L'Apprenti des dieux de Torrak

Le lendemain matin, Ethan se leva. La veille, après que Camille l'eut quitté, il était resté dehors pendant encore quelques minutes. Il lui fallait digérer ce qu'elle venait de lui dire.

Il savait qu'elle était grande et qu'elle pouvait se débrouiller toute seule. Cependant, il ne savait pas pourquoi mais quelque chose le poussait à toujours la protéger. Il comprenait enfin que malgré les apparences qu'il donnait, il ne voulait en aucun cas perdre son amie. Il la connaissait depuis qu'il était tout petit. Il ne se rappelle pas de souvenirs où elle n'apparaissait pas.

Quand ils avaient eu aux alentours de dix ans, il se rappela qu'il était tombé amoureux d'elle. Depuis, cet amour s'était développé, amplifié mais avait aussi changé. Ce n'était plus de l'amour entre deux personnes de sexes opposés. Il était devenu un amour fraternel. Enfin, c'était plus fort que de l'amour fraternel. Ethan n'arrivait pas à trouver de mots assez fort pour le qualifier.

Le jeune homme frappa alors dans le mur de sa chambre. Du sang coulait des petites entailles causées par le choc. Il venait de comprendre que ses actions pourraient bien lui faire perdre l'amitié que lui portait Camille. Elle avait sans doute besoin de liberté pour vivre sa vie, pour être elle-même. Il alla chercher du désinfectant, des pansements et une bande.

Après avoir guéri sa blessure, il enfila une combinaison intégralement rouge bordeaux. Quelques morceaux de tissus étaient blanc nacré et se trouvaient au niveau des épaules, de la poitrine et des mains. Une fois qu'il eut fini de placer correctement les plis de la combinaison, donnée par les profs, il se contempla dans un miroir qui avait été placé dans la nuit.

Ses cheveux bruns d'ordinaire courts d'environ 5 centimètres étaient désormais assez longs pour lui faire une frange qui couvrait son œil gauche. Il se pourrait que la forêt ait accéléré le fonctionnement de son métabolisme puisqu'avant de rentrer d'y entrer ils étaient courts. Sa combinaison moulante faisait apparaître son corps musclé. Les trois jours d'entraînement dans le Colisée avaient fait leurs preuves. Ethan espérait que ça suffirait pour ne pas mourir.

La rencontre des lèvres fut inévitable. La jeune fille ne fut pas étonnée mais ne s'attendait pas à ce que cela se passe ainsi. Elle mit fin au baiser pour reprendre son souffle. Le garçon de 16 ans fit de même. Puis d'un commun accord, se rapprochèrent à nouveau. Elle, jusqu'alors plaquée contre la grille par la proximité du corps du jeune homme, se surprit à lever ses bras pour les placer dans son dos, comme pour l'empêcher de s'enfuir.

C'était son premier baiser, pour lui comme pour elle. Le premier baiser mais sûrement celui qu'ils n'oublieraient jamais. La chaleur que dégageait le corps du dresseur était incroyablement étouffante. Sa petite amie en perdait son souffle d'autant plus vite. Mais elle savourait ce moment, dans tous les sens du terme. Son corps était chaud à tel point que poser ses mains sur lui revenait à se brûler la peau à son contact. Elle s'y risqua. Elle n'avait plus envie de les enlever. Cette sensation de chaleur était telle qu'y goûter signifiait en devenir dépendant. Plus on restait plus on en voulait. Plus, toujours plus.

Camille venait de se réveiller. Elle était dans les bras de Max et venait de se rappeler le baiser qu'ils avaient échangé la veille au soir. En sortant des vestiaires, ils s'étaient dirigés vers les chambres.

Quand Max souhaita une bonne nuit à Camille, celle-ci lui dit qu'elle voulait rester avec lui pour la nuit. Au départ, Max refusa mais Camille insista et il céda. Ils s'endormirent quelques minutes plus tard dans les bras l'un de l'autre. Camille se sentait bien dans les bras de Max. Son bras droit était posé sur ses hanches et l'autre était posé derrière sa nuque. Elle voulait profiter encore un peu de cette proximité sachant que dans quelques heures elle serait en danger de mort à chaque instant.

Elle s'attarda à regarder le corps de Max. Ses yeux, d'un bleu électrique, faisaient ressortir les reflets blonds dans ses cheveux bruns. Ils étaient également quelque peu étirés vers les tempes, rendant son regard un peu plus animal, à l'affût de la moindre proie qui passerait près de lui. Son torse nu, pour dormir en étant à l'aise, était sculpté à la perfection. Il avait quelques poils qui remontaient vers son nombril. Ça faisait plus viril, au goût de Camille.

Il était au environ de 7h30. Les profs avaient ordonné la veille d'être sur le sable de l'arène à 8h30 précises. Ils leur restaient encore une heure pour se dire adieu. Camille réveilla Max en lui traçant des huit avec son index sur son torse. Quelques figures suffirent à le sortir des bras de Morphée.

- Hey cœur ! Comment vas tu aujourd'hui ? demanda t-il la voix un peu enrouée, et lui donnant un baiser sur le front.

- Depuis hier soir, je suis heureuse. Passer la nuit dans tes bras était un délice. J'ai pas envie d'en partir...

- Rien ne t'en empêche !

Camille se tut et laissa un silence s'installer. Tous deux savaient qu'ils pourraient mourir ici. Après un dernier câlin dans les bras et un baiser, les deux amoureux se quittèrent pour se retrouver dans l'arène. Camille prit une douche chaude, et sortit de la salle de bains avec la serviette attachée au niveau de sa poitrine. Elle mit les sous vêtements que l'on avait déposés sur une chaise à son intention. Ensuite elle prit une combinaison rouge entre ses mains pour la regarder dans son ensemble.

En apparence, elle paraissait fine et pas très résistante aux coups. Mais une fois qu'on la portait, elle se révélait être une seconde peau. Elle s'adaptait parfaitement aux courbes de la jeune fille. Des morceaux de tissus blanc nacré se trouvaient sur les épaules, et les mains. La poitrine, elle, se voyait affublée d'une fermeture éclair qui pour Camille resterait toujours montée jusqu'en haut.

Après s'être regardée pendant dix minutes dans le miroir, Camille se décida enfin à sortir pour aller prendre son petit déjeuner. Il était 8h. Bien qu'elle n'avait rien dans l'estomac depuis la veille au soir, elle n'avait pas faim. Elle se força tout de même à manger quelques tranches de pain pour avoir des forces en prévision de ce qui les attendait. Lorsqu'elle eut fini de manger le peu de choses qui avait bien voulu descendre dans son estomac, Ethan entra et s'assit à l'autre bout de la table où était assise Camille.

Le jeune homme la regarda mais détourna vite le regard. Il ne savait pas ce qu'elle pensait de son attitude de la veille et ne voulait lancer le sujet maintenant. Si ils rentraient tous les deux vivants chez eux, il pourra lui demander. En attendant, il entama son petit déjeuner mais n'avala pas grand chose comme tous les autres.

Quand Max et les autres se levèrent de table pour se rendre dans l'arène, Ethan remarqua que sa sœur portait toujours le collier qu'il lui avait offert la veille mais, chose qui le surprit et le laissa bouche bée, elle tenait la main du brun aux reflets blonds. Il voulut dire quelque chose mais aucun son ne pouvait sortir de sa bouche. Il était trop sous le choc pour pouvoir parler. Alors il se leva, et suivit les autres.

- Bienvenue à tous ! déclara Héra dans le corps de Mme. Souche. Vous êtes tous ponctuels. C'est très bien. Alors comme vous le savez depuis trois jours, vous combattrez chacun un adversaire que nous avons choisi pour vous.
Quel sera le terrain, le lieu où on devra vous distraire ? demanda Flo, arrogant.

- La forêt entière vous servira d'arène de combat. Nous avons préparé des sacs et accessoires pour vous aider à survivre durant cette épreuve. Nous les avons dispersés dans la forêt, répondit Poséidon dans le corps de Linofo

- Pourra-t-on utiliser nos pokémons ? interrogea Audrey

- Vos pokémons pourront vous aider à n'importe quel moment excepté durant les combat, répondit M.Bard, alias Hermès. A ce moment vous ne pourrez utiliser que les armes qui étaient disponibles pendant votre entraînement.

- Comment serons nous que le pokémon en face de nous est celui que vous avez choisi ? Demanda Christopher.

- Les autres pokémons que vous croiserez ne chercheront pas à vous combattre. Seul celui qui vous est destiné voudra se battre. Bien maintenant que vous connaissez les règles, nous allons vous conduire chacun à une entrée différente du Colisée, conclut Héra.

Comme il y avait quatre adultes et huit ados, il y eu deux départs. Le premier emmena Audrey, Valentine, Flo et Camille. Chacun partit avec un adulte différent dans une direction différente. Les élèves restants allèrent s'asseoir dans les premiers rangs des gradins en attendant qu'ils reviennent.

La tension commençait à grimper lorsque dix minutes passèrent. Vingt minutes passèrent encore et les dieux revinrent enfin. Ils prirent chacun un ado et repartirent dans des directions différentes de celle de la première vague et différentes des autres de la deuxième vague. Ethan se concentra sur les événements à venir. Il fallait qu'il trouve son adversaire et le tue. Puis il se demanda s'il était prêt pour ça. Prêt à tuer pour sauver sa propre vie. Il l'ignorait mais il savait qu'il ne mourrait pas sans se battre. Il se battrait jusqu'à son dernier souffle. Il fut sorti de ses pensées par une lumière aveuglante au bout d'un couloir, la sortie.

- Arrête toi ! ordonna Mme Souche.

Un silence suivit cette annonce inattendue et quelque peu perturbante. Héra poursuivit :

- Maintenant, choisis les deux armes dont tu pourras te servir pendant les duels.

Le jeune homme prit sans hésiter l'arc, puis réfléchit s'il valait mieux rester à distance avec les dagues et se rapprocher qu'en cas de besoin ou prendre le bâton et enchaîner les coups directement au corps à corps. Héra le pressa, et il choisit alors le bâton.

- Écoute bien ce que je vais te dire, je ne le répéterais pas. La bague que ton amie, Camille t'a offerte pour Noël, contient un pouvoir. En fait, il s'agit de plusieurs pouvoirs différents. Tu peux contrôler la glace, le feu, l'eau, la roche, les plantes, le sol, l'air, l'énergie psychique et l'énergie dragon. Sers t'en au bon moment. Ils te sauveront la vie.

Suite à ça, la déesse le prit par le bras et le traîna presque jusqu'à la sortie.

Ethan était couché dans l'herbe. Duveteuse, douce, et agréablement moelleuse. Il regarda autour de lui. Il se trouvait dans une zone totalement couverte par les arbres. Quelques rayons de soleil traversaient le feuillage dense. On se croirait au crépuscule pourtant il n'était que 9h du matin. Ethan se remit sur ses jambes. Puis une voix s'éleva tant dans la forêt que dans sa tête.

- Lorsque vous entendrez un coup de canon cela signifiera que l'épreuve aura commencé. Vous pourrez aller n'importe où dans la forêt mais ne pourrez pas la quitter.

Un coup de canon retentit quelques secondes après. A partir de maintenant, c'était chacun pour soi.