Comme une guerre au loin [Receuil d'OS] de Hybries

Cher journal.
Je ne peux pas dire que les choses soient bien allées dans ma vie. Je peux même dire que celle-ci fut assez misérable.
Lors de la grande guerre opposant les humains et les pokémons, j'ai même cru que ce serait la fin. Mais j'ai étrangement survécu.
La guerre finie, j'ai regardé notre beau pays détruit et les plus noires pensées me passaient par la tête. C'est alors, qu'au milieu des décombres, il est apparu. De cette guerre qui avait vu s'affronter deux camps, était né un être entre les deux. Un humain pokémon.
Nous le nommions « Le Corbeau blanc » du fait de son apparence charnière contrastant avec son plumage brillant. Il n'avait pas d'ailes, ni de bec, mais pas de bras et de bouche pour autant.
Il nous enjoint de le suivre, nous promettant un avenir radieux.
Sur notre route, nous avons trouvés les rescapés des deux espèces. L'heure n'était plus à la guerre. Humains et pokémons se sont joints, et, main dans la main, nous avons fondés une nouvelle commune dans laquelle il faisait bon vivre.
J'écris actuellement ces lignes les pieds baignant dans le lac d'émeraude. Devant moi, l'herbe verdoyante ondule au rythme du vent.
Derrière moi, des maisonnettes de terre et de bois servent d'abris aux habitants. Tout en haut de la colline, le corbeau blanc sort parfois de sa tanière pour nous observer d'un œil bienveillant.
La vie ici est, n'ayons pas peur des mots, paradisiaque. Qui aurait cru qu'une telle récompense nous attendait à la fin de nos tourments.
Pas plus tard qu'hier, avec mon ami pokémon nous sommes allés dans les champs de blés, une étrange sensation nous a alors envahi. Comme si soudain, tout ce que nous avions fait de mal toute notre vie s'envolait. Nous étions de nouveaux purs. A la sortie du champ, le Corbeau nous observait, bienveillant comme à son habitude. Nous lui avons souri et nous sommes tous trois rentrés au village.
Désormais, ma vie n'est faite que de ce genre de souvenirs. Je suis comme baignant constamment dans une douce euphorie.
Cher journal, le temps passe et tout s'efface. Je pourrais à peine te dire ce que j'ai fait le mois dernier. Mais ça n'a plus d'importance.
Aujourd'hui je vis enfin dans le présent. La guerre n'a fait que trop de mal. Pokémons et humains vivent en paix désormais. Le passé n'a plus aucune importance.
Cher journal, plus le temps passe et plus je me sens sur un nuage. Loin de tout. Loin du passé, mais aussi du futur.
Je sais à peine ce que je fais, mais je me sens bien. Je ne sais même pas si je parle avec mes amis, mais ça n'a pas d'importance. Nous nous sentons bien.
Parfois, le Corbeau blanc apparait. Il semble faire s'évaporer les nuages. Je redeviens lucide et j'en profite pour noter dans ce journal. Je ne sais pas si un jour il servira. Il me semble que nous sommes ici à la fin des temps.
Je ne peux mentir à un livre. Et à moi même. Il me tarde déjà de retourner dans ma douce euphorie, loin de tous ces soucis.
Cher journal. Humains ou pokémons, cela n'a plus d'importance. Des années de tabous qui ont finis en guerre, alors qu'il n'y a aucune différence. Je peux à peine discerner lesquelles de mes pairs sont des humains, je ne sais même pas si je ne suis pas moi-même un pokémon.
Cher journal. Le Corbeau blanc nous surveille. Alors tout va bien. Tout va pour le mieux.

Un garçon sautillait sur le chemin du retour d'école. Il s'arrêta, regarda un instant le drôle de livre par terre, le ramassa et le feuilleta rapidement.
Il regarda autour de lui et ne vit personne. Il haussa les épaules et reposa le livre au milieu du chemin.
Après tout il ne comprenait même pas de quoi le livre parlait.
« Humains ? » « Pokémons ? » Quels drôles de mots !