Un Rozbouton en difficulté
Jour : Vendredi 12 mai. Temps : Ciel couvert. Température : 18°C. Heure : 17heures.
Bruit d'une sonnerie.
Des formes humaines se précipitèrent toutes dans la même direction.
Notre histoire commence dans l'école d'Eloville, une ville située à une vingtaine de kilomètres de Renouet.
— Enfin, c'est le week-end ! Cria l'une des formes de petites tailles.
Les quatre cents élèves du collège d'Éloville sortirent en masse par le petit portillon de fer qui était la seule entrée/sortie de cet établissement. Le troupeau d'enfant se précipitait, échappant petit-à-petit à cette prison scolaire.
Parmi ces adolescents adidacés, nikés, ou toutes autres marques, on pouvait apercevoir un petit garçon. Celui-ci était brun, ses yeux avaient la même teinte que ses cheveux. Grâce à ses un mètre trente, il parvint à sortir de la foule.
— Emportés par la foule, qui nous traînent et nous entraînent, chantonna-t-il.
Sans savoir pourquoi cet air d'Edith Piaf venait de lui traverser l'esprit, il continuait sa traversée, son nouvel objectif était l'immense bus noir qu'il voyait au loin.
Après l'épreuve de résistance, voilà l'épreuve de vitesse ! Il commença à se dépêcher, à côté de lui un autre enfant courait. La raison de ce sprint ? Le bus ne contenait que quarante places assises pour soixante-dix places debout. Ils avaient souvent eut des places debout et cette fois ils en avaient un peu marre.
— C'est bon !
Le brun s'assit sur le premier double-siège qu'il vit. Un autre enfant, blond, s'assit à côté de lui.
— Ça fait du bien de s'asseoir un peu, adressa le blond.
— Oh oui !
Un troisième enfant s'approcha.
— Euh... Michaël, c'est quoi les devoirs pour demain ?
Le brun, dénommé Michaël Casanoya, se retourna et vit la silhouette de cet élève de cinquième qui lui tenait tête. Puis il sortit son petit agenda sur lequel était inscrit "Cette année c'est mon jour de chance", accompagné d'une image idiote ou l'on pouvait voir un homme marchant sur la tête d'un autre au sortir des égouts. Cette scène ridicule démontrait la chance, car si le deuxième homme n'était pas sorti des égouts, le premier serait tombé dedans.
— Alors on a l'exercice 12 page 114 pour les maths, et de la géographie.
— Merci.
« Prochain arrêt : Champ de Gloire », annonça la voix du bus.
— Ah ! C'est pour moi, s'écria l'enfant à côté de Michaël.
Il se leva et s'approcha de la porte pour sortir. Quelques secondes plus tard, elle s'ouvrit permettant à celui-ci de sortir.
— Au revoir, Nicolas.
— Au revoir, Michaël.
Arrêt après arrêt, les passagers descendirent, laissant le jeune garçon seul. Il était le seul à descendre au terminus.
« Arrêt : Place du commerce/Terminus. Tous les passagers sont invités à descendre du véhicule. »
Il descendit du rectangle de métal et arriva sur l'immense place marchande. C'était un grand cercle de marbre de cinquante mètres de rayon (en effet, ça fait un diamètre de cent mètres de diamètre, bravo ami lecteur), au cœur de celui-ci se trouvait une grande fontaine. Sur tout le long du cercle se trouvait toute sorte de petits commerces : boulangerie, charcuterie, magasin de vêtements, magasin Pokémon...
Avant de rentrer chez lui, il s'arrêta à la boutique Pokémon. Il observa les différentes PokéBalls et baies, et soudain se mit à pleurer. Des larmes commencèrent à tomber sur le plancher de la boutique.
— Vous allez bien mon garçon ? demanda la vendeuse.
Michaël ne répondit pas. La vue de toutes ces ressources pour Pokémon lui rappelait Arcko.
Arcko était le premier, et aussi le seul Pokémon du jeune garçon. Il l'avait reçu pour ces cinq ans, lors de son anniversaire.
§
— Joyeux anniversaire Michaël, joyeux anniversaire !
Celui-ci souffla les cinq bougies qui reposaient sur un délicieux gâteau au chocolat.
— Allez, on ouvre les cadeaux !
Michaël reçut deux T-shirts, trois pantalons et un pyjama de ses grands-parents, de l'argent à mettre sur son compte en banque de ses oncles et tantes, des Playmobils de sa mère et pour finir une étrange boîte de son père, qui avait insisté pour qu'il ouvre ce cadeau en dernier.
— Alors, qu'est-ce que c'est ? demanda le petit garçon impatient.
— Ouvre, lui répondit son père.
Il ouvrit la boîte et en sortit une petit sphère métallique.
— Une boule de pétanque ? S'étonna Michaël.
Il y eu un petit rire parmi la famille, puis le petit rire se transforma en crise. Tout le monde rigolait, tout le monde sauf Michaël qui ne participait pas à cette hilarité totale.
— Quoi ? S'offusqua-t-il.
— Mais enfin chéri, c'est une Poké Ball.
Au moment où la mère terminait sa phrase, le regard de l'enfant changea. Il avait déjà vu des combats de Pokémon dans la rue ou même à la télévision et adorait ça.
— Vas-y, ouvre là, s'exclama le papy.
— Comment on fait ?
— Montre-lui, Thierry.
Le père prit alors la Poké Ball et révéla le précieux contenu. Un petit gecko vert se matérialisa devant les yeux émerveillés de l'enfant.
— Michaël, je te présente ton nouvel ami.
Le jeune garçon regardait le Pokémon qui venait d'apparaître et le prit dans ses bras.
— Il est trop mignon !
— Tu comptes lui donner un nom ? demanda une tatie.
— Non, je pense qu'Arcko, ça lui va bien. Hein, qu'est-ce que tu en penses, Arcko ?
Le Pokémon regarda son nouveau Dresseur avant de s'assoupir.
— Il dort ? S'étonna Michaël.
— Ce n'est encore qu'un bébé, lui expliqua Amandine. Toi aussi, quand tu étais petit, tu faisais la sieste, tu te rappelles ?
Un nouveau fou rire envahit la pièce.
Les deux amis étaient vite devenus inséparables, les seuls moments où ils n'étaient pas ensemble, c'était parce que Michaël était à l'école. Cela faisait un an que cette entente durait, puis un jour...
— Arcko, je suis rentré.
Le jeune garçon prit la Poké Ball et libéra le Pokémon Plante.
— On joue à quoi aujourd'hui, Arcko ?
Le gecko observa la chambre avec un regard différent des autres fois. Il ne fallut que quelques secondes pour que celui-ci s'échappe, Michaël s'était à peine retourné qu'Arcko s'était échappé par la fenêtre.
Ce jour-là, Michaël avait pleuré toute la journée, ses parents avaient essayé de retrouver le petit Pokémon, en vain. L'enfant paraissait inconsolable et avait mis plus d'un an à s'en remettre.
§
Après ce petit souvenir, Michaël sécha ces larmes, mais il se demandait toujours pourquoi son meilleur ami s'était enfui.
Il continua sa route quand soudain il aperçut une scène qui l'interpella. Deux adolescents, vêtus d'une grosse capuche, se tenaient contre un mur et se faisaient des passes avec une petite boule verte. Celle-ci poussait de petits cris.
— Roz... Rozbouton...
— Eh, vous, qu'est-ce que vous faites avec ce Rozbouton ? cria Michaël.
Malheureusement, celui-ci regretta rapidement son acte. Les deux hommes posèrent le Pokémon et se retournèrent en direction de notre héros.
— Qu'est-ce qu'il nous veut le microbe ?
— J'sais pas. Viens, on va lui apprendre à respecter ces aînés !
Michaël tenta de fuir, mais que peuvent faire deux petites jambes contre celles de ces deux grands gaillards ? Les deux adolescents le rattrapèrent et l'entraînèrent dans une petite rue. À peine entrés dans la ruelle, ils se mirent à l'enchaîner.
— AHHH !
Les coups s'enchaînèrent avec une violence inouïe : coup de pied dans le ventre, coup de poing dans le visage, coup de genou dans le tibia. Tandis que le nez de Michaël explosait sous les coups et que des taches bleuâtres apparaissaient sur son visage. Rozbouton, qui avait observé toute la scène, se mit à pleurer.
— J'pense qu'il en a eu assez, s'exclama le premier adolescent.
— Et souviens-toi, si tu préviens les flics, on te retombera dessus.
Ils laissèrent le pauvre enfant étendu sur le sol, le visage ensanglanté. Quand soudain, une Roserade, alertée par les pleurs du petit Pokémon Plante, arriva et tint tête aux deux brutes.
— Qu'est-ce tu veux toi ?
— Arrête de nous regarder comme ça !
Soudain, des feuilles violettes foncèrent en direction des agresseurs et tranchèrent leurs vêtements. La réaction ne se fit pas attendre, tous deux mirent leurs mains dans leurs poches et en sortirent deux Poké Balls.
— Skélénox !
— Moufflair !
Roserade était bien décidée à se venger du mauvais traitement qu'avaient fait subir ces deux humains à son Rozbouton, même si cela devait passer par l'élimination de deux Pokémon.
— Moufflair, attaque Bombe Acide !
Le Pokémon putois projeta une immense bulle de venin qui se dirigea sur la Pokémon fleur, mais celle-ci fit une pirouette sur le côté et esquiva l'attaque.
— Skélénox, Ombre Portée !
Alors que Roserade terminait son esquive, l'ombre du Skelenox se mit à se mouvoir et fonça sur Rozerade. L'attaque Spectre la toucha de plein fouet et la projeta à l'autre bout de la ruelle.
— Enchaîne avec une attaque Ténèbres !
Il cracha une onde de choc noir de sa bouche qui chargea Roserade et la transperça, puis elle s'écroula.
— Bien joué Enzo ! Moufflair, attaque Bélier !
Moufflair se lança dans ce que son maître pensait être le coup décisif mais malheureusement pour lui il allait connaître un destin plus funeste.
La Pokémon Plante se releva, alors que le putois n'était plus qu'à quelques mètres. Elle croisa ces bras-fleurs et encaissa l'attaque avant de le repousser.
— Qu'est-ce que... bégaya le maître du Moufflair.
Le Moufflair venait carrément d'être projeté par la seule force de la Roserade.
— Rosaaaaa ! hurla-t-elle.
Une immense ronce sortit du sol et gifla le putois, le mettant ainsi K.O.
Les deux adolescents restaient bouche-bée devant une telle démonstration de force mais le maître du Skélénox ne se démotiva pas pour autant.
— Skélénox, attaque Tranche-Nuit !
Mais avant même qu'il puisse exécuter l'ordre de son maître, un immense rayon lumineux balaya la zone, le mettant lui aussi K.O.
— Impo... Impossible...
Le puissant Lance-Soleil avait provoqué une telle explosion que les capuches de deux adolescents s'était enlevées, dévoilant des cheveux noirs pour le dénommé Enzo et blonds pour l'autre.
— On se tire ! ordonna-t-il en rappelant son petit fantôme dans la Poké Ball.
Les deux hommes partirent rapidement, effrayés par la surpuissante Pokémon qu'ils venaient de rencontrer. D'ailleurs, celle-ci s'était rapprochée de Michaël, qui avait observé tout le combat depuis le début.
— Merci, adressa difficilement le jeune garçon.
La fleur posa ses deux mains sur le corps du blessé et commença à chantonner une chanson. Une lumière verte recouvrit tout le corps du jeune garçon, refermant une à une toutes les blessures sur son corps, son nez reprit une forme convenable, les taches bleues autour des yeux disparurent. Michaël oublia peu à peu la douleur qu'il sentait il y a trente secondes.
— Mais qu'est-ce qui se passe ?
Il comprit assez rapidement que la Roserade, pour le remercier d'avoir le Rozbouton, avait utilisé une attaque Aromathérapie afin de le soigner.
Après l'avoir totalement guéri, elle s'en alla, emportant avec elle le petit Rozbouton qui arrêta de pleurer une fois dans ses bras.
Un peu plus loin, un petit lutin rose et blanc, auquel personne n'avait fait attention, avait observé toute la scène depuis le début.
— C'est bon, j'ai choisi, ce sera lui !