Chapitre 2 : Cauchemar
Chapitre 2 : Cauchemar
Harvey courait toujours, jetant de fréquent coup d'œil par-dessus son épaule. Il semblait que la police ait abandonné... Tant mieux pour lui ! Il allait remettre rapidement le paquet et partir loin d'ici, peut être à Hoenn ou bien à Unys... En tout cas, ce dont il était sûr, c'était qu'il ne remettrai jamais les pieds dans ce fichu pays ! Ah ça oui !
Le jeune homme déboucha dans une toute petite place, une vieille fontaine, qui ne distribuait plus d'eau, était placée en son centre. Les herbes envahissaient peu à peu l'endroit. Plus personne ne venait entretenir. Face à la fontaine morte, deux minuscules bancs en bois, vermoulus, affectés par les années, pleins de souvenirs, de bavardages d'écoliers, d'amoureux et de grands-mères. L'atmosphère était lourde. Le temps semblait suspendu. Le jeune homme eut un frisson. Cet endroit ne lui inspirait rien. Il ne valait mieux pas rester. Il considéra de nouveau l'endroit d'un œil inquiet et se décida enfin à partir.
Harvey souffla, rassuré, en voyant les quelques habitants du quartier. Ils étaient tous réunis. Une fête, sûrement. Pas un mariage, il n'y avait pas de marié. Un baptême ? Non, pas d'église dans les environs. Alors quoi ? Mais après tout, cela le concernait-il ? Avait-il vraiment besoin de savoir ? Non. Mais le simple fait de voir des gens, normaux, le rendait heureux, presque euphorique. Il serra son lourd paquet sous son bras et entra dans la foule.
Après quelques discussions totalement hasardeuses, Harvey en apprit plus sur le sujet. Les quelques habitants fêtaient le renouveau de leur quartier. En effet, le maire de Lavanville avait décidé de rassembler des fonds pour rénover l'endroit et de régulariser les sans-papiers en échange de travaux publics. Un but bien noble en soi... Sans savoir pourquoi, le jeune homme partageait la bonne humeur de ces personnes.
Il se mêla donc aux personnes présentes, fit la rencontre de certains plutôt sympathiques, racontant ses propres anecdotes à quelques bohémiens de passage, riant de bon cœur avec les rares personnes de son âge. Il était heureux.
Sans qu'il ne s'en rende compte, le soleil déclina rapidement. Il avait passé toute la journée avec ses amis d'un jour. Contrairement à ce que l'on disait, les habitants de tels quartiers n'étaient pas rustres... Ils étaient certes moins cultivés que des gens aisés mais ils avaient le sens de la fête, le sens du devoir, le sens de la vie. Au final, ils étaient bien plus humains que les autres. Lorsque la nuit fut tombée, le jeune homme dû se résigner à dormir chez l'un de ses nouveau amis. Une femme s'était immédiatement proposée pour l'accueillir. Proche de la quarantaine, apparemment célibataire, portant une tunique bleue foncée sans manches, ses cheveux courts avaient peine à toucher ses épaules, son regard bleu-vert ne semblait pas connaître la tristesse. Elle souriait. Elle semblait heureuse. Mais il déclina l'offre, un peu gêné. Il ne souhaitait pas l'embarquer dans ses sales histoires. Elle pencha longuement la tête et contempla le jeune homme d'un air pensif. Puis, elle lui sourit, lui disant que cela ne faisait rien, qu'elle n'était pas contrariée. Le jeune homme sourit à son tour, un peu mal à l'aise, et partit, remontant vers les montagnes.
Le Soleil n'offrait désormais plus assez de lumière pour pouvoir s'orienter. Pensant pouvoir rejoindre un centre pokémon avant la fin de la nuit, le jeune homme s'était enfoncé dans la forêt. L'air était frais. Ne pouvant plus avancer, Harvey s'arrêta et s'assit. Il resta immobile un moment puis rassembla les quelques morceaux de bois à sa portée. En,fin, il fit appel à son Pyroli qui embrasa les branches d'une flammèche. Le feu répandait une vive lumière autour de lui. Ils se couchèrent ainsi, le Pyroli recroquevillé sur lui-même, collé contre son maître.
Harvey ouvrit subitement les yeux. Un étrange frisson lui parcourut l'échine. Il observa les alentours. Le feu s'était éteint et la nuit répandait une sorte de lumière bleue foncée. Il faisait froid. Un léger vent soufflait. Le jeune homme s'assit et réfléchit Il il y avait quelque chose de bizarre. Il scruta une nouvelle fois les environs. Puis, son regard descendit, encore et encore, sans rien rencontrer. Il ne réalisa que quelques secondes après. Pyroli n'était plus là. Il se leva et fouilla l'obscurité. Aucune trace du pokémon. Il tenta de l'appeler. Sa voix était tremblotante, résultat du froid, de la fatigue et de la peur.
« Pyroli ? T'es où bon sang ! Pyro ! Reviens ici ! »
Harvey plissa les yeux et tendit l'oreille. Rien. Aucun bruit. Il fit un pas en avant. Il respirait bruyamment, tentant de rester concentré malgré son angoisse. Il balaya une nouvelle fois la zone du regard, cherchant un quelconque indice lui permettant de retrouver la trace de son pokémon. Ne constatant rien, il ralluma un feu et décida de partir à travers les bois, lançant de grands appels.
Plus il avançait, plus l'air était glacé. Plus il progressais, plus cette ambiance bleutée s'intensifiait. Ses mains tremblait. Son regard anxieux balayait l'obscurité d'un mouvement très vif. Sa respiration se faisait de plus en plus rapide, bruyante. Des gouttes de sueurs perlaient sur son front.
Il courrait maintenant. Depuis quelques instants, son regard s'était accroché à une faible lueur dans le noir. Il courrait vers elle, espérant y trouver des réponses. Enfin, il arriva sur les lieux, essoufflé. C'était un petit camp improvisé. Un petit feu, un tapis de feuilles en guise de lit, un paquet posé à coté. Personne. Harvey observa l'endroit. Il ne semblait pas réaliser. Il était tout bonnement revenu à son point de départ, son campement. Il prit sa tête entre ses mains tremblotantes et réfléchit. Il avait, depuis le début, marché droit devant lui... Comment avait-il pu retourner à son point de départ ? Il décida d'abandonner la logique et prit une direction différente.
Cela faisait plus de vingt minutes qu'il progressait dans cette forêt sombre et sinistre. Cette fois ci, l'air se réchauffait. Il commençait à avoir soif. Mais ce n'était pas le moment. Il s'adossa un moment contre le tronc d'un arbre, le temps de se reposer un peu.
Après quelques minutes de recherche infructueuse, le jeune homme arriva aux abords d'un petit ruisseau. L'endroit était calme. En fait, depuis son réveil, la forêt n'émettait aucun son. Les feuilles ne bruissaient pas au vent, les clapotis sonores de l'eau étaient inexistants. Aucun bruit. Rien. Soudain, Harvey crut apercevoir une ombre. Elle détalait le long de la rivière. Le jeune homme l'interpela.
« Hey ! Arrêtez ! Qui êtes-vous ? »
La tâche s'arrêta, apparemment sereine. Elle semblait désormais regarder dans sa direction. Le jeune homme plissa des yeux pour mieux voir. Il se rapprocha encore un peu, jusqu'à atteindre le bord du ruisseau, lorsque soudainement, quelque chose sortit en hâte de l'eau. Harvey tomba à la renverse, surpris et effrayé. Il se releva, encore tremblant pour comprendre. Une ombre lévitait au dessus de l'eau. Elle riait au larmes. Derrière, l'autre riait aussi. Des rires aigus. Harvey se boucha les oreilles. Il ne pouvait plus supporter. Le bruit devenait de plus en plus aigu. Il devint si aigu que le jeune homme ne put résister, et tomba au sol, inconscient.
Harvey se réveilla en sursaut. Sa tête lui faisait horriblement mal, comme lorsqu'on a une gueule de bois. Il plissa les yeux pour se protéger du soleil qui filtrait entre les branches. En effet, il faisait bien jour maintenant. Le jeune homme jeta un coup d'œil autour de lui, anxieux. Puis, il inspecta le campement. Ses affaires étaient toutes là, son colis également. Pyroli, quant à lui, dormait paisiblement, un peu à l'écart. Tout était rentré dans l'ordre. Ne cherchant pas à se remémorer les événements de la nuit passée, et pressé d'en terminer avec son affaire, Harvey réveilla son pokémon et leva le camp, des cauchemars pleins la tête, malgré lui.
Non loin, adossée à un arbre, une enfant, accompagnée de son pokémon, guettait le départ du jeune homme. Elle passa une main dans sa chevelure rousse et ferma les yeux d'exaspération.
« Bon, c'était bien la peine que tu fiches tout en l'air, hein ! Arrête de ne penser qu'a t'amuser ! La prochaine fois, j'interviens seule. Compris ? »
Le pokémon, lévitant au dessus de sa dresseuse, ricana sournoisement. La personne rouvrit enfin les yeux, pleins d'espoirs. Elle allait récupérer ce qui lui appartenait, tout en donnant une petite leçon au voleur. Oui, elle était déterminée à reprendre son dû !