L'Ombre du Mal de Red-Moon

Le spectacle qui s'offrit à lui, alors qu'il dépassait le col des montagnes, fut sans précédent. Yume n'avait jamais vu de tel paysage. La ville s'étendait d'un bout à l'autre de la vallée et était entourée d'une solide muraille. On y distinguait d'imposantes bâtisses grisâtres, desquelles grouillaient une fourmilière d'hommes et de vacarme. Semblable à un Chartor gigantesque, les nombreuses cheminées ne cessaient de cracher une fumée aussi noire que de l'encre. À mesure de leur avancée, le plumage immaculé du dragon s'abîmait, s'encrassait. Sa respiration s'accélérait si bien que le garçon n'eut d'autre choix de rechercher un autre endroit, dénué de pollution. Peine perdue. Toute la place était contaminée. Soudain, il aperçut un autre bâtiment. Celui-ci se démarquait des autres tant il en imposait. Son aspect attira également l'attention. À travers les brumes se dessinaient des dômes, soutenus par d'incroyables colonnes. En observant plus longuement, on aurait même dit que le haut du palais représentait un visage. Le Raikiri ne peut être qu'ici, pensa Yume.

...

La lumière bleuté dans laquelle baignait la grande salle ne fut troublée que par la flamme d'une bougie. Dans un coin, on avait disposé un autel, muni de runes. Il se trouvait là, à genoux, en méditation sur son avenir et sur les plans qu'il allait exécuter. Un bruit troubla sa réflexion. Il se leva, puis montra une figure particulièrement affable.

- Je suis si heureux de te revoir, mon frère ! Déclara-t-il, toutefois surpris par l'expression de son interlocuteur.
- Haku ? Le... Tu es... C'est toi, le Raikiri ?

Yume afficha un visage mêlant les sentiments de joie à l'idée de revoir son frère, mais aussi de stupeur et de crainte. Cela ne pouvait être vrai : Haku ne pouvait pas être le Raikiri, ce seigneur si cruel dont il avait vu les ravages dans les rizières.

- C'est bien moi, répondit Haku. On m'appelle « Raikiri ». Puis, poussant Yume vers la fenêtre avec un large sourire : Regarde mon domaine. Il est immense, n'est-ce pas ? Il est parfait pour mes projets. Tu arrives juste à temps pour les voir naître.

À cet instant, Yume fut déconcerté. Il se produisit comme un bouillonnement en lui, quelque chose qu'il aurait souhaité exprimer. Il ne parvint qu'à bafouiller :

- Quels sont ces « projets » ?
- Rien de moins que l'évolution du monde ! Je compte changer cette époque moyenâgeuse, dominée par l'obscurité et l'ignorance. Vois-tu, les peuples ici bas ne connaissent que des valeurs que leur inspirent Dialga, Rayquaza ou autres Arceus. Moi, j'entretiens le projet de faire entrer le monde dans une aire nouvelle : l'aire de la modernité. Les usines que tu vois sont le premier palier.
- Quelle sera la... Deuxième étape ? Questionna Ymue, de plus en plus impacté par ces propos.
- Le deuxième pallier ne débutera pas immédiatement. Il faut déjà laisser les installations s'implanter dans les différentes régions. Lorsque cela sera fait, il faudra bien que l'ancien monde s'efface pour céder la place au nouveau.
- En d'autres termes, tu désires détruire la planète ?
- « la planète » est un bien grand mot. Je ne veux que remplacer un monde par un autre meilleur, c'est légitime.
- Qu'es-tu devenu, Haku ?
- Le monde évolué que je propose ne te plais donc pas. Pourtant, cela marquerait en énorme pas en avant pour l'humanité. Nous avons tout à y gagner, tu sais.
- Je suis désolé Haku, je ne partage pas ce point de vue.
- Cela ne m'étonne guère. Tu as toujours eu des projets plein la tête, mais tu n'as jamais su faire quoique ce soit pour les réaliser, dit Haku en se dirigeant vers le petit autel. Puis, comme s'il avait changé d'avis, il marcha vers la grande porte. Soudain, il se retourna et ouvrit sa main, dans laquelle luisaient des pierres d'un bleu mystérieux, à la fois dur et glacé. Je dois partir dés maintenant, dit-il. Il me faut d'autres pierres comme celles-ci, des « pierres Kyurem », sans quoi ma puissance ne serait pas tout à fait suffisante.

En embrassant la pollution du dehors, Yume jeta les yeux au ciel. Depuis le décès de son père, il avait vécu de nombreux chocs. De plus, il ne reconnaissait plus son frère, Haku, avec lequel il était jadis si proche, c'est pourquoi il résolut de l'arrêter. Il devait découvrir où Haku se fournissait en pierres et l'empêcher de détruire le monde. Soudain, des gouttes perlèrent sur ses tempes. Le ciel s'était assombri et se paraît de zébrures bleues. Au milieu des nuages, on apercevait une forme tout à fait noire. Elle semblait énorme et paraissait de la même famille que son propre dragon. Cette pensée bouleversa Yume. Cette créature, était-ce Zekrom, son opposé ? Le garçon ne prit pas le temps de se répondre. Il filait à toute allure puis grimpa sur le dos de sa créature blanche. Désormais, il fallait faire vite. Avec sa grâce habituelle, Reshiram pris la direction des cieux tout en poursuivant la forme noire.

- Pourvu qu'il ne soit pas trop tard ! Pria Yume.

En quelques instants, Reshiram parvint au niveau du dragon noir. Le garçon aux cheveux blancs somma son frère de redescendre, mais l'autre continuait sa route. Haku ignorait son frère. Il volait à travers des nuages couleurs de cendre, comme s'il n'avait jamais été poursuivi. Il se retourna toutefois, lorsque la créature de plumes entreprit de cracher une boule de flammes. Fait incroyable, le garçon aux cheveux noirs tendit simplement sa main marquée d'une emprunte bleue, afin de stopper l'attaque, après quoi il créa de ses propres mains des champs électriques. Reshiram parvint à les esquiver, mais la tâche demeurait difficile. Yume se coucha sur son dragon. Il ferma les yeux, comme pour l'accompagner par la pensée. La bataille de flammes et d'éclairs faisait rage dans le ciel de fumée. Tandis que les frères s'affrontaient avec leurs armes de Gijinkas, les créatures se déchiraient à coups d'attaques dragons surpuissantes. À mesure que les dragons volaient, les nuages devinrent soudain plus sombres, jusqu'à se parer d'une couleur de nuit. Zekrom sembla profiter de cette atmosphère électrique. Sa queue se mit à scintiller d'un bleu profond, puis il envoya une Fatal Foudre redoutable, dont le dragon blanc fut touché de plein fouet. Yume hurla de toutes ses forces avant de choir vers le sol. Le frère observa la scène un bref instant, puis résolut de repartir.











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Note:
Voici ce qui m'a inspiré pour la rédaction de ce chapitre.

La carrière de pierres bleues, sensées donner un pouvoir extraordinaire à leur possesseur vient de Naruto le Film 2, La Légende des Pierres de Guelel, de même que l'entrevue au palais est inspirée d'une scène de ce film.

La ville d'Haku et son plan pour faire évoluer le monde, et le faire passer de la ruralité à l'industrialisation vient directement de notre propre histoire. Je me suis inspiré des idéaux de l'URSS pendant la guerre froide *"Ah mince, l'URSS n'est pas un manga!? Tu es fou de vouloir nous faire ouvrir nos livres d'histoire! On n'est pas à l'école je te signale"* - Je sais >< Mais c'est pour vous "culturiser" un peu chers lecteurs.