oh qui a choisi une femme et qui lui a offert une de ses plumes. Depuis seules des femmes s'occupent de son culte. Je sais que c'est bizarre, mais c'est comme ça.

-Il y a d'autres dieux que ce Ho-Oh, pourquoi est-ce lui qu'à choisit l'empereur ?

-Parce que Ho-Oh est le dieu qui unit les Humains et les Pokémons, il représente l'harmonie entre nos deux peuples et fait que nous sommes inextricablement liés les uns aux autres. Tu devrais le savoir Naoya ! Que fais-tu donc lorsque nous allons au temple ?! Termina un peu sévèrement Akito.

L'adolescent roula des yeux avant de regarder disparaitre les deux prêtresses vers le camp des Toyotomi. Il aurait donné n'importe quoi pour voir ces deux jeunes frêles femmes discuter avec Akasha et essayer de la sermonner ! Malheureusement, jamais son frère ne le lui autoriserait.

-Aaaah je veux grandir !!!! Annonça-t-il avant de remonter sur son arbre.

***
Cela vint brusquement le lendemain. Alors que les Mori manquaient encore à l'appel, les troupes de Tokugawa lancèrent un premier assaut sur eux.

Ils furent appelés d'urgence à rejoindre ceux qui se tenaient déjà prêt et enfilant en quatrième vitesse son plastron d'acier et son casque, Akito s'empara de son arc et tendit les rênes de Shiki à Naoya.

-Prends-le, je me battrais sur Onix ! Annonça t-il.

Naoya qui était redevenu un peu blanc à l'appel des troupes hocha de la tête gravement et grimpa sur le cerf alors qu'Onix baissait la tête pour laisser son maître y monter. Accroché à sa corne, Akito avait une vue d'ensemble impressionnante sur le champ de bataille.

Dévalant d'une petite colline, une nuée de guerriers sur des ponytas, galopas, cerfrousses ou même tauros étaient précédés de peu par leurs pokémons à quatre pattes et dans le ciel, des centaines de pokémons oiseaux de toutes sortes plongeaient vers eux.

Akito bandit son arc dans leurs direction.

-Ne perds pas Naoya des yeux ! Demanda-t-il à Onix qui hocha de la tête, suivant Shiki de prés.
Quand on leur donna l'ordre de leur propre assaut, ils s'élancèrent droit sur l'armée ennemie en hurlant. Les étendards des différents clans claquaient dans le vent, présentant face à eux Tokugawa, Masamune, Todo, Fukushima, Kyogoku, Ikeda… Et Sanada.

Ne pas penser, ne pas avoir peur.

Akito décocha sa première flèche sur un piafabec, tandis qu'Onix jetait de leurs montures les guerriers ennemis qui se trouvait à sa portée par des coups de têtes. Un ponyta lui cracha du feu dessus, mais ça n'avait presque aucun effet et il chassa les flammes en secouant la tête, comme s'il ne s'agissait que de moustiques.

Akito jetait de temps en temps un coup d'œil sur son frère qui s'escrimait à l'épée tandis que son sabelette usait de jets de sable pour ralentir ses assaillants ou pour tout simplement dévier leurs coups. Lui aussi profitait de ces temps où il relâchait sa vigilance sur lui pour porter quelques flèches dans les gorges des ennemis qui l'approchait.

Naoya tournait de temps en temps sa tête vers lui, reconnaissant.

Soudain, Onix grogna pour le prévenir et plongea sous terre pour se protéger d'une attaque hydrocanon. Akito ne perdit pas de temps et se laissa glisser derrière la corne d'onix tout en prenant une grande bouffée d'oxygène.

Plonger avec onix sous terre, c'était comme nager dans l'eau. Il devait s'accrocher à sa roche, tout en se protégeant des parois derrière sa corne et retenir sa respiration jusqu'à ce qu'ils ressortent.

Onix en profita pour surgir sous un nidoqueen qu'il envoya violemment dans les airs. Pour Akito, le premier réflexe fut de retrouver Naoya dans la foule qui s'affrontait, donnant des coups de sabres dans tous les sens, du sang jaillissant ici et là, d'un humain ou d'un pokémon et les détonations des arquebusiers résonnant par intermittence… Il aperçut au loin Akasha qui semblait entourée d'un tourbillon de flammes et qui réduisait à l'état de morceaux carbonisés tous les hommes qui l'approchaient. Jamais elle n'avait autant ressemblé à un monstre pour Akito qu'en ce moment où ces yeux brillaient d'une lueur victorieuse et que ses rires et ses paroles sadiques arrivaient jusqu'à ses oreilles.

Mais il devait retrouver Naoya, vite !

Sous ses yeux il aperçut alors son petit frère en mauvaise situation : un guerrier qui semblait doué l'avait pris à part et s'acharnait sur lui tandis que Naoya enchainaient techniques de défense sur techniques de défenses sans pouvoir riposter.

Onix devait l'avoir vu lui aussi car il se dirigea alors dans cette direction, bien qu'énormément gêné par de nombreux obstacles de toutes sortes : hommes, pokémons, tronc d'arbres abattu. De nombreux cadavres commençaient aussi à s'accumuler sur le champ de bataille et l'on marchait sur les morts pour pouvoir attaquer les vivants.

Akito brandit son arc dans la direction de l'homme, mais il fut alors attaqué par un rapasdepic qui lui sembla arriver de nulle part et déchira la peau de son visage avec une de ses serres, faisant sauter son arc de ses mains et perdre l'équilibre.

Il se raccrocha en dernier moment à Onix, l'un de ses yeux fermé à cause du sang qui s'écoulait abondement de sa plaie. Les blessures à la tête étaient toujours celles qui saignaient le plus… Mais il refusa de laisser la douleur le tétaniser. Naoya était en danger !

Serrant les dents, il remonta sur la tête d'Onix et chercha son arc des yeux. Il était tombé à terre !

Le rapasdepic revenait déjà sur lui dans un croassement tonitruant. En dernier recours, Akito dégaina son court sabre et sauta pour l'enfoncer dans le poitrail tendre et fragile de l'oiseau. Ses serres égratignèrent un peu ses jambes au passage, mais l'oiseau, blessé à mort, tomba à terre, gémit de douleur tandis que ses intestins se déversaient hors de son corps.

S'il avait eu son arc, Akito aurait abrégé ses souffrances. Il n'aimait pas causer de la douleur aux pokémons. Mais il y avait aussi plus urgent. Redressant la tête, il retourna son attention sur Naoya.

D'un coup bien placé, le sabre de l'adolescent vola de ses mains et il se retrouva désarmé. Se laissant tomber pour éviter le coup suivant, il se mit alors à ramper à reculons de façon désordonné, effrayé, dans cette boue qu'avait formée la terre en se mélangeant au sang.

Quelques gouttes d'eau commencèrent à tomber et un coup de tonnerre retentit au loin.

Akito était trop loin de son frère pour l'aider !

Onix grogna son propre désespoir de faire défaut à son maitre.

Le guerrier avançait doucement et sadiquement vers Naoya qui continuait à reculer jusqu'à ce que sa main se pose sur le corps mou et encore un peu tiède d'un melodelfe mort. Acculé par cette énorme masse, il n'arrivait plus à s'échapper. L'ennemi envoya bouler une nouvelle fois le sabelette qui s'accrochait à lui pour le mordre et leva son sabre pour décapiter sa proie.

Akito hurla de rage comme si ça avait pût arrêter l'homme.

Sabelette se mit à briller.

Son petit corps grandit en quelques secondes, s'ornant de multiples piques et de griffés aussi acérées que des couteaux.

Sa transformation même pas encore terminé, il se jeta en boule sur l'homme et l'écrasa à terre. Ses différents piquants rentrèrent dans les parties non protégée par l'armure qu'elles rencontrèrent et laissèrent l'homme troués à de multiples endroits. Celui-ci se releva avait difficulté, puis après avoir émit un gargouillis incompréhensible, s'écroula par terre.

Désormais il pleuvait à verse, comme ci les dieux avaient décidés de laver le sol de tout le sang qu'on y avait versé. Leurs ennemis mis en déroute s'enfuirent vers leurs camps respectifs alors que les guerriers alliés à Toyotomi lançaient des cris de victoire.

La guerre n'était pas encore terminée, mais ils avaient gagné ce round.

Akito descendit d'Onix, las et continuant à perdre du sang. Il récupéra son arc tombé à terre et se dirigea vers son petit frère qu'il retrouva enlacé à son pokémon. Il lui devait aussi tout son respect pour la façon dont il l'avait protégé sans relâche.

Posant une main sur l'épaule de Naoya il révéla sa présence. Celui-ci leva les yeux vers lui et les deux frères se sourirent. Ils étaient encore en vie.

***
La pluie tombait toujours alors qu'au dessus des nuages le soleil devait être à son zénith.
Akito et Naoya se soignaient leurs blessures, le premier se résignant à arborer pour le reste de sa vie une belle balafre qui courait sur une partie de son front et coupait en deux un de ses sourcils.

Leurs deux pokémons se reposaient sous terre, mais ils n'avaient pas retrouvé Shiki qui, soit s'était échappé, soit faisait parti des nombreux cadavres qu'on leur avait demandé de récupérer pour les brûler. Aucune perte chez les commandants, mais à la tête que faisait leur père quand il vint les voir, Akito devina qu'il y avait des soucis.

-Les Mori ne sont toujours pas arrivé pourtant Ishida veut lancer l'attaque… Alors tenez-vous prêt pour le début de l'après-midi. Toutes nos forces seront déployées et je n'aurais pas le temps de vous voir… Alors bonne chance.

-Bonne chance à vous aussi père.

Quand les rangs furent formés pour l'attaque décisive, les Gardiens prêt à attaquer, Akito sentit une boule nouer son estomac. Il avait un mauvais pressentiment et se rappela vaguement du rêve qu'il avait fait quelques jours auparavant.

Ce n'était cependant pas comme s'il pouvait tout arrêter par lui-même, et lorsque l'assaut fut donné, il s'élança à nouveau avec les autres.

Comme la pluie tombait, les pokémons feu et roche étaient en souffrance et Akito dût à de nombreuses reprises effectuer leurs plongée sous terre pour qu'Onix se sente mieux. Tout comme ce matin, il continuait à surveiller son petit frère, tout en restant vigilant des oiseaux qui pourraient le surprendre. Cependant, grâce à Sablaireau, comme si lui aussi avait évolué, Naoya s'en sortait mieux et semblait plus confiant.

De gigantesques racines traversèrent son champ de vision, surement celles de Rokushi le torterra, mais il trouva étrange qu'elles soient si prés de leur camp. Akasha rugit au loin, boule de feu fumante dans le déluge et vite la nouvelle se rependit à hauts cris :
Les Kobayakama et Rokushi les avaient trahis ! Ils s'étaient retournés contre eux pendant la bataille !

De plus le clan Shimazu brillait par son absence ! Quand il interrogea l'un des guerriers alliés, Akito appris qu'ils avaient refusé de participer au plan de Ishida parce qu'on avait refusé le leur hier !

Bref, ils venaient de perdre deux clans d'un coup et les Mori n'étaient toujours pas arrivés !

Ils continuaient cependant à se battre comme des diables. Que faire d'autre ? S'ils quittaient le champ de bataille, ils seraient considérés comme des déserteurs et exécutés !

Gagner ou mourir.

Karmayo, le donphan des Ishida fonça sur Rokushi et les deux pokémons se tinrent tête, grognant, hurlant, parfois se maudissant en langage humain. Leur bataille faisait autour d'eux des centaines de morts chez ceux qui ne se poussaient pas à temps. Ce spectacle avait quelque chose d'affreusement triste et Akito aurait voulu que quelqu'un leur ordonne de cesser.

Pourquoi les prêtresses restaient-elles immobiles, le visage dénués d'expression, devant le carnage qui s'offraient à leurs yeux ? Pourquoi Ho-Oh depuis le ciel n'arrêtait-il donc pas cette bataille fratricide ?

Hommes et Pokémons s'affrontant indifféremment, et tout ça pourquoi ? Pour l'avidité de certains hommes.

Tout ça à cause des Tokugawa…

Les Tokugawa qui avaient trahis le tout jeune Hideyori Toyotomi, qui avait pris la place de son père à sa mort. Une place de Shogun qui lui revenait donc légitimement même si ce n'était encore qu'un enfant.

La haine qu'il ressentit face à ce qu'il avait sous les yeux le fit s'attaquer principalement à tous ceux qui portaient les couleurs des Tokugawa. Et s'il pouvait arriver à planter une flèche dans le bras de leur chef, Ieyasu, il pourrait mourir le sourire aux lèvres.

Mais à ce qu'il entendait, le chef de l'armée adverse ne se trouvait nulle part.

Les heures défilaient sans qu'il les voit passer. Tirer, plonger, Naoya, esquiver, attaquer, plonger… Tout se répétait inlassablement en une danse qui semblait sans fin.

Pourtant la chorégraphie fut soudain stoppée comme si l'on avait coupé les fils d'un pantin. Une trompe sonna au loin et leurs ennemis s'enfuirent vers leur camp à toute vitesse, certains cherchèrent à les rattraper, mais uniquement à pied, car leurs pokémons avaient soudain arrêtés de bouger et fixaient vers l'est l'épais rideau de pluie.

Une brume glacée surgit alors de cette direction et envahit tout l'ouest comme des mains crochues qui s'abattaient sur eux. La température baissa brutalement et bientôt on ne vit plus le sol.

Les hommes discutaient entre eux inquiets, mais les pokémons gardaient le silence, comme tétanisés de peur.

Akito voulut rejoindre Naoya, mais celui-ci était plus loin avec un autre groupe de guerriers et courrait vers la brume pour poursuivre leurs ennemis. Il lui hurla de rester ici, mais son frère ne semblait pas l'entendre.

Dans le brouillard se découpa alors une silhouette tout simplement immense qui dépassait de plusieurs mètres Rokushi. Sa tête qui se tenait au bout d'un long cou tenu à l'horizontal était une vision de cauchemar. Ses yeux jaunes entourés de noir sans pupilles ni iris brillaient d'une lueur malveillante, le reste de son visage était difforme : sa mâchoire proéminente laissait sortir quelques dents acérés et depuis la pointe de son museau s'élevait deux pics blanc en V aux extrémités déchiquetés. Chaque souffle de sa part leur envoyait un nouveau jet de brume et bien qu'Akito ne pouvait le voir, le sol se recouvrait petit à petit d'une couche de glace.
Son petit frère était en train de courir vers ce…

Même s'il savait qu'il s'agissait d'un Dieu, le premier mot qui lui vint à la bouche fut celui de monstre.

Tout se passa alors très rapidement.

D'un grognement, la bête s'ébranla et de gigantesques lames de glaces jaillirent dans tous les sens sur leur armée, emprisonnant tout humain ou pokémon qui les touchaient.

Akito observa sous ses yeux impuissants son petit frère et son sablaireau être figés à tout jamais dans la glace.

Il devait bouger, il savait qu'il devait bouger.

Mais étrangement, il savait que s'il bougeait, il foncerait droit sur son petit frère en criant comme un désespéré, le cœur à vif.

C'est Onix qui prit une décision à sa place, d'un coup il le délogea de dessus sa tête et alors qu'il hurlait le nom de son frère en chutant, il l'enferma dans sa bouche.

Ce n'était pas pour le manger, après tout les onix ne mangeaient pas de la chair, mais pour pouvoir plonger sous terre et quitter le plus vite possible le champ de bataille. Cependant, se retrouver dans la bouche d'un onix était assez déplaisant, c'était comme se retrouver emmuré vivant et bien que ce n'était pas du tout raisonnable, Akito hurlait et tapait des pieds et des mains pour se libérer, pour qu'Onix le ramène à son petit frère.

Naoya ! Naoya !

Finalement Onix ressortit à quelques distances pour éviter qu'il s'étouffe et le fit rouler hors de sa bouche.

Akito était en larme :
-POURQUOI ? POURQUOI TU AS FAIT CA !!!!

Il fit un mouvement pour y retourner mais le serpent de roche mordit dans son kimono pour le retenir.

D'où ils étaient, ils voyaient la glace continuer sa funèbre avancée et des guerriers plus malins que lui déguerpir en vitesse. Au milieu de tout ça se trouvait une immense boule de feu : Akasha.

La renarde se débattait comme une folle contre la glace, rugissant, hurlant, elle n'arrivait cependant pas à faire fondre définitivement les couches gelées qui l'entourait.

Akito remarqua que Yukimura Sanada était à ses côtés et qu'elle faisait son possible pour l'aider à fuir. Son cœur se serra en la voyant faire ce que lui n'avait pas réussi.

Malgré tous ses efforts, il semblait pourtant qu'elle n'y arriverait pas.

C'est alors qu'Akito vu la seule chose qui aurait pût lui faire comprendre la réalité de la situation : Akasha attrapa Yukimura dans ses crocs et bondit au dessus des glaces pour le jeter en dehors de la zone comme s'il n'était qu'un simple bout de bois. Et alors qu'elle était encore en saut, il vit la grande renarde de feu se recouvrir de glace, à tout jamais figée dans son geste.

Le pouvoir de cette chose était assez grand pour geler l'un des plus puissants pokémon feu qui existait.

Il fut alors pris d'une peur complètement irrationnelle et tâtonna sur son onix avec maladresse pour grimper sur lui, tout en lui ordonnant de l'amener le plus loin possible d'ici.

***
Il se passa plusieurs jours où Akito se cacha, tremblant de tous ses membres à l'idée que la bête pourrait les poursuivre les uns après les autres pour tous les éliminer.

Mais la pluie cessa et le soleil revint avec les rumeurs de la victoire d'Ieyasu Tokugawa. Akito se fendit dans la population des villageois pour savoir ce que l'on racontait de Sekigahara.

Apparemment personne ne parlait du Dieu, ni des humains et pokémons pris dans la glace. S'il n'y avait pas eu quelques détails véridiques dont la trahison de leur allié, Akito aurait cru avoir tout rêvé.

D'après les dires, le seul à avoir réussi à s'échapper était Yukimura Sanada qui était allé se réfugier avec les moines du Mont Kôya. Son père avait été simplement exilé puisqu'une partie des Sanada avait combattu pour Tokugawa, mais les autres commandants avaient tous été spolié de leurs biens et exécutés.

Cette dernière nouvelle lui fit craindre pour sa famille et il s'empressa de rejoindre son village, même s'il était porteur d'affreuses nouvelles et qu'il ne pourrait sûrement plus jamais regarder sa mère dans les yeux.

Au cours de ce voyage, malgré tout ce qu'il faisait pour se concentrer sur autre chose, il lui arrivait souvent de penser à Naoya, d'autant qu'en dehors de Sekigahara, rien ne semblait avoir changé. Les chemins de terres bordant les plantations de riz étaient toujours les même et les érables, comme chaque année, dévoilaient leurs éclatantes couleurs automnales.

C'était comme si rien ne s'était passé.

Alors pourquoi entendait-il des hommes hurler d'horreur dans sa tête ? Pourquoi revoyait-il Akasha lançant son bien aimé Yukimura au dessus des glaces en désespoir de cause ? Pourquoi revoyait-il le regard inquiet de son père avant la bataille ? Et le sourire confiant de Naoya ?

Tous ses rêves de grandeur et de gloire avaient gelés avec Naoya.

Arrivant prés de la demeure familiale, il comprit immédiatement que quelque chose ne tournait pas rond. Tous les panneaux étaient fermés, aucune sœur dehors à laver le linge ou à battre les futons. Aucun de leurs vieux domestiques à les aider ou à éplucher des légumes assis sur le perron. L'endroit était tout simplement abandonné.

Il aurait dû se douter que leurs biens leur seraient aussi confisqués.

Mais en ce cas, où était sa famille ?

Il arrêta un de leurs anciens paysans qui passait sur la route et lui demanda s'il savait ce qui s'était passé.

-Ah ça oui. Des soldats sont passés ici, mais il n'y avait déjà plus âme qui vive. La rumeur de la défaite des Toyotomi est arrivé avant eux et la Dame, ses filles et leurs domestiques ont préféré mettre fin à leurs jours eux même avant de tomber entre leurs griffes.

-Non…

L'homme s'inclina légèrement avant de reprendre son chemin, tirant son chariot rempli de balles d'herbes séchées.

Akito comprit qu'il n'avait plus personne. Onix vint grogner doucement prés de lui pour le consoler et le jeune homme pris dans ses bras la grosse tête de pierre pour laisser libre court à son chagrin.

Il n'avait plus personne et il n'était plus personne. Juste un guerrier sans maître, juste un de ces ronins défroqués qui prenaient la poussière dans les chemins et vivaient de leur épée…

Il avait tout perdu.

-Pourquoi pleures-tu ? Fit une petite voix féminine derrière lui.

Il se retourna pour découvrir une petite fille en kimono de lin qui le fixait curieusement, une fleur à la main.

-Il ne faut pas pleurer, continua t'elle. Maman dit qu'une nouvelle ère de paix vient de commencer.

-Une « ère de paix » ? Répéta ironiquement Akito, les sourcils crispés par le ressentiment.

-Oui ! Tiens je te donne cette fleur si tu veux ! C'est la dernière du coin !

Elle lui tendit innocemment la petite fleur coupée trop courte et il se baissa pour la prendre.

-Merci.

Elle lui répondit par un grand sourire édenté avant de repartir :
-Au revoir !

Il la regarda galoper insouciamment sur la route puis se laissa tomber contre Onix en fixant la petite fleur fragile dans sa paume.

-Une ère de paix ? Alors allons voir à quoi elle ressemble Onix… Murmura-t-il avec un sourire triste.

Le grand serpent répondit affirmativement, poussant un cri dans la campagne qui résonna comme un défi.

Akito tourna pour toujours le dos à son ancienne maison et recommença à marcher, se dirigeant vers le fief des Tokugawa.

On l'appelait alors Edo.

Pas mal d'année plus tard, on l'appellerait Safrania.

Fin.

Mot de l'auteur: J'espère que cela vous aura plût même si c'est surtout moi qui me suis fait plaisir en ressortant sabre, arc et kimonos. Si vous lisez Version Or, vous aurez peut être découvert quelques petits indices dans ce récit (mais je dis rien ^^).