Chapitre 11 : Semence
Une semaine était passée depuis notre arrivée à Autequatia. Une semaine rythmée par exploitation et repos. Nous étions tous deux rompus physiquement comme moralement. Comment réfléchir à un plan d'évasion si on arrivait même pas à tenir debout un jour sur deux ? Ce qui me rassurait c'est de savoir que trois quart des promesses n'étaient jamais tenues, du moins c'est ce que m'a sorti Lisa quand je m'étais excusé de ne pas pouvoir tenu la promesse. Elle avait rajouté avec un petit rire nerveux : « projet chimérique » (originellement titre du premier chapitre).
Malgré la situation peu brillante j'avais ri avec elle.
Depuis le temps était passé s'installant en une habitude, routine et le pire est qu'on commençait à s'y habituer. Comment dérégler quelque chose si les autres le réglait à ta place ? Nous étions dans une impasse ou plutôt nous creusions notre propre tombe.
Le seul élément positif en une semaine : j'avais cartographié le village et sa disposition tout en indiquant la fonction des bâtiments. Lisa avait tout cassé en émettant l'hypothèse qu'une base secrète pourrait être non loin. Elle avait rajouté que pour l'instant nous ignorions trop de détails pour agir.
Et bien entendu je nous voyais mal enquêter en espionnant. Risquer sa vie oui, mais en cas extrême et pour l'instant la situation ne s'y prêtait pas, heureusement.
En contrepartie après avoir cartographié la ville je me demandais le nombre de personnes résidant ici. Lisa avait conjecturé cent à cinquante personnes, chiffre dérisoire en comparaison du nombre de personnes à Lavandia et à son New-Lavandia immergée et souterraine. Je me fiais à elle tout en me demandant comment entrer en contact avec des prisonniers. A part Ajrarn nous ne connaissions personne, pendant la période de travail tout le monde piochait la tête basse. Quant à l'allée ou au retour personne ne semblait enclin à la parole.
Parfois, je me surprenais à me demander s'ils étaient humains. Comment pouvait-on vivre sans parler ? Sans vouloir s'exprimer ? Leur avait-on fait subir un lavage de cerveau ? Etait-ce dû à la somme de travail ?
Où allions-nous ? Vers une impasse…
Je me tournais dans le lit pour enlacer Lisa, trouvant du réconfort à toucher son frêle corps chaud et palpitant.
Profiter de l'instant présent.
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Je trépignais d'impatience.
Le discours à la Tour des Communications avait été une réussite brillante. Kanto mis au parfum m'avait contacté à dessein de garder la manœuvre établie. Toutefois, seul moi serait monté en grade pour mon savoir faire indéniable pour faire parler, aussi, en partie, pour mes idées.
Par conséquent la première manœuvre était d'attendre que la Résistance bouge et qu'elle réussisse à contrôler une partie de la région.
Dans ma salle de contrôle j'usais mes yeux pour examiner une énième fois la carte de la région.
La rebellion ne pourrait venir que des bagnes, des terres négligées des politiciens. Si elle prendrait racine là-bas, Eternara pourrait vouloir contrôler le Chenal entre Pacifiville, New-Algatia et Atalanpolis. Axe principal de la région.
La suite je ne pouvais la prévoir mais cette révolution se propagera à vitesse grand V. Et je verrais mal quelqu'un la stopper.
Soudainement j'entendis un bruit derrière moi.
Je me retournai pour trouver la provenance parmi tous ces écrans de contrôle qui surveillaient les bagnes. Je trouvais finalement et restai bouche bée.
Sur un écran de contrôle une personne assassinait les Sbires et sur un autre écran une personne envoyait des signaux.
Vermilava et Autequatia… Des bagne à la réputation excellente, ils seraient sensés être aussi durs que la roche. Jusqu'à quel point le gouvernement s'était-il fourvoyé ?
Je lançai alors un message à tous mes collègues Chasseurs :
« Vermilava et Autequatia seront la semence. »
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*
Du bruit résonnait dehors. Des cris d'hommes et de pokémons, une alarme assourdissante me cassait les oreilles. Elisa à demi-levée dans le lit me regardait comme si c'est moi qui produisais les bruits. J'étais plutôt effrayé, on pourrait tenter une sortie mais si on se faisait avoir… quels risques encourait-on ?
- Den … Il y a un courant d'air quelqu'un a ouvert la porte d'entrée, gémit-elle en empoignant le drap jusqu'à que ses phalanges pâlissent.
J'étais en caleçon debout, au milieu de la pièce l'oreille tendue, écoutant les bruits extérieurs et intérieurement je maudissais le destin. Quoi de plus flippant qu'une personne pénètre chez vous à votre insu ? Si c'était irréel je serais bien heureux de vivre cette situation.
Je dus faire quelques pas en avant, frissonnant à cause de ce maudit courant d'air, mais aussi de peur. Mon cœur battait fort dans sa misérable cage, j'avais posé ma main sur la poignée, drôlement froide. Et le petit éclairage de la lampe de chevet rendait les choses quelque peu effrayante.
Je tirai la porte.
Le couloir s'éclaira un peu.
Je risquai quelques pas dans le couloir pour constater qu'il n'y avait personne. Silence absolu.
Des mains je tâtonnai pour trouver l'interrupteur et avec empressement j'appuyai dessus. La main d'un homme apparut soudainement enserrant, tels des serres, ma gorge et me fit tomber à la renverse.
Lisa cria d'effroi.
Avec panique je me débattis faisant des mouvements désordonnés qu'il écartait avec force. Puis un instinct prit le dessus et je pris une pokeball et avec un coup de pied bien placé, je l'obligeais à me lâcher. Je fis sortir le pokémon qui était un mythique Absol avec sa robe blanche chatoyante, ses yeux rouge sang. Et il possédait une musculature développée.
Le pokémon annonciateur de changements poussa son cri, peu féroce mais l'homme lut sa mort. Il baragouina quelque chose d'incompréhensible, toutefois je ne retins que sa tenue. Un ennemi.
- Tue cet homme, dis-je ne réfléchissant pas ces mots sonnaient bizarres dans ma bouche.
Absol sauta derrière et plaça un coup de patte dans la nuque de l'homme, un coup puissant et l'homme s'écroula raide mort sans aucun doute. Je ne ressentis rien.
Je rappelai le pokémon et regardai Lisa.
- Nous ne devrions pas rester ici, habillons-nous et allons voir ce qui se passe dehors. Si la rébellion va l'emporter on se casse.
Elle hocha la tête et s'exécuta immédiatement.
Je jetai un dernier regard dans le couloir et ensuite rejoignis Lisa pour m'habiller, au préalable j'avais fermé la porte et laissai à disposition la pokéball.
Cela fini, nous fîmes une sortie timide dans les pièces de la maison constatant qu'il avait été le seul intrus. J'entrouvris la porte pour voir l'extérieur qui était complètement illuminé par de puissantes lumières. Et il était évident que la rébellion gagnait, il y avait cet espèce de front maintenu par les pokémons servant l'insurrection.
Lisa me tapota l'épaule et me montra Monsieur qui aboyait des ordres à ses larbins tous désaccordés. Victoire inéluctable, toutefois il fallait porter un dernier coup pour les abattre moralement et semer une panique.
- Si on le fait l'insurrection aura raison et peut-être pourra-t-on rejoindre la Résistance, conjectura-t-elle d'un ton détaché. On ne pourra pas toujours fuir ;faisons face.
J'enrageai. Elle avait raison, mais la peur me tenaillait en plus c'est moi qui avais la pokéball. Maudit destin !
Je lâchai le pokémon et partis en courant vers le dirigeant du camp ou plutôt le despote, il ne m'avait pas vu. Parfait.
D'un coup, suite à une attaque, un écran de poussière se fort néanmoins je courais toujours jouissant pour l'instant de cette invisibilité, tout en espérant qu'il n'aurait pas bougé.
- Den, attention ! Cria Lisa non loin derrière moi à mon étonnement.
Je tournai la tête et vis une forme passer, quelque chose m'attrapa, me fit un salto avant. Je tombai sur le dos, sonné ne sachant plus où était terre et ciel. Je dus poser mes mains sur le sol pour que mes sens reviennent. Alors je distinguai Absol regardant quelque chose à travers l'écran de fumée qui descendait petit à petit comme s'il dévoilait un tableau.
- Absol, attaque la chose, dis-je repartant vers Monsieur.
Au fur et à mesure je vis une forme se dessiner, je fis une accélération pour me jeter sur lui, immobile. Pour quoi n'avait-il pas bougé ?
- Oui, moi aussi je suis content qu'on ait gagné, saligaud, mais là tu me fais mal, me lança joyeusement Ajrarn.
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Du haut de mon Libegon j'observai la piètre victoire éphémère des Résistants. Un message avait déjà été envoyé aux miliciens. Une unité d'élite allait éradiquer la vermine. Vermilava et Autequatia… Attaques simultanées et réussites à un détail près.