Chapitre 37: Mise en place
« Qu'est-ce qui ne va pas ? ... » demanda timidement Miréna, ne voulant rien brusquer.
Son père ne répondit pas, dans un premier temps. Son regard rougi par les larmes croisa le regard pur de sa jeune fille.
« Rien, ce n'est rien ... Miréna. Promets moi ... de faire attention. Je ne veux pas qu'il t'arrive quoi que ce soit ... » fit-il, en la prenant une dernière fois dans ses bras, lui caressant ses cheveux blonds.
Il n'y avait plus rien qu'il puisse faire, désormais. Il avait été lâche et mauvais. Il n'avait pas pu prendre les décisions adéquates au bon moment. Et la situation empirait. Son regard se posa ensuite sur le jeune homme qui accompagnait sa fille. Il avait été tellement négligeant !
« Jeune homme ... je suis désolé, mais quel est votre nom ? »
« Je m'appelle Mydreï, monsieur. » rétorqua ce dernier.
« Mydreï. Je suis heureux de savoir que ma fille voyage avec vous. Je vous demande de prendre soin d'elle. Pouvez-vous le faire ? »
« Je le ferais. »
Roy Vrayden hocha la tête, Miréna toujours dans ses bras, un peu gêné par la tournure des évènements. Peut-être que maintenant, c'était la dernière fois, qu'il verrait sa fille. Cette pensée le faisait tressaillir intérieurement. Miréna ... il n'avait jamais été là pour elle. Il n'avait plus qu'à espérer qu'elle puisse s'en sortir.
Les deux jeunes personnes ne restèrent pas pour dîner. La situation était visiblement importante. Roy Vrayden donna néanmoins des sous à sa jeune fille, qui finit par accepter malgré de vives protestations, comme quoi elle devait se débrouiller. C'était la moindre des choses. Il n'a pas pu lui épargner cette périlleuse aventure. Au moins s'il pouvait l'aider un petit peu, il le ferait.
Ils étaient partis. C'était fait maintenant.
Une aura sombre se forma non loin du dénommé Roy Vrayden, suivit d'un petit rire malsain.
« Très bonne prestation. » fit la voix d'Aryen, le deuxième Exterminateur. « Mais tu as tenté de les dissuader d'y aller, en affirmant que ce n'était que des rumeurs ? Je ne me souviens pas t'avoir demandé de dire ça. » continua t-il, alors qu'il s'approchait du vieil homme, tourné vers la fenêtre.
Ce dernier ne répondit pas. Il savait sans doute ce qui risquait de l'attendre. Une lueur apparut attira néanmoins son regard, sur l'exterminateur. Une étrange épée venait d'apparaître dans sa main, une épée ... crochue.
« Je me demande si je vais te tuer tout de suite. » annonça Aryen. « Tu viens à peine de retrouver ta fille. Je n'imagine pas dans quel état elle sera lorsqu'elle apprendra ta mort. »
« ... Vous êtes un monstre. » rétorqua son interlocuteur, en serrant les dents et les poings.
« Oui. C'est ce qu'on m'a souvent reproché. Et ça ne me touche guère plus que cela. Adieu, vieil homme. »
La lame sombre s'éleva, avant de foncer droit vers le dénommé Roy Vrayden. Le déséquilibre des forces ne laissait pas la moindre place au doute sur l'issue du « combat ». Un silence pesant s'installa tandis que l'Exterminateur disparut dans un nuage de fumée noir.
***
« Tu es sûre que tu veux venir avec moi ? Si l'Institut est réellement là-bas, ça risque de poser de gros problèmes. Tu peux rester avec ton père, ça ne me dérange pas. » fit simplement Mydreï, alors qu'il marchait aux cotés de Miréna, en direction de sa petite maison.
« Oui je sais ... mais je veux t'aider. Je n'ai pas envie de te laisser partir seul dans un endroit pareil. » rétorqua cette dernière.
Cette dernière petite remarque fit légèrement sourire Mydreï.
« Tu es au courant que c'est moi qui est chargé de te protéger, et non pas l'inverse ? »
« Hm bah ... peu importe. On s'entraide, non ? Ce sera plus facile, comme ça. » hésita t-elle.
Au bout de quelques minutes, ils arrivèrent. Ils arrivèrent devant la maison de Mydreï. Elle n'était pas particulièrement luxueuse. Et surtout inutilisée pendant un long moment.
« Je vais prendre quelques affaires, et on part ensuite en direction des montagnes. »
« Sais-tu au moins où elles se trouvent ? » questionna la jeune femme.
« Non. Mais j'ai des cartes utiles, pour ça. On ne devrait pas avoir trop de mal. »
Aussitôt cela dit, le jeune homme pénétra à l'intérieur de la maison, tandis que Miréna attendait à l'extérieur. Son compère ne mit pas bien longtemps à ressortir.
« Allons-y maintenant. Nous devons prendre le train pour aller au Nord. » dit calmement Mydreï.
Le train ? Cela évoqua quelques souvenirs pas tout à fait heureux à la jeune femme aux cheveux blonds. La dernière fois qu'ils avaient prit le train, ce dernier avait mal tourné, puisqu'Emerick Crypto avait fait son apparition, pour causer bien des ennuis à la petite troupe. Une troupe qui était formée par trois personnes ce jour-là ...
« Tu viens ? »
La voix de Mydreï sortit Miréna de ses pensées. Elle secoua légèrement la tête. Il fallait aller de l'avant, maintenant ! La jeune blonde prit ses jambes à son cou et rejoignit son ami qui avait déjà commencé le chemin. Il fallait faire vite, quand même. S'ils traînaient trop, ils risquaient de manquer le train.
Et effectivement, cette éventualité a bien failli devenir réalité. Les derniers mètres étaient devenus bien longs pour la jeune femme, dont la vitesse et l'endurance ne sont pas forcément les qualités premières. Mais plus de peur que de mal, finalement. Tous deux avaient bien réussis à entrer dans le train. Miréna était néanmoins bien ésoufflée, et se tenait les mains sur les genoux, en reprenant doucement sa respiration. Mydreï lui-même eu bien peur de ne pas pouvoir prendre le transport. Mais de toutes manières, ce n'était pas si grave. Il aurait juste fallut attendre une demie heure de plus.
Une fois remise de ses émotions, la jeune femme aux cheveux blonds scruta l'intérieur du train. Elle eu un soulagement intérieur lorsqu'elle se rendit compte qu'il y avait un nombre assez important de passager. Et ils semblaient bien réels, ceux-là. Ceci fait, tous deux s'installèrent face à face sur les sièges de la machine, près de la fenêtre.
« Combien de temps mettra le train à arriver à destination ? » demanda Miréna au bout de quelques secondes.
« Environ deux heures. » rétorqua Mydreï. « Mais il n'arrivera pas aux montagnes de Kazansan directement, il y aura encore un bout de chemin à faire. »
Miréna parut pensive un instant. Deux heures ? C'était long, en effet. Mais pas une catastrophe non plus. La jeune femme en profita, et prit son sac-à-main. Elle avait débutée la lecture de l'oeuvre de cette femme, dénommée Cynthia, à propos de la disparition des Pokémons, et c'était peut-être le moment d'en savoir plus à ce sujet. Elle ne voulait pas perdre son temps.
Mydreï, lui, resta les bras croisés à contempler le paysage dehors. Peut-être allait-il faire une petite sieste ?
« Je peux compter sur toi, si jamais je m'endors ? » fit-il.
« Hum ? De quoi ? » bredouilla un peu Miréna, en sortant de ses pensées.
« Tu ne me laisses pas tomber ici, lorsqu'on arrive à destination, hein. »
« Ah non ! Bien sûr que non. » répondit son interlocutrice en rougissant légèrement. « J'ai besoin de temps de toutes manières, je ne sais même pas où aller, sinon. » conclut-elle en souriant légèrement.
***
La nuit était tombée. La pluie tombait sur un sombre manoir, au milieu d'une forêt dont la végétation ne traduisait pas la vitalité. Une ombre avançait doucement, et de grands grillages noirs s'ouvrirent devant lui. Ces derniers constituaient l'entrée d'un jardin qui ne semblait pas vraiment comblé par la vie. Il entourait le manoir, et concordait parfaitement avec le décor lugubre général.
La grande porte du manoir s'ouvrit. L'intérieur contrastait avec le paysage vu auparavant. Non pas que tout était brillant, lumineux ici, mais un certain luxe se dégageait des salles du manoir, tout comme une certaine propreté. L'ombre continua sa route silencieusement, et arriva dans une grande pièce. Une grande vitre donnait une vision -peu glorieuse certes- sur l'extérieur. Sur le coté, on pouvait appercevoir un grand lit, couvert par des draps sombres.
Au centre, une chaise en face d'un piano. Un air sombre et mélancolique était joué. Une personne était assise et posait ses doigts doucement sur les touches du piano.
« Aryen ? Tu es déjà revenu ? » fit une voix féminine, provenant de la joueuse de piano.
L'interpellé arrêta sa marche. Il s'inclina respectueusement. En face de lui, la jeune femme à la peau pâle s'arrêta de jouer du piano. Cette femme n'était pas très grande. Elle avait de longs cheveux noirs qui lui descendaient jusqu'aux épaules. Ses yeux étaient écarlates, plutôt intimidants. Rouge, comme la couleur de l'étrange pendentif, qui descendait du cou jusqu'à sa poitrine. La jeune femme portait une longue robe noire, parssemée d'ornements dorés, qui s'ouvrait un peu au niveau des genoux, laissant apparaître en partie ses jambes, sur lesquels deux bottes noires apparaissaient.
« Je suis revenu, oui. » répondit le dénommé Aryen. « Les choses ne se sont pas passées comme prévues. Dreynos a été vaincu à Mekay Bridge, et je n'ai pas pu me débarasser du Projet P-M-5. »
« Je vois ... » répondit doucement la jeune femme en face de lui. « Et c'est tout ? ... Tu ne donnes aucune bonne nouvelle ? »
« Je suis désolé, Madame. » reprit l'Exterminateur. « Néanmoins, j'ai trouvé le moyen de rendre tout cela plus distrayant pour vous. »
« Vraiment ? »
« Oui. J'attire doucement le Projet P-M-5 ici. Vous souhaitiez évaluer son potentiel vous-même, n'est-ce pas ? »
« C'est ce que j'avais dit. Néanmoins, tu n'as pas prit le soin de me poser la question avant ? Je pourrais trouver cela déplacé. »
« Mes excuses. »
« Ce n'est rien, autant faire avec. Qu'est-ce que l'Institut en pense ? »
« Ils ne le savent pas. »
Un léger silence s'installa entre les deux interlocuteurs. La jeune femme poussa finalement un léger soupir, comme pour désapprouver les actions que venaient d'accomplir Aryen.
« Es-tu conscient que tu joues à un jeu dangereux ? J'ai en plus entendu que Sériane avait refait surface. Et il y a également cet Aaron Reiken. Nous pourrions avoir trop de problèmes à régler en peu de temps. »
« Ne vous en faîtes pas. » fit Aryen. « Même si l'Institut ne serait pas contente de mes agissements, elle ne pourrait pas s'opposer. Cela va contre ses interêts. Et puis, cela vous permettra de vous amuser un temps soit peu. »
« Bien sûr ... soit. Laisse-moi, maintenant. » rétorqua la jeune femme à l'allure sombre.
Un ordre immédiatement effectué de la part d'Aryen, qui, après un dernier salut respectueux, disparut derrière les portes de la pièce.
« Projet P-M-5 ... » soupira la seule personne encore présente dans la salle. « Tu ne peux pas te mettre en travers de mon chemin. Personne ne le fera ... »
Elle se retourna à nouveau, face à son piano. La pièce était devenue complètement silencieuse. Presque trop.
Le son monotone, harmonieux et mélancolique du piano revint prendre place dans la salle, à peine entravé par le bruit des gouttes de pluie qui frappaient le sol et le toit de l'édifice.