La Proie des Lames de Auraman

EDITION SPECIALE !
Le commissaire Jungko, figure de la Poképolice de Doublonville, est activement recherché dans toute la mégalopole pour tentative de meurtre.
Hier soir, dans les environs de minuit, un coup de téléphone anonyme a révélé au commissariat central qu'un terrible meurtre venait d'être commis dans le Parc Naturel. Le commissaire étant injoignable, son adjoint, Négapi, a été rappelé depuis chez lui afin d'emmener quelques policiers voir ce qui se passait.

-Je suis arrivé rapidement, j'avais pris l'une des voitures de police du commissariat, explique t-il. Nous étions trois véhicules à nous précipiter là-bas ; nous avons chacun pris une entrée différente pour optimiser nos chances de retrouver la victime. J'ai trouvé le corps en premier, mais je n'ai pas pu croire ce que j'ai vu hier...

En effet, l'adjoint a trouvé son patron penché sur le corps, les mains pleines de sang. D'après nos sources, le commissaire aurait échangé quelques mots avec son adjoint que celui-ci a refusé de nous transmettre, puis il aurait attaqué son ami avant de disparaître.
Pour ce qui est de la victime, il s'agit d'un Pikachu dont nous ignorons tout ou presque. Quoi qu'il en soit, ce Pokémon a eu une chance folle. Quelqu'un a appelé une ambulance rapidement et celle-ci a pu le sauver, mais il est actuellement dans le coma.

-Nous ne savons pas du tout quand il se réveillera, confie le docteur Kicklee. Il a été sérieusement touché au niveau du poumon droit et a perdu beaucoup de sang. La blessure était très grave, mais grâce à notre travail, ses jours ne sont plus en danger. A moins, bien sûr, qu'il ne meure de vieillesse !

Ainsi, la victime a en quelque sorte été sauvée, mais tant qu'elle est dans le coma, impossible de savoir réellement ce qui a pu se passer, à moins de retrouver la personne qui a téléphoné à la police. Celle-ci mène activement son enquête et a découvert que le témoin a appelé depuis une cabine téléphonique toute proche de la scène de crime. Difficile de savoir qui est le mystérieux interlocuteur qui a discuté avec le commissariat ce soir-là, mais les inspecteurs continuent de chercher des pistes.

Par ailleurs, le commissaire est toujours introuvable. Ses collègues le recherchent toujours, afin d'entendre sa version des faits. Selon l'expert médico-légal, il ne faut pas chercher bien loin pour connaître l'auteur de ce crime.

-Je ne me serais jamais douté que Jungko puisse faire une chose pareille, explique Carmache. Certes, il était parfois un peu agressif, mais il disait toujours qu'il cherchait à faire « ce qui était juste », je cite...Et voilà où ça nous mène. La victime a été frappée avec une membrane tranchante et le commissaire a été retrouvé sur les lieux les mains en sang...Il possède une attaque Lame-feuille, si je ne me trompe pas. Additionnez deux et deux et vous obtiendrez la vérité, aussi terrible qu'elle puisse me paraître.

Le procureur, lui, parle autrement :

-Je ne peux pas croire que Jungko ait fait le moindre mal à ce Pikachu. C'est un Pokémon juste, qui a toujours combattu le crime sans jamais prendre de repos. Il n'aurait jamais commis de tentative de meurtre et il n'avait de toute façon aucune raison de s'en prendre à ce Pokémon. Cependant, étant procureur et en charge de l'enquête, je n'ai pas d'autre choix de demander à ce qu'il soit retrouvé rapidement. Mais il n'empêche qu'une fois que nous l'aurons ramené ici, il sera évident que nous trouverons les preuves de son innocence !

Mais tout le monde n'est pas de l'avis du légiste ou du procureur, qui était un ami du commissaire. Nous avons interrogé le commissaire Raichu, en charge du commissariat ouest. Celui-ci connaît le commissaire Jungko depuis un certain temps :

-Franchement, je ne suis pas surpris. Tout le monde le trouvait bien et tout et tout, mais je l'ai toujours soupçonné de tremper dans des affaires illégales. Et je sais de quoi je parle ! Les commissaires font souvent l'objet de corruptions et tout ça, mais quand, dans mon cas, on est intelligent, on les refuse. Lui, il faut bien l'avouer, n'a pas grand chose dans le ciboulot et c'est pour cette raison que je me doutais bien que tôt ou tard, on entendrait parler de lui non pas comme un héros, mais comme un criminel. Alors si la question est : « Selon vous, le commissaire aurait-il pu commettre ce crime », je réponds immédiatement : « Oui, il est coupable ».

Quoi qu'il en soit, le mobile est pour le moment inconnu de la police. Nous vous demandons donc, si jamais vous croisez le commissaire Jungko, de nous prévenir au 456 555 356 et de nous donner toutes les informations nécessaires afin que la police puisse dénouer cette épineuse affaire et rendre sa justice !

-Foutaises !

Je froissai le journal machinalement et le jetai dans la première poubelle venue. Je n'arrivais pas à croire ce qui était arrivé. Hier soir, avant d'aller dans ce maudit parc, j'étais encore le héros qui avait arrêté le voleur de l'Arceus d'Or et mis sous les verrous les grands criminels du gang du Sable Volant, et aujourd'hui, je n'étais rien d'autre qu'un misérable criminel alors que j'étais parfaitement innocent !
J'étais plus qu'énervé et je me trouvais de toute façon dans une situation difficile. J'étais traqué dans toute la région et tôt ou tard, je finirais par être retrouvé si je n'avais pas de cachette valable. Je me mis à marcher en réfléchissant à tout ce qui s'était passé. J'avais jeté mon imper et mon chapeau dans une poubelle, quelques heures plus tôt, afin de ne pas être reconnu.
J'étais l'un des rares Pokémon à posséder des habits ; la plupart des gens ne s'embêtaient pas avec ça, mais pour ma part, j'aimais porter cet imper et ce chapeau...Mais je n'avais pas eu le choix.

Après m'être enfui de la scène de crime, j'avais erré toute la nuit dans les ruelles de Doublonville, sans jamais m'arrêter afin de ne pas être retrouvé, ce qui expliquait les cernes sous mes yeux. Je tombais de sommeil et n'avait nulle part où aller.
Mon appartement avait été fouillé de fond en comble par les forces de l'ordre et deux policiers patrouillaient en permanence devant l'immeuble. Même en le voulant très fort, je n'aurais pu retourner chez moi.

J'étais donc condamné à marcher dans ces rues, sans savoir que faire. Et pourtant, il fallait que je continue à mener mon enquête, coûte que coûte !
Hier soir, l'Ombre avait fait d'une pierre deux coups en nous neutralisant, Pikachu et moi, j'en étais persuadé. Je ne savais pas comment il m'avait retrouvé, mais une chose était sûre : sans les informations que devait me donner Pikachu, j'étais mal parti. Si je retournais au commissariat, je serais arrêté par mes propres collègues et dans l'incapacité complète de trouver d'autres indices quant à l'Ombre.

Or j'étais bien décidé à en découdre avec cet assassin qui m'avait déjà joué plusieurs mauvais tours ; plus que jamais j'étais déterminé à le traîner en justice. Mais il me fallait déjà découvrir son identité, ce qui n'était pas la chose la plus aisée parmi ce que j'avais à faire.
Les indices que nous avions accumulé ne pouvaient pas être inutiles, il y avait forcément quelque chose à en tirer ! Et puis, il y avait ce qu'avait dit Pikachu hier soir, avant de perdre connaissance.

*
-Trop...tard ! Vous devez savoir...Il...C'est...Il souriait ! Il souriait !
-Qui souriait ? Pourquoi ?
-Vous l'avez vu aussi...sourire ? Il souriait...
*

Il délirait sans doute au moment où il avait prononcé ces mots, cependant, il y avait quelque chose qui m'interpellait. Même s'il n'était pas vraiment conscient au moment où ces phrases étaient sorties de sa bouche, elles devaient tout de même avoir un sens. Et il m'avait dit que « je l'avais vu aussi »...
Petit à petit, les pièces du puzzles s'imbriquaient les unes dans les autres, mais les réponses étaient toujours éloignées. Il me fallait d'autres pièces pour compléter le décor et je pouvais en obtenir une en découvrant qui était réellement le Pikachu qui m'avait donné rendez-vous. Il cachait certainement beaucoup d'autres secrets et...

-Aïe !

J'avais débouché dans une grande rue où la foule passait rapidement et je venais de bousculer quelqu'un. C'était une Rosélia que je connaissais. Je la reconnus immédiatement et tentai de fuir pour me cacher, mais elle me reconnut de suite.

-Vous êtes...

Mais je ne lui laissai pas le temps de répondre et l'entraînait dans la ruelle d'où j'étais arrivé.

-Pas un mot, lui intimai-je. Je suis recherché par toutes les polices de la région et je compte bien résoudre mon enquête avant de me faire arrêter.
-Je n'allais pas vous dénoncer, me répondit-elle. J'ai lu le journal et je suis persuadée que vous n'avez rien à voir avec toute cette histoire. Si vous étiez un meurtrier, vous ne m'auriez pas sauvée l'autre jour, avec cet Ursaring.
-Je suis heureux que vous me croyiez, mais je vais devoir partir maintenant. Je ne dois pas rester trop longtemps au même endroit, cela aiderait trop mes collègues à me retrouver. Oh, et...Désolé pour l'opéra, l'autre fois.

Je commençai à m'éloigner, mais elle me rappela.

-Commissaire, vous avez un endroit où dormir ? me demanda t-elle.
-Je trouverai.
-Si vous avez besoin d'aide, je possède un appartement assez grand...J'ai une chambre d'amis.

Je réfléchis quelques instants. Il est vrai que j'étais épuisé et qu'il me fallait trouver rapidement un endroit où je puisse souffler un peu, mais de là à aller squatter chez une Rosélia aussi raffinée...

-Cela ne me dérange absolument pas, poursuivit-elle.
-Mais je suis recherché...Si on me trouve, vous aurez des problèmes avec la police, vous aussi.
-N'ayez crainte, ils ne me font pas peur. Et de toute façon, il n'iront jamais vous chercher chez moi.
-Cela me gêne d'accepter, mais...ce serait avec plaisir.
-Alors suivez-moi !

Elle me prit la main et nous quittâmes la ruelle rapidement. Finalement, tout n'allait pas si mal.