Chapitre 4 : Fin de contrat
Chapitre 4 : Fin de contrat
« On va marcher encore longtemps comme cela ? Le chemin est escarpé et peu praticable ! Voilà plus de quatre heures que nous progressons dans cet enfer ! »
Le jeune homme expira profondément tout en fermant les yeux. Pyroli, qui trottinait tranquillement à coté de lui, l'observa de ses yeux rouges sombres. Puis il regarda de nouveau droit devant lui, faute de comprendre pourquoi son maître semblait énervé.
La petite marchait derrière, vêtue d'une simple robe bleue, et de sandales inadaptées pour la marche en montagne. Mais elle ne renoncerait pas ! Pas avant d'avoir récupéré ce qui lui appartenait ! Même si elle devait traverser le pays tout entier pour l'avoir. Cet homme lui mentait, c'était évident !
« Je t'avais prévenue ! Si tu veux t'en aller, vas-t-en, je ne t'en empêche pas ! Ca me ferait des vacances, pour sûr ! »
La gamine se redressa. Cet homme-là était décidément tenace. Mais elle tiendrait bon ! Elle était tellement dans ses pensées qu'elle ne vit pas la petite racine noueuse au sol, sur laquelle elle trébucha lourdement. Elle se massa les genoux un long moment. Lorsqu'elle se redressa complètement, Harvey était loin. Elle courut dans sa direction, scrutant chaque centimètre du tapis d'herbe devant elle pour ne pas tomber une nouvelle fois.
« Mais attends-moi ! »
Le jeune homme ne ralentit pas, conservant son rythme soutenu. La gamine reprit rapidement sa place derrière lui, un peu haletante.
La chaleur de midi enveloppait la région. C'était plutôt inhabituel en cette saison. Harvey suait à grosses gouttes, ayant déjà enlevé sa chemise au profit d'un T-shirt, moins lourd. Le pokémon Feu se réjouissait du soleil brûlant, évitant soigneusement les zones d'ombres.
« C'est encore loin ? Je commence à vraiment fatiguer... »
Le jeune homme s'arrêta net et souffla un grand coup. Cette gamine commençait vraiment à lui courir sur le haricot. Il fit vif volte-face, les joues rouges de colère. La fille le regarda d'un air lassé.
« Si tu es fatiguée, tu n'as qu'à te reposer, mais je ne t'attendrai pas ! »
« Ca, je sais bien. Tu n'as fait que répéter ça à chaque fois. Tu ne sais dire rien d'autre ? »
Le jeune homme considéra un moment la gamine. Elle avait prit une mine contrariée, presque insolente. Elle fixa le voleur de ses yeux gris pâles, froids, qui calmèrent immédiatement l'ardeur du jeune homme, se souvenant de la puissance dévastatrice de son Ectoplasma. Il expira longuement et tendit son index en guise d'avertissement.
« Ok, très bien. Nous nous arrêtons pour quelques minutes, mais pas plus ! Tu m'as suffisamment retardé comme ça ! »
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« Monsieur Valont ? »
L'intéressé laissa s'échapper un léger souffle. Son dû n'arrivait toujours pas, si bien qu'il commençait à douter de la bonne foi de la personne qu'il avait engagée. Il se leva lentement de sa chaise et étira de tout son long.
Bien qu'il n'ait pas plus de quarante-sept ans, Ernest Valont avait déjà des traits de vieillard. Ses cheveux grisonnants bataillaient au sommet de son crâne. De larges cernes apparaissaient sous ses yeux rougis de fatigue. De larges et fines lunettes trônaient sur son nez, provoquant des contre-jours aux extrémités des verres.
Il réajusta son manteau noir et se racla la gorge. Il tenait une petite mallette grise dans sa main droite.
« Il arrive ? C'est ça ? » demanda t-il d'un ton plat.
« Oui Monsieur. En réalité, il est déjà arrivé. »
« Qu'attendez-vous pour le faire entrer ? »
« Et bien, c'est-à-dire qu'il est... accompagné. Une gamine se tient derrière lui. Bien que je ne pense pas qu'elle soit un danger pour vous, j'ai cru bon de vous tenir au fait. »
Ernest réfléchit un moment, massant son menton de sa main gauche. Un témoin de plus à éliminer. Qu'elle soit présente ou pas ne changeait rien, elle subirait le même sort que son compagnon de route, c'est tout. Il eut un rire carnassier à cette pensée. Puis il se rembrunit aussitôt.
« Hum, fais-les entrer. »
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La porte de la petite maison s'ouvrit sans bruit. L'homme qui se tenait derrière les invita à entrer. Il leur fit traverser la demeure pour les faire ressortir dans le jardin, où les attendaient cinq hommes, la mine grave. M. Valont se tenait un peu devant eux. Le jeune homme avança vers lui, suivi de près par la gamine plus que méfiante. Il la toisa du regard. Cette dernière n'y fit même pas attention.
« Bonjour Monsieur. Comme convenu, j'ai votre objet. Je veux désormais toucher la récompense qui m'a été promise. »
Sur ces mots, il prit le paquet dans son sac et le tendit à son employeur. Ce dernier parut hypnotisé par la lumière étrange qui en sortait. Il saisit le paquet d'un geste rapide.
« Bien, très bien. Vous avez rempli votre part du contrat. Vous allez recevoir une large compensation. »
Le jeune homme serra les poings si fort que des veines apparaissaient au dos de ses mains. La gamine, elle, demeura dans un état de choc intense, si bien que ses jambes frêles tremblotaient. Ernest les regarda d'un oeil cruel.
« Mais avant que vous ne... partiez, je vais vous expliquer en quoi cette pierre joue un rôle plus qu'important. » Il défit le paquet et exposa la pierre à la vue de tous. Les personnes présentes s'éparpillèrent pour mieux voir. « Ces gemmes sont des cristaux excessivement rares. On dit qu'il ne s'en forme que sept milligrammes par siècle, selon des paramètres géologiques définis et stricts. Vous comprendrez alors sa valeur incommensurable. Nous ne parlons pas en million ni en milliard ici, mais en billions ! D'après les estimations de mes experts, cette gemme de deux kilos vaut trois billions de pokédollars. C'est bien plus que le budget de Kanto, Johto, Hoenn, Sinnoh et Unys en quatre ans réunis !
Harvey sortit de son immobilisme et porta sa main à sa ceinture. Il alla tirer la ball de son Pyroli lorsque deux pokémons, un Feurisson et un Ferossinge apparurent derrière lui, le dissuadant d'agir.
« Les gemmes telles peuvent, selon certains textes confidentiels et cachés aux yeux du monde, créer des portails vers des dimensions parallèles, où les gisements sont très abondants. Parfois, il arrive que certaines particules de ces cristaux « s'échappent » de leur dimension d'origine et atterrissent sur Terre. Maintenant que j'ai le pouvoir d'accéder à cette mine de richesses, je vais, enfin nous, avec mes associés, allons nous faire des fortunes sur le marché noir ! Bien entendu, vous aurez l'occasion de voir ces pierres de près, bien que vous ne pourrez pas en profiter. »
Il inspira très fort. Les deux compagnons n'avaient pas bougé et affichaient maintenant des expressions horrifiées, dont se régalait l'homme aux cheveux grisâtres. Il posa la pierre au sol et demanda à tout le monde de s'écarter. Après quoi il tira une pokéball d'où sortit un Voltali. Sans qu'aucun ordre ne soit donné, le pokémon déchargea son électricité vers la pierre, bien qu'Harvey soupçonna qu'il s'agissait d'autre chose. Vu la mine souffrante du pokémon, il pensait que c'était la pierre qui aspirait ses forces. Puis le Voltali s'écroula, terne et à bout de souffle. Son pelage avait perdu de sa clarté. Ses yeux se voilèrent lentement, ses oreilles pointues se relâchèrent. Il venait de mourir.
Ernest assista à la mort de son pokémon avec une totale indifférence. Il s'approcha de sa dépouille et l'écarta du pied.
« Ce pokémon n'était qu'un simple outil. Ce qui nous attends Là-Bas vaut n'importe quel sacrifice. »
Un bruit strident envahit l'espace. Chaque personne présente se boucha les oreilles, hurlant de douleur. La gemme était devenue noire et commençait à propager une aura obscure autour d'elle. Ernest s'en approcha et tendit la main vers la sphère noire. Un vent glacé en émanait. Il sourit. Ses yeux pétillaient d'une immense joie.
« Voilà où votre aventure s'achève, et où la notre débute. Adieu, monsieur Haster. »
Sans un bruit, et d'un geste complètement mécanique, Harvey et la gamine furent poussés dans la sphère ténébreuse, qui se referma sur eux. Ernest afficha un ultime sourire cruel avant de se retourner vers ses associés.
« Bien, qui veut sa part du gâteau ? »
Un rire malsain résonna en lui, lorsqu'il vit les liasses de billets sortir des poches de ses « associés ». Dès qu'ils auront vidé leur compte en banque pour faire partie de la combine, il n'aura plus qu'a les éliminer à leur tour. Quelle merveilleuse idée !