Chapitre 4 : Mon Nom est Perphione
- C'est encore loin ? Questionna Rodney, presque poussé vers l'avant par le Capitaine Dimoret et quelques Pokémon qui aidaient le gradé à « escorter » le jeune homme.
- Nous avons ordre de te tuer si tu fais le malin, lança Dimoret en guise de réponse.
L'étudiant jugea utile de se taire au vu des arguments plus que convaincants de son geôlier.
Ils serpentaient depuis déjà un moment à travers les couloirs sombres des cellules où il s'était réveillé et ce n'est qu'au bout de dix minutes qu'ils arrivèrent en des lieux plus agréables à vivre. Ils venaient d'entrer dans un couloir deux fois plus grands que ceux qu'ils avaient visités et bien plus lumineux et luxueux. Couverts de peintures, les murs semblaient avoir été bâtis en or massif au vu de la couleur éclatante de la couleur qui les recouvrait.
- Hugues-Aurélien, vous vous trouvez dans un palais royal, selon mes déductions, lança le professeur d'une voix joyeuse.
- Vraiment ? Ironisa l'intéressé. Qu'est-ce qui peut bien vous faire croire ça ?
- Je crois t'avoir dit de te taire ! Et à qui tu parles, en plus ?
- Oubliez ça, vous ne me croiriez pas si je vous disais que nous sommes dans un rêve et que vous êtes tous des inventions de l'esprit d'un Pokémon.
Dimoret ouvrit des yeux ronds et frappa violemment Rodney au visage, avant de le faire tomber lamentablement sur le sol.
- Ne redis jamais plus une sottise pareille, ou je te tue ! Cria t-il, fou de rage.
Le jeune homme s'attendait à ce que Dimoret le prenne pour un imbécile, mais pas aussi violemment...Il porta la main à sa joue. Une vive douleur se faisait ressentir, ce qui l'étonnait. Si c'était un rêve, pourquoi avait-il mal ?
- On continue, ordonna le Capitaine d'un ton sec, plus furieux que jamais.
Rodney obéit, inquiet. Si il pouvait avoir mal, mieux valait exécuter les ordres sans broncher. De toute façon, il comptait bien en toucher deux mots au professeur une fois qu'il serait en des lieux plus sûrs.
L'étudiant avait beaucoup avancé tandis qu'il réfléchissait et n'en prit conscience que lorsque le petit groupe s'arrêta devant une porte immense incrustée de pierres précieuses.
- A partir de maintenant, nous sommes devant le Roi. Pas de faux pas, c'est compris ? Je vous rappelle qu'il a un caractère-
Il s'arrêta et regarda autour de lui, comme s'il avait peu d'être écouté.
- Entrons, finit-il par dire.
Il poussa la porte qui grinça lentement, révélant une pièce gigantesque remplie de meubles en or et de joyaux, aux tailles pharaoniques. A l'opposé de la porte – et c'est ce qui attira tout de suite l'attention de Rodney – il y avait un trône qui semblait avoir été créé pour un immeuble tant sa taille était imposante.
Et dans ce trône siégeait un minuscule petit Pokémon que l'étudiant n'avait jamais vu de toute sa vie. C'était une créature bleue qui ressemblait vaguement à une toupie avec deux bras ainsi qu'une mèche bleue assez longue qui pendait derrière elle.
- Mon Roi...Voici la créature dont nous vous avons parlé...commença Dimoret, dont l'inquiétude se lisait dans ses yeux.
- Ve vois fa...répondit le Pokémon bleu avec un zozotement désagréable. Il femblerait que vous ayez dit vrai...
- Je n'arrive pas à le croire...lança le professeur d'un air ébahi. C'est un Phione ! Un Phione, Hugues-Aurélien ! Cela signifie que Mushana connaît le Pokémon Phione ! Peut-être à cause de mon poster « Attrapez-les tous ! » qui répertorie plus de 650 Pokémon et que j'ai accroché dans ma chambre...Quoi qu'il en soit, profitez de ce magnifique spectacle, car vous avez en face de vous un Pokémon légendaire...
- Vraiment, chuchota Rodney. Et c'est lui le Roi ? Mais il est tout petit !
- Créature malfaine, approfez donc, que ve puiffe vous obferver de plus près...
- Et en plus, il zozote...
- Hugues-Aurélien, je vous ai déjà dit de ne pas faire le difficile. Taisez-vous, ça commence !
- Vous vous foutez de ma gueule ? Ve vous ai demandé de vous approfer !
- M'approfer ? Demanda Rodney.
- Mais non, triple crétin, vous approfer, pas vous approfer !
- Ah, désolé, avec votre petit problème de locution, je n'avais pas bien compris ce que vous étiez en train de dire.
Il y eu un silence pesant dans la pièce. Tous les sujets qui étaient présents regardaient Rodney avec des yeux ronds. Le Roi, qui souriait, resta figé pendant quelques instants.
- Ve...vous demande pardon ? Interrogea le Roi, toujours avec le même sourire.
- Non, j'ai dit que comme vous n'arriviez pas à parler correctement, je comprenais pas ce que vous aviez dit tout à l'heure. C'est vrai que c'est bête de ne pas pouvoir parler comme tout le monde, vous savez, je vous comprends parce que quand j'étais gamin, j'étais comme vous. Mais heureusement, ça peut se guérir en grandissant, mais si ça reste, c'est ballot, quand même, vous ne trouvez pas ?
Le même silence s'était installé, mais cette fois, quelques sujets s'étaient évanouis ou avaient fait une crise cardiaque. Le Phione souriait toujours, mais tremblait de tout son long et semblait sur le point d'exploser.
- Favez-vous qui ve fuis ? Questionna t-il.
- Heu, désolé, j'ai pas bien compris ce que vous...
- MON NOM EST PERPHIONE 1ER DU NOM ET VE NE LAIFFERAI PAS UN POKEMON DIFFORME FE MOQUER DE MOI !
- Hé, restez poli, hein ! S'écria Rodney, qui commençait à en avoir assez de ce qui était en train de se passer. Vous commencez à me courir sur le Rozbouton ! Je suis pas un Pokémon, je l'ai dit au Capitaine Machin qui se trouve à côté de moi, je suis un humain, ok ? Un H – U – M – A – I – N !
Les sujets qui n'avaient pas encore fait de crise cardiaque n'y échappèrent pas, cette fois-ci. Seul le capitaine était encore debout mais il avait un tube d'aspirine qu'il cachait dans son dos et il priait en chuchotant.
- Gardes, faiviffez fe Pokémon ! Ordonna Perphione 1er.
- Je ne suis pas un Pokémon ! En plus de pas savoir parler, vous savez pas non plus écouter ?!
- GAAAAAAAARRRRDDDDEEEEESSSS !!!!!!!!!!! Tuez-le ! Tout de fuite !
Dimoret sembla se reprendre et il fonça sur Rodney qui évita lestement l'attaque Combo-Griffe qu'il préparait et se rua vers la sortie. Quelques soldats arrivèrent à ce moment-là mais il passa au travers, profitant de leur surprise.
- Avouez-le, Hugues-Aurélien, vous n'avez pas de petite amie ? Demanda le professeur.
- Mais qu'est-ce que cette question vient faire ici et maintenant ?! S'écria Rodney en fonçant au hasard dans les couloirs. Et pour votre gouverne, j'en ai eu une il n'y a pas longtemps, mais elle m'a plaqué dans les jours avant que je ne vienne participer à cette stupide expérience !
- J'en étais sûr ! Avoir un tel manque de tact, c'est dire adieu aux minettes !
- Mais quel... ! S'énerva Rodney.
Il ne répondit rien d'autre, car il allait encore avoir besoin du professeur pour se sortir du pétrin dans lequel il s'était mis.
Il bifurqua à droite depuis le couloir où il se trouvait et continua à courir. Derrière lui, des pas commençaient à se faire entendre : certains gardes avaient retrouvé leurs moyens et avaient commencé à le poursuivre. Il emprunta alors une succession de couloirs sans avoir idée de l'endroit où ils pouvaient le mener, croisant parfois des sujets qui s'adonnaient à leurs occupations habituelles, sans avoir idée de la panique occasionnée par le jeune homme. Par chance, il ne rencontra aucun garde sur son chemin. Même s'ils n'étaient pas au courant, dans ce château et avec un roi pareil, courir dans les couloirs était sûrement puni de prison à vie...
Sans vraiment s'en rendre compte, il était revenu sur ses pas et courait à présent dans les couloirs de la prison d'où on l'avait sorti pour le menacer. En passant devant sa cellule, il fut vivement interpellé par son ex-compagnon...
- Mec ! Mec !
Rodney pouvait entendre les pieds de ses ennemis claquer le sol de pierre des escaliers qui menaient aux cellules mais sans vraiment savoir pourquoi, il s'arrêta et observa le Tadmorv aux lunettes de soleil qui se trémoussait furieusement devant les grilles qui l'empêchaient de quitter son exiguë résidence.
- Mec, on est frères maintenant, tu peux pas me laisser ici ! Après tout ce qu'on a vécu, tu peux pas m'abandonner, pas maintenant !
- Je...vois pas de quoi tu parles, mec, répondit Rodney avec une ironie cinglante.
- Nan, sérieux, je pourrais t'aider, t'as l'air d'avoir la poisse comme c'est pas possible. La preuve, tu viens de marcher dans une mer-
- Ouais, j'ai vu. Les prisons sont mal tenues ici ; mais c'est pas la question. C'est vrai que j'ai pas de bol depuis le début de cette fic, un peu d'aide ne me fera pas de mal...
- Sérieux, mec, tu gères. Pour ouvrir la grille, il te faut la clé.
- Vraiment ? Ironisa l'étudiant. Et je la trouve où ?
- Le gardien doit l'avoir, il a un abri un peu plus loin dans le couloir. Mais je te préviens, mec, il est...spécial.
- Ouais, ça me changera. Mais je vais sans doute pas avoir assez de temps pour revenir...
- T'en fais pas, ils viendront pas te chercher si t'es avec le gardien...
Rodney frissonna. Quel type de Pokémon pouvait donc bien être ce fameux gardien ? Les bruits de pas se firent soudainement plus proches et le jeune homme décida qu'il ne valait mieux pas se poser la question si il tenait à s'en sortir.
Il s'engouffra donc dans le long couloir qui s'assombrissait au fur et à mesure qu'il avançait. Les cellules disparaissaient peu à peu dans l'obscurité et il dût bientôt avancer à tâtons, en sentant parfois ses doigts glisser entre quelques barreaux qui devaient empêcher certaines créatures de s'échapper mais en l'occurrence, l'étudiant préférait ne pas savoir de quelles créatures il s'agissait. Les bruits de pas derrière lui s'estompèrent petit à petit et il se retrouva dans le silence complet. Le seul bruit qui lui parvenait était ses pas qui se posaient sur le sol dur de la prison.
- Hugues-Aurélien...Tout va bien j'espère ? Interrogea la voix du professeur.
- J'aimerais bien le savoir...Je ne vois absolument rien ici.
- N'allez pas heurter les murs...On ne sait pas ce qu'ils contiennent.
- Merci pour le réconfort...Vous avez une idée de qui pourrait être le gardien de cette prison ?
- Oui, je crois. Mais je n'affirmerai rien tant que mon hypothèse n'aura pas été vérifiée ! Ainsi raisonnent les scientifiques !
- Ouais, les trouillards aussi...murmura Rodney.
Si le gardien était là, dans cette pénombre, mieux valait ne pas faire de bruit. Restait à espérer qu'il ne soit pas nyctalope, ou l'étudiant risquait de passer un sale quart d'heure...
Soudain, alors qu'il continuait d'avancer, deux yeux démoniaques apparurent devant Rodney.
Un grand merci à VLCMédia qui m'a aidé à trouver le titre de ce chapitre en inventant le nom "Perphione".