Chapitre 12 : Aube
Il me repoussa gentiment et Lisa arriva vers moi observant les alentours parsemés de corps ensanglantés ou d'autres gémissaient la mort grignotant leur conscience. La plupart des gens encore debout s'avéraient être des résistants qui semblaient occuper à fouiner chaque bâtiment. Ils recherchaient quelqu'un mais qui ? Je me relevai et tapai mes vêtements.
Lisa me prit la main, l'inquiétude se lisait sur son beau visage.
- C'est fini ? Vous cherchez des fuyards ? Vous avez eu Monsieur ? Vous savez s'ils ont réussi à informer l'Etat ?
- Les fuyards se font traquer ; Monsieur est en fuite ; quant à une transmission d'informations je crois pas qu'ils en aient eu le temps. C'est ce que je vais aller voir d'ailleurs, si vous pouvez allez participer à la rechercher de soudards ou aider là où il y a besoin.
Ajrarn partit vers la plus grande tour avec toutes ses antennes.
Nous restâmes planter là avec Absol qui s'amusait avec un cadavre. J'eus peur en voyant tous ces cadavres alignés et que certains préparaient déjà une fosse commune un peu plus loin du bourg. Tout le monde travaillait connaissant leur fonction mais nous…
- Attend, Den ; Ajrarn ! cria-t-elle en courant vers ce dernier, je la suivis intrigué. Vous êtes tous des Résistants ?
Il hésita, puis ouvrit sa bouche :
- Personne ne vous a mis au courant à l'extérieur ?
Nous répondîmes négativement de la tête.
- Maudits supérieurs, la moitié d'entre eux sont des rebelles dans ce camp. Pour avoir connaissance du plan qui nous concerne demandez l'Informateur, il réside en bas de la montagne c'est lui qui a réparé votre bateau. Vous n'étiez même pas au courant pour ce soir ?
- Non, dis-je à sa stupéfaction.
Ajrarn repartit bougonnant, tandis que Lisa se retournait et me dit d'un ton guilleret :
- On y va ?
*
*
- Je refuse catégoriquement à rejoindre votre troupe d'élite pour une représentation dans les bagnes ! Beuglai-je dans le microphone. Je me fous de la paye, de vos femmes ou de quoi que ce soit d'autres. Je tue dans l'art et ne fais pas de boucheries ! Merde !
-… Treès bien, monsieur le Sion, articula-t-il contenant sa colère. Je suis le Grand Maire n'oubliez pas, si vous avez des choses intéressantes à dire vous savez à quel numéro me joindre.
Je jetai le microphone et m'affalai dans mon fauteuil poussant un soupir d'exaspération.
- Fait chié ! Murmurai-je avec haine.
Tout s'était déroulé comme prévu. Les Résistants, à présent, s'installaient sans se douter d'être filmés par nos caméras. Tout jusqu'à que quelqu'un demande l'appui d'une troupe d'élite et à la base nous sommes sensés y participer, sauf que les ordres disaient qu'o n ne participerait pas aux combats, des ordres approuvés à Kanto et suggérés par moi.
Le visage enfoui dans les mains je cherchai à sortir de cette impasse. Si je restai coincé des hommes chercheraient à me tuer et de même pour mes collègues, je devais veiller sur eux aussi, j'étais leur responsable.
Le temps s'égrena lentement sans que je vois d'autres solutions qui me mèneraient à un meilleur chemin. Non, je devais fuir la contrée et les autres se débrouilleraient avec les instances.
Je préparai mon bateau à ce long périple en le mettant en mode discret et je lui désignai sa destination. L'ordinateur calcula tout et annonça la mise en marche des moteurs.
Tranquillement je me réfugiai dans mon bureau où je pouvais voir toutes les scènes des bagnes.
*
*
Nous arrivâmes au mini-port sans problème croisant quelques personnes affairées qui entraient et sortaient de la mine. Et nous pûmes voir une nouvelle aube se lever tranquillement avec cette couleur orangée, que Lisa trouvait magnifique.
Cela me fit plutôt sourire de voir la mer qui léchait la grève. Et je pus apprécier d'entendre passionnément son chant mélancolique, mais aussi le vent chargé en sel rafraîchissant nos visages chargés de vision d'horreur. Ce fut avec nostalgie que nous aperçûmes notre bateau tanguant doucement comme s'il nous hypnotisait. Renflouer à la mer et on lui avait administré une nouvelle couche de peinture qui le rendait neuf. A le fois je le reconnaissais et à la fois non, son apparence avait changé, mais ses souvenirs restaient à l'intérieur. Notre premier baiser ainsi que la rencontre de Beren qui fut décisive pour notre avenir.
Un sourire se dessina sur son visage en le voyant.
Un homme sortit de l'abri la mine impassible et son regard trainait sur les choses qu'il voyait. Il ne me plaisait guère mais d'un autre côté une étrange impression de mystères gravitait autours de lui.
L'étrange homme se séchait les mains avec un chiffon quasiment noir qu'il attacha à sa ceinture. Puis il nous fit un signe de tête.
- C'est donc vous Lisa et Den ? Ma foie, vous avez l'air de deux gringalets bien faibles. Alors que voulez-vous ?
- Savoir où est l'Informateur et s'il peut nous expliquer les plans ?
- Vous l'avez devant vous et concernant les plans que voulez-vous savoir ? Qu'on vous a relégué au plan le plus dangereux mais aussi un des plus importants ?
Je restai figé devant les propos toutefois Lisa ne perdit pas contenance et semblait même être au courant . Elle enchaîna :
- Non, c'est pour connaître les plans des opérations car tout le monde est au parfum, sauf nous.
- Ah ! Que ça, tenez cette clé dont le contenu peut-être lu par toutes les machines explique les ordres et ce qui est prévu, quelque chose si tout se passe bien mais y paraît qu'il y a un plan de secours prévu aussi.
IL nous donna une clé U.S.B. des plus banales, rectangulaire et petite. Puis il retourna vaquer à ses occupations en sifflotant nous ignorant royalement.
- Tu viens ? Lui demandai-je en me retournant vers le bateau, un sourire aux lèvres.
- Oui.
*
*
J'étais la risée.
Assis sur une chaise confortable autours d'une table ronde où se réunissaient les gens les plus sages et influents. Je participai à une réunion de crise. Crise de quoi ? Rébellion organisée dans des endroits dits enfers vivant. Cette rébellion avait démystifié les lieux en question et l'information censurée n'avait pu être retenue, comme la haine ne peut-être retenue.
Moi, parmi cette réunion je n'avais qu'un intérêt : répondre à des questions et émettre une hypothèse sur où je m'étais trompé. Pour l'instant mon intervention les avait tous bluffés… Ca aurait dû être mon procès et voilà que j'avais réussi à l'éviter. Comment ? Par un « je ne sais pas » lancé au Leader alors qu'il me posait une question. Maintenant de sa part j'avais une grimace, pour sourire, et il me demandait une hypothèse de ma défaite.
Tous ricanèrent silencieusement à la dérobée se moquant de moi. Je n'en tins pas compte.
- Leader, je n'en sais rien. Cela vous convient-il ? Mon système des plus rigoureux avait une faille donc je n'ose imaginer pour les autres. Vermilava a subi le triple de mes pertes car il avait encore plus de failles que mon système. Je ne peux formuler d'hypothèses sinon que les Services de Renseignement ont de la cire dans les oreilles et de la merde dans les yeux. Pourquoi personne n'était au courant ?
Je les bluffais une fois de plus. Les ricanements s'étaient tus et le directeur des Services de Renseignement avait blêmi et se trémoussait sur son siège faisant un piètre sourire. Il savait que mon raisonnement était juste et que c'étaient eux et lui plus particulièrement en tort. Ils devraient s'aligner sur ma position.
Le Leader poussa un soupir d'exaspération.
- Vous avez quelque chose à réfuter dans ses propos ou il dit vrai ?
- Nos agents sont opérants, néanmoins aucun ne m'avait prévenu de tels agissements ou de telles planifications. Tout le monde sait que depuis quelque temps la Résistance prenait de l'ampleur mais de là à…
- Que faire ?
- Anéantissons-les dans leur bagne, ainsi personne ne pourra se révolter et ils auront perdu pas mal d'hommes. C'est radical mais sûr, émit le Grand Maire avec résignation.
- Trop radical même et barbare aussi, réfuta le chef des bagnes. Je ne cautionne pas. En revanche gardons le plan initial, c'est-à-dire l'autorité qui fait le ménage et en même temps il faudrait isoler les plus grands résistants.
- Trop longue à appliquer, intervins-je m'attirant ainsi tous les regards. Il faut leur tendre un piège et attaquer quand nous serons sûrs de tous les tuer, du moins l'armée qui viendra aux bagnes. Toutefois on pourrait tuer tout simplement les plus grands résistants ou ceux soupçonnés, ça pourrait déstabiliser leur plan.
- Puisque tu as des idées je te confie la tâche de taire cette révolte, trancha le Leader avec son regard de fantôme.
Le Leader était un homme qui aurait pu être beau sans toutes ces cicatrices parcourant son visage, s'il aurait eu des cheveux sur son crâne, si on ne lui avait pas greffé ce bras d'acier et sans ce regard meurtrier fou. Ses yeux étaient bleu clair mais trop clair que ça en devenait effrayant. Aussi il y avait ce bras, résultat de maints tests, pourtant la technologie et la beauté restaient archaïques néanmoins ce bras était connu pour avoir broyé des gorges. Cet être décidément plus beaucoup humain arborait un rictus de haine perpétuellement, son visage était gravé pour une seule expression : la haine. Il demeurait très pâle et ne portait que cette tenue : une robe bleue foncée à manches longues sauf pour le bras mécanisé, et la robe tombait jusqu'aux pieds pas chaussés.
Bref, l'homme le plus bizarre et inhumain qui m'ait été donné de rencontrer. C'était le seul à pouvoir à m'inspirer la peur.
- Tu prendras tes fonctions à l'Ila Myokara, ton unité d'élite y sera. Quant aux chasseurs ?
- Je prendrai contact avec leur chef demain et si la réponse est négative leur bateau exploseront. Il n'est pas question de les laisser vivre s'ils ne servent à rien pour nous.
Le Leader hocha la tête puis s'en alla.
La séance était finie.
*
*
- Alors ? Vous savez le plan maintenant ?
- Oui, mais qu'attendons-nous pour fortifier ou aller attaquer avant qu'ils ne s'organisent ?
- Nous attendons le feu vert des supérieurs. En attendant allez dormir un peu. A votre réveil j'aurai une mission pour vous. Enfin du moins Ajrarn m'a dit de vous faire passer le message.
- Mais l'aube se lève, me plaignis-je n'ayant guère envie de dormir.
L'Informateur claqua sa langue.
- Reposez-vous tant que vous pouvez !