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Duel au sommet de olyn



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Informations

» Auteur : olyn - Voir le profil
» Créé le 06/08/2012 à 15:08
» Dernière mise à jour le 06/08/2012 à 15:08

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Bonus : Discussion au coin du feu
Un mini chapitre tout riquiqui qui donne une autre perspective sur les Pokémon de Léa.

***

Le regard plongé dans les flammes, l'Herbizarre rumine.

Quoi de plus normal pour un herbivore ? Non, trêve de plaisanteries. Les pensées du Pokémon plante sont des plus sérieuses. Il rumine à propos de la journée riche en événements qui vient de se terminer. Il rumine sur le sort de leur compagnon de route perdue, cette Papilusion avec qui ils ont partagé un bout de chemin, avant que le sort n'en décide autrement. Il rumine, encore et toujours, sur ce voyage initiatique que leur dresseuse a entamé.

Leur dresseuse. Une énigme s'il en est.

L'Herbizarre la considère en silence un moment. Elle dort de l'autre côté du feu, emmitouflée jusqu'au cou dans son sac de couchage. Le pinceau lumineux de l'astre de la nuit borde d'argent sa chevelure sombre. L'Herbizarre se rappelle de ses instructions, de ce regard qu'elle lui a lancé avant de fermer les yeux. Un regard qui signifiait 'Je compte sur toi, Salade.' Un regard qu'il a appris à connaître, même si la dernière partie de la phrase le laisse parfois perplexe - surtout lorsque ce sont d'autres humains qui emploient son nom, et que bien souvent, ils ne s'adressent pas à lui. Un mystère de plus.

Le Pokémon reporte son regard sur les flammes. Lui n'est pas fatigué. Les quelques combats de la journée n'ont pas demandé trop d'efforts de sa part. Il s'est gorgé de soleil à midi, et a senti sa fleur dorsale frémir à l'occasion, un signe qu'il changera bientôt à nouveau. Voilà un point sur lequel il ne rumine pas. Il n'est pas inquiet ; tout viendra en temps voulu.

Il pose sa tête entre ses pattes, ferme les yeux, et écoute la symphonie du monde nocturne. Le vent fait bruisser les feuilles des arbres et agite les épis de blés dans le champ voisin. Des petits couinements se font entendre de temps à autres : une famille de Sabelettes qui profitent de l'absence de prédateurs pour sortir de leurs terriers et s'ébattre dans les herbes hautes. Loin au-dessus de sa tête, un Pokémon oiseau plane dans le ciel piqueté d'étoiles, si silencieux que l'Herbizarre l'entend à peine. Tout est calme.

Soudain, un craquement de brindille tout proche lui fait dresser l'oreille.

Un bruit en opposition radicale avec le reste de l'harmonie du soir. Ça doit être elle. Il ouvre les yeux et constate qu'il a vu juste. La Colossinge émerge des ténèbres de l'autre des flammes et vient s'asseoir lourdement à côté de leur dresseuse endormie. Il ne l'interroge pas sur ce qu'elle faisait. Autour du feu, il n'est pas un Pokémon qui l'ignore. Tous sont parvenus à un accord tacite de ne pas mentionner les escapades nocturnes de la Colossinge lorsqu'elle est dans les parages. Même entre eux, ils n'en parlent que rarement. De toute façon, nul ne prétend comprendre les mœurs des Colossinge.

L'Herbizarre engage la conversation sur un ton léger, dans l'espoir de désamorcer l'humeur bougonne de la Colossinge.

- Tu as été impressionnante cet après-midi, contre le grand bardé de plaques osseuses.

Le sujet a été choisi avec soin afin de mettre toutes les chances de son côté. S'il y a bien une chose dont la Colossinge aime parler, c'est la baston. Ce qui n'est pas étonnant, compte tenu de son type.

- Un Kangourex, répond-t-elle.

Elle met toujours un point d'honneur à connaître le nom de ceux qu'elle a vaincu.

- C'est là que tu vois que le poids et la taille, ça compte pour des clopinettes. Cette Kangourex, elle me dépassait bien de trois têtes, et elle pesait au moins le triple de ce que je fais. Et je l'ai éclatée !

Elle frappe ses poings l'un contre l'autre dans une démonstration de puissance. L'Herbizarre soupire intérieurement. Ces Colossinges, alors...

- C'est le plus déterminé qui gagne, poursuit-elle. En supposant, évidemment, qu'il ait quelque chose dans le crâne. C'est ça le problème des Rattatacs. Tout dans le ventre, rien dans le ciboulot. Tu as vu comme l'autre s'est pris le mur, alors qu'il était évident que je n'allais pas rester bien sagement plantée là ? Quel amateur.

Il en faut beaucoup pour énerver l'Herbizarre. Il est de nature calme, et a tendance à laisser couler quand quelque chose le dérange. Pourtant, à cet instant, les paroles de la Colossinge lui donnent envie de sortir ses lianes. Peut-être est-ce par respect pour les morts, ou bien parce qu'il sait pertinemment que leur dresseuse aurait préféré que la Colossinge emploie une autre tactique. Quoi qu'il en soit, il réplique d'une voix vive :

- Ça n'a rien à voir avec l'intelligence. Il était sous l'influence d'un des cris de notre amie ailée. Même toi tu aurais agis pareil si les circonstances avaient été inversées.

La Colossinge continue sans relever sa pique.

- Ce que les Rattatacs sont stupides quand même... et l'autre, le psychique, c'est exactement l'inverse. Trop de tête, aucun cran. J'ai cru rêver quand il a essayé de m'endormir. Il aurait mieux fait de se servir de ses poings au lieu de se reposer sur ses pouvoirs.

- Et toi, tu aurais mieux fait de réfléchir avant d'essayer de le tuer avec tes poings.

La réponse a claqué dans la nuit. Silence. L'Herbizarre a conscience d'être allé trop loin, mais il est trop tard pour retirer sa phrase. Il faut bien que la Colossinge assume ses actions, raisonne-t-il.

- Tuer ne la fera pas revenir... continue-t-il, doucement, prudemment, mais il déjà sait qu'il a appuyé trop fort là où ça fait mal à la façon dont la Colossinge se tend.

Elle hausse le ton, les poils hérissés :

- Occupe-toi de tes feuilles, toi !

Silence, à nouveau. Ils se toisent. Le cri strident d'un oiseau nocturne retentit dans le lointain.

Une petite voix se joint timidement à la conversation.

- Excusez-moi de vous interrompre, mais il me semble qu'Herbizarre a raison... fait le Sablaireau en levant une griffe. De plus, j'ai la nette impression que notre dresseuse n'aime pas infliger des blessures inutiles, alors il est facile d'imaginer sa position quant aux morts inutiles. Sans compter que...

Une ombre passe sur le Pokémon sol. Il se recroqueville d'instinct, puis se détend lorsqu'il se rend compte qu'il n'y a aucun danger. La Nosferalto atterrit dans un nuage de poussière aux côtés de la Colossinge. Elle pose un regard d'avertissement sur l'Herbizarre et le Sablaireau.

- Taisez-vous, vous deux. Vous n'êtes pas à sa place. Vous ne pouvez pas comprendre.

Qu'est-ce que c'est que ça ? Les filles contre les garçons ? L'Herbizarre ne se laisse pas démonter.

- On disait simplement que parfois, notre amie Colossinge perd le contrôle de ses émotions, et les laisse dicter ses actions... Ce n'est pas...

- Il est mort, peut-être, ce psychique débile ?! s'emporte la Colossinge, prouvant l'observation de l'Herbizarre. Non. Je l'ai laissé vivre, pour tout le bien que ça lui fera ! Et est-ce que c'est de ma faute si le Rattatac s'est payé le mur ? J'étais censée faire quoi, le laisser me charcuter le ventre ?

- Mais l'intention de tuer était bien là, corrige le Sablaireau. Techniquement...

- Techniquement, mon poing dans ta gueule ! coupe la Colossinge, et elle entame un mouvement pour se lever.

- SILENCE, VERMISSEAUX !

Le rugissement du Léviator a réussi l'exploit d'être à la fois très sonore pour les oreilles des Pokémon, et pratiquement inaudible pour un humain.

- Je n'imagine surprendre personne si je vous dis que notre dresseuse est en train de dormir, et aimerait sans doute continuer cette activité, poursuit le serpent d'eau en se dressant au-dessus du feu. Alors j'apprécierais que chacun... d'entre vous... baisse... d'un ton.

À chaque mot, il a rapproché sa gueule pleine de dents d'un Pokémon, complétant le cercle à la fin de sa phrase.

- Compris ? gronde-t-il, et l'Herbizarre croit un instant entendre le tonnerre.

Ils murmurent tous leurs accord, tandis que la Colossinge s'excuse. S'excuse ? L'Herbizarre a du mal à en croire ses oreilles. Le Léviator grommelle quelque chose qui ressemble fort à 'enfants irresponsables' et se roule à nouveau en rond, surveillant d'un œil entrouvert ses compagnons.

Les Pokémon s'observent sans rien dire ; le silence a repris possession des lieux.

Une voix claire le brise, d'un murmure interrogateur :

- Dites, euh... c'est toujours comme ça ?

Tous se tournent dans un parfait ensemble vers le Voltali. Le membre le plus récent de leur petit groupe que tous croyaient endormis devant le feu jusque là semble un rien inquiet, et surtout très interloqué.

- Non, le rassure l'Herbizarre. On est tous un peu sur les nerfs. N'y fais pas attention, ça va passer.

- C'est vrai, renchérit la Colossinge. La journée a été éprouvante. Surtout pour notre dresseuse...

Elle jette un regard vers la forme emmitouflée dans le sac de couchage. En dépit du volume sonore atteint par les Pokémon un peu plus tôt, la jeune humaine somnole toujours.

- ...mais tu verras, on s'amuse plutôt pas mal avec elle.

- Et puis, elle nous donne à manger quand on réclame, ajoute le Sablaireau d'un air satisfait. Plus besoin de gratter le sol durant des heures.

- Et elle nous fait confiance, termine la Nosferalto. On aurait pu tomber sur un dresseur bien pire.

- Statistiquement... commence le Sablaireau, mais un regard du Pokémon ailé le fait taire.

Le Voltali coule un long regard vers la silhouette endormie, puis examine un à un ses compagnons. De petits arcs électriques naissent à la base de sa queue et remontent jusqu'à son cou.

- Je sens qu'on va former une équipe du tonnerre, lance-t-il avec humour.

La Colossinge rentre son nez dans ses mains.

- Oh, non. Un autre blagueur. Juste ce qu'il nous fallait.

- Allez, fais pas la tête, s'amuse l'Herbizarre. Et puis souviens-toi, la Papilusion adorait les jeux de mots.

- C'est vrai, opine la Colossinge tout bas.

Ses yeux se perdent dans les flammes. La Nosferalto ouvre une aile et la drape autour des épaules de la Colossinge, puis s'appuie contre elle et ferme les paupières. Le Sablaireau, lui, se roule en boule à l'image de l'immense Léviator, tandis que le Voltali se couche sur le côté, les pattes vers le feu.

Quant à l'Herbizarre, il reprend son activité première.

Le regard plongé dans les flammes, il rumine.

***

Ça change, non ? :p

Dites-moi si vous avez aimé, j'en écrirais peut-être d'autres si c'est le cas. :)