Chapitre 7 : Aveuglée
Chapitre 7 : Aveuglée
« Boss ! Boss ! »
Un Admin fit irruption dans le bureau du chef de la Team Rocket, à bout de souffle. Il rajusta sa veste et se redressa, afin de se rendre présentable. Giovanni posa les documents qu'il lisait sur son bureau, prenant soin de les cacher à l'aide d'un classeur. Il fit signe à son agent de s'avancer.
« Qu'y a-t-il ? Je t'écoute. J'espère pour toi que ce que tu as à me dire vaut cette irruption inconvenante… »
L'admin balaya une goutte de sueur du revers de sa manche, puis il serra ses mains derrière son dos.
« Nous avons du nouveau dans l'affaire 245. Le traître a été identifié. Nous essayons de le localiser mais cette opération peut prendre du temps. »
« Cette affaire 245, ce n'est pas celle de notre département de recherche, à Celadopole-Ouest, il y a deux ans ? »
« Précisément, Monsieur. »
Giovanni dodelina de la tête et se leva. Il se plaça devant l'agent nerveux.
« Et ce n'est que deux ans après que les gars des renseignements trouvent quelque chose ? Ou bien est-ce l'Admin Marks qui est un incompétent ?! Je vais lui demander quelques explications ! » pesta-t-il.
L'Admin précéda son patron, lui appela l'ascenseur et attendit son départ, après quoi il souffla, soulagé.
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La mystérieuse femme avait été allongée sur une des tables métalliques, qui avait été redressée et rapidement époussetée à la main. Elle était encore sous le choc et balbutiait des mots incompréhensibles, comme délirante. Ses yeux demeuraient clos. Les deux compagnons se placèrent de chaque coté de la table, observant cette dame parler pendant son sommeil. La gamine releva la tête vers le jeune homme.
« Alors, et maintenant ? »
Harvey ne répondit pas. Il fixa la scientifique d'un air inquiet et surpris à la fois. Il avait pointé le faisceau de sa lampe vers le plafond, qui par réverbération, illuminait, quoique faiblement, l'endroit. N'obtenant pas de réponse, la jeune inspecta les alentours. Tout n'était que tables renversées, outils scientifiques disséminés et verres brisés. Un microscope, dont le tube optique avait été brisé en deux, retint bizarrement son attention. Elle le ramassa et effleura l'étiquette qui avait été collée sous le pied de l'appareil, transparente, en plastique, avec un nom en caractères bleus inscrit.
« FutureScience - Département Énergies… » murmura-t-elle pour elle-même, alors qu'elle sondait les reliefs de l'écriture avec son index.
Elle reposa l'instrument au sol et dirigea de nouveau son attention sur la scientifique. Celle-ci commençait à gémir doucement. Elle à revenait peu à peu à elle. Le jeune homme l'observa reprendre ses esprits sans bouger, craignant qu'elle ne délire de nouveau à son réveil.
Lentement, ses yeux s'ouvrirent, papillonnant à cause de la forte lumière qui pointait sur le plafond, au-dessus d'elle. Laborieusement, elle bougea un doigt, puis deux, avant d'entamer une gymnastique lente du poignet. Elle reprenait progressivement le contrôle d'elle-même. Elle observa longuement ses deux compagnons de chevet, alors que ses yeux étaient toujours à moitié fermés. Son regard morne et faible lui donnait une allure fatiguée. Elle tenta d'articuler un mot mais n'y parvint pas. Ses lèvres bougeaient à peine, et les quelques sons qui en sortaient étaient inaudibles. Alors, toujours lentement, elle fixa de nouveau le plafond, tandis qu'elle se raclait la gorge, de plus en plus fort. Ses forces lui revenaient petit à petit. Elle posa de nouveau le regard sur les deux personnes présentes. Elle se releva brusquement et tenta de s'enfuir, mais le jeune homme l'en empêcha.
« Ah ! Vous êtes qui ? Allez-vous en, laissez-moi ! » ordonna-t-elle.
Harvey la tenait fermement par les épaules. Elle se débattait avec rage, tentant d'échapper à cette étreinte. Elle donnait des coups désespérés qui n'atteignaient pas leur cible. La gamine observait la scène tranquillement, les bras croisés. Le voleur essayait de l'allonger de nouveau, non sans recevoir quelques coups de poing.
« Ne me touchez pas ! Laissez-moi partir ! Je veux pas mourir ! » hurla-t-elle.
Un Ectoplasma apparu soudainement au dessus de la scientifique, usant de ses pouvoirs pour la maintenir immobilisé. Elle luttait toujours, bien qu'elle soit encore trop faible pour lutter face aux pouvoirs du pokémon Spectre.
« Calmez-vous, on vous fera rien. On veut juste parler. » dit Harvey.
« Je n'ai aucune envie de me calmer ! Je ne vous fais pas confiance ! La mort est partout, et je ne me ferai pas avoir ! Laissez-moi partir ! Tout de suite » lui répondit-elle d'un ton effrayé.
La gamine, qui s'était bien gardé d'intervenir jusque là, se rapprocha de la table. Elle monta dessus afin de prendre de la hauteur, observer la scientifique de haut. Elle prit une grande inspiration et gifla violemment la jeune femme. Les yeux de cette dernière s'écarquillèrent.
« Faudrait voir à vous calmer, maintenant ! » ordonna la petite.
Lorsque le jeune voleur avait compris ce qu'elle préparait, il avait effectué un infime mouvement. Mais elle avait été plus rapide. Il avait donc observé la scène, les bras ballants, les yeux grands ouverts, inquiet de la réaction que la scientifique pourrait avoir. Allait-elle se montrer agressive à nouveau, ou bien réussir à reprendre raison ?
Alors la scientifique se redressa et s'assit sur le bord de la table froide. Elle fouilla le sol de son regard. Celui-ci s'arrêta sur un instrument, posé aux pieds de la jeune fille, un microscope. Elle le ramassa et examina l'étiquette plastifiée.
« FutureScience… » murmura-t-elle.
La gamine n'osait pas bouger. Elles se touchaient presque. Le voleur les regardait, prêt à intervenir en cas de problème.
« Département Énergies… » reprit-elle après une courte pause.
Elle posa soigneusement l'instrument sur la table et alluma le foyer de lumière. Celui-ci envoya un faible rayonnement orangé. Les initiales S.H apparurent sous la platine.
« Je suis… Sylvie Hatt. Je suis chercheuse en… énergies nouvelles chez… FutureScience. Et vous, qui êtes-vous ? »
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Tranquillement installé dans son appartement de Safrania, Ernest Valont consultait le dossier d'un architecte reconnu de Niocle, un certains Grégoire Brunet. Sa réputation commençait à franchir les frontières de sa région natale, et Ernest avait été tout à fait enchanté de trouver un architecte non-Kantois. Ils trouvaient que ces derniers manquaient de panache. Il ferait construire sa propriété sûrement à Johto, ou bien à Hoenn. Il ne tenait pas à rester à Kanto avec une si grosse fortune, en tout cas.
Il avait également pensé aux Îles Oranges. Les banques étaient respectueuses de la confidentialité des comptes et ne divulguaient aucune information, même aux autorités. Un vrai paradis pour ceux qui ont des choses à cacher, grosse fortune à l'appui ! Oui, il construirait sûrement là-bas.
« Je tiens enfin ma vengeance ! La Team Rocket va enfin payer ! Si puissant soit-il, Giovanni ne me surpassera jamais ! Je le ruinerai, je réduira sa bande en cendres ! Cet imbécile n'aurait jamais dû me défier ! Mon plan est infaillible ! Mon commerce sera l'instrument de ma vengeance et rien ne pourra m'arrêter ! »
Il partit d'un rire diabolique mais se tût aussitôt, se souvenant que les murs n'étaient pas insonorisés dans cet immeuble miteux. Il ne pouvait prendre aucun risque, quel qu'il soit. Il observa la gemme, posée sur la table basse de la petite pièce qu'on pouvait appeler « salon », qui avait permis à son commerce d'exister. Il eut soudain une pensée pour l'homme qui la lui avait rapportée. Une fausse compassion l'envahit alors.
« Comme je plains ce monsieur-là ! »