Bienvenue à la Faculté d'Illusiopolis ! de Tjaurdin

Bouche bée.

Vincent et Rydia venaient de s'embrasser en pleine rue devant tout le monde ! Ils avaient fait le premier pas.

Nous avions fait notre rentrée il y a une semaine, les autres nouveaux étaient arrivés aussi. Tout le monde était sur Illusiopolis et personne ne pourrait fouler une terre étrangère à celle-ci dorénavant. Ca faisait bizarre. Notre regard sur le directeur avait changé aussi suite aux dernières nouvelles... Et son discours de début d'année était assez terrifiant. Il me faisait penser à des menaces.

- Tu as vu ? On les rejoint ou pas ? S'enquit Kai qui attrapa ma main.

- Non, laissons-les consumer leur joie. Pour l'instant allons plutôt chez nous je suis fatigué à cause de cette semaine, ça change énormément du lycée, non ?

- C'est vrai.

- D'accord t'as gagné on va les voir, soufflai-je exaspéré qu'elle me fasse la tête pour ça.

- Merci !

Elle me fit un bisous et s'en alla vers le couple qui se retourna quand Kai cria leur prénoms. Ce fut un débâcle de cris et de paroles après. Rien de forcément intéressant, néanmoins je fus intrigué lorsqu'ils parlaient.

L'un commençait une phrase et l'autre la finissait, mais la façon de penser était la même. On aurait dit un même cerveau qui parlait, il y avait quelque chose qui me faisait peur dedans. Un petit grain de sable bloquant le reste de la mécanique.

Je vis Kai froncer des sourcils à ces moments, elle avait remarqué quelque chose d'inhabituel aussi. Je ne me gênai pas de lui envoyer ce que je pensais mentalement. Elle me regarda soudainement et hocha la tête, me répondant : "Nous en parlerons plus tard, je pense comme toi pour l'instant finissons au plus vite la conversation".

- Ah ! J'ai mal au ventre ! Kai qu'est-ce que tu as mis dans les croque-monsieur hier ? Je savais que c'était une erreur de te laisser cuisiner.

- Espèce de pourriture ! Vient ici que je t'apprenne le respect que tu dois aux femmes ! A plus tard !

Nous nous en allâmes vers notre bâtiment en rigolant comme de simples enfants esquivant les gens sur notre passage qui nous regardaient avec désarroi. Poursuivre une personne quand on devient âgé c'est clair que ça interpelle certains.

Nous courûmes même dans les couloirs de notre immeuble, montâmes au dernier étage puis nous enfermâmes chez nous. Essoufflés et euphoriques.

- Je te tiens, dit-elle à quelques mètres de moi me tenant par les hanches, elle souriait.

Son souffle chatouilla mes joues qui frétillèrent. En un instant une chaleur m'envahie puis resta même quand Kai me lâcha pour aller se vautrer sur le canapé.

Ingénument je souriais, je ne pouvais pas m'en empêcher tout me paraissait si beau en cet instant de pure joie rien n'aurait pu le gâcher. Sauf que nous étions filmés et écoutés. Mon bonheur retomba et mon sourire se fana.

- Qu'est-ce qu'il y a sa va pas ?

- Non, c'est... rien. Parlons plutôt des deux tourtereaux, tu avais cette impression de parler à une même personne c'était vraiment flippant.

- Tu penses ? Le plus flippant pour moi c'est toi, tu savais ce qu'ils faisaient quand tu dormais. Ca c'est vraiment fou. D'ailleurs, tu penses qu'ils ont aussi des visions de ce genre là ?

- On le saura en parlant avec eux comme toujours, déjà ils ne voient pas ce changement alors les visions ça m'étonnerait encore plus. Je m'en suis rendu compte que quand j'en ai parlé à Vincent, c'est lui qui m'a interpellé sur ce détail.

- Tu penses qu'on devrait faire la même chose ? Les avertir de ce changement.

- Je ne sais pas... Je n'ai jamais cru en la magie, et là invraisemblablement elle apparaît dans notre quotidien. Je peux te parler par la pensée, j'avais des visions la nuit. Que doit-on faire ? C'est trop soudain.

- Arrête de te prendre la tête, on va faire nos devoirs cet après-midi et demain soir. Et durant cette demi-journée de repos on va là-bas et on y dormira tranquillement.

Ma bonne humeur retrouvée je concluais par un :

- C'est parti !

***

Nous déambulions dans les rues de la Belle Ténébreuse, c'est ainsi que nous l'avions renommée ainsi, Vincent et moi, à cause de son aura sombre et aussi son côté illuminé avec les panneaux et les réverbères. C'était vraiment une très belle ville comme on en voyait peu. Mais une question persistait. Pourquoi le jour ne pointait jamais ?

Pour retrouver notre chemin j'avais subtilisé la dernière fois un plan de la partie sauvage de l'île, où on avait marqué au stylo la route qu'on devait suivre à dessein de passer par la grotte et non par les souterrains bien plus dangereux.

Cela faisait une semaine que nous avions commencé les cours, peu avant les autres nouveaux étaient arrivés. Ils étaient facilement remarquables par la violence qu'ils dégageaient. Ce n'était pas une sorte d'aura que l'on sentait quand on leur parlait mais bien un réel constat. Souvent il y avait des bagarres provoquées par ces nouveaux.

Et d'ailleurs, ils ont été fascinés par le discours du directeur qui était pour le moins déconcertant. Un discours prônant la concurrence et l'individualisme c'était vraiment quelque chose de malsain. En temps normal ces discours de rentrée prônait plutôt l'entraide des élèves et souhaiter à tous de bien réussir l'année, bref quelque chose d'optimiste.

- Décontracte ton visage, on dirait que tu vas défecter le plus gros excrément imaginable, railla Kai avec un grand sourire.

- Gnagnagna.

Noctali et Kai m'observèrent bizarrement, ma réaction n'était pas appropriée ? Non décidément pas, ils continuaient à me regarder bizarrement.

Le chemin continuait tout droit ponctué par des bouts de béton qui ressortaient. Comme la dernière fois des pokémons nous observaient dans les recoins sombres de la rue. Et cette fois-ci nous sûmes pour les appartements illuminés. C'est sensé être inhabité et pourtant des hommes reposaient dedans. Des criminels qui plus est.

Nous descendîmes tranquillement la pente rocheuse pour descendre jusqu'au tunnel qui était toujours dans le même état depuis que nous l'avions quitté.

Alors qu'on discutait de tout et de rien Noctali se mit en garde et grogna sourdement.

Kai continua à avancer n'ayant pas remarqué que nous nous étions arrêtés peu avant scrutant les ténèbres en face de nous. Des voix provenaient de là-bas, cependant on les entendait peu.

- Hé pourquoi vous vous êtes arrêtés ? Je me demandai pourquoi tu ne répondais pas.

Je mis un doigt sur la bouche et lui attrapai la main pour lui signifier de se laisser mener.

- Héhé ! Pensiez-vous qu'il n'y avait pas de gardes à l'entrée bandes de Capumain ? Furtifs mais vous m'avez quand même réveillé. Les gars ramenez-vous on a de la visite !

- Attaque charge ! Criai-je à Noctali caché dans la pénombre dont seuls les yeux étaient visibles.

Le pokémon nuit n'hésita pas une seconde à foncer en plein de le ventre de l'homme pour le projeter dans l'eau.

- Pfff, il est nul. Allez viens on s'en va ça vaut pas la peine de rester, dit une voix à une distance respective.

- C'est toi qui vois, moi j'avais envie de m'amuser justement.

Silence durant le quel je cherchais les deux hommes des yeux, mais c'était évidemment impossible à moins qu'ils indiquent précisément où ils étaient. Seulement pourquoi le feraient-ils ?

Des pas résonnaient dans la caverne et ils s'éloignaient de nous, l'homme projeté dans l'eau avait aussi fui. Le silence régnait à présent, pourtant nous étions encore pétrifiés.

- Putain on peut pas être tranquille une seconde ! Beugla Kai en pleurs.