La Voie des ennuis de VLCMédia

Chapitre 9 : De retour vers la lumière


« C'est ici. » dit simplement le jeune homme.

Sylvie releva la tête. Elle était plongée dans ses pensées. Depuis son arrivée, elle n'avait pas essayé de comprendre le pourquoi du comment. Les sirènes d'alarme, la panique générale, les cris affolés, c'était tout ce dont elle se souvenait avant d'arriver ici. Mais une question demeurait dans son esprit : Que s'était-il passé réellement ? Par quel miracle, ou plutôt par quel malheur, avait-elle été envoyée dans un tel endroit ?

« Bon, voilà une chose de faite. » continua Lucie.

Devant eux se dressait un affleurement de cristaux, d'un violet profond, haut de moins d'un mètre. La petite écarquilla les yeux d'émerveillement, tandis que la scientifique persistait dans ses pensées. Comme convenu, elle décrocha une pokéball de sa ceinture et appela un Elektek. Le pokémon observa son environnement avec inquiétude. Il fut vite rassuré par sa dresseuse. Au même moment apparurent l'Ectoplasma de la gamine et le Pyroli du jeune homme, prêts à contrer une possible attaque. Les trois hochèrent la tête, ils étaient prêts. Le pokémon Electrique exécuta son travail. Harvey fronça les sourcils.

« Il ne va pas tarder... »

Comme pour le confirmer, un cri strident résonna. Une forme effilée, striée de noir et de rouge, le visage caché derrière un maque doré, filait au-dessus d'eux. La créature les avaient déjà repérés. Il chargeait une attaque dans sa gueule, un Dracosouffle.

« Ectoplasma, Ball'Ombre ! » ordonna Lucie.

Le pokémon lança son attaque avec une rapidité époustouflante. La balle noire percuta le rayon draconique, qui se divisa en fins filaments qui s'effacèrent dans le ciel. Un seul de ces rayons frappa la terre, calcinant tout dans un large rayon. Ce spectacle effrayant, ils y avaient déjà assisté. Le souffle de l'attaque souleva Pyroli, qui atterrit quelques mètres plus loin. Lorsque le jeune homme releva la tête, le mystérieux pokémon avait disparu.

« On est censés se battre contre ça ? »

Le dragon reparut et entama un vol en chandelle. Puis, il s'effaça de nouveau. Harvey et Lucie ne relâchèrent pas leur attention. Il était là, quelque part. La créature réapparut, sortant de nulle part. Le pokémon Feu ne put esquiver l'attaque Revenant de son ennemi, immédiatement suivie d'une terrible Griffe ombre. Le Pyroli s'écrasa contre un mur, inconscient. Le jeune homme le rappela et envoya son Mentali. Ectoplasma profita de l'ouverture dans la garde de l'ennemi pour l'attaquer mais celui-ci disparut aussitôt. Lorsqu'il réapparut, il percuta le pokémon Spectre avec une puissance inouïe. Son attaque se révéla extrêmement efficace.

« On va pas tenir très longtemps comme ça ! Où ça en est, Sylvie ? » questionna Harvey, la voix emplie de frayeur.

« Le passage se forme lentement ! Ce n'est pas suffisant ! » lui répondit-elle.

Il fallait résister encore un peu. La créature revint à la charge, préparant un nouveau Dracosouffle. celui-ci fut dévié par une Rafale Psy de Mentali, qui enchaîna avec Choc Psy. Le pokémon mystérieux l'esquiva avec aisance, puis prenant de l'altitude, il lâcha un nouveau Dracosouffle. Le pokémon Psy utilisa Abri afin de protéger le groupe. Ectoplasma contre-attaqua immédiatement avec Ball'Ombre. La créature adverse eut du mal à l'esquiver cette fois-ci. Il chuta avant de disparaître encore une fois.

« C'est bon, dépêchez-vous ! » ordonna la scientifique, qui franchit le portail presque immédiatement.

Harvey et Lucie rappelèrent leur pokémon, se précipitant vers la sortie. Il passa le premier. La fillette tenta de l'emprunter à son tour, mais un terrible souffle l'écarta du portail dimensionnel. De l'Autre coté, le jeune homme lui tendait sa main, tandis que le passage se refermait.

« Dépêche-toi ! » hurla-t-il à son intention.

Elle se releva mais une autre explosion la déstabilisa. Le trou devenait de plus en plus petit. Elle se releva une nouvelle fois et courut aussi vite qu'elle le put. La main d'Harvey se retira. Le portail s'était refermé.

Le jeune homme ne bougea pas. Il tenait son bras droit légèrement replié devant lui, comme si elle pouvait encore saisir sa main. Mais le portail avait disparu, et la petite avec. Il se surprit à sangloter doucement, de fines larmes roulant sur ses joues. Il n'aurait jamais cru qu'il pleurerait pour elle, qu'il n'avait jamais vraiment apprécié. Ils se connaissaient à peine, ils n'avaient rien en commun, et pourtant, il ne pouvait s'empêcher de souffrir en silence. Au fond de lui, il se sentait terriblement désolé.

« Bon, il va falloir rattraper le temps perdu, maintenant... Merci infiniment d'avoir été là, même si je sais que... Enfin, merci beaucoup. Si jamais tu as besoin de moi, appelle-moi, je suis dans l'annuaire. A la prochaine fois ! »

Harvey se releva lentement. Il murmura un faible « oui », n'osant montrer sa tristesse. La scientifique s'en alla alors silencieusement. Le voleur se retrouva seul.

Il lui fallut trois jours pour regagner Safrania. Cette ville n'avait pas changée depuis la dernière fois qu'il y était allé, véritable paysage de gratte-ciel, des bureaux surtout. Le bâtiment de la Sylph SARL dominait le quartier des affaires. C'était là-bas qu'il trouverait son ennemi. Alors qu'il était au centre pokémon pour soigner ses compagnons, il avait lu un dossier dans le Peoples, datant de l'année précédente. Ernest Valont figurait sur la première page, devant le bâtiment de la Sylph, qu'il venait de racheter à l'époque. Il n'avait pas oublié sa vengeance et il comptait bien la mener jusqu'au bout. Mais comment atteindre l'homme le plus fortuné du monde ? Il ne pouvait agir seul. Il lui fallait des alliés dans son combat. Il avait pensé à Sylvie, qui lui avait proposé son aide. Mais en quoi pourrait-elle bien l'aider ? Il saisit l'annuaire qui traînait sur une étagère de la salle d'attente et composa le numéro de la scientifique.

----------
« Ainsi, vous revoilà... Et je peux savoir ce qui vous a valu une si longue absence ? »

Giovanni fixait la personne qui lui faisait face d'un air glacial. Cette dernière avala sa salive avant de répondre, mal à l'aise.

« Je crois avoir découvert l'identité du saboteur de l'affaire 245. J'ai toutes les raisons de croire qu'Ernest Valont est à l'origine de cet incident. »

« Vous n'avez pas répondu à ma question. » répondit le Boss, toujours aussi froidement.

« Comme vous le savez, j'étais en charge du projet « LS ». Le sabotage de ce traître à eu pour effet de me propulser dans l'Ailleurs, ce phénomène que nous tentions d'observer. Mais je ne comprends pas, pourquoi parlez-vous de « longue absence » ? Je ne suis resté là-bas que quelques heures, tout au plus. »

« Parce que l'affaire 245 s'est produite il y à cinq ans maintenant... Et il est grand temps de la conclure. »

----------

« Le numéro que vous essayez de joindre n'est pas disponible, ou bien n'existe pas. »

Harvey raccrocha. Elle demeurait injoignable. Il ne pouvait donc pas compter sur elle. Il lui fallait donc trouver quelqu'un d'autre, une personne qui connaîtrait les faiblesses de Valont, une faille. Il marchait, pensif, lorsqu'il croisa un policier, accompagné d'une agent Jenny. Ils passèrent à coté de lui sans le remarquer. Le jeune homme ne comprit pas. Il était toujours recherché, non ? Comment se faisait-il que ces personnes ne l'aient pas vu ? Pourquoi le Caninos qui les accompagnaient n'avait pas aboyé ? Il n'y comprenait rien... Une idée lui vint subitement. Et s'il retournait à Lavanville, proposer un marché à l'inspecteur Valentins ? Il avouerait pour qui il travaillait et alors, il se rendrait. Pour le moment, il ne voyait pas d'autre moyen, l'inspecteur Valenins était la seule personne qui pouvait l'aider ! Et il avait bien une idée de la contrepartie, même si elle ne lui plaisait pas vraiment...

----------
« Bonjour, j'aimerai parler à l'inspecteur Valentins. »

Harvey était pris de légers tremblements. Il se trouvait en terrain ennemi après tout. Mais quelque chose clochait. Comme à Safrania, les policiers ne l'avaient pas interpellé.

« Je suis désolé, mais monsieur Valentins ne travaille plus dans ce commissariat depuis longtemps... Je peux vous mettre en relation avec quelqu'un d'autre ? »

« Non, merci, je vais me débrouiller. »

L'homme qui tenait l'accueil ne comprit pas le comportement du voleur. Pourquoi voulait-il rencontrer l'ex-commissaire si ce n'était pour une déposition ?

Le jeune homme sortit du bâtiment, transpirant. Il n'y comprenait vraiment rien. Il était redevenu parfaitement anonyme alors qu'une semaine auparavant, il était activement recherché... Et qu'était-il arrivé au commissaire Valentins ? Bien sûr, il ne s'inquiétait pas vraiment pour lui, mais c'était le seul qui pouvait l'aider à renverser Ernest Valont... Mais l'ex-commissaire ne pourrait pas l'aider efficacement. Il avait été démis de ses fonctions et par conséquent, ne pouvait plus accéder aux archives. Plus il y réfléchissait, plus une image se précisait dans sa tête. Oui, eux aussi pourraient l'aider...