Oniric de Auraman

- C'est une magnifique chute d'eau ! S'exclama Alain Detrois.
- Ouais, question de point de vue, rétorqua Rodney en secouant la tête pour essorer ses cheveux. En attendant, je suis trempé !
- Au moins, vos vêtements sont propres, maintenant. Seulement en rêve, hélas.

Rodney contempla le paysage enchanteur qui s'offrait à lui. Après avoir ouvert la porte, l'eau s'était écoulée par là, créant une chute d'eau par laquelle il était tombé. Il avait atterri dans un petit lac d'où s'échappaient de nombreuses petites bulles à cause du savon provenant de la machine à laver géante.
Autour du lac, il y avait l'endroit le plus joli que l'étudiant ait jamais vu. Une immense plaine verdoyante où de nombreux Pokémon se baladaient en sentant des fleurs et jouaient ensemble. Un paysage tout droit sorti d'un conte de fées. Derrière le lac, il y avait des montagnes enneigées d'où s'écoulait la chute d'eau.
La porte semblait avoir disparu car Rodney ne la voyait nulle part. Il espérait juste que cela ne signifiait pas qu'il était coincé ici.

- On voit bien que vous êtes dans un rêve : le soleil brille intensément et pourtant, la neige des montagnes est bien présente ! Constata Detrois. Mathématiquement parlant...
- Ouais, ouais, je suis pas matheux, alors si on pouvait éviter...coupa l'étudiant.
- Jeune homme, vous avez tort de ne pas aimer cette matière...Moi j'ai toujours adoré compter : Un, deux, trois...

Rodney poussa un soupir tout en écoutant le professeur réciter les nombres à haute voix puis il décida de bouger. Il n'avait pas l'intention de rester là toute sa vie, même si c'était un très joli pays et tout et tout. Il avait une machine à laver à réparer, LUI.
Il quitta donc le lac dans lequel il avait pied puis commença à marcher dans la plaine. Il constata qu'il était déjà sec mais cela ne l'étonna pas vraiment. Après son passage dans la machine à laver, il avait compris qu'il allait voir pas mal de trucs bizarres, dans ce monde.

- Trois-cent vingt-deux, trois-cent vingt-trois...
- Donc je suis dans les rêves de Mushana, à présent, c'est bien cela ? Interrompit Rodney.
- Il semblerait, oui, répondit Detrois sur un ton cinglant. Bien, compter c'est une chose, mais nous devrions nous mettre au travail, Hugues-Aurélien, vous ne croyez pas ?
- Si...marmonna Rodney, exaspéré.
- Je pense qu'il y a quelque chose au bout de cette plaine.
- J'espère bien...
- Il n'y a qu'un moyen de le savoir, Hugues-Aurélien. Marchez !

Résigné, Rodney avança en traînant les pieds sur l'herbe fraîche. Les Pokémon autour de lui semblaient ne pas le voir et cela l'arrangeait. S'ils avaient été agressifs, il n'aurait pas trouvé le paysage joli très longtemps...
Ainsi, l'étudiant croisa des Mucioles et des Lumivoles, bien que cela l'étonne car ces Pokémon sortaient plutôt la nuit, selon ses manuels de cours (il avait perdu son pokédex dans un tragique accident de machine à laver...)
Après avoir marché pendant quelques minutes, Rodney se trouva bientôt en haut d'une grande colline.

- Ouah ! Quelle vue impressionnante ! S'exclama t-il en regardant le paysage qui s'offrait à lui, c'est à dire, un immense cité apparemment industrielle.
- Une ville ? Mushana rêve d'humains ? Voilà qui est étrange, je pensais que les Pokémon rêvaient plus à...ben, des Pokémon...Mais bon, ils font ce qu'ils veulent, après tout...
- On devrait aller voir...Vous avez une idée de la façon dont je pourrais réveiller Mushana ?
- En fait, pas vraiment. La réponse se trouve peut-être en ville ? Allez donc voir ça de plus près, cela m'intrigue autant que vous.

Rodney chercha un moyen de descendre. La colline descendait brutalement et se rendre en ville par là ne serait sans doute pas la façon la plus agréable...
Cependant, il n'y avait absolument aucun autre chemin apparent et contourner la colline aurait pris trop de temps.
L'étudiant prit sa respiration, leva le pied et le posa sur la pente, déterminé. Hélas, l'herbe était trop glissante et il tomba sur les fesses avant de tout dévaler de cette manière et en hurlant des choses incompréhensibles.
Lorsqu'il arriva en bas, il voyait des Cornèbre tourner autour de sa tête et il chassa bien vite cette hallucination de ses pensées. Il avait un peu peur des Cornèbre, il fallait bien l'avouer.

- Vous avez fini de faire le pitre, c'est bon, on peut y aller ? S'impatienta le professeur.
- Oui, une seconde ! Ce n'est pas vous qui venez de descendre tout ça d'un trait !
- Je ne vois pas de quoi vous vous plaignez, vous aviez un support apparemment très confortable...

Rodney préféra ignora cette dernière remarque et il se dirigea vers l'entrée de la ville. Il se rendit immédiatement compte qu'il connaissait très bien cette cité.

- Eh, mais c'est Ogoesse ! S'exclama t-il. Qu'est-ce que notre bonne vieille ville fait ici ?
- Je vous rappelle que moi et Mushana vivons aussi à Ogoesse et que nous la connaissons très bien, cette ville. Ce n'est donc pas vraiment étonnant qu'elle en rêve parfois.

L'étudiant regardait avec admiration les immeubles parfaitement identiques à ceux de la réalité quand il prit soudain conscience qu'il n'y avait pas un seul humain ici.

- Eh, y'a quelqu' un ? S'écria t-il.

Des bruits de pas rapides se firent entendre. Rodney n'aurait su dire d'où ils venaient précisément, mais il savait qu'il y avait quelqu'un, tout près de lui.

- Eh, y'a q...quelqu'un ? Répéta t-il avec nettement moins d'assurance.

Une main s'abattit soudainement sur son épaule, le faisant sursauter. Il pivota lentement sur lui-même et se retrouva nez-à-nez avec...un Pokémon. C'était un Dimoret et il semblait mécontent, pour une raison qui lui échappait.

- Ouf, ce n'est qu'un Pokémon, soupira Rodney.

Et c'est ce même Pokémon qui lui envoya un énorme coup de poing en plein dans la figure. Rodney s'effondra.

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Lorsqu'il se réveilla, Rodney se rendit compte qu'il siégeait dans un endroit nettement moins beau que le précédent. Il s'agissait à coup sûr d'une cellule, à en juger par les barreaux qui couvraient les petites lucarnes et l'immense grille qui faisait office de porte.

- Qu'est-ce que c'est que ce bordel ?! S'exclama Rodney. Je suis où, là ? Et comment ça se fait que je me sois endormi dans un rêve ?!
- Calmez-vous, Hugues-Aurélien, répondit la voix du professeur. Je suis allé me chercher un thé à la violette le temps que vous repreniez connaissance dans le rêve. Il semblerait qu'il soit possible de s'évanouir dans un rêve, finalement. Mais concentrez-vous plutôt sur ce qui vous entoure. On va pas aller loin si jamais on reste enfermé ici.
- Je suis bien d'accord, trouvez donc un moyen de me faire sortir !
- Eh, pas la peine de t'embêter à chercher la sortie, mec ! Lança une voix depuis un coin sombre de la cellule.
- Qu...qui est là ? Demanda l'étudiant.

A sa grande stupeur, Rodney vit apparaître un Tadmorv à la lumière de la cellule, lequel portait des lunettes de soleil et glissait lentement sur le sol froid de la prison.

- Où est ton dresseur ? Demanda le jeune homme, intrigué.
- Mec, je vois pas de quoi tu parles...répondit le Tadmorv. Un dresseur ? Quoi ça ? Et d'abord, t'es quoi comme Pokémon, toi ?
- Je...je suis pas un Pokémon ! Je suis juste un humain !
- Un what ? Mec, jamais entendu parler de ce type de Pokémon. Pourtant, je suis cultivé, mec !
- Je...comprends pas tellement ce qui est en train de se passer, doc. J'ai un peu mal au crâne, en fait.
- Oh, c'est très simple, vraiment très simple : Mushana rêve d'un monde où les humains n'existent pas et comme vous êtes là, il est normal que ce gentil Tadmorv soit intrigué par votre présence.
- Je vois ce que vous voulez dire.
- Moi je comprends surtout pourquoi ils t'ont foutu en taule, mec. Un Pokémon qui parle tout seul, c'est clair que ça la fout mal.
- Non, attendez, vous ne comprenez pas, je ne parle pas tout seul ! En fait, je discute avec un scientifique qui m'a envoyé dans le rêve d'un Pokémon dont vous faites partie !

Il y eut un long silence durant lequel Rodney sentit le regard à la fois moqueur et inquiet que Tadmorv lui lançait derrière sa paire de lunettes.

- O – K...finit-il par dire. C'est pas grave, mec, chacun son trip.
- Ouais...je...j'imagine. Donc on est...bégaya Rodney
- En taule, mec ! Grave !
- Et qu'est-ce qu'on fout ici ?
- Toi, j'en sais rien, mais moi, j'ai été accusé d'atteinte à la puanteur, du coup, ils m'ont collé au trou pour les deux mois à venir.
- De qui tu parles ?
- Ben...Du Roi. Le Roi d'Ogoesse. Mec, si tu le connais pas, t'es grave dans la...
- Depuis quand Ogoesse est-elle sous l'emprise d'une monarchie ?! S'exclama Rodney. C'est vraiment n'importe quoi !
- Tu débarques, mec ! Ca a toujours été comme ça ! Enfin, c'est pas tout à fait vrai. Avant, y'avait un Pokémon sympa qui dirigeait la ville, en démocratie. Je me souviens plus de son nom, mais grâce à lui, paraît que tout était beau, florissant, joyeux en ville...Pis un jour, l'a disparu, ce mec-là. Alors le Roi est arrivé et il a décrété que le Pokémon, là, il avait rendu l'âme et qu'il prenait la suite, mais qu'il y allait avoir quelques changements. Depuis, c'est le bordel en ville. Et ça commence à toucher l'extérieur.
- Pourtant, je suis arrivé par la plaine et ça me semblait plutôt joli...
- La plaine ? Quelle plaine ? Y'a jamais eu de plaine ici...
- M...Mais pourtant, je suis bien arrivé par...Professeur ?
- Vous savez, dans les rêves, la logique n'existe pas toujours. Si ça se trouve, la plaine par laquelle nous sommes arrivés était juste là pour nous permettre d'entrer pleinement dans le rêve de Mushana...
- Oh...je vois ce que vous voulez dire.
- Mec, tu parles encore tout seul...

Rodney réfléchit quelques instants. Que Tadmorv ait été mis en prison, ça se tenait, après tout, il était plutôt louche. Mais lui, que faisait-il ici ? Il n'avait pourtant commis aucun crime...
La réponse ne devait pas tarder à arriver. En effet, des bruits de pas se firent entendre et le même Dimoret que celui qui l'avait frappé arriva devant la grille.

-Eh, toi, là, le Pokémon bizarre ! Lança t-il à l'attention de Rodney. Le Roi veut te voir, suis-moi sans faire d'histoires !
-Mec, c'est énorme, t'as fait au moins trois rimes dans ta phra...commença Tadmorv.
-Toi, le bouseux, la ferme, tonna Dimoret. Je me rappelle pas t'avoir dit quoi que ce soit ! Et enlève ces lunettes, espèce de débile ! Ah, au passage, pour toi, ce sera Capitaine Dimoret, pas « mec », capice ?
-Oui, Capitaine Dimoret, pleurnicha Tadmorv. Désolé, Capitaine Dimoret !
-C'est mieux. Allez, suis-moi, le difforme.
-Restez poli, moi c'est...
-Je crois pas non plus t'avoir demandé de l'ouvrir, rétorqua aussitôt le Capitaine Dimoret.

Si il n'avait pas été en aussi mauvaise posture, Rodney aurait sûrement répondu à cette dernière remarque. Mais au vu de la situation, il jugea utile de se taire et de voir ce qui allait se passer ensuite.
La lourde porte grillagée se referma lentement une fois que Rodney l'eut franchie.




Merci à urs-v pour m'avoir gentiment soufflé le titre de ce chapitre ^^