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Pokémon Donjon Mystère, Aventuriers de l'Univers ! de Lugunium



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» Auteur : Lugunium - Voir le profil
» Créé le 02/12/2012 à 15:32
» Dernière mise à jour le 08/09/2013 à 15:15

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27 - Coups et blessures
10 juillet 2049

Une désagréable douleur me fit crier quand l'eau gelée frappa ma peau et ma flamme, cette dernière rétrécissant à vue d'œil. Le hurlement que j'ai poussé fut atténué à cause de l'eau dans ma bouche. Ce liquide s'infiltra dans mes poumons, les brûlant. Ma vue commença à se brouiller, et je n'arrivais plus à penser correctement. Tout ce que je pensais savoir, c'est qu'une main secouriste me tenait, mais je n'en était pas le moindre du monde sûr car ma propre main était elle-même presque totalement engourdie. Impossible de savoir si, un jour, je reverrais la lumière du jour. «Est-ce que je mérite de mourir ainsi ?» songeai-je, la tête me tournant.
Carapace serait fou de chagrin si je venais à disparaître d'une telle façon, et ça, je ne le supporterais pas. Mon bras droit tourna dans tous les sens, en vain. Les secondes s'égrainèrent, sans que nul ne me remonte jamais à la surface. Ma conscience finit par couler au fond de l'eau, me laissant en proie à des vertiges soudains et incontrôlables.


Deux héros passèrent la grille. Des voix familières retentirent dans la nuit. La lune était pleine. Ces deux explorateurs aux regards éteints furent accueillis chaleureusement, et quelques larmes furent versées après tant de jours passées à se battre contre les Légendes. Ils avaient bravé tous les dangers, la tête haute, malgré la peur, la déception, l'appréhension, les blessures, les batailles, les pertes, la faim, la soif, la fatigue, les sanglots, l'obscurité, le moral bas, les chocs et la difficulté.
Grâce aux épreuves, ils en sont revenus plus forts, plus expérimentés, plus tenaces mais vides comme deux coquilles, tellement la vie a été dure pour eux.
Quand deux personnages apparurent, tout le monde se tut, et l'oiseau Note Musique put prendre la parole et dire, d'une voix mélodieuse :
-Bonjour, Ouisticram et Carapuce. Nous avons tous cru que vous n'alliez jamais revenir. Même si nous ne pouvons pas imaginer les aventures que vous avez vécus sans nous, nous sommes particulièrement heureux de vous revoir sains et saufs, après ces dernières semaines d'enfer. Merci d'honorer votre présence ici, à la guilde, et que la paix reste dans le cœur du peuple des Pokémon le plus longtemps possible !



-Max ! Réveille-toi, je t'en prie ! Max !

Brusquement, j'eus un accès de lucidité. Sentant l'eau que j'ai avalé tout à l'heure remonter, je me mis à ramper vers le petit bassin, là où est-ce que je suis tombé, et je vomis. Mon estomac fut vide en un rien de temps. Je m'essuyai la bouche du revers le la main puis, à bout de forces, je m'affalai au sol, hors d'haleine, juste à côte de Carapuce qui affichait un air très inquiet et paniqué. Il était assis en tailleur.
Tout à coup, un terrible mal de crâne m'assaillit, et je me tins la tête, rentrant presque mes griffes dans la peau. Carapuce sembla encore plus alarmé et effaré.

-Eh, Max ! Oh mon dieu, ta flamme... elle a presque disparue !
-J-je sais... répondis-je d'une voix faible.
-Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Ça va ? T'as mal à la tête ?

Je me tournai et grognai. J'avais tellement envie de me taper le crâne contre un mur. Carapuce bégaya :

-Je vais... vérifier si tu as de la f-fièvre...

Il posa sa main sur mon front et la retira tout de suite, les yeux écarquillés.

-Argh, mais tu bouillis à vue d'œil ! Mais qu'est-ce que je vais faire ?
-T'inquiète pas... ça va aller.
-Tu rigoles ? T'es pas en état de marcher. Il faut qu'on trouve un abri, que je t'y emmène et que je soigne. Mais j'ai bien peur que la dernière option soit impossible...

La voix de mon compagnon résonnait comme un gong à l'intérieur de mon crâne brûlant. Cette chaleur aurait été agréable si il n'y avait pas eu la fièvre en plus. Carapuce noua ses bras autour de mes épaules et entreprit de me tirer.

-Attends, Carapuce, marmonnai-je. Regarde dans... le Multidex si... il n'y a pas un...
-Oui, bonne idée ! Devina-t-il.

Il me lâcha et chercha où était l'abri le plus proche de notre position. Trente secondes plus tard, Carapuce me porta de nouveau en m'expliquant :

-Je vais te traîner jusque là-bas. (Il montra du doigt une partie du brouillard.) Gnn... encore quelques efforts et tu vas pouvoir te reposer.

Je le remerciai et fermai les yeux, jugeant la douleur trop insupportable. Tout à coup, j'eus l'impression de flotter, en apesanteur au-dessus des nuages, comme des astronautes, et de voir des étoiles danser devant moi alors que tout était noir. Je mis ça sur le compte d'une hallucination. Après tout, j'avais un peu le droit de divaguer.
Il me semblait que nous nous étions arrêtés. J'étais trop mal pour ouvrir mes paupières.

-On est arrivés, chuchota-t-il dans mon oreille. Je vais voir dans le coin si il n'y a pas quelque chose à te donner pour stopper la douleur ; pendant ce temps, tu devrais dormir un peu, ça ne te ferait pas de mal.

Je souris. Carapuce, même déboussolé, sait quand même apaiser les gens. J'avais une chance inouïe d'explorer avec un coéquipier pareil. Il savait dompter la peur, c'est exceptionnel. Il me déposa sur le sol confortable du territoire et j'entendis qu'il partit grâce à ses bruits de pas. Je relâchai tous mes muscles. Ils étaient raides depuis tout à l'heure et il fallait que je me détende. Difficile : j'ai failli me noyer, j'ai dû attraper un virus dans l'eau froide, j'ai une fièvre de cheval et j'ai des courbatures partout. On ne peut pas craindre mieux...
Il y eut un noir pendant pas mal de temps. Carapuce me secoua.

-C'est bon, Max, j'ai trouvé des graines. On peut dire merci au Multidex qui les a localisés. Patiente quelques minutes, je vais mélanger tout ça, et tu m'en diras des nouvelle quand tu boiras le breuvage. Ça risque d'être un peu écœurant, mais ça en vaut la peine.
-Hmm... Merci, t'es... génial, dis-je, les lèvres pâteuses.

Je pouvais ouïr la préparation du remède. Carapuce, médecin et cuisinier ? Il savait décidément tout faire. Le temps passait à une vitesse phénoménale. J'ouvris les yeux et Carapuce me fit boire le liquide. Dès qu'il y eut contact sur ma langue, j'eus envie de tout recracher tellement c'était dégoûtant. Mais je me forçai à boire, me persuadant que le mélange allait me guérir. Carapuce avait toute ma confiance.

-Beurk, lâchai-je.
-Je t'avais prévenu ! S'exclama Carapuce avec un léger rire. Les graines sont meilleures nature.

Il soupira et tous ses membres tressaillirent. Il était sans doute hyper tendu depuis le grand plongeon. Le rappel de l'évènement de tout à l'heure m'arracha un frisson. Je me rappelai des vertiges et de la vision quand j'étais en train de me noyer. Cela m'intriguait vraiment, et j'avais hâte de savoir ce qui a pu se passer dans mon cerveau embrouillé.
Je décidai qu'il fallait que j'en parle à Carapuce ici et maintenant.

-J'ai vu quelque chose... commençai-je.
-Quoi ? Répondit-il en plissant les yeux.
-Tu ne vas pas me croire... tu me promets que tu ne me traiteras pas de fou quand je te dirai ce que j'ai vu.
-Sans problème, Max, tu sais que tu peux me confier n'importe quoi !
-O.K. Alors dans l'eau, je nous ai vus, toi et moi. Nous rentrons à la guilde, et nous étions acclamés comme, je cite : «des héros», et que tout le monde croyait que nous avions disparus. Mais nous étions... froids, éteints. Je n'arrivais pas à ressentir des émotions, et toi non plus. Et puis, Pijako arrivait et il faisait un discours sur nos soi-disant exploits. (Carapuce allait dire quelque chose, mais j'anticipai) Et je suis sûr que ce n'était pas le fruit de mon imagination, parce que j'avais pleine possession de mon corps et de mon esprit, au contraire du rêve, où je plane, et où là, il y a des choses qui sont complètements impossibles.
-Ouais, dans ce cas-là, cet avenir-ci est tout à fait possible... c'est très étrange. J'espère qu'il ne faut pas s'en occuper, mais ça serait cool si on revenait à la guilde un jour avec les acclamations et les ovations.
-Pas faux...
-Tu retrouves des couleurs, Max, je crois que le remède fonctionne. Bon, maintenant, faut que tu te remettes sur pied le plus rapidement.
-Donne-moi une journée et... tu reverras ton compagnon préféré tout frais et parfaitement en forme !

Nous rigolâmes de bon cœur, mais la douleur vrilla ma tête pendant quelques secondes, et nous retrouvâmes notre sérieux.

-Puisque tu n'est pas en état de marcher, dit-il, nous allons attendre...
-Bonne initiative pour mes jambes, plaisantai-je.

Carapuce s'esclaffa. J'essayais de faire des blagues pour oublier la souffrance, et cela porta ses fruits, parce que la migraine s'effaça rapidement, mais j'étais encore trop faible pour mettre un pied après l'autre. Nous restâmes, lui assis en moi allongé, à parler de broutilles. Je suggérai, au bout de quelques heures de discussions, que nous devions nous coucher. Effectivement, il était tard dans le monde d'en bas, et je devais me requinquer.

11 juillet 2049

Un vent doux me sortit doucement du sommeil. Cette fois-ci, c'était Carapuce qui était debout avant moi. Il veillait, les pupilles perdues dans l'horizon. Me voyant levé, il me raconta qu'un Nosferapti avait tenté d'entrer et de voler les vivres de l'abri, mais que son acharnement s'était révélé vain grâce à son attaque Écume. Sa bonne humeur était contagieuse.

-Je crois que je suis prêt pour une superbe nouvelle journée de randonnée, ironisai-je.
-Quelle capacité de rétablissement ! S'exclama Carapuce, tout sourire.
-Allez. C'est parti !

Je m'étirai et nous partîmes.
Au fur et à mesure que nous avancions, les paysages se suivaient mais ne se ressemblaient pas. Des montagnes, des rivières, des Pokémon... nous en vîmes de toutes les couleurs ! Arriva un drôle de phénomène, encore plus bizarre que tout ce dont nous avions pu traverser depuis le début de notre périlleuse ascension. Mais aussi très dangereux phénomène...
Comme il pleuvait exactement à l'endroit où nos pattes piétinaient l'épais sol en coton, les nuages se volatilisaient ou se déplaçaient. Alors nous nous mîmes à sautiller, passant de cumulus en cumulus, en passant par quelques fous rires quand un de nous deux trébuchait. En fait, ce lieu était un donjon appelé Zone Vide, nous apprit le Multidex.

-Cela me rappelle la maternelle, quand je jouais à la marelle... murmurai-je évasivement.
-Encore un de tes souvenirs en tant qu'humain ? S'interrogea Carapuce, tout en sachant que c'était une question rhétorique.
-Ouais, mais tout ça, c'était avant, dis-je.

Carapuce s'arrêta et me fixa. Il croisa les bras, plissa les yeux et prit un air curieux.

-Et si, un jour, tu avais le choix entre redevenir un enfant-humain et rester un Ouisticram, tout en sachant que ces options sont définitifs, tu choisirais quoi ?

J'étais incapable de refermer la bouche.

-C'est... une question tordue... bredouillai-je en croisant mes deux mains derrière mon dos. Je crois... que je prendrais la deuxième proposition. J'ai tissé trop de liens avec vos semblables et je n'ai pas envie de retrouver mon corps inoffensif d'ado en pleine transformation. Je suis en train de m'étonner sur le fait que je puisse sortir une phrase pareille.
-Pourquoi ?
-Déjà, je n'avais jamais pensé devenir un Pokémon, et je suis heureux d'en être un. Imagine : je n'aurais pas sorti la même phrase si je te parlais en tant que dresseur.
-Et tes parents ? Tu y penses ?
Sa remarque me secoua.
-Je... Bien sûr !
-De toute façon, tu es attaché inconditionnellement à tes parents, comme tout le monde, donc inutile de t'inquiéter. N'empêche, bizarre ta réaction...
-Hum, oui, bon...

Sur ce, nous nous remîmes en route.


Les donjons se succédèrent, sans pour autant nous montrer sa part d'originalité. Je n'aurais jamais cru que des endroits aussi beaux et hors du commun puissent exister sur terre. Ou plutôt, dans les airs. Quelques Pokémon sauvages nous agressèrent mais nous avions toujours un niveau supérieur au leur. Sauf que, vers l'E.9 du donjon Crête du Boa, un Ninjask nous barra la route, et il bougeait tellement vite qu'il était presque impossible de l'identifier. Cela fut tâche facile avec le précieux Multidex.



Pokémon Ninja
Il bouge si vite que l'œil a parfois du mal à le suivre. Ils se regroupent près de la sève des arbres.
|Piqûre|Vampirisme |Combo-Griffe |Taillade|
Capacité spéciale : Turbo

Je n'eus pas le temps de lire le reste car Ninjask fonça dessus, l'emportant droit là où le brouillard était le plus dense, et la vitesse du coup me surprit et m'envoya, la tête la première, de l'autre côté du Multidex. Pas de chance.
Je vis Carapuce lancer Écume sur l'adversaire, mais Ninjask était tellement rapide que les bulles s'écrasèrent sur le sol, le mouillant au passage. Ninjask attaqua Carapuce vivement avec Combo-Griffe, qui toucha mon coéquipier 4 fois, avant de piquer vers la brume épaisse pour ramasser notre Multidex. Tout ceci se passa en un peu près deux secondes, le temps d'une inspiration et d'une expiration.
Je me relevai pour finir encore une fois par terre à cause de Vampirisme. En même temps, il draina mon énergie et je me remis debout, pantelant. Carapuce souffla, tâta ses blessures et fit :

-Max ! Il nous faudrait une...

Phrase ponctuée par Taillade, qui expulsa Carapuce de mon champ de vision. Il gémit et continua.

-...une baie qui augmente la vitesse, ou une Poudre Pourpre* !

Il fut de nouveau au tapis. J'utilisai Flammèche partout où je pouvais le toucher mais ce fut encore inefficace. J'eus cinq secondes de répit pour fouiller de fond en comble mon Sac à Trésor. Je le renversai et, la seule chose qui tomba fut mon Badge Explorateur.

-Rien !... maugréai-je.

Ninjask, devenu totalement invisible, nous frappait deux fois par secondes maintenant.

-Il faut... faire quelque chose ! Se plaignit Carapuce qui reçut un coup de Taillade dans le ventre.
-J'en ai assez ! Criai-je.

Je concentrai le peu de forces qui me restaient en moi, fit grossir ma flamme et lançai la Roue de Feu la plus gigantesque que je n'ai encore jamais eu l'occasion de lancer. Stupéfait par la grosseur de la boule de feu qui se dirigeait vers lui, Ninjask s'arrêta dans sa danse frénétique et fut touché de plein fouet par l'ardente attaque. Carapuce applaudit. Je retombai en piqué sur le Pokémon Ninja qui était encore en l'air et je m'appuyai de tout mon poids pour l'écraser au sol. Mes griffes rentrèrent dans l'espèce de matière qui constituait le corps du Ninjask ennemi.
Nous rentrâmes dans les nuages avec violence. Tout à coup, je ne vis plus que du blanc. Et j'entendis aussi le cri perçant de Ninjask, qui réveilla la migraine d'hier. Je roulai sur le dos, haletant. Carapuce levait un pouce, mais le rabaissa de suite, puis une expression d'hébétude assaillit son visage.
Je tournai la tête pour voir un Ninjask salement amoché, mais qui volait toujours et qui était prêt à user du reste de son énergie pour lancer une capacité meurtrière contre mon acolyte.
Ninjask fila à la vitesse du son sur Carapuce, qui n'eut pas le choix que de se laisser faire.


Lexique :

Poudre Pourpre : Poudre qui augmente énormément la vitesse d'un Pokémon.