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Tout ce que vous avez voulu savoir sur Noël de Drad



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» Auteur : Drad - Voir le profil
» Créé le 09/02/2012 à 15:41
» Dernière mise à jour le 09/02/2012 à 15:41

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Tout ce que vous avez voulu savoir sur Noël
C'est Noël. On pourrait revenir d'un exil de 24 années sans notion d'heure, on saurait que c'est Noël. Les décorations lumineuses, les sapins à chaque bâtiment, les publicités rouges et or à chaque coin de rue, les échos des chants de ce jour béni pour certains, agaçant pour moi. Sérieusement. C'est toujours la même rengaine chaque année, la période d'Halloween passée, où les Cadoizo heureux remplacent les Spectrum flippants, les cadeaux donnés avec un faux sourire de seul geste généreux de l'année prenant la place des Mimigal en plastoc cachés avec mesquinerie sous vos affaires, et où le vieux gros papi bon-vivant qui est à l'entrée de toutes les cheminées détrône la Mort censée vous rendre une visite éclair un de ces jours.
Le Père Noël. Encore une de ces aberrations créée pour je ne sais quelle raison depuis je ne sais quand. Franchement. Qui peut croire à un gars qui distribue les jolis petits joujoux en entrant chez vous (que ce soit par la cheminée ou par une autre ouverture telle qu'elle soit, tant qu'elle est crédible pour un gamin), pile la nuit du 24 au 25 décembre chaque année, mangera les gâteaux pour ceux qui en auront déposé, remplira ce qu'on met aux pieds (chaussons ou chaussures, suivant le quartier apparemment) pour ceux qui les auront laissés, sortirait par la même ouverture en riant tout seul « Ho ho ho ! Joyeux Noël ! » et qui repartirait pour la maison suivante sur un traîneau volant tiré par des Cerfrousse magiques, et qui répèterait le même manège en une seule nuit, et ce pour tous les gosses de la planète ? Moi, on me parle à l'heure qu'il est d'un généreux sans ami sénile, qui rentre par effraction chez toi la nuit en bouffant tes gâteaux et qui fume je ne sais quoi, je rigolerai. Mais non. On nous a raconté ça quand on était des petits enfants innocents, et on nous a prit pour des cons avant de casser nos rêves un beau jour. Comment est-ce qu'on a pu inventer une histoire pareille ? Comment est-ce qu'on a pu gober une histoire pareille ? Et arrêtez, avec ce même refrain chaque année à la même époque, ces mêmes décos, ces mêmes pubs, ces mêmes chocolats, ces mêmes cadeaux. Je ne clame pas d'abandonner Noël, je clame de changer Noël.

Changer Noël. C'est ce qu'on a voulu faire, en partant le fêter à Ilôt-Eté. Changer Noël tu parles. C'est le même gnagna, sauf qu'il ne neige pas, que tout le monde est bronzé et en manche courtes. Enfin, pour les humains, étant donné que nous, on est rarement habillés. Sauf quand des personnes qui se croient drôle aiment te planter un bonnet rouge et blanc à pompon sur le crâne.

Ce bonnet qui ridiculiserait même un buisson, je m'en étais débarrassé depuis un moment. Je sentais le vent chaud sur mon museau, malgré le fait que j'avais décidé d'aller me balader sur la plage. Que voulez vous ? Quand il fait chaud, il fait chaud partout. Même une nuit de décembre. Je les avais abandonné depuis un moment, mon dresseur et ses amis ; ils ont à peine débuté le dessert. Je serais de retour bien assez tôt pour faire ma bouille souriante de réveillon, et je l'entendrai dire, tout fier : « C'est bien Typhi ! C'est mon Typhlosion à moi, ça ! » Mais ça n'aura rien changé, de venir sous les tropiques.


Le ciel était dégagé. Les étoiles brillaient. Dont une plus fortement, comme chaque soir. Le bruit des vagues et le roulement des galets créaient un agréable fond sonore. Mais pourquoi on se fout de la gueule de tout le monde avec cette histoire de Père Noël ? Même après qu'on soit au courant que c'est un mensonge ! Pourquoi ?! Ça s'est passé en un éclair. L'étoile qui brille vachement scintilla, une étoile filante apparut, raya le ciel nocturne, et la lueur vint s'écraser soudain dans le sable, laissant une trainée de poussière éclatante dans son sillage. J'accourus vers le point d'impact, quand une petite personne toute illuminée se releva du tas de cailloux microscopiques :

- C'est pas possible ! Je vous jure ! Y a vraiment des abrutis !

Une apparition me faisait alors face : une nana, humaine à première vue, en bikini, qui aurait certainement plu à mon dresseur, avec deux frêles ailes roses qu'on eût dit pailletée comme greffées dans le dos. La créature maugréa, à mon adresse visiblement :

- Ça va pas ?! Z'êtes complètement chtarbé de demander à l'Etoile du soir – renforcée par l'Esprit de Noël, qui plus est – la vérité à propos du Père Noël ?

Je balbutiai, toujours émerveillé par cet être :

- Heu… Je… Je voulais pas vous…

Elle continua :

- Z'êtes censés vous contenter du Père Noël quand vous savez pas que les vœux, ça existe, et quand vous êtes en âge de comprendre qu'est-ce qu'un vœu, on vous dit que c'est des conneries ! Personne – surtout de votre maturité, à ce que je vois – n'est censé demander d'autres explications, merde !

Je l'interrompis :

- Excusez-moi si je me pose des questions.

- Vous devriez pas. Vous allez finir par vous rendre compte de la réalité.

- C'est justement ce que je souhaite, affirmai-je.

Elle planta son regard dans le mien, et répéta mes paroles :

- La vérité ?

Je hochai la tête, bien qu'un peu beaucoup flippé.

- Ok ! Tant pis ! s'exclama-t-elle en haussant les épaules. Le Père Noël n'existe pas.

Révélation du siècle.

- Sans blague ?! feignis-je de sourire.

- Sérieusement, approuva-t-elle. C'est moi qui est inventé cette légende à deux Poké. Le Père Noël, c'est moi !

Aïe. J'étais sidéré, pour ne pas dire sur le cul.

- Hein ?! Vous vous fichez de moi ?

- Du tout. Bon, évidemment, je ne suis pas le « Père Noël » à proprement parler. Je suis La Bonne Fée de Noël !

En fait, ça devait être une folle qui faisait une soirée en jet privé et qui a confondu la porte des waters avec celle d'entrée.

- Bien sûr. Ça tombe sous le sens, c'est certain, répondis-je sarcastiquement.

« La Bonne Fée de Noël » tourna le dos :

- Si tu me crois pas, c'est pas grave. Après tout, j'ai juste été envoyée par l'Etoile du Soir sous l'effet de l'Esprit de Noël.

- Oh, ça va ! soufflai-je. Arrêtez avec vos histoires pour les moins de 6 ans !

- Exact, l'entendis-je sourire. Des histoires pour les gamins. C'est ce que j'ai voulu en propageant cette légende de Père Noël il y a des siècles. Il m'a suffit de la souffler à un morveux qui est allé le dire à ses parents, les parents, trouvés l'idée meilleure que d'expliquer leur problèmes d'argent, l'ont communiqué aux autres parents, etc. Avec le temps, l'histoire est restée et s'est consolidée de tout ce que les publicitaires et autres badauds voulaient y rajouter. Au moins, si un jour quelqu'un se mettrait en tête de chercher la Père Noël, il chercherait n'importe qui sauf quelqu'un comme moi !

Ça, c'était certain.

- Ouais, peut-être… Mais, comme tu l'as confirmé, le principe du Père Noël est impossible ! L'idée même de distribuer des cadeaux est débile ! Alors je vois pas comme tu…

- J'ai jamais dit que j'en distribuai, lança-t-elle, les talons toujours face à moi. Vois-tu, moi, j'envoie des idées !

J'étais quelque peu interloqué :

- Pardon ?

- Genre les idées cadeaux. Genre les soudains élans de générosité. L'idée des primes de Noël, c'est bibi, affirmait-elle en se pointant du doigt. Il m'arrive aussi de remplir les porte-monnaie. Mais c'est uniquement en cas d'urgence optimale.

Je croisai les pattes ; j'étais (bien entendu, hé hé hé) sceptique :

- C'est ça. Et avec une baguette magique, peut-être ?

- Comment tu le sais ?! s'exclama-t-elle vivement, faisant virevolter ses ailes délicates.

Je haussai les épaules :

- Une intuition.

Puis La Bonne Fée soupira, pleine de tristesse améliorée par son fantastique jeu d'actrice :

- Hélas… A cause… (elle me foudroie du regard) D'UN CERTAIN ABRUTI… (elle fait sa comédie) ma baguette-magique-toute-dorée-à-donner-des-cadeaux-aux-gens-histoire-de-faire-plaisir-au-moins-une-fois-dans-l'année m'a échappée lors de ma chute…

Elle se tourna mélancoliquement vers la Jungle Olive, bordant le hameau :

- Je suis certaine qu'elle a chu quelque part dans ces contrées lointaines et obscures…

- Lointaines ? C'est à vingt mètres du village ! coupai-je en cassant son effet. Et comment tu peux savoir qu'elle est tombée là-bas ?

- JE LE SAIS !

Et elle se remit à chouiner :

- Sans mon artefact, plus de Noël… Mais en plus… Je suis condamnée si je ne le retrouve pas avant minuit… Qui… Mais qui peut donc m'aider à le récupérer… C'EST PAS COMME SI LE COUPABLE ÉTAIT À CÔTÉ ET QU'IL RESTAIT PLANTÉ LÀ COMME UN CON À ATTENDRE QUE JE…

Je la coupai net, ayant compris :

- C'est bon, calme-toi. On va la chercher, ta baguette-machin-chose.

Elle m'agrippa alors la patte et me tir avec une force phénoménale en hurlant :

- VITE ALORS ! ON A QUINZE MINUTES !


Il faisait chaud. A la limite, la chaleur étouffante, je peux supporter, normal. Mais l'humidité en plus, et la pluie diluvienne qui s'abattait sur la jungle couleur olive noire par ce temps et à cette heure de la nuit… Je n'ai qu'un truc à dire : vive Noël sous les tropiques. Sans parler de l'autre nunuche qui se plaint toutes les trois secondes.

- Il reste plus que sept minutes ! Bouge-toi ! Cherche !

- Mais je fais que ça, chercher !

- Menteur ! Tu l'aurais déjà trouvé, sinon !

Là, je sens que je vais craquer. Ça faisait 480 secondes que je me tuais les yeux à scruter ardemment chaque recoin éclairé par ma collerette, on ne peut plus pressé par le temps, et l'autre s'occupait de garder son bikini et ses ailes roses sèches. Quand cette mijaurée hurla en me faisant limite chopper une crise cardiaque :

- LÀ ! DES POKÉMON INSECTE !

Ce fut la Ceriz sur le gâteau :

- MAIS LA FERME !

Puis, après une profonde inspiration, je crachai un puissant jet de flammes dans la direction pointée par l'autre abrutie, en balayant la zone. On entendit couiner, puis plus rien.

- Je sais pas ce que c'était, mais c'est K.O.

Je m'attendais à une réaction du style : « Quelle incommensurable puissance de feu ! T'as vraiment trop la classe ! Merci beaucoup de m'avoir sauvée ! », du genre de celles qui effacent les attitudes pesantes que le personne a pu avoir, du genre de celles qui te glorifient, qui te confortent dans ton évidente puissance, puisqu'après tout, elles te conviennent parfaitement, vu ton niveau, mais non :

- T'ES TROP DÉBILE ! T'AS FAILLI ME CRAMER MON BRUSHING ! C'EST MALIN !

Je vociférai :

- OH, ÇA VA, HEIN ! JE PEUX TRÈS BIEN ME BARRER ET TE LAISSER CREVER ICI ! NOËL, J'EN AI RIEN À BATTRE !

Elle sembla soudain choquée :

- Mais…

Je continuai à rugir sous la pluie, perdu dans la végétation luxuriante à 23h55 le soir du réveillon de la fête en question :

- Exactement ! J'en n'ai rien à battre de Noël ! C'est rien qu'un foutu prétexte pour offrir des cadeaux une fois par an à tout le monde ! C'est pas ça, la générosité ! La générosité, c'est tout le temps, tous les jours ! Alors, si ton boulot, C'est de rendre les gens sympathiques une fois par an seulement, je suis désolé, mais tu sers à que dalle !

Mes dernières paroles résonnèrent dans la jungle profonde, entre le bruit des gouttes sur la cime des arbres. Puis la nana ne bougea plus. Je restai immobile aussi. Nous restâmes plantés là à nous regarder droit dans les yeux, ruisselant de pluie, avec cette chaleur caniculaire, le tonnerre commençant maintenant à se faire entendre. La Bonne Fée de Noël s'approcha, s'éleva jusqu'à ma hauteur, et lança sèchement :

- Noël, c'est une tradition. Noël, ça apporte le bonheur et la joie. Noël, ça rend heureux. Alors, si mon boulot est de rendre la planète heureuse au moins un jour par an, alors je ne pense pas servir à que dalle.

Un éclair déchira le ciel. Le tonnerre gronda une seconde fois. Je n'avais pas tort. Elle n'avait pas tort. Aucun de nous deux n'avait tort. Et chacun de nous deux le savait. Puis elle s'écria d'un coup, redevenant hystérique :

- LÀ !

Elle me contourna, et vola à travers une bonne portion de jungle, en esquivant les arbres un par un, comme si elle savait parfaitement où aller. Je lui courus après, bien qu'épuisé par cette nuit qui n'était pas du Poffin. Je suivis La Bonne Fée de Noël jusqu'à une clairière, le ciel grondant et les étoiles cachées pouvant être désormais remarqués. Des pierres blanches et des restes de construction parsemaient le lieu-dit ; apparemment d'anciennes ruines. Mais, ce qui avait à priori fait filer La Bonne Fée, c'était le scintillement doré qui persistait à côté d'une colonne effondrée depuis des siècles. Le machin-truc-bidule qu'on cherche depuis dix ans (enfin, quatorze minutes, mais vous m'avez compris).

- MA-BAGUETTE-MAGIQUE-TOUTE-DORÉE-À-DONNER-DES-CADEAUX-AUX-GENS-HISTOIRE-DE-FAIRE-PLAISIR-AU-MOINS-UNE-FOIS-DANS-L'ANNÉE !

Bref, elle bondit dessus comme une furie. Et ce fut le drame. La Fée hurla de terreur, et vint illico presto se réfugier derrière son sauveur (moi), l'objet doré en question se souleva, lévitant, et de grands yeux rouges soulignés d'un horrible sourire vicieux apparurent en plein milieu. Un éclair flasha l clairière ; j'aperçus « l'objet ». Aucun rapport entre une baguette et un sarcophage, hm ? Bah, d'un point de vue féérique, faut croire que si, apparemment. Le Tutankafer, tel le boss de fin de l'histoire avec l'orage dantesque, le vent hurlant, la tempête tropicale de toute sa fougue et deux être inconscients venus le défier comme parfait tableau, nous fit face et nous maudit :

- Imbéciles… Vous allez subir l'impitoyable courroux de ma malédiction… Vous n'auriez jamais dû profaner ce lieu sacré en y pénétrant, ce lieu qui fut jadis la demeure de…

Puis je lui KRASHAI DU FEU DANS LA FACE, comme le souligna très distinctement La Bonne Fée de Noël lors de la dite attaque, plus communément appelée Surchauffe. Le Tutankafer prit la poudre d'escampette vite fait bien fait.

- Hourra ! s'écria La Bonne Fée. On l'a vaincu !

Je voulus protester que c'était moi, qu'elle n'avait pas fait grand-chose à part faire réagir l'ennemi, mais bon, passons. Un autre problème me tracassait : si l'objet doré était Tutankafer, alors… Où est cette foutue baguette magique ?!

- OÙ EST CETTE FOUTUE BAGUETTE MAGIQUE ?! s'écria La Fée, qui ne fit que confirmer mes pensées.

Aïe. Ça ne sentait pas bon, ça. Je demandai l'heure, à tout hasard. Elle s'égosilla :

- IL RESTE TROIS SECONDES !

Deux. Elle se jeta dans mes pattes. Une. J'entendis des cris « Joyeux Noël ! » provenir d'Ilot-Eté. Zéro.


Elle resta dans mes bras. Je bégayai :

- Hum… Ça te dérangerait de ma lâcher ?

Elle rouvrit ses yeux, et me lâcha. La Bonne Fée de Noël se tâta le corps, la tête, les ailes, tourna sur elle-même en virevoltant, sans donner plus d'explications, et ayant l'air perplexe.

- Bah quoi ? Sois heureuse ! lançai-je avec un (tout petit) sourire.

Lorsqu'elle s'exclama :

- Ah ! J'ai une explication !

Rempli d'espoir en attendant le fin mot de cette histoire, je fus toute ouïe :

- Elle était là ! Dans ma poche ! s'exclama-t-elle joyeusement en brandissant la fameuse baguette le plus simplement et normalement du monde.


Franchement, je m'étais retenu de lui cramer son brushing. Enfin, disons qu'elle m'a de suite après téléporté pas loin du lieu de réveillon où j'entendais mon dresseur m'appeler, qu'elle m'a remercié même si j'avais servi à que dalle, et puis elle est repartie vers les cieux comme elle était venue, c'est-à-dire en étoile filante, en lançant « Hi hi hi ! Joyeux Noël ! » C'est tout. Aussi simplement et rapidement que je vous l'ai décrit. Finalement, je me dirigeai vers la soirée de réveillon que j'avais quitté, histoire d'aller rassurer tout le monde que je suis toujours vivant. Je regardais l'Etoile du Soir boostée par l'Esprit de Noël sur le chemin. Je souris. Depuis ce soir là, j'ai su pourquoi Noël était Noël. Et je fus également conforté dans la véracité d'une révélation : le Père Noël n'existe pas.