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Les Esprits Pokémon - Premier Tome de LesEspritsPokémon



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Informations

» Auteur : LesEspritsPokémon - Voir le profil
» Créé le 28/02/2012 à 23:14
» Dernière mise à jour le 29/02/2012 à 11:04

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Chapitre de transition (MollyGrue)
L'adolescent gigantesque se déplia lentement et s'extirpa de sa chambre au Centre Pokémon. Il n'avait pas réussi à se reposer de la nuit, sous l'effet de l'excitation. Ce long voyage l'avait épuisé mais il était content de pouvoir participer à la compétition. Il avait posé des congés exprès pour ça, lui qui d'habitude se tue à la tâche et accumule allègrement congés et RTT. Justement, après les évènements très stressants de ces derniers jours, la gamine effrontée, et tout le bazar, prendre quelques jours lui ferait du bien. Il n'avait vraiment pas volé ses vacances, ni son privilège de participer à un tournoi d'envergure. Il avait néanmoins pris une mauvaise décision, celle de voyager de nuit. On ne l'y reprendrait plus ! Il avait été incapable de fermer l'œil, secoué de droite et de gauche durant toute la durée du trajet. Finalement, les vacances, ça serait au retour, quand il pourrait reprendre le rythme tranquille du travail et cesser d'avoir mal au dos à dormir dans des lits inconfortables.

En se massant les reins, Florian fit sortir un bétochef et un lokhlass de leur pokéball, le temps qu'ils s'aèrent un peu. La queue au guichet pour retirer son badge était longue mais elle avançait vite, les employés étaient vraiment très efficaces. Il profita que ses pokémons faisaient des étirements pour les imiter. Lokhlass n'était pas à l'aise sur la terre ferme, il respirait péniblement car sa structure osseuse n'était pas faite pour supporter son propre poids, comme chez la plupart des pokémons cétacés. En s'excusant à mi-voix, Florian lui flatta l'encolure et lui gratta le dessus de la tête. Bétochef fit rouler ses muscles puis donna une série de claques amicales sur la carapace de son camarade transporteur.


Quelqu'un lui tapota l'épaule ; il se retourna, passablement énervé.
- Tu veux quoi ?
Il se retrouva face à une fille minuscule et potelée, le visage pâle comme sous le choc de quelque chose, et qui pointait furieusement son lokhlass en le traitant de dresseur incompétent.
- Dis-donc, protesta-t-il, c'est quoi ton problème ? Espèce de patafion éborgné !
Un chaffreux souffla et hérissa le poil dans les jambes de la jeune fille en direction de Florian.
- Mon problème ? lança-t-elle d'un air de défi. C'est ton lokhlass qui a un problème, son dresseur est un imbécile.
- Qui ça, moi ? Moi ? Je suis un imbécile ?

Il tenta de s'esquiver mais un milobellus lui coupa la retraite.
- Oui, parfaitement ! Il faut être un imbécile aveugle pour ne pas se rendre compte, d'une, que c'est dangereux pour un lokhlass de se retrouver sur la terre ferme, et de deux, qu'il y a un bassin profond cinq mètres sur ta droite, derrière la haie !
Florian lui lança un regard furax et remonta ses lunettes.
- De quoi tu te mêles ?
Florian se surprit, l'espace d'un instant, à vouloir défier en duel cette petite femme un peu grosse et lui apprendre à se mêler de ce qui la regarde, mais il se reprit et rappela Lokhlass et Bétochef en grommelant.

- Oh, mince alors ! s'exclama la jeune adolescente en apercevant le monde qui piétinait en file indienne. Avec la queue qu'il y a, j'espère que je vais avoir le temps de retirer mon badge avant la fermeture des guichets !
- Pas d'inquiétude, la file avance vite, rétorqua Florian avec humeur.
- Mais les guichets ferment dans deux heures, et la cérémonie d'ouverture a lieu à midi ! gémit la jeune fille. Et arrête de me suivre ! Je suis déjà assez stressée comme ça, j'ai pas besoin de me faire filer le train par qui que ce soit !
Florian s'immobilisa quelques secondes puis la rattrapa, plus furax qu'avant.
- Je ne te suis pas, je vais dans le même sens que toi, c'est pas la même chose ! De plus, je n'ai pas d'ordre à recevoir d'une espèce de... de... De patafion éborgné tel que toi ! J'ai un boulot important qui me demande du temps, je n'ai pas que ça à faire que de « suivre » ta médiocre personne !
- C'est toi le patafion éborgné !
L'adolescente semblait au bord des larmes.
- Oh, arrête un peu ton char, ça prend pas avec moi, le coup des larmes de crocodile ! protesta l'adolescent. Et puis j'ai un nom ! Je m'appelle Florian ! Le grand Florian ! Souviens-t'en parce que dans quelques années, mon nom sera partout dans tous les commerces de haute technologie !

La fille ne répondit pas, mais elle tourna la tête en faisant « humpf ! » d'un air vexé, toujours larmoyante. Florian, agacé, tenta de mettre un terme à cette comédie en concédant de prêter quelques minutes d'attention à la gamine éplorée.
- Bon, puisqu'on est aux présentations, c'est quoi ton nom ?
Il ne fit aucun effort pour cacher qu'il n'en avait rien à cirer.
- Julie ! répondit-elle en reniflant après un instant d'hésitation. Et, continua-t-elle sur un ton presque hystérique, le jour où le Grand Florian me passera sous le nez dans mon cadre professionnel, je me ferai une joie de lui montrer qu'il n'est pas le seul à avoir un « travail important ». Et tu me feras le plaisir, Ô Grand Florian, de me lâcher les baskets, ou je te signale aux autorités.
L'adolescente aux cheveux ébouriffés n'avait pas l'air de plaisanter, mais elle semblait également au bord des nerfs et à deux doigts d'éclater en sanglots.
- Mais puisque je te dis que je ne te suis pas ! grogna Florian avec humeur.
- Zgrmbl, rétorqua la blonde en cachant ses larmes.

Julie tremblait. Elle n'aimait pas ce garçon, sa grosse tête, sa façon de se croire supérieur à tout le monde. Et en plus, ce n'était vraiment pas le moment de lui chercher des crosses. Surtout quand on est un tas de muscle avec un cerveau de la taille d'un petit pois et un ego surdimensionné. Le stress de l'attentat était toujours aussi intense. Bon sang, elle aurait pu être prise dans les explosions ! Si elle n'avait pas eu besoin de se préparer pour le voyage, elle serait passée dans la rue, juste au mauvais moment !
Elle en frissonnait encore de la tête aux pieds. Elle avait l'impression, régulièrement, de revivre la scène, la façon dont elle avait appris la nouvelle, la panique qui l'avait saisie à l'idée que certains de ses proches auraient pu avoir été touchés, et puis, cette crampe au ventre, lorsqu'elle s'était rendue compte que ça aurait pu être elle, que ça aurait pu être elle. La moindre ombre lui semblait suspecte à présent, elle cherchait des yeux les propriétaires des paquets suspects, passait devant les poubelles fermées comme si elle avait le feu aux fesses. Et toujours, toujours, les genoux qui tremblaient, et la scène qui repassait sous ses yeux, malgré elle, la nouvelle, les appels téléphoniques, la terreur au ventre, la réalisation, ses proches, le téléphone, la nouvelle...
Elle secoua la tête en retenant ses larmes. À quoi pensait-elle donc ? Il n'y avait aucune raison de craindre quoi que ce soit dans ce lieu surpeuplé. De toute façon, Chaffreux était trop attentif, il saurait la prévenir en cas de danger, lui éviter le destin fatal qui aurait pu être le sien si elle n'avait pas eu besoin de se déplacer pour le tournoi.
Encore une fois elle se frotta les cheveux vigoureusement. Le tournoi, elle devait se concentrer sur le tournoi ! Elle avait encore le temps pour le reste !

Mais qu'il arrête donc de la suivre, enfin !

L'air un peu blasé, Robin soupira en contemplant le couple d'amoureux qui se disputait dans la file d'à côté. Ah, ces jeunes, toujours à jouer à « je t'aime – moi non plus ». Un sourire amusé sur le visage, il fixa ce couple atypique, la petite blonde potelée qui enguirlandait le grand tout musclé et un peu penaud parce qu'il ne s'occupait pas bien de son lokhlass, parce qu'il devait arrêter de la suivre, parce que ci, parce que ça...
Il bâilla un bon coup et se frotta les yeux. Qu'est-ce qui lui avait pris d'accepter de participer à ce tournoi ? Et qui donc avait rédigé la lettre d'invitation ? Il semblait être le seul de tout le village à en avoir reçu une. Pourquoi lui ? Pourquoi pas un autre ? Qu'est-ce qu'on lui voulait, au final ? Il ne reconnaissait pas l'écriture de la lettre, et le tampon de la poste ne faisait référence à aucun lieu. Même la date était effacée.

Robin n'avait pas l'habitude de paniquer face à ce genre de situation ; il y avait forcément une explication mais, plus il en cherchait une, moins il en trouvait. Il décida de laisser tomber, arrivant au guichet.
- Bonjour, carte de dresseur s'il vous plaît...
Il la tendit obligeamment alors que dans son dos, une fille aux cheveux roses n'arrêtait pas de se répéter « Allez ma fille, c'est pas le moment de flancher ».
- Un problème ? demanda-t-il entre ses dents.
- Allez ma fille c'est pas... pardon ?
- Un problème ?
- Oh, pas grand-chose, j'essaye juste de contrôler mes nerfs. C'est quand même une occasion très spéciale, je suis un peu nerveuse...

Saisi d'une impulsion soudaine, il lui répondit :
- Bien entendu ! C'est une occasion qui n'arrive qu'une seule fois par existence ! Ne voudrais-tu pas pouvoir te dire, d'ici dix ou vingt ans, que tu as eu le courage de t'inscrire et de participer ?
Elle sembla surprise par sa réponse, puis un sourire éclaira son visage.
- Je vois que nous sommes du même avis ! Je suis contente de voir que l'esprit du tournoi est encore partagé par de nombreux concurrents !
- Avancez je vous prie... s'impatienta l'employé derrière sa vitre.
Robin se glissa de côté mais attendit poliment la fille aux cheveux roses, dont il saisit le nom au vol : « Mégara ».

- Merci de m'avoir attendue ! sourit cette dernière en le rejoignant. Je suis un peu perdue dans cette foule.
Elle avait l'air gêné.
- C'est pas grave, la rassura Robin. Moi aussi je suis un peu paumé, car j'ai fait le déplacement juste avec mes pokémons.

Ils pénétrèrent dans la salle d'attente où tous les dresseurs étaient rassemblés avant la cérémonie d'ouverture. Assis à une table, un grand garçon barbu et nerveux accompagnait un autre sportif, métis, encore plus grand, qui tentait tout son possible pour faire sourire son camarade.
- Benji, Benji, Benji, continue de déprimer en silence comme ça, et je t'adule comme le dieu des éteignoirs.
Le barbu ne répondait toujours pas.
- Allez, mon grand ! Qu'est-ce que c'est, ça ?
Il tendit ses doigts en avant, comme pour pincer quelque chose, et frappa la table à plusieurs reprises, du bout des doigts, l'air très sérieux.
- Medhi, laisse-moi, je suis pas d'humeur...
- Un troupeau de ça ! répliqua le dénommé Medhi.
Et il frappa la table de son index tendu.
- Allez Benji, insista Medhi, souris !

Une fille très jolie se leva et parla quelques instants à Medhi, tout bas. Ses gestes attentifs et son regard inquiet trahissaient une vie au service des autres. Sans doute était-elle infirmière, médecin, assistante de vie, ou quelque autre profession médicale au contact quotidien des malades. Après avoir échangé un regard de connivence avec le jeune homme, elle se plaça face à Benji, leurs nez se touchant presque. Ses jolies fesses étaient bien mises en valeur par sa position.
- Souris, chat, la vie est belle !
Les yeux de Robin lui en sortirent des orbites. Il n'avait jamais vu une fille aussi canon de sa vie. Les yeux verts, les cheveux bruns bien lisses, un peu plus jeune que lui, elle respirait la générosité mais aussi, la nervosité des personnes qui ne supportent pas que tout ne se déroule pas selon le plan.
- Souris, chat ! répéta la Miss Univers.

- C'est bon, on a fini de faire la queue, tu peux arrêter de me suivre, là ! grogna Julie à l'adresse de Florian.
Elle lui écrasa le pied de toute la force de sa rage et de son stress, comme pour se débarrasser de ces obsédantes visions, du téléphone devant ses yeux, de la peur au ventre qui la reprenait encore et encore. Interprétant son geste comme une dispute de couple comme il s'en passe tous les jours, Mégara pinça le bras de Robin tout en pouffant de rire et en les désignant du menton.

Le dénommé Benji leva alors la tête. Ses yeux plongèrent dans ceux de la fille canon qui tentait de lui remonter le moral. Cette dernière se mit à bredouiller des trucs à toute vitesse, parmi lesquels il était possible de discerner qu'elle s'appelait Kahina. Ses yeux s'ouvrirent tout grand, comme s'il venait de comprendre quelque chose. Il tourna la tête vers la foule, cherchant visiblement quelque chose. Les gens allaient et venaient dans la salle, il crut un moment sentir comme quelque chose en apercevant une autre personne au loin, mais l'impression disparut rapidement. Il avait beau se concentrer, il ne parvenait pas à créer à nouveau avec quelqu'un d'autre le même lien, la même impression de lien, qu'il avait eue en fixant la jeune fille devant lui. Peut-être n'était-ce après tout qu'un effet de son imagination.
L'image obsédante d'un dracolosse apparut devant lui, puis plus rien. Le barbu releva la tête vers son ami Medhi, dont le trouble était bien visible.

- Secouez-vous les cocotiers ! s'exclama un employé. Dernier appel à tous les dresseurs ! La cérémonie d'ouverture va commencer !