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Comme une guerre au loin [Receuil d'OS] de Hybries



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Informations

» Auteur : Hybries - Voir le profil
» Créé le 03/12/2011 à 02:08
» Dernière mise à jour le 04/12/2011 à 22:45

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OS2- Dieu pardonne les faibles
Les tambours grondent.
Il les entend parfaitement. Comme un long grognement venu du tréfonds de la planète elle-même.
Les tambours sont à sa porte. A travers les vitraux, il peut voir les ombres démoniaques se dandiner dans une étrange danse hypnotique.
Il se retourne. Face à lui désormais, une croix. La croix à laquelle il a consacré sa vie.
Au dessus de ce véritable monument, une statue de bronze. Cette même statue qui, il en est persuadé, repousse l'envahisseur depuis maintenant trois jours.
La créature sculptée est entouré d'anneaux d'ors, illuminée. Il sourit.
Il a passé sa vie à vénérer un pokémon, et aujourd'hui, ils sont sur le point de le tuer.
Le Frère n'avait pas voulu croire à une guerre au début. Mais quand celle-ci arriva à la porte de son église, il dut bien ouvrir les yeux.
Les autres Frères sont tous tombés. Ils ont voulu tenter quelque chose, et ne sont jamais revenus.
Il est le dernier désormais. Il n'a plus besoin de nom. Il est juste le Frère. Le dernier.
Les tambours grondent.
Mais ce ne sont pas ceux des pokémons tentant de violer ce lieu saint.
On tape à la porte.
Le Frère est surpris un instant. Il se précipite, il y voit une lueur d'espoir, espoir qui l'a quitté il y a bien longtemps en même temps que la foi en son dieu.
Il ouvre la porte précipitamment. Un homme tombe à la renverse, lacéré de coups, mordu, griffé, peut être même plus.
Le Frère referme la porte avec la plus grande sagesse, de peur qu'un pokémon ne remarque sa présence.
L'homme se relève et enlace le Frère, laissant exploser sa joie d'avoir trouvé un abri.
Il se présente comme étant le Vagabond. Un homme qui a tout perdu à cause de cette guerre, un homme errant dans cette ville déserté par les humains.
Il explique au Frère qu'il est le premier humain qu'il voit dans la ville depuis une semaine.
Puis, le Vagabond remarque.
Il remarque où il se trouve.
Il voit la statue du dieu pokémon. Il ne comprend pas.
Vénérer les pokémons ? Ces mêmes êtres qui nous assaillent depuis plusieurs mois ?
Le Frère l'observe, impassible. Il comprend sa haine, il comprend sa colère. Lui aussi, a de nombreuse reprises, a voulu détruire cette statue, détruire cette race qui menace la sienne.
Mais il s'est rappelé. De toute son existence, de tout ce qu'il a appris. Très jeune il est devenu Frère. Il avait un pokémon à cette époque. Un beau spécimen au pelage lisse et soyeux. C'est avec ce pokémon qu'il a compris que s'il devait s'en remettre à un seul être supérieur, ce serait un pokémon. Il consacra sa vie à la religion. Et un jour, son pokémon, cet être qu'il avait tant aimé, tant privilégié, lui avait tourné le dos.
Son pokémon s'était retourné contre lui. Et sa foi s'était retrouvée ébranlée.
Il n'y a pas plus à dire. La foi du Frère n'est presque plus. Il n'est lui-même qu'une coquille vide, car c'est tout ce qui le caractérisait, et aujourd'hui il n'en est rien.
La voix du Vagabond tonna.
Dehors, les pokémons s'agglutinaient de plus en plus. Les vitraux étaient désormais cachés par les ombres. Les tambours grondaient toujours, mais désormais d'une manière plus harmonieuse, comme un long et infini râle, comme si une armée de goules les attendaient à la sortie de ce lieu divin.
Cette atmosphère insupportable commence à peser sur le Vagabond. Sa voix tonne.
Comment peut on encore croire ? Comment peut on encore croire en cette race plus que toutes autres ?
Le Frère ne trouve pas la réponse. Cela ne suffit pas au Vagabond.
Bientôt, sa pensée se précise. Il énonce une logique illogique mais trouve le moyen de la formuler avec une logicité implacable. Si cette guerre a éclaté, si ces pokémons sont sur le point de les tuer, c'est de la faute du Frère.
Il leur a fait miroiter un idéal de supériorité. En vénérant l'un d'entre eux, il a fait naitre dans leur esprit une idée. Celle d'un monde en leur faveur.
Le Frère ne sait plus que penser. En plein milieux de sa réflexion, il regarde le Vagabond qui tente vainement d'expliquer chacun de ses malheurs, trouvant la plupart du temps une cause en la religion. Le Frère réalise alors. Que l'humain le mérite. Le Vagabond est la cause de cette guerre, et rien d'autre. Son dieu n'est pour rien dans tout ça.
Les tambours grondent. Fortement
Le Vagabond le remarque enfin et arrête son monologue.
Ils sont là.
Ils le savent. Ils ne verront pas l'aurore. Leurs regards se croisent. Une rencontre de dernier instant, un compagnon d'infortune. Voilà ce qui leur a été donné.
Le Frère tend la main au Vagabond. Celui-ci hésite un instant. Il renonce finalement, et fixe la porte principale.
Les tambours grondent. Et en écho à ce grondement, la porte vibre sous la masse des assaillants.
Le Vagabond regarde la mort arriver en face. Il est plein de question et d'incompréhensions. Pourquoi les alliées d'hier sont ils devenus ses ennemis ?
Dans ses derniers instants il regrette de ne pas avoir saisi la main qui lui était tendue.
Le Frère lui, se met dos à la porte. Il regarde la croix et la statue. Il ne sait pas exactement s'il a trouvé réponse à ses questions. Il décide finalement d'en rire, car tout cela n'a aucun sens.
Dernier battement de tambours.
La porte craque. Le Vagabond regarde la mort en face, le Frère lui fait dos, les yeux fermés.
Ce n'est pas une guerre.
C'est un carnage.
Les dernières pensées du Frère vont à son camarade. Une dernière prière pour celui qu'il voit désormais comme une brebis égarée.
Après tout, Dieu pardonne les faibles.