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Je suis une comète. (One-Shot.) de illapa



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Informations

» Auteur : illapa - Voir le profil
» Créé le 05/10/2012 à 01:10
» Dernière mise à jour le 05/10/2012 à 01:32

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Je suis une comète...

L'auteur vous propose un peu de musique pour accompagner votre lecture : Ici.


Je suis une comète.

Je suis Magrokar le Balafré. Je suis un magmar, et je suis le chef de la tribu de la Montagne de Feu.
Je suis arrivé un jour dans ce village, les pokémons avaient faim. Rien ne peut pousser sur ce mont qui crache le feu, la fumée et la cendre. Alors qu'au pied de ce volcan, tranquillement installé sur leur maison-bateau pour échapper aux coulées de lave, les humains vivent en pêchant les pokémons aquatiques attirés là par la chaleur, en collectant les concombres de mer qui prolifèrent, en commerçant avec leurs semblables du monde entier...
Ce sont eux qui ont amené les pokémons ici, sur cette île stérile. La plupart de leurs pokémons naissent en captivité, mais parfois ils capturent l'un des nôtres dans la nature. Et parfois, ils nous relâchent ou nous abandonnent. Ceux qui ont subi ce sort ont fondé la tribu de la Montagne de Feu.
Mais la tribu a faim. Il y a à peine de quoi se nourrir sur ce bout de rocher enflammé.

Mais à présent, je suis là. Et les choses vont changer. Les humains ont fait de nous ce que nous sommes : des habitants désolés et désespérés d'une île qui n'a rien à nous offrir. Alors nous allons leur prendre ce qui nous est dû. Nous allons leur faire comprendre que nous avons aussi le droit de vivre sans se contenter de survivre.
Cette nuit, nous allons fondre sur le village avec la rapidité d'une flammèche, avec la force d'une coulée de lave, et nous allons tout emporter, tout prendre, la nourriture, les bateaux, libérer les nôtres et voguer vers notre Terre Promise. Quand aux humains... advienne que pourra...

La tribu de la Montagne de Feu a fondu sur le village, et j'étais en première ligne. Beaucoup des plus jeunes ont pris la défense de leurs oppresseurs. Peut-être était-ce par peur des représailles, ou par peur de l'inconnu parce qu'ils ne connaissaient rien d'autre, ou par peur de la famine quand on est livré à soi-même...
Mais la bataille vers la liberté fut balayée en un instant, lorsque le volcan éclata, mis en colère par les secousses que notre violente dispute générait. Il cracha de la fumée qui cacha la lune et les étoiles qui nous éclairaient, nous plongeant dans l'obscurité, des cendres ardentes qui incendièrent les bateaux des humains, et des coulées de lave qui dévorèrent toute haine, tout regret, toute violence... tout.

Telle est l'histoire du magmar Magrokar le Balafré.

Et je suis une comète.

Je suis Tendric Sans-Retour. Je suis un tentacruel. Je ne suis ni un guerrier, ni un chef, ni un héros. Je ne suis qu'un humble cultivateur de concombre de mer. Je suis arrivé dans ce fief avec beaucoup d'autres exilés ayant fui le déplacement d'un courant sous-marin qui a emporté leur village.
Ce fief est dirigé par le seigneur Dracovain le Bel, draco shiny de son état.
Il nous a accueilli, a ordonné à ses serfs de nous céder des terrains, afin que nous fondions un nouveau hameau de paysans libres. Nos nouveaux compatriotes ont surnommé le lieu « le Bourg aux Vilains ».

Et moi, je vis dans ce bourg, paisiblement, au rythme des saisons et du cycle de vie de mes concombres de mer. Je cultive aussi quelques algues pour l'apothicaire, ainsi que quelques baies alga pour les fêtes, et pour le seigneur.
C'est un travail physique, pas toujours évident, qui me demande d'être sans cesse exposé aux courants mineurs, parfois trop chauds, parfois glacés, mais c'est mon travail, c'est ma place, c'est ce que je suis.

Et je ne suis pas seul. Je vis avec Corianne. C'est une jeune corayonne que j'ai rencontré lors de notre grande migration. Elle était seule et semblait perdue, alors que nous nagions tous vers nulle part, porté par l'espoir de trouver un nouveau foyer. Elle nageait en retrait, les yeux emplis de bulles. Alors j'ai mis un de mes tentacules sur son dos, pour l'encourager. Je ne lui ai pas demandé pourquoi elle pleurait. Nous avons nagé en silence, puis nous ne nous sommes plus quittés.
Depuis elle vit avec moi, elle m'aide à enterrer mes graines de concombre, elle soigne mes pauvres tentacules usés par l'agriculture à la fin d'une rude journée, elle utilise son attaque laser glace quand l'eau devient trop chaude et risque de bouillir mes plantations, elle va vendre mes produits au marché du village.

Et ainsi passe le temps. Corianne a oublié son chagrin, elle travaille dur et honnêtement, et un jour au marché, elle a rencontré Coratin, un autre vilain du fief voisin.
Alors pour la remercier d'avoir fait de moi le pépé (certes par adoption mais grand-père quand même) le plus heureux du monde je leur ai laissé ma maison, mes champs, tout, et je suis parti en direction du fief suivant. Je suis revenu les voir quelques fois, avec leurs petits, et la vie a continué.

Telle est l'histoire du tentacruel Tendric Sans-Retour.

Mais je suis une comète !

Je suis Milady du Haut-Bidule. Je ne suis ni une barbare sanguinaire ou héroïque, ni une vulgaire paysanne. Je suis une noble mysdibule.
J'ai rencontré mon époux, le Seigneur du Haut-Bidule un soir de pleine lune, tandis que je contemplais les nymphéas de sa propriété, profitant de la lumière de l'astre de la nuit et de la fraicheur nocturne en cette période de chaleurs estivales.
Il fut subjugué par ma beauté dès lors qu'il posât les yeux sur moi. Mon apparence était soignée, ma peau était lisse et douce, ma couleur vive n'était point ternie par les travaux des champs, mes crocs d'une blancheur éclatante, aussi vit-il instantanément que je n'appartenais point à la classe inférieure.
Ma soudaine apparition dans ce contexte romantique lui fit penser que j'étais une fée porte-bonheur, l'ondine de son bassin de nymphéa, la dryade de son jardin, telle qu'il l'avait entendu dans les légendes que lui avaient transmis ses aïeux.
Nous nous revîmes quelques fois dans des conditions similaires, puis il ne tarda pas à me faire sa demande. Et naturellement, j'acceptai.

Je devins la maîtresse de céans, réputée bien au delà de mes frontières pour ma connaissance du monde, de l'Histoire et de mes semblables pokémons. Ma cours comptait de nombreuses personnalités, mes salons étaient très fréquentés.
Mes sujets m'admiraient, je sortais parfois dans ma litière pour me rendre dans leur village et leur apporter ma sympathie, avant de repartir avec leur respect. Certains venaient parfois quérir ma justice, que je leur rendais gracieusement.
Mon époux ne me reprocha jamais de ne point lui offrir d'héritier ou d'héritière. Il était persuadé que les fées pokémon ne pouvaient se reproduire avec les pokémons normaux. Parfois, il s'excusait de ne point être aussi radieux que moi. J'apaisais ses angoisses, lui prophétisais que sa lignée ne s'éteindrait point.

Un jour, en rentrant du village où j'étais allée offrir l'honneur de ma présence à mes sujets, et rendre la justice pour une affaire d'œuf sur un mur délimitant des terres, j'ordonnai à mes porteurs de passer près de la rivière afin de profiter du paysage et d'une promenade bienfaitrice accompagnée du chant de l'eau.
Mais il avait plu la veille, quelques flaques stagnaient ça et là, rendant certains rochers encore glissants. Alors ce qui devait arriver arriva : l'un de mes porteurs glissa, ma litière se renversa, et je tombai dans les eaux vives et tumultueuses de la rivière.

On me chercha sans succès. Mes sujets furent accablés, mon époux fut ravagé par le chagrin, puis quelques années plus tard, pour le bien de son domaine et de ses sujets, il se remaria et eut trois petits.
Mais tous les ans depuis, lorsque les nymphéas fleurissent sur ce bassin, on pose des bougies sur les feuilles et si la pleine lune les éclaire on y ajoute un souhait. La légende veut qu'il se réalise par la grâce de la fée retournée aux eaux-rigines.

Telle est l'histoire de la mysdibule Milady du Haut-Bidule.

Et je suis toujours une comète...

Je suis Marco. Je ne suis ni un héros, ni un guerrier, ni un agriculteur, ni une personnalité. Je suis un simple musteflott. J'ai rencontré Matthieu le Saxophoniste alors qu'il était tout petit. Il jouait tranquillement avec sa petite trompette en plastique violet près de la rivière, accompagné de sa maman et de leur ponyta nommée Sparkle. A l'époque je n'étais qu'un jeune mustéboué. Voyant le petit souffler dans son bidule, j'ai tenté de l'imiter avec un roseau.
Ce fut le début d'une grande amitié et d'une grande aventure.
Matthieu a demandé ensuite à revenir près de la rivière, et moi, je revenais dans l'espoir de le revoir, pour que nous puissions souffler dans nos instruments de fortune à deux.

Puis Matthieu est allé à l'école. Il a appris la langue, les maths et aussi la géographie, l'Histoire et des tas d'histoires, le dessin, les sciences qu'il aimait beaucoup et surtout : la musique.
Une fois un peu plus grand, il est entré au conservatoire et m'a donné sa petite trompette en jouet. À partir de là, je décidai de ne plus le quitter. Il ne m'a jamais capturé et n'a jamais eu besoin de le faire. Lui est moi, on est devenu les meilleurs amis du monde.

Un jour, il m'a dit qu'il allait partir en voyage, avec moi comme premier pokémon. Mais il n'escomptait pas devenir un dresseur. Certes il rêvait de gloire, mais sa gloire à lui prit un chemin pavé de mesures et de partitions. Il ouvrit les portes de la destinée grâce aux clés de sol, de fa ou d'ut, surpassant toutes les petites ani-croches. Nous avons voyagé à notre rythme, nous avons joué des valses, des fugues et des gigues, et nous avons valsé, fugué et gigoté, nous nous sommes donné des airs, nous avons été applaudi, et nous avons rencontré le succès.
Nous sommes montés sur les grandes scènes, lui avec son saxophone et moi avec une belle trompette qu'il m'avait offert pour la peine. J'étais si heureux que ce jour là, il m'a vu évoluer.

Et du monde entier, les gens venaient voir Matthieu le Saxophoniste et Marco le Musteflott Trompetiste, et Sparkle, la chef logistique. Ils venaient danser sur nos rythmes endiablés, pleurer sur nos rythmes qui leur donnaient le blues, se balancer sur nos swing ou nos jazz.. Ce fut une belle vie, longue et pleine de joie, de rencontres formidables jusqu'au bout...

Telle est l'histoire de Marco le Musteflott Trompetiste.

Parce que je suis une comète...

Je suis un héros guerrier, un paysan, un agriculteur, une personnalité, un musicien, et bien d'autres choses encore.
Je suis Magrokar le Balafré et Tendric Sans-Retour, je suis Mylady du Haut-Bidule et Marco le Musteflott Trompettiste, et je porte bien d'autres noms encore.

Je suis une comète qui traverse l'univers de vos existences et le temps de vos histoires, apparition éphémère que vous oublierez – ou peut-être pas-, que vous remarquerez – ou peut-être pas. J'ai toujours été là, je suis toujours là, et je serais toujours là, quelque soit mon nom ou l'angle sous lequel vous me voyez.

Je suis une comète, ce rocher immuable dont la traine magnifique fait la richesse et la beauté, composée de milliers de particules de glace, comme autant de souvenirs passés, figés pour toujours.
Je suis l'ancêtre de tous les pokémons, géniteur à l'apparence changeante.
Je suis le gardien du cycle de la vie, qui y entre et en ressort.
Je suis l'immortel.
Je suis Mew.