L'Ombre du Mal de Red-Moon

Le vieil homme était là, au milieu de la plaine. Assis dans l'herbe, il semblait dormir dans le vent. Yume se plaça devant lui. Il resta debout, peut être une demi heure, puis il s'assit à son tour. Il guetta un mouvement de l'autre, en vain. Le garçon luttait contre le sommeil qui le gagnait. Plusieurs heures passaient, sans que son interlocuteur de bougea. Il avait bien essayé de l'interpeller, il avait même hurlé, mais rien ne fonctionna. Comme un sourd, le vieil homme restait de marbre, les yeux fermés et la tête droite. Le soleil continuait sa course dans le ciel. Bientôt, il atteint son zénith. L'hiver s'était installé dans la vallée et l'avait recouverte de son épais manteau blanc, mais elle avait épargné la plaine aux herbes folles qui dansaient dans la lumière. Yume avait froid. En croisant ses bras, il se demanda si le vieil homme ne fut pas congelé. Il entreprit de savoir s'il respirait encore, aussi s'approcha-t-il doucement. L'homme ouvrit soudain les yeux. Yume sursauta :

- Vous m'avez fait peur, dit-il. Voilà toute la matinée que j'attends. Il faudrait songer à autre chose qu'à dormir.
- J'avais remarqué ta présence. Tu es venu à l'heure, c'est bien.
- Que faisiez vous pendant tout ce temps alors ?
- Je méditais.
- N'a-t-on rien d'autre à faire, comme m'entraîner par exemple ?
- Oh, petit Chenipan se réveille. Voilà plus d'un mois que je t'entraîne, mon garçon.
- Vous plaisantez !
Le vieux de poser son doigts sur la bouche de son jeune élève : la patience est le meilleur allié de celui qui veut aller loin.

- Maintenant que tu es ici, il est tant que je t'explique la partie théorique de ton apprentissage.
- En quoi consiste-t-elle ?
- Avant d'utiliser tes pouvoirs, tu dois apprendre à manipuler l'énergie divine, à la maîtriser.
- D'accord, mais... Je n'ai aucune énergie en moi. La dernière fois, j'ai juste fais apparaître une boule de feu avec ma main.
- La dernière fois, n'as-tu pas ressenti des vibrations dans ton corps ? N'as-tu pas tremblé ?
- Si !

L'homme approuva. L'énergie divine, dit-il, circule en permanence dans le corps, au même titre que le sang. De plus, elle réagit avec l'environnement extérieur, en conséquence de quoi, lorsqu'on désire utiliser cette énergie et qu'on la maîtrise, on peut la faire circuler à sa guise de manière à la concentrer dans la partie de l'organisme voulue. Ainsi, pour faire apparaître du feu dans sa main, il suffit de concentrer suffisamment d'énergie au sein cette dernière. Cependant, l'énergie divine doit être utilisée avec justesse. En effet, la capacité échoue s'il n'y a pas assez d'énergie. D'un autre côté, une utilisation trop intense pourrait entraîner la mort. L'homme expliqua également qu'il existe autant de types d'énergie qu'il y a de types de Pokemon. Les principaux éléments en sont le Feu, l'Eau, l'Électricité, la Terre, l'Air et l'Énergie Psychique.

Durant des semaines entières, Yume s'exerça à la maîtrise de son énergie. Son professeur lui fit faire de nombreux exercices. Tantôt le garçon dû tenir deux boules de feu dans ses mains tout en restant en équilibre sur un pied, tantôt il dû chasser avec pour seule arme ses capacités. En même temps qu'il s'entraînait, le maître lui expliquait des éléments concernant l'énergie divine. Lors de ses déplacements dans le corps, elle pouvait passer par sept portes différentes. Celles-ci suivaient le cours de la tête, du dos et deux d'entre elles se terminaient sur les jambes et les pieds. Elles garantissait le bon fonctionnement énergétique et évitait sa surcharge en un seul endroit. Aussi, l'endommagement de ces portes pouvait entraîner la mort car, l'énergie n'ayant plus de tuteur, elle écraserait chaque muscle et chaque organe. La méditation était nécessaire afin de solidifier ses portes. La position assise occasionnait un bon alignement grâce auquel l'énergie divine pouvait se fluidifier, s'intensifier et se renforcer. Ainsi l'entraînement se composait-il autant de méditation que d'exercice physique intense, afin que le corps puisse suivre comme il convient l'évolution de l'énergie.

Yume suivait la plupart du temps son entraînement avec entrain, qu'il pleuve, qu'il vante ou qu'il neige, mais il y eut parfois des jours où la fatigue le gagnait. Il n'aimait pas vraiment la méditation car ses pensées se reportaient toujours à ce qu'il y aurait d'autre à faire. Il fit souvent preuve d'impatience et parfois, les disputes éclatèrent :

- Je ne lui ai rien demandé, à ce Reshiram !
- Tu ne sais pas ce que tu dis. Tes pouvoirs doivent servir au pont, rappelle toi.
- Puis je ne vous connais pas, en fin de compte. Voilà plusieurs semaines que je vous appelle « sensei » sans même savoir votre nom. Qu'est-ce qui m'empêche de terminer ma formation sur le champ et de ne plus jamais vous revoir ?
- Je m'appelle Kyoshi Komomura, c'est bon pour toi ? Alors remet toi au travail.

Yume maîtrisait de mieux en mieux l'énergie dont il était pourvu. À présent, il pouvait cracher une immense rangée de flammes avec sa bouche. Il se battait parfois contre de puissants Haydaims, mais il préféra les conserver comme robustes adversaires, plutôt que de manger leur viande de soir. Bientôt, l'apprentissage du feu ne lui suffit plus. Il débuta l'entraînement de nouvelles aptitudes redoutables. Il fut alors capable d'utiliser des pouvoirs de dragon. En tendant les bras vers l'avant et en ouvrant ses mains, il parvint à faire apparaître un redoutable rayon entouré d'un halo tourbillonnant bleu violet. Kyoshi lui expliqua que toutes ces capacités correspondaient à des attaques dont les Pokemon de type Feu ou Dragon pouvaient prétendre.


...


Un soir, Yume rentra à la ferme. Son maître lui laissa du repos, jugeant qu'il maîtrisait désormais bien son énergie. Il lui conseilla néanmoins de s'exercer tous les jours. Alors qu'il pénétra dans la cour, le garçon aux cheveux blancs violets aperçut une ombre. Il partit aussitôt à sa rencontre :

- Haku ! Haku, mon frère, tu es revenu !
- Bonjour Yume. Tu m'as beaucoup manqué, tu sais.
- Toi aussi, tu m'as énormément manqué. Tu dois avoir froid et faim, rentrons.

Les deux garçons se déchaussèrent. Ils préparèrent ensemble le repas, après quoi ils s'assirent à table, comme à l'époque de leur père. Ils se regardèrent longuement afin de mieux mesurer l'étendue de leurs changements. Ils avaient beaucoup évolué. Yume, dont le corps fut jadis fin et penaud, possédait désormais une belle carrure et des muscles développés. Ses cheveux avaient poussé, mais son regard garda son âme enfantine, rêveuse. Haku, quant à lui, vit les formes de son visage s'accentuer. À l'inverse de son frère, il avait coupé ses cheveux. Son regard était devenu sombre et sévère.

Tandis qu'Haku leva sa baguette, son frère remarqua une trace étrange, dans l'ombre de sa main. Il reconnut bientôt la marque, la même qu'il portait. Des frissons parcoururent son corps. Alors il ne serait pas le seul messager. Haku, lui aussi, possédait la marque du possible pont, entre l'humanité et son dieu. Pourtant, la légende chez le vieil homme mentionnait bien un seul élu. Pourquoi seraient-ils deux ? Une chose était sûre : si l'esprit divin avait également investit son corps, alors Haku contracterait ses pouvoirs. Yume ne savait pas depuis combien de temps la marque s'était réveillée chez son frère. Dans l'hypothèse que les deux garçons obtinrent leurs pouvoirs au même moment, alors il serait presque impossible qu'Haku n'en ait pas pris conscience et ne se soit pas entraîné. Aussi, à la pensée que les deux frères puissent construire ensemble le pont dont parlait la légende, Yume entreprit de révéler sa paume.

Les frères posèrent leur mains face à face. La marque rouge aux couleurs de flammes fit échos à son homologue bleue, aux couleurs de la foudre. C'est alors que se déroula un événement singulier. Une légère aura se rendit visible, sortant des corps fraternels. À la fois bleue et rouge, elle s'entremêlait, comme si elle désirait fusionner. Elle n'y parvint cependant pas. L'aura bleue gagnait en puissance. À présent, ce fut comme si elle se livrait bataille. Yume retira sa main le premier. Il était vaincu.

- Toi aussi, tu as su éveiller ces fabuleux pouvoirs, déclara Haku, mais tu ne sais pas les maîtriser.
- Je me suis entraîné dur pour cela. Je sais maîtriser l'énergie.
- As-tu rencontré ton dragon ?
- Mon dragon ? De quoi parles tu ? Tu... Tu veux dire, Reshiram ?
- Tu ne l'as pas encore vu, c'est ce que je pensais... Sache que moi, j'ai rencontré le mien. De plus, je l'ai même apprivoisé. Il s'est invité en moi et désormais, ses pouvoirs sont réellement miens. J'ai encore une chose à dire : tant que tu n'auras pas rencontré ton dragon et que tu ne l'auras pas dominé, tu seras indigne des aptitudes qu'il te confère. Retiens cela, ses pouvoirs sont immenses, sois en au moins digne.

Haku partit, sans rien dire de plus. Il laissa son jeune frère pensif, déstabilisé, déboussolé.










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Note:
Voici ce qui m'a inspiré pour écrire ce chapitre. Essentiellement du manga et (encore et toujours) du Eragon.

Éragon, pour la rencontre du maître avec son élève. Lors de sa première visite à l'elfe Oromi, Éragon était pris d'impatience par la réaction du sensei (c'est à dire : aucune réaction !)

L'énergie qu'on trouve dans certains Chonen m'a énormément inspiré et ce depuis des années. Le Chakra (Naruto), le Nen (Hunter X Hunter), La « voix » ou encore l'énergie des Sayans de DBZ (le film)… Tout ça s'est combiné à la notion de "Gijinka".