Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Les Chevaliers de la Dernière Symphonie de Sushiclub



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Sushiclub - Voir le profil
» Créé le 19/09/2012 à 17:35
» Dernière mise à jour le 19/09/2012 à 17:36

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Sixième Chapitre : L'Envol de la Symphonie.
A Florincia, quand on s'attarde sur des personnages qui ont marqué l'histoire, le nom de Belinda Roseraie revient toujours. Dernière descendante des Roseraie, tout le monde sait qu'elle a hérité de leur richesse mais aussi de leur caractère si particulier.
Issue d'une famille aussi têtue qu'entreprenante, grandir dans la solitude n'a pas aidé son attitude. Nombreux sont ceux qui attendent un mariage, afin de savoir qui héritera enfin du patrimoine des Roseraie. Et peu sont ceux qui savent que Belinda se méfie de tout le monde, et surtout de ceux qui font des engagements.


===================

Belinda et Edward se retournèrent d'un même mouvement. On pouvait entendre des bruits de pas pressés se faufiler dans le sombre hall. L'avocat sut d'avance qu'ils allaient avoir de la compagnie, et pas forcément des plus amicales.

-Bel ! Il faut se cacher ! pressa-t-il. J'ai un mauvais pressentiment !
-Enfin voyons Mr.Cohen, qui que cela puisse-t-être, il n'osera pas s'en prendre à une personne de mon rang...

Au moment où elle dit cela, deux personnes débarquèrent dans la pièce, défonçant presque la porte sur leur passage.

-Que personne ne bouge ! Inspecteur Ricardo, de la police de Florincia ! Je vous arrête pour...

L'inspecteur s'interrompit, ses yeux passant respectivement de Belinda à Edward, puis à nouveau d'Edward à Belinda. Il était accompagné d'Alizée, son adjointe, qui était de toute évidence encore plus excitée que lui.

-Alors c'était la vérité ! s'exclama-t-il. Cette fois je vous prends la main dans le sac !

L'avocat se mordit les lèvres. Avec l'aide de Belinda il aurait sans doute pu vaincre l'inspecteur à deux contre un, mais accompagné de son adjointe ce plan lui semblait plus que compromis. Ils ne pouvaient pas risquer la confrontation et encore moins envisager de se rendre.
Il glissa discrètement une main vers ses pokéball.

-Gravez ce jour dans votre mémoire, Inspecteur Ricardo, sourit Edward. Car il s'agit du jour où vous avez failli attraper Edward Cohen !

Il saisit brusquement la pokéball à sa ceinture.

-Pour qui est-ce que vous vous prenez ?! Vous êtes fait comme des...
-Hypocéan, Brouillard ! cria l'avocat par-dessus la voix d'Alizée.

La pièce se remplit soudain d'un nuage noir et nauséabond qui les fit tous toussoter.

-Ed, qu'est-ce que vous faites ?! hurla une Belinda scandalisée. Comme s'il ne faisait pas assez sombre comme ça !
-Vite, il faut partir ! coupa Edward.
-Mais par où ? Ils sont en travers du chemin !

Soudain, elle sentit un air frais lui caresser le cou.

-Pas en travers de celui-là !

Imitant le mystérieux inconnu avant eux, Edward sauta par-dessus la fenêtre du bureau grande ouverte. Belinda s'approcha du rebord à son tour, avec nettement moins d'enthousiasme.

-Non, non, non ! Vous êtes fou ! Je ne passe pas par-là !
-Bel, ne faites pas l'enfant ! insista l'avocat.
-J'ai dit non ! C'est trop dangereux ! Je préfère...

Mais elle n'eut pas le temps de terminer sa phrase en voyant la nappe de brouillard se dissiper. Belinda se résigna à sa seule option.
Elle inspira profondément, et enjamba le rebord à son tour.

Edward la rattrapa avant qu'elle ne tombe sur les tuiles glissantes.
Etrangement, il la trouvait vraiment très belle avec son visage d'aussi près. Peut-être était-ce simplement son côté romantique, attisé par la Lune brillant au-dessus d'eux et le Cèdre s'écoulant quelques mètres plus bas. Ou peut-être était-ce parce qu'elle l'avait enfin appelé par son surnom.

-Qu'est-ce que vous fixez comme ça ? demanda Belinda d'un air méfiant.

L'avocat se souvint qu'ils étaient toujours poursuivis. Il se força à paraître sûr de lui.

-Ahem...Prenez ma main et restez en équilibre !

Alors, il l'entraîna en avant, tenant tant bien que mal sur les tuiles mal agencées.
Au-dessus d'eux, ils entendirent un cri percer le ciel nocturne. Edward pouvait reconnaître à l'oreille la créature qui fendait les airs.

-Baissez-vous !

Il la força à se pencher en même temps que lui. Un gigantesque Heledelle passa juste au-dessus de leur tête, ses serres raclant presque les tuiles sous ses ailes.
Il crut que Belinda allait crier. Elle parut cependant se ressaisir à temps, sans doute inquiète pour sa dignité. Ce ne fut qu'en relevant la tête qu'il comprit qu'ils étaient condamnés.

-Heledelle, Lame d'Air ! ordonna une voix au loin.

L'attaque était inévitable, pensa Edward. Il se surprit à prier pour un miracle, les yeux clos.

-Qu'est-ce que fabriquez ?! scanda la comtesse. Sortez un de vos pokémon ! Sauvez-nous de là et... !

Dans son agitation, elle perdit l'équilibre. Cherchant sans doute une prise à laquelle se rattraper, elle agrippa la manche de l'avocat de toutes ses forces.

-Aa..aa...AaaaaaAaaaAh !
-Lâchez-moi, on va tous tomber !
-Alors ce sera de votre faute ! pleura-t-elle presque.

Il se sentit basculer à la renverse, roulant sur les tuiles en même temps qu'elle. Ce n'était pas comme ça qu'il voyait la fin de sa carrière. Pas ici, prêt à s'écraser sur le sol, agrippé par une parfaite inconnue. Encore moins sous les regards satisfaits de l'Inspecteur et son Adjointe.
Il ferma les yeux, prêt au choc.

Rien ne vint.

Lorsqu'il revint à lui, ils étaient toujours dans les airs, sa main fermement accrochée à celle de la comtesse. Cette dernière était elle-même accrochée à une sorte de baudruche géante, flottant au milieu du ciel étoilé.
Ou plutôt un Rondoudou, gonflé comme un ballon et porté par le vent.
Au-dessus de lui, Belinda prit un air savant qui semblait être une parodie du sien.

-Saviez-vous que le corps des Rondoudou est connu pour ses propriétés élastiques, Edward ? Ils ne pèsent rien, et pourtant ils peuvent atteindre des tailles impressionnantes. Je ne pensais pas que cette information me serait utile jusqu'à aujourd'hui ! ricana-t-elle.

Il se sentit obligé de rire avec elle. Sans doute parce qu'il était trop heureux d'avoir échappé à Ricardo et à une chute de plusieurs mètres d'une manière aussi inattendue. Ou simplement parce qu'il prenait du plaisir à partager cette nuit avec Belinda...

Le Rondoudou perdait lentement de l'altitude. Comme il était impossible de le diriger ou de sauter de cette hauteur, ils se contentaient d'admirer la cité de Florincia brillant de mille feux au milieu de la nuit.
Soudain, Edward se rappela qu'il n'y avait qu'un seul endroit qui permettait d'avoir une telle vue sur la ville. C'était sur une péniche, lors des grands galas sur les eaux du...Cèdre.

-Belinda regardez...dit-il d'une voix peu articulée.
-C'est tellement beau, je sais ! Je demanderai presque à ce qu'on me peigne se paysage en tableau !
-Non, je voulais dire regardez en bas.

Ils étaient au beau milieu du fleuve, et à plusieurs centaines de mètres de la berge. Au-dessus de leur tête, la Baudruche-Rondoudou perdait de l'altitude à une vitesse affolante.

-Je commence à avoir mal au bras...grimaça la comtesse. Descendez Edward, que l'un de nous d'eux puisse au moins rejoindre la rive !
-Ah non, je ne suis pas avec vous sur ce coup là ! Lâchez-vous et je promets de revenir vous chercher ensuite !
-Si je lâche ce pokémon nous tombons tous les deux ! Ces vêtements m'ont coûté une trop grande fortune pour être salis !
-Et moi je me porte mieux au sec !
-Oui mais c'est vous qui m'avez embarquée dans vos histoires, prenez vos responsabilités et mouillez-vous un peu !
-Je refuse de lâcher votre bras !
-Espèce de malpoli, et l'honneur aux femmes alors ?!

Leur agitation avait du mettre fin au débat, car ils entendirent le Rondoudou se dégonfler à une vitesse vertigineuse. Belinda sentit sa main glisser du bras de son pokémon, et Edward sa main de celle de la comtesse.
Ils tombèrent comme des pierres dans le Cèdre.

Après dix minutes de brasse, Edward aida Belinda à remonter sur le ponton. Ses cheveux étaient encore collés sur son visage, des cascades de gouttes ruisselaient sur ses joues, et ses dents claquaient toujours à cause de l'eau glaciale.
A la réflexion, il s'en était beaucoup mieux tiré qu'elle, même si tous deux étaient à la limite du présentable.

« Je – Vous – Hais », réussi à émettre Belinda entre deux tremblements.
Pris de pitié, il se sentit obligé de lui passer son pourpoint, qu'elle mit sur ses épaules comme une fourrure mal découpée. Le geste eut toutefois l'air de la calmer un peu.
Aux alentours, les rues étaient dessertes. Personne n'avait dû les voir tomber dans le fleuve, ce qui rassura un peu Edward. Il devait être très tard car même les ivrognes habituels n'avaient pas l'air de vagabonder dans le coin. On pouvait reconnaître leurs chants désarticulés à des kilomètres.

-Que fait-on maintenant ? demanda Belinda d'une voix étonnamment posée.

L'avocat remarqua qu'elle commençait à s'habituer à sa compagnie et à tous les évènements loufoques dans lesquels il l'avait entraînée. Ce n'était pas seulement à mettre sur le compte de la fatigue, car elle ne se formalisait même plus de le gratifier de ses critiques acerbes.

-La situation est plus compliquée que je ne le pensais. Il semblerait que nous soyons toujours surveillés, suggéra Edward.
-Surveillés ?
-Cette nuit s'est déroulée exactement comme la précédente. Vous vous souvenez comment nous avons été interrompus à la galerie d'art ?

La comtesse grimaça. De toute évidence, elle ne s'en souvenait que trop bien.

-L'inspecteur avait été prévenu. Comment pouvait-il savoir qu'il y avait quelqu'un sur les lieux au milieu de la nuit ? Et ce soir, c'est la même chose. Comment pouvait-il savoir que nous irions chez Janus ?

Pour toute réponse, Edward observa les alentours d'un air méfiant.

-C'est ce que j'essayais de dire. L'inspecteur doit avoir un contact qui ne nous aime pas beaucoup. Et il ne nous a pas lâchés depuis notre séjour en cellule. Avez-vous raconté ce qui nous est arrivé à qui que ce soit depuis notre évasion ? Quelqu'un savait-il que vous alliez me rejoindre à la résidence ?
-Bien sûr que non ! s'offusqua Belinda. Je n'aime pas votre manière de faire, mais je ne suis pas stupide pour autant ! Je sais me faire discrète quand il le faut !

Il ne préféra pas insister. La comtesse ne lui avait jamais paru très dégourdie, pourtant il savait qu'elle n'était pas née de la dernière pluie. Elle disait probablement la vérité.
Edward mit un temps de réflexion.

-En tout cas, vous ne pouvez pas rentrer au manoir pour le moment. C'est trop risqué. Pour ma part, j'ai bien un cabinet et une résidence secondaire...mais ils ne représentent pas un endroit sûr non plus.
-Vous ne suggérez tout de même pas que nous allons rester toute la nuit dehors ? Ou que nous allons dormir dans la rue?!
-Bien sûr que non. Ne soyez pas ridicule.

Malgré l'obscurité, il pouvait la voir froncer les sourcils.

-Vous semblez en savoir long sur moi, Ed, lâcha-t-elle.
-Et qu'est-ce qui vous fait dire ça ?
-Comme vous l'avez dit, je ne peux pas rentrer au manoir. C'est effectivement quelque chose qui me préoccupe beaucoup, mais je ne me souviens pas vous en avoir parlé.

Il haussa les épaules et expliqua qu'il avait simplement deviné. Belinda fut visiblement peu convaincue de cette explication.

-Ecoutez, Bel. Il y a un bistrot discret à quelques rues d'ici. Je connais le patron, il nous aidera à trouver une chambre.

Edward espéra que cela suffise à la rassurer. Il avait effectivement étudié le style de vie de Belinda avant de faire son numéro à la galerie d'art, hier midi. Ses soupçons n'étaient pas totalement infondés.

-Je n'aime pas l'idée de dormir sous le toit d'un autre, expliqua-t-elle avec un certain dédain. Comment peut-on être sûrs que nous nous réveillerons sains et saufs, le lendemain matin ? Le bistrot dont vous me parlez n'a pas l'air très fiable.
-S'il avait l'air fréquentable, ce ne serait pas une très bonne cachette, répliqua Edward avec moquerie. Et croyez-moi, je peux vous assurer qu'il y a là-bas un vieil ami à moi, qui n'a rien à gagner en nous dénonçant.

Elle sembla considérer sa proposition. Ce n'était pas comme s'ils avaient beaucoup d'autres choix, pensait Edward. La comtesse finirait bien par accepter.
Et c'est ce qu'elle fit.
L'avocat poussa un soupir de soulagement et guida sa partenaire détrempé vers l'établissement en question.

Lorsqu'ils entrèrent dans le bar, la chaleur fit immédiatement rougir Belinda. L'endroit était très festif et très éclairé, en contraste avec la nuit fraîche et sombre au dehors. On entendait des airs de musique irlandaise joués au fond de la pièce, bien qu'il soit impossible d'en déterminer l'origine au milieu des exclamations des clients, des poings qui tapaient sur les tables, et des allers retours d'une serveuse visiblement débordée. Si la comtesse n'était jamais très rassurée dans ce genre de lieu, elle ne savait que trop bien tout ce qui se jouait autour d'un verre et d'un paquet de carte, au beau milieu de la nuit. Des possessions changeaient vite de mains, et des insultes jasaient.
Enfin ce n'était pas si terrible pour autant. Elle préférait un endroit animé où ils ne se feraient pas remarquer, qu'un endroit calme où tous les yeux seraient rivés sur eux. Et même si, par principe, elle se sentit obligée de faire de mauvais commentaires à Ed quant à la qualité du bistrot, au fond Belinda était plus que satisfaite de son choix.
L'avocat se dirigea vers le comptoir sans perdre de temps. Il n'eut cependant pas l'occasion de dire quoi que ce soit car le barman l'interpella immédiatement, son visage s'éclairant à la vue de ses deux nouveaux clients.

-Alors Cohen, tu nous ramènes encore une de tes conquêtes ?!

Et il éclata d'un rire gras.
Edward fit de son mieux pour cacher son visage.
Belinda leva instinctivement les yeux au ciel.

-Oh, pour l'amour d'Arceus...se lamenta-t-elle. La nuit va être longue.



Fin du Sixième Chapitre.