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Les Chevaliers de la Dernière Symphonie de Sushiclub



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» Auteur : Sushiclub - Voir le profil
» Créé le 04/08/2012 à 01:10
» Dernière mise à jour le 04/08/2012 à 01:10

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Chapitre Premier : La Symphonie Dérobée.
Pendant longtemps la cité artistique, Florincia, ne fut qu'une légende pour les habitants de Poképolis.

Non parce que la ville était introuvable, mais parce que les bardes la décrivaient si belle dans leurs récits que cela ne pouvait être vrai. On la désignait comme un monument à part entière, une incarnation divine de l'architecture, et la gardienne d'un fleuve si pur que l'eau scintillerait sous le soleil.

Les bardes se trompaient, bien évidemment.
La cité de Florincia était bien plus que ça.


===================

-Ce n'est pas bon.
-J'en ai une autre en réserve, ce n'est pas un problème…
-Celle-là non plus.

Elle jeta un regard dédaigneux à la pile de robes entassée sur la chaise. A ses côtés, sa servante poussait un soupir presque imperceptible, tout en regardant la glace.
En temps normal, le moindre signe d'impatience de sa part aurait été une disgrâce à la profession, mais Belinda n'avait pas le temps de s'en formaliser.

-Le coche de Mr.Redriant sera là d'une minute à l'autre, et je ne suis toujours pas habillée ! fit-elle d'un ton scandalisé.
-Ne vous inquiétez pas, Madame, tenta de la rassurer sa servante. Je suis sûre que nous allons trouver ce qu'il vous faut dans la minute qui suit.

La comtesse secoua la tête.

-Non ce n'est juste pas suffisant, Lyrica. Tes goûts et ceux du gouverneur sont simplement trop différents. Mais je ne peux pas t'en blâmer, tu n'es qu'une servante après tout.

Devant ces paroles, la dénommée Lyrica se retint de lever les yeux au ciel. Elle ne pouvait pas prendre le risque que Madame la voit.
Il était de notoriété publique que si Belinda Roseraie faisait une remarquable comtesse et femme d'affaire, elle n'avait pratiquement aucun goût en matière d'art et de décoration ou même de mode vestimentaire. Or, il s'agissait ironiquement d'un domaine qui la passionnait et qui avait participé à une partie de son succès.

-Va donc me chercher Damian, ordonna la comtesse. C'est un homme raffiné, et il est indéniable que son jugement s'avérera plus utile que le tien.

Lyrica s'inclina fidèlement et partit de la chambre en vitesse, suivie de son Leveinard, sous le regard pesant de sa maîtresse.
Lorsque la porte fut refermée, Belinda ne put s'empêcher de s'asseoir sur le gigantesque lit en baldaquin au milieu de la pièce. A travers la fenêtre entre-ouverte, un apaisant rayon de soleil éclairait sa peau claire et lui donna envie de dormir.
Pourtant, elle ne trouverait aucun repos avant d'avoir choisi la bonne robe.
En pensant cela, elle soupira de la même manière que Lyrica, quelques secondes plus tôt. Elle était fière de ce qu'elle avait bâti jusque là, mais une rencontre avec le gouverneur Alonzo réussissait toujours à lui infliger une pression insoutenable.
Incapable de retrouver la calme, elle libéra le Chacripan d'une pokéball sur sa table de chevet, qui alla immédiatement se loger dans un coin du lit.

-Je ne devrais pas m'inquiéter ainsi, pensa-t-elle à voix haute. Sérac sera avec moi à ce moment là.

Elle pensa à ce fameux gentilhomme qui lui prêtait main forte depuis plusieurs années.
Dans les méandres de la vie politique les héritières riches et célibataires, devant une horde d'hommes assoiffés de pouvoir, ne voyaient pas un bien bel avenir d'indépendance devant elles.
Heureusement pour Belinda, il existait encore un homme sur qui elle pouvait compter : le noble Sérac Redriant, qui n'hésitait pas à lui faire part d'un avis extérieur sur ses problèmes de tous les jours, sans autre contrepartie que la satisfaction de lui venir en aide.
Sans lui, elle n'aurait jamais eu la chance d'attirer l'attention du gouverneur sur ses travaux. Sans lui, elle n'aurait probablement pas atteint une telle influence dans les hautes sphères de Florincia.
Arrivée au bout du lit, elle bascula la tête en regardant vers l'extérieur de la fenêtre pour voir les remous du Cèdre, un canal qui traversait toute la ville.

-Florincia est la plus belle ville de Poképolis, décréta-t-elle simplement.

De l'autre côté du lit son Chacripan ne l'écoutait pas, trop occupé à essayer de voler des bijoux au sommet d'une étagère.
Soudain, la porte s'ouvrit en grinçant, ce qui manqua de faire perdre l'équilibre au félin. Ce dernier se débattit à coup de patte pour ne pas tomber du lit, et finit par planter ses griffes contre le mur en tapisserie pour en arracher la moitié au passage.
Belinda l'ignora, trop occupée par l'arrivée de son serviteur.

-Je suis arrivé, Madame.

Elle se redressa du lit, embarrassée qu'un serviteur la voie dans cette position là. Puis, elle se força à arborer un air furieux pour qu'il oublie vite la manière dont elle s'était allongée.

-Ce n'est pas trop tôt, Damian ! Lyrica vous a-t-elle déjà expliqué le problème ?

Il s'inclina respectueusement.

-Bien sûr, Madame. Je n'ai guère rejoint votre service depuis plus d'un mois, mais je me tiens à l'écoute de vos moindres désirs. Quelle robe désirez-vous donc porter à cet évènement ?
-C'est bien le problème, maugréa-t-elle. A votre avis, quel ensemble attirerait l'œil du gouverneur ?

Le serviteur prit un temps pour la jauger du regard. Il lâcha finalement :

-Le temps est chaud et le ciel dégagé. Pourquoi ne pas arborer une tenue d'été ?
-Ne serait-ce pas trop désinvolte ? objecta la comtesse.
-Je croyais que vous souhaitiez attirer l'œil du gouverneur.

Un courant d'air chaud passa par la fenêtre, comme pour lui confirmer qu'il avait raison. Aussitôt, ses doutes s'envolèrent. Habillée légèrement, la sortie d'aujourd'hui en serait moins pénible.

-Apportez-moi ma robe pâle de la penderie, ordonna-t-elle. L'innocente que vous voyez au fond.

Pendant que Damian se dirigeait vers les robes, Belinda repassa les enjeux de la matinée en revue.
Dans une vingtaine de minutes, Sérac passerait la chercher avec un coche, afin qu'ils se rendent ensembles à l'ouverture de sa galerie d'art privée, en plein cœur de Florincia.
Au fond, elle ne savait pas grand-chose à l'art, mais les autres nobles et le gouverneur non plus, ce n'était donc pas un problème. En cas de souci, Sérac pourrait toujours lui souffler quelques connaissances.
L'ouverture de cette galerie était un évènement important pour la ville. Elle avait même réussi à faire en sorte que le gouverneur s'y déplace. C'était une chance unique pour la comtesse de se faire remarquer, et elle ne comptait la rater sous aucun prétexte.
En réussissant à s'approcher du gouverneur Alonzo, Belinda ne serait plus seulement une noble, elle toucherait probablement au sommet de la société Florincianne.

-C'est une corvée, mais il faut que je sois parfaitement présentable pour la panoplie d'aristocrates qui m'attend, fit-elle. Aujourd'hui, tous les regards seront braqués sur moi.

Damian lui apporta silencieusement sa robe, sans répondre à sa déclaration.
Au bout de quelques jours de service, tous les serviteurs arrivaient à reconnaître quand Belinda attendait une réponse, et quand elle n'en attendait pas. Damian bien que jeune n'échappait pas à la règle, ce qui ne manquait pas de la satisfaire.

-C'est bon, tu peux redescendre dans la cour. Va voir Lyrica, et dit lui de remonter pour qu'elle m'aide à régler les derniers détails…Oh, et fait-lui penser à prendre mon ombrelle. Cela fait longtemps que je ne suis pas sortie avec.
-Fort bien, Madame.

Lorsqu'il se retourna vers la porte, elle ajouta :

-N'oublie pas, si Mr.Redriant arrive avant que je n'ai rejoint le hall, je veux que tu lui proposes notre meilleur thé pour le faire attendre.
-Cela sera fait.
-Merci, Damian…Tu m'es d'une grande aide.

Suivant son code de conduite, il ne releva pas le compliment et tourna les talons.
Profitant de ces quelques secondes de répit, Belinda rappela son Chacripan et se pencha vers le miroir en face d'elle. Sa chevelure châtain était aussi bien coiffée qu'à l'accoutumée. En revanche, son teint pâle et ses yeux bleus ternes témoignaient d'une fatigue psychologique non sans rapport avec les évènements qui allaient suivre.
Tentant désespérément de retrouver un peu de calme intérieur, elle se remémora les phrases toutes faites qu'elle devrait prononcer devant le gouverneur.


Quelques minutes plus tard Belinda se retrouvait dans la cour ensoleillée, devant son imposant manoir au style baroque. Il ne lui fallut pas attendre longtemps pour que les bruits de sabots se fassent entendre, annonçant l'arrivée de son coche.
Une voiture tirée par deux Galopa apparut au fond du jardin et traversa le portail grand ouvert. Elle s'arrêta finalement en face de la comtesse en soulevant un infime nuage de poussière. Les deux pokémon parurent s'incliner devant la maîtresse des lieux.

-Soyez-le bienvenue Mr.Redriant, dit-elle poliment. Je suis ravie de voir que comme toujours, vous n'arrivez jamais en retard, ni en avance d'ailleurs.

L'homme entiché d'un haut de forme descendit du coche avec souplesse.

-C'est tout à fait normal, Belinda. Mais passons donc ces formalités, vous savez très bien que vous pouvez m'appeler Sérac.

Elle réprima un sourire gênée. Il lui semblait important de se montrer distante avec Sérac tant qu'elle était au manoir, pour éviter que les servantes ne se mettent à créer des ragots sur une possible relation. Mais c'était déjà trop tard.
A ses côtés, Damian et Lyrica ne parurent pas relever le ton amical de Sérac pour autant.

-Nous devrions nous dépêcher, remarqua-t-il en examinant sa montre à gousset. Si j'ai dans mes habitudes de n'arriver qu'aux heures prévues, se rendre à la galerie d'art avant le gouverneur nous procurerait un avantage indéniable.
-Cela me paraît également être un bon plan. Devrions-nous partir tout de suite ?
-Si vous vous êtes préparée, ça semble l'idéal.

Belinda hocha de la tête, satisfaite. Elle fit signe à Lyrica de l'aider à monter, tandis que Damian prenait le relais aux rênes des deux Galopa.
Confortablement installés à l'arrière, Belinda se mit à converser avec Sérac. Les bruits de galops couvraient leur voix, ce qui leur permettait de parler sans retenue.

-Vous avez pensé au tableau, n'est-ce pas ? dit Sérac en élevant la voix.
-Quel tab…Oh, vous devez parler de celui-là. Il est effectivement agréable à l'œil, mais je ne vois pas en quoi il est si important.
-C'est une pièce gardée jalousement et en parfait état depuis deux siècles par la famille Escolda, très chère. Elle a passée deux siècles, enfermée dans un manoir et voilée des yeux de tous, sans aucune raison valable, expliqua Sérac d'un ton grave. Il semble évident que ce tableau suscitera la curiosité du gouverneur, Belinda. C'est pourquoi je tiens à ce que vous le présentiez comme la pièce maîtresse de votre exposition.

Elle se retint de répondre à cela, consciente qu'elle n'avait pas la moindre idée des origines du tableau et de sa valeur artistique. Marchander grâce à l'art, c'était une chose. Juger de sa valeur par ses propres yeux, s'en était une autre.
Si elle avait réussi à extirper le tableau des griffes des Escolda, les négociations avaient pris leur temps. Le tableau n'arriverait à la galerie que dans la matinée, et elle ignorait toujours pourquoi il avait autant de valeur. Belinda se considérait comme une bonne négociatrice, mais elle n'avait pas la prétention d'égaler la perception de Sérac en matière de coups de pinceaux.
Sortie de ses pensées, elle s'aperçut qu'ils étaient déjà en train de traverser le pont du Cèdre, ce qui signifiait que la galerie n'était plus très loin. Soucieuse de faire une bonne présentation, Belinda ne prononça aucun mot avant la fin du voyage, seulement bercée par le bruit de sabot des Galopa.


En entrant dans le hall, Edward s'aperçut que tout le bâtiment était bondé. Un nuage de personnes lui bloquait la vue, le collait aux autres visiteurs, à un tel point qu'il n'arrivait même pas à voir la couleur des murs. Inquiet de ne pouvoir repérer son contact dans la foule, il entreprit de faire demi-tour en se frayant un chemin au milieu de la marée humaine.
Arrivé à l'air libre, il prit du recul pour observer la structure de la galerie d'art. C'était un bâtiment circulaire, surplombé d'un magnifique toit en verre qui laissait filtrer la lumière du soleil.
A la vue de ce détail, son cheminement de pensées s'accéléra. Il y avait peut-être un meilleur moyen d'entrer après tout. Et puis cela lui éviterait de rencontrer les deux gardes dans le hall, chargés de contrôler les papiers des visiteurs

-Voilà qui devrait également faciliter le trajet de retour, dit-il à voix haute.

Calmement, Edward entreprit de faire le tour du bâtiment jusqu'à ce que personne ne puisse le voir. Puis, il quitta son visage habituellement calme pour laisser place à une expression concentrée. D'un regard, il jaugea la paroi qui grimpait jusqu'au toit, et où se situaient les meilleures prises. Conscient que l'escalade du mur ne serait pas aisée, il déchira sans remord les manches de son pourpoint, qui tombèrent sur le sol poussiéreux. Enfin, il resserra ses bottes et se saisit d'une pokéball à sa ceinture.

-Je veux que tu montes la garde. Comme d'habitude, si quelqu'un approche, contente-toi d'aboyer pour lui faire peur.

Le Ponchiot qu'il avait libéré acquiesça docilement. Ce n'était pas un travail difficile, ni la première fois qu'on lui demandait de faire ça. Le pokémon s'en tirerait très bien.
Finalement, Edward inspira un grand coup et entreprit d'escalader le mur anguleux.


Inquiète, Belinda parcourut frénétiquement la foule du regard, installée bien en vue sur l'estrade en compagnie de son Chacripan. Elle ne vit le gouverneur arriver qu'au tout dernier moment, lorsqu'il monta pour se joindre à ses côtés.

-Merci encore pour votre contribution à cette noble cité, Mlle.Roseraie. Nous attendons maintenant le clou du spectacle ! Je ne vous cacherai pas que je suis plutôt pressé de le voir de mes propres yeux…avoua-t-il. Quand allez-vous donc lever le voile ?
-Cela ne saurait tarder, gouverneur. Je souhaitais simplement prolonger le suspense pour nos invités.
-Bien sûr, bien sûr…

Il s'éloigna de quelques pas en se lissant la barbe. Belinda en profita pour pousser un léger soupir, avant de se tourner en direction du tableau derrière elle.
La surface de l'œuvre était recouverte d'un drap rouge, afin qu'elle puisse-t-être présentée le moment venu. Aussi impatient que la foule, son Chacripan jouait avec un des pompons qui pendaient au bout du tissu.
En vérité, le moment était largement venu de présenter la pièce aux yeux du public, mais Belinda n'était toujours pas sûre de son discours, alors elle faisait durer les discussions des invités et la présentation des œuvres de moindre importance.
N'ayant plus le temps d'hésiter, elle fit signe à Sérac de se joindre à ses côtés, pour lorsqu'elle prendrait la parole.


Arrivé au sommet du bâtiment, Edward se retint de regarder en bas pour approcher du toit en verre. Il espérait de tout cœur que personne ne penserait à regarder en haut lorsqu'il passerait à l'action.
Tout en se penchant avec précaution, il chercha dans la foule un homme avec un haut-de-forme. Surpris, il se rendit compte que son contact avait déjà rejoint l'estrade.

-Oh Virgil, ce n'est pas l'heure que nous avions prévu…Tu passes toujours trop de temps auprès des femmes.

Qui était-elle, d'ailleurs ? D'après les journaux, la galerie était inaugurée par la comtesse Roseraie, mais il n'avait jamais eu l'occasion de voir son visage. Enfin, là n'était pas la question…
Sans perdre de temps, le jeune homme saisit une nouvelle pokéball contenant un Hypocéan.

-Ce sera bientôt le signal, annonça-t-il.
-Céaaan !

Le pokémon flotta à côté de lui.
Le visage tendu par la concentration, Edward continuait à scruter la surface du verre, d'où il avait vue sur tous les invités. Il aperçut également une partie de son reflet, qui renvoyait l'image d'un jeune noble au visage confiant, aux séduisants yeux verts ainsi qu'aux cheveux bruns et drus.
Il sourit, satisfait de son apparence.
Personne ne se méfiait d'un avocat de renom qui avait presque tout pour lui.


Belinda termina son discours sur une voix quelque peu incertaine, puis se tourna brièvement vers Sérac, qui la regardait avec satisfaction. Ce dernier enleva son haut-de-forme, serein.
C'était une sorte de signal, pour indiquer le moment idéal où elle devrait dévoiler le tableau.

-A présent, annonça-t-elle à la foule, j'aimerais dévoiler à nos invités la raison pour laquelle ils sont tous venus. Une œuvre qui a été coupé du monde pendant deux siècles durant…Le joyau de cette exposition…

Elle inspira brièvement.

-Le tableau légendaire, « La Déesse Chantante » !

La seconde suivante, le voile s'abaissa pour laisser place à la peinture tant attendue. Belinda elle-même dû tourner le dos à la foule pour la voir, les Escolda ne l'ayant pas laissée approcher l'œuvre de près lors des négociations.
Elle entendit des cris d'admirations poussés par les invités, tandis qu'elle se retrouvait également ébahie devant le surréalisme de la toile.
C'était le portrait d'une femme mince, à la peau pâle et aux cheveux verts, d'un vert qui inspirait la nature et le bruissement des feuilles. Ses yeux bleus presque animés et vivants transcendaient avec le reste de la peinture, évoquant le cheminement d'une rivière au soleil. La silhouette de la femme était floue, comme si elle était entourée d'une matière dont on fait les rêves, supposant que cet être n'appartenait pas au monde réel.
Située au milieu du tableau, la cantatrice imaginaire semblait entonner un air d'opéra, ses deux mains posées sur son cœur et son regard portant au loin. On pouvait presque entendre ses paroles, distinguer des partitions à partir des formes représentant l'arrière plan du tableau.
Cette chanteuse sortie d'un monde des fantasmes était l'attraction des regards de tous, si bien que Belinda ne se rappela pas tout de suite qu'elle avait à un discours à continuer.

Lorsqu'elle se retourna vers son public, elle entendit un faible bruit de verre brisé. Soudain, la pièce toute entière fut plongée dans le noir.

-Qu'est-ce que…

Des bruits de pas se osant sur le sol retentirent devant elle. Elle plissa les yeux, mais l'obscurité venait de recouvrir tout son champ de vision, aussi Belinda n'aperçut qu'une silhouette indistincte. Son instinct lui disait de se méfier.

-Qui va là ?! Chacripan, attaque…

Son ordre fut interrompu par un cri. A côté d'elle, elle entendit une masse tomber par terre. Le temps que la comtesse se retourne, la silhouette sombre avait disparu de son champ de vision. Elle tenta de faire quelques pas dans la direction où elle était partie, mais son sens de l'équilibre était perturbé par la pénombre. A côté d'elle, son pokémon crachait de fureur, et elle imaginait sans peine sa fourrure hérissée. Qu'est-ce qui pouvait l'énerver comme ça ?

-Aaah…Chacripan, reste près de moi ! souffla la comtesse. Qu'est-ce qu'il se passe ici ?!

D'autres cris s'étaient manifestés dans l'audience, si bien qu'elle avait désormais perdu tout point de repère. Elle perçut également une sorte d'aboiement à l'autre bout du hall, mais elle n'avait aucune chance de voir d'où il provenait.
Belinda se sentit alors plus impuissante que jamais. Elle ne pouvait rien faire d'autre qu'attendre que cette brume noirâtre se dissipe, dépassée par les évènements.

Mais, alors que la lumière revenait peu à peu, ce qu'elle vit lui fit réaliser qu'elle aurait préféré que l'obscurité demeure à tout jamais.

Juste devant elle, le tableau de La Déesse Chantante avait disparu.
Et le corps sans vie de Sérac gisait au pied de l'estrade.

Belinda ne put réprimer un cri d'horreur.



Fin du Premier Chapitre.