«Tant que tu n'auras pas rencontré ton dragon et que tu ne l'auras pas dominé, tu seras indigne des aptitudes qu'il te confère.»
« Ne t'en fais pas mon garçon, tu rencontreras ton Âme. Il faut laisser faire le temps, c'est tout. »
Le vent fit scintiller les reflets de ses cheveux. Il attendait là, au sommet de la falaise. D'innombrables questions avaient pris sa tête en étau et il avait jugé bon de se ressourcer, loin de cette agitation, de la pression de ses pensées et de son entraînement. Il songea à son frère. Comment pouvait-il y avoir deux dragons, tandis que la légende ne mentionnait qu'un seul messager ? À moins que... Certes, l'histoire ne fait état que d'un messager humain, mais elle dit également que le dieu des hommes se scinda en deux entités : deux dragons dont l'un éprouve de la pitié pour les hommes et souhaite les laisser en paix, alors que l'autre ne cesse d'éprouver de la rancœur et ne vit que pour la souffrance des hommes. Le garçon s'allongea de tout son long. Les yeux face aux nuages, il s'inquiéta. Il se demandait de quelle partie du dieu il aurait hérité. Un autre souvenir l'envahit alors. C'était celui de sa rencontre avec Kyoshi, son professeur. Aucune des deux parties n'est mauvaise, avait-il dit. Mais à laquelle tu appartiens, c'est à toi de le décider.
Las de cette discussion avec lui-même, le garçon finit par s'endormir. Cependant, même dans son sommeil se bousculaient les souvenirs. Il revit tout d'abord les instants avec son père. Malgré le travail à la ferme et la rudesse de son géniteur, il réalisait à présent comme cette période révolue était agréable. Puis il revit son frère, Haku, souriant. Enfin, il rêva de son entraînement, une semaine plus tôt, lors duquel Komomura Sensei lui avait expliqué le concept d'Âme. Ce mot désignait un Pokemon, présent en chaque être humain, et représentant sa personnalité. Il pouvait être de n'importe quel type. Certaines Âmes étaient communes, comme Roucool ou Nidoran, d'autres étaient puissantes, comme Clamiral. D'autres enfin, légendaires, comme le Reshiram dont le jeune élève aurait hérité. Ainsi, le maître expliquait que chaque homme possède une énergie potentiellement exploitable. Toutefois, seul une élite parvenait à la maîtriser et à rencontrer son Âme. Certains, qui ne faisaient plus qu'un avec leur Pokemon, entrèrent dans le mythe sous le nom de Gijinka.
Le dernier mot du maître se perdit dans une buée blanche. Son visage sombra, lui aussi, dans des bulles grises argentées de toutes tailles. À cet instant, Yume se retrouva seul, au beau milieu d'une étendue blanche immaculée, ponctuée de bulles. De la fumée l'entourait à présent. Elle s'empara d'abord de ses pieds, puis l'attaqua au buste. Enfin, elle l'enserra. Il sentit un étreinte quand la fumée pénétra son cœur. Il eut le sentiment d'être étouffé, de plus en plus fort. Il avait beau se débattre, la fumée envahissait son rêve, dévora son univers, entailla l'intérieur de sa chair.
Yume sortit de son sommeil armé d'un cri de terreur. Il ouvrit les yeux pour découvrir un ciel immaculé. Sur la falaise, un épais brouillard l'entourait, de sorte qu'il ne puisse plus voir son environnement. Il avait le sentiment de revivre son rêve. Cela l'inquiéta. Il se leva et jeta son regard dans toutes les directions. Il n'y distinguait rien, seulement un cri lointain, déchirer les nuages. Le cri recommença. Cette fois, il était si fort qu'il s'en boucha les oreilles.
- KKKIIIAAAHHH !
La créature au cri pourfendeur se montra bientôt. Elle tranchait le brouillard et apparut dans un décors de ciel blanc, sur lequel elle se confondait presque. Yume demeura figé. Sa main lui brûlait, mais il n'y prêta pas attention. Ses yeux furent bien trop fascinés par ce qu'ils voyaient. Un incroyable dragon se mit à voler au dessus du garçon. Son corps démesuré laissait apparaître de fines plumes, blanches et luisantes. De gracieux rubans blancs entouraient sa queue, de même que son cou. Deux grandes ailes partaient de son torse, lequel était orné de larges plumes, semblables à un cœur. Le dragon présentait un long museau et on aurait cru voir la mer et le ciel dans ses yeux magnifiques.
L'imposante créature se posa avec délicatesse sur la terre ferme. À présent face à face, ils se regardaient comme pour se découvrir. Yume n'osait avancer. Il tenta un pas, puis un autre. En tant que réponse, le dragon abaissa la tête au même niveau que le petit homme. Yume put enfin apposer sa main sur celui qui l'avait choisi. Des reflets violets envahirent ses cheveux. Il fut traversé par une énergie puissante, dont il n'imaginait pas l'étendue. Les sentiments se bousculaient en lui. Tandis qu'une aura rouge parcourait son corps, il lui sembla ne faire qu'un avec le dieu.
Ils demeurèrent un long moment ensemble, puis le dragon s'en retourna. Il disparut dans le ciel calmement, mais Yume savait qu'il serait désormais toujours présent à ses côtés.
...
Yume reçut de nouveau la visite du dragon. Tout deux apprirent vite à se connaître et un jour, la bête le pris même sur son dos. Les premiers temps, ils restèrent au sol, puis ils s'envolèrent. Le garçon apprécia l'air léger qui fouettait son visage lorsqu'ils fendaient les cieux. Il aimait voir les paysages de la terre, devenus tout petits. La créature blanche l'entraîna parfois dans ses acrobaties, mais les tours la tête en bas ne faisaient pas peur à Yume, au contraire, ils l'envoûtaient. Personne n'avait jamais visité le ciel comme il le faisait à présent et il profitait de ces moments avec la gracieuse créature comme des meilleurs qu'il ait vécu. Les nuages tournaient autour d'eux, tels une écume légère emportée par l'embrun. Le dragon blanc avait le pouvoir de disperser cette mousse. Avec grâce, il descendit vers les montagnes. On y distinguait un paysage de rizières et quelques habitations. C'est alors que Yume remarqua la présence des travailleurs. Comme c'était amusant de les voir aussi petits que des fourmis ! Toutefois, à mesure qu'ils perdaient de l'altitude, certains détails se présentèrent au garçon. Les villageois qui s'afféraient dans les rizières ne semblaient gère en bonne santé : la tête des vieillards regardaient le sol, tant leur dos était courbé, les enfants portaient des vêtements sales et tous, dans ces champs, apparaissaient maigres et dépourvus de muscles.
- Reshiram, descend ! Ordonna Yume en obtenant l'obéissance de sa bête. Essaie de te cacher dans la forêt, par là-bas, continua-t-il. Il est peu prudent de se faire remarquer ici.
Le garçon entreprit d'aller à la rencontre des villageois. De près, la scène gagnait en horreur. La peau des travailleurs, abîmée, vieillissait leurs traits déjà fatigués. Aucun sourire ne se lisait sur les lèvres et les yeux ne semblaient plus refléter de vie. Yume recula, désarçonné par cette situation. Son expression laissait transparaître son effroi. Personne ne parla. Seul un homme s'excusa d'un signe de la main, certainement à cause de l'apparence qu'il affichait devant un visiteur bien portant, puis indiqua aux autres de se remettre au travail.
- Attendez ! Fit Yume. Dites moi au moins pour qui vous travaillez, pour qui vous vous usez de la sorte !
Aucune réponse ne se fit. Impatient, Yume répéta :
- Pour quel monstre vous forcez vous à mourir ainsi dans vos rizières et votre propre village ? Répondez moi, je vous en prie !
Un homme chauve et bruni par le soleil tourna la tête, visiblement heurté par ces paroles.
- Ne parles pas de mort, dit-il. Nous ne la connaissons que trop bien depuis son arrivée...
- Qui ? Rétorqua Yume. Quelle arrivée, de qui, quand ?
Les questions s'enchaînèrent à un rythme soutenu, n'obtenant qu'une issue de long silence. Un vieillard prit enfin la parole.
- Nous travaillons pour notre seigneur. C'est pour nourrir son armée que nous cultivons du riz. Nous lui fournissons la totalité de notre travail, si bien que pour le reste, nous devons nous débrouiller par nous-mêmes. Dans notre région, l'armée et le fer sont plus importants que tout, vous savez.
- Quel seigneur traiterait aussi injustement ses sujets ?
- Personne ne connaît son véritable nom. Il se fait appeler « Raikiri », l'Éclair Pourfendeur.
Yume rougit de colère et d'indignation. Il ne comprenait pas les motivations de ce seigneur et ne chercherais d'ailleurs pas à les comprendre. La simple vue de ces villageois, exploités comme des moins que rien, le mettait hors de lui. Sa main lui faisait mal tellement elle était chaude. Il résolut de rendre visite à ce Raikiri au plus vite. Après s'être fait indiqué la route, il alla chercher Reshiram et vola en direction des montagnes, d'où la brume sombre des usines de fer s'échappait.

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Note:Voici ce qui m'a inspiré pour la rédaction de ce chapitre.Le concept d'
Âme vient de plusieurs choses différentes. D'abord
Lanfeust de Troy. Je n'avais pas vraiment aimé cette BD / livre, mais j'ai apprécié le fait que chaque habitant possède une faculté qui lui est propre. C'est à peu près la même chose pour ce qu'on appelle Âme dans cette Fic. En suite, les
Gijinkas de Pokemon. Rien de spécial à dire la dessus. Tout le monde sait ce qu'est un Gijinka, hein ? D'autres séries sont à citer, qui m'ont inspiré. C'est plutôt lié à la "mécanique" de l'Âme. Comme le Shakra dans
Naruto, ou le Nen dans
HxH, ou bien encore (mais plus éloigné) à l'énergie Sayan dans
DBZ, une onde énergétique parcours le corps du Gijinka, c'est elle qui lui permet d'utiliser ses pouvoirs. Comme dans Naruto, l y a un certain nombre de portes. Une fois brisées, chez les Gijinka, elles libèrent toute la puissance de l'Âme, et l'homme se transforme peu à peu en Pokemon humanisé... Je précise tout ça, parce que ça pourrait être utile dans mon histoire...
Raikiri, l'éclair pourfendeur. Bien entendu, je ne tromperai personne. Je n'ose même pas prononcer le nom de
Kakashi Hatake -–' (*oups*)