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Comme une guerre au loin [Receuil d'OS] de Hybries



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Informations

» Auteur : Hybries - Voir le profil
» Créé le 03/12/2011 à 02:07
» Dernière mise à jour le 03/12/2011 à 14:11

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OS1- Voir le monde brûler
Dans ma contrée natale, on dit des humains qu'ils sont des créatures particulièrement stupides. Je pense que c'est faux. Les humains, ne sont que le mal pur.
Je m'appelle Aorugo. Mais quand un humain me voit, il cri un tout autre nom. Le même nom qu'ils criaient en voyant mes parents ou mes frères et sœurs. Je crois qu'ils pensent que nous sommes stupides. Sous évoluées. Ils ne voient en nous rien d'autre qu'un moyen de faire passer le temps.
Je m'appelle Aorugo, et vous n'avez jamais entendus parler de moi. Et vous n'entendrez jamais parler de moi à nouveau. Je ne suis qu'un clone parmi la masse. Il y en a des milliers comme moi. Et je préfère ça.
L'humain nous détruit. Ils m'ont enlevés ma famille. D'abord mon père, puis mes sœurs, ma mère et mes frères.
Seul au milieu des hautes herbes, je errais à l'instar de ceux qui comme moi se retrouvaient seuls. Parfois, un jeune humain passait, à pied ou en vélo. Il fallait tant bien que mal se cacher. Ceux qui n'avaient pas cette chance se voyaient obligés de se battre jusqu'à qu'ils tombent dans le coma. Certains même partaient avec l'humain. Pour moi, c'était pire. J'aurais préféré mourir que de devenir leur bouffon.

Ils ne m'ont pas rendus la vie facile.
Et c'est là que j'ai eu l'idée.
Cela fait trop longtemps, que nous sommes réduits à néant. L'humain est une race révolue. Pourquoi nous serait il supérieurs ?
Je voulais me venger. J'ai parlé de mon plan aux autres que je croisais dans les hautes herbes. Mon idée devint une rumeur. Cette rumeur se mit à parcourir toute la région et même plus. Dans les campagnes reculées, on en parlait à haute voix, dans les villes, on le chuchotait pour être sûr que personne n'entende.
Ils virent en moi un leader. Ils virent mon charisme, ils comprirent mes idées.
Alors ils décidèrent de me suivre. Ils étaient peu nombreux au début, mais très vite nos rangs se gonflèrent.
L'idée que j'avais eu un soir de pleine lune était devenue une hymne. Un code de vie. Une vocation. Un idéal.
L'idéal de centaines, non de milliers de personnes désormais.
Je m'appelle Aorugo. Et vous allez entendre parler de moi. Parce que désormais je gravis la montagne du monde, mon armée derrière moi. Nos griffes rougeoient à la lumière du sang, nos dents semblent s'aiguiser à vue d'œil.
L'humain est une espèce révolue. Nous sommes les nouveaux maîtres de cette terre.
Vous allez entendre parler de moi.
Parce qu'une révolution est en route.
Parce que votre époque est terminée.

Ils ne se sont pas méfiés.
Pour eux qu'étions nous ? Des créatures sans intérêts. Tous les mêmes. Ils se sont permis de nous nommer. De nous enfermer dans ces boules de plomb et de fer. Nous avons infestés les villes.
J'avais lancé la rumeur, mais je n'étais désormais plus qu'un simple soldat. Une armée sans tête ne peut être vaincue.
Au début ils n'ont pas voulus y croire. Les premiers jours d'attaques, ils ont cru que nous étions infectés d'une quelconque maladie. Le temps qu'ils se rendent comptent qu'ils étaient en guerre, il était trop tard pour eux. Nous avions déjà envahis les villages les plus accessibles. Ils tentèrent au début de nous combattre avec ceux de notre espèce. Mais, malgré tous les liens qu'ils avaient pu lier entre eux, l'appel de la nature est plus fort que tout. Combien d'humains sont tombés, tués par leurs « créatures » qu'ils croyaient de leur côté ?
Ils nous croyaient stupides. Ne pouvant réfléchir logiquement. Finalement, la seule différence entre eux et nous, c'est qu'ils nous ont nommés. Ils nomment les choses. Pour mon espèce, nous pouvons tous nous différencier sans nous nommer. Mais l'humain a besoin de donner une appellation. Je ne saurais pas dire comment ils nous appellent, mais c'est un nom barbare. Ils nous rabaissent tous au même point avec ces noms. Nous allons leur faire payer.
La guerre commença. Ils ressortaient leurs anciennes armes, mais aucune balle ne pouvait faire face au pouvoir des éléments. Leurs chars de fer ne pouvaient rien face à la puissance destructrice des nôtres.

Une à une, nous nous emparèrent des villes. Nous avons tués les humains pour la plupart, et avons traités les survivants en esclaves, comme ils nous avaient traités pendant des centaines d'années.
J'ai regardé ce que j'avais provoqué. Et j'ai apprécié. De là où je me trouvais sur la grande montagne de la vie, je pouvais voir toutes ces villes à feu et à sang. La nature reprenait ses droits.
J'en suis convaincu désormais. Nous sommes une race pure, pas comme les humains. Nous méritons de diriger ce monde. Nous pouvons en faire un endroit où il fait bon vivre. Mais pas tant qu'ils seront là.
J'ai vu dans les yeux de chacun la flamme qui m'animait. Cette flamme qui, autrefois, ne se retrouvait que dans mon regard, était désormais dans celui de tous. Mon idéal se réalisait.
Nous avons continués à gravir les étapes. Prenant ville après ville. Les humains, désemparés, perdaient chaque jour un dirigeant plus haut placé. Nous n'avions pas ce problème. Bien sûr, nous ne savions pas ce qu'il se passait autre part que là où nous étions, mais de temps à autre un confrère arrivait et rapportait de bonnes nouvelles. Ainsi je découvris que nous gagnions du terrain sur toutes les archipels.
Ils avaient eu notre pouvoir en main pendant tant de siècles… Comment ne s'étaient-ils pas rendus compte que nous les écraserions quand nous le voulions ?
C'était comme s'il y avait eu de l'essence partout dans le monde pendant tant d'années, et nous attendions désespérément un briquet…
J'étais ce briquet.
Non, c'est une invention des hommes.
J'étais ce lance-flamme. Une attaque que seuls les plus brûlants d'entre nous peuvent exécuter.
J'ai mis le feu à ce monde et maintenant je marche entre les braises.
Je m'appelle Aorugo. Vous commencez à le savoir. Je sais qu'au début vous étiez presque sur le point de me plaindre. Et maintenant je vous répugne.
Je monte sur la montagne du monde, mon armée derrière moi. Et parfois un coup d'œil en arrière me permet de voir la fumée noire sortant des restes de maisons.
Vous commencez à connaitre mon nom. Le nom de celui qui a provoqué votre perte.

C'est en arrivant devant cette gigantesque cité que nous avons compris. Ce que les hommes avaient fait, leur œuvre entière, était sans âme. Uniquement des tours de pierres, s'effondrant les unes sur les autres. Il n'y avait rien à en tirer. Mais entre ces murs gris et mornes, ils nous attendaient.
La dernière rébellion humaine.
Les derniers survivants étaient là. Ils ne nous voyaient plus comme des alliées, non. Ils étaient prêts à mourir pour leur cause.
Alors que je voyais déjà devant moi le feu et le sang se mêler dans la plus grande des batailles, la neige commença à tomber. Nous avions mis près d'une saison à arriver jusque-là, et le paysage blanc serait le lieu où tous les idéaux s'affronteraient.
Je réalisais alors, en voyant devant moi un jeune homme particulièrement ardent, qu'il avait certainement lui aussi un idéal. Un monde idéal où nous ne serions plus là. Un monde d'humains. Il était certainement persuadé que c'était la seule chose juste. La seule solution en ce monde.
C'est sur cette pensée que je lui enlevais la vie. Il ne verrait pas le matin, contrairement à moi. C'est ce qui me différencie d'eux. Moi je ne vis que pour voir le lendemain. Un lendemain sans humains. Seulement notre espèce…
La bataille sembla s'éterniser. Et l'inquiétude envahissait nos rangs à mesure que les nôtres tombaient. Ces humains avaient quelque chose de plus. Ils se battaient pour des valeurs. Tout comme nous.
La neige continuait de tomber, inlassablement. Certains d'entre nous en tirèrent profits, d'autres durent se retirer du combat.
C'est au milieu de cette blancheur immaculée que je pris conscience. Personne ne comprenait ce que disaient les humains, mais ils ne nous nommaient plus à ce moment. Ils avaient perdus toute estime qu'ils avaient pour notre espèce.
Sur la montagne du monde, j'apercevais le sommet. Mais un regard derrière moi me confirma mon impression. Je n'avais plus d'armée. Ils étaient tous éparpillés çà et là. Chacun voulant imposer un nouvel idéal.
Je me questionnais alors pour la première fois depuis le début de ma croisade. Peut être avais-je tort. Peut être que tout ceci était une erreur.
Je regardais la neige recouvrir toutes ces villes. Éteindre les flammes, recouvrir les corps de nos ennemis déchus.
La nature ne repousserait pas à cet endroit.
A l'horizon, nous avons soudain vu des bateaux arriver. A bord, ils étaient des milliers. Venus de toutes les autres régions, les survivants se rassemblaient pour une ultime bataille.
Elle éclata au milieu de cette ville en ruine. Alors que les éléments se déchainaient sur les humains, ils progressaient inexorablement. Avançant avec la volonté que nous avions tous perdus.
Je ne savais plus si je faisais le bien ou le mal.
Je ne vois qu'une charge ultime. Un cri de rage et de victoire poussé par l'ennemi. Mais ce n'est pas lui que je regarde. Je vois, les flocons tomber. Au milieu de ce feu et de ce sang, les flocons, pures, impartiaux.
Les autres me regardent. Attendant un mouvement de ma part. L'ennemi se rapproche.
Je réalise alors que nous ne sommes pas faits pour gouverner ce monde. Mais qu'importe. Les flocons tombent.
Un de mes confrères s'impatiente et, dans un mouvement sans appel, me pourfend de ses griffes aiguisées.
Il n'en faut pas plus pour les autres pour suivre leur nouveau chef.
Je tombe sur le sol blanc et pur. Mon sang rouge comme la braise tâche cette perfection, mais qu'importe. Dans mon dernier regard, je les vois se livrer un combat qu'aucun ne pourra réellement gagner.
Un combat qui dure depuis la nuit des temps et qui durera bien après cet instant.
Se battre pour une suprématie que personne ne mérite.
« Pokémons ! Monstres ! Monstres ! » Hurlent les humains. Je comprends maintenant. Nous sommes les monstres.
Je m'appelle Aorugo. Mais maintenant vous me connaissez. Vous croyez que ma vie a eu une importance ? Je suis au sommet de la montagne du monde. Et vous savez ce que je vois ? Je vous vois, vous. Je vous vois tous, humains comme pokémons, infectés par la haine. Par la peur. Par cette maladie sans nom qui pousse chaque être au crime.
Je surplombe ce monde, et maintenant je vois.
Il n'y a pas de remède. Seule une guerre qui détruira tout.
Et la neige recouvrira nos corps.
Je vois le monde brûler.