La nature de l'être de Cyrlight

- La pauvre, murmura Cynthia en secouant la tête, ses longs cheveux blonds voletant autour de son corps. Elle doit vraiment être à bout de nerfs.
- Ils se disputent souvent, mais je connais Pandore : elle ferait n'importe quoi pour son frère. C'est comme cela qu'elle s'est retrouvée impliquer dans les plans de la Team Rocket, en voulant l'en protéger.
- Elle a un grand coeur, ce n'est pas tout le monde qui serait prêt à risquer sa vie. Je crois que nous devrions nous aussi reprendre nos recherches. Elle a vraiment besoin d'aide.
- Cynthia, vous n'êtes pas obligée, vous savez, affirma Sören d'une voix neutre. Nous nous en sortirons très bien tous les deux.
- Et tu crois vraiment que je vais rester les bras croisés pendant qu'un adolescent et ses amis qui m'ont aidée courent peut-être un grave danger ? Dis-moi ce que je peux faire, et je m'exécuterai.
- Hum... Peut-être faisons-nous fausse route, auquel cas François doit être en train de nous attendre à l'hôtel. Je doute cependant que ce soit le cas, mais il faudrait mieux vérifier avant que Pandore ne mette le Plateau Indigo à feu et à sang pour le retrouver. Vous voulez bien aller voir ? C'est le bâtiment le plus proche de la Ligue, celui avec la façade mauve. Demandez la chambre 312.

La Championne de Sinnoh acquiesça d'un signe de tête et s'apprêtait à s'éloigner lorsque le fils de Giovanni l'interpela. Elle se tourna vers lui qui, un peu hésitant au début, finit par marmonner d'une petite voix, car il n'avait pas l'habitude d'être gentil :

- Merci, Cynthia.

Il se força même à lui adresser un petit sourire, ce qui était très rare chez lui. Elle répondit avec un clin d'oeil que ce n'était rien avant de se mettre en chemin. Ce jeune homme froid et taciturne l'avait remerciée, elle, de l'aide qu'elle leur apportait. Cela devait être un exploit : elle était particulièrement fière d'avoir eu cet honneur, surtout de la part d'une personne telle que lui.

Quand elle arriva à l'hôtel, toutes les lumières étaient pratiquement éteintes, à l'exception de l'accueil. Lorsqu'elle s'approcha, la réceptionniste entrouvrit légèrement la bouche de surprise, avant de remonter ses lunettes sur son nez. Certaine qu'elle ne rêvait pas, elle inclina respectueusement la tête devant la déesse.

- Madame Cynthia, c'est un si grand honneur pour nous de vous voir dans notre si modeste hôtel. Vous m'en voyez confuse, mais nous sommes complets. Je suis terriblement navrée de vous...
- Ne vous inquiétez pas, je ne suis pas ici pour y passer la nuit. Je voulais savoir si un jeune homme répondant au nom de François n'était pas revenu dans sa chambre, la numéro 312.
- Hum... Ah oui, la 312, loué par monsieur Sören Rocket.

Rocket ? Comme la Team Rocket ? Il serait ainsi le mystérieux fils prodige de Giovanni dont Peter avait une fois évoqué l'existence devant elle. Mais dans ce cas, que faisait-il avec Pandore, qui avait mis fin aux agissements de son père après avoir lutté avec acharnement contre l'organisation criminelle ?

- Madame Cynthia, voulez-vous que je répète ? insista la réceptionniste dont elle n'avait pas écouté une seule parole.
- Oui, s'il vous plaît. Excusez-moi, je... J'étais perdue dans mes pensées.
- La jeune femme qui occupe cette chambre m'a priée de demander à son frère de lui dire de ne surtout pas quitter l'hôtel si jamais il revenait ici, mais il n'est pas rentré. En revanche, il a téléphoné il y a une poignée de minutes. Vous avez raté son appel de peu. Lui aussi avait un message à transmettre à sa soeur.
- Je vais aller la rejoindre, vous pourriez me le communiquer ?
- En temps normal, je suis tenue par le secret professionnel, mais puisque qu'il s'agit de vous et que vous semblez bien connaître ces jeunes gens, j'imagine que pour une fois, je peux faire une entorse au règlement. Il a dit qu'en revenant du Centre Pokémon, il avait fait un malaise et qu'un homme lui avait porté secours avant de l'emmener chez lui pour qu'il se repose. Il a laissé une adresse en priant sa soeur de venir le chercher le plus vite possible. Il a aussi insisté sur le fait qu'elle devait venir seule et ne surtout pas emmener Sören, pour la raison, je crois, qu'ils s'étaient disputés.
- Hum... Je vois. Pourriez-vous me donner l'adresse qu'il a indiqué, s'il vous plait ?

La femme lui tendit le post-it sur lequel elle était inscrite et Cynthia prit congé après l'avoir remercié. Cette histoire était étrange. Elle consulta le plan du Plateau Indigo suspendu par le mur du hall, où elle remarqua que l'habitation dans laquelle François devait attendre Pandore se trouvait à l'exact opposé de la carte. Si le garçon avait réellement fait un malaise, pourquoi son sauveur ne l'avait-il pas reconduit au Centre Pokémon, beaucoup plus près ? Et surtout, pourquoi avoir insisté pour que sa soeur vienne seule ?

- Togekiss, go !

Avec grâce, la déesse grimpa sur son dos avant qu'il ne s'envole. Elle n'avait pas le temps d'avertir Sören, ni de chercher Pandore. Si sa piste était réellement sérieuse, elle devait agir immédiatement, et seule. Cela éviterait ainsi à sa jeune amie de tomber dans un guet-apens, car ce coup de téléphone suspect avait tout l'air d'en être un.

Elle survola le Plateau Indigo sur toute sa largeur avant d'arriver à destination. La maison dans laquelle François était censé se trouver était située un peu à l'écart des autres. Tout cela était trop douteux pour être vrai. L'habitation isolée, l'appel mystérieux... Ce n'était pas normal : la personne qui s'en était prise au garçon avait une idée derrière la tête. Quelle ne serait pas sa surprise lorsque se serait elle, Cynthia, qui arriverait, alors que c'était Pandore qui était attendue.

[*]

- Tu vois, susurra le ravisseur d'une voix mielleuse en rattachant les mains de François, ce n'était pas si compliqué. Tu as fait du bon travail. Maintenant, j'espère que ta soeur trouvera vite ce message, car je n'ai pas l'intention de passer ma nuit à l'attendre.
- Il fallait y réfléchir avant de m'enlever le soir, se moqua sa victime afin de le faire enrager. De toute façon, quand Pandore arrivera, elle vous donnera une bonne correction. Je ne connais que deux personnes qui ont été capables de la vaincre, et encore, je n'ai jamais eu l'occasion de croiser la seconde. Vous n'avez aucune chance face à elle.
- Je n'ai pas l'intention de me battre. Je veux juste reprendre ce qu'elle m'a dérobé.
- Ma soeur n'est pas une voleuse ! s'écria François.
- Ah bon ? Elle ne t'a jamais parlé de la Masterball, pokéball ultime que j'ai mise au point après de longues années de travail acharné ? Je l'avais confiée à mes collègues scientifiques pour qu'ils la peaufinent, et cette petite peste l'a prise juste sous leur nez, avant d'enfermer Lugia à l'intérieur.
- Je connais cette histoire. Mais si c'est lui que vous voulez, vous rêvez. Elle l'a libéré lorsqu'elle était encore à Sinnoh. Je suis désolé de briser ainsi toutes vos illusions de manière si brutale, mais c'est la vérité.
- Imbécile ! Pourquoi voudrais-je Lugia quand je vise un dessein plus grand ? Si je veux récupérer la Masterball, c'est uniquement pour en retrouver le mécanisme. Comme toutes les autres ball, une fois utilisée, elle ne peut plus servir à nouveau. Je dois en reconstruire une nouvelle, tout en me basant sur l'originale. Celle que ta soeur a volé n'était qu'un prototype, mais maintenant, je compte bien réussir la Masterball parfaite, et ainsi réussir là où Giovanni a échoué.
- Mais qu'est-ce que vous comptez en faire ? Que cherchez-vous si même Lugia ne vous paraît pas à la hauteur ? Arceus ? Rien ne prouve qu'il existe, et je doute qu'un dieu, mais avec la plus parfaite des ball, soit capturable.
- Non, je veux un autre pokémon. Mille fois plus puissant que tout ce qu'un pauvre gamin dans ton genre pourrait imaginer, une créature à laquelle même Arceus ne résisterait pas. Je veux celui qui a été créé par la Team Rocket pour la Team Rocket, sur ordre de Giovanni. Je veux Mewtwo ! annonça-t-il avec théâtralité.
- Connais pas, répondit simplement François avec un haussement d'épaule, ce qui désempara son interlocuteur.
- Comment cela, tu ne le connais pas ? C'est impossible puisque... Qu'est-ce que c'était que ce bruit ?

Alors qu'ils levaient tous les deux les yeux en direction du plafond, une grande partie s'en écroula, les ensevelissant sous des couches de plâtre et de bois.