Chapitre 4 : Meutre
Ce matin je me levai directement avec cette boule au ventre et l'envie de dormir encore et encore… Je voulais fuir la réalité bien triste et noire. Tuer un homme dans quelques minutes… De plus dans une rue fréquentée par plein de gens qui vont voir la scène, alors qu'ils n'ont rien demandé, eux. Comme moi je n'avais rien demandé, simple civile n'ayant rien à voir avec les tueurs et tous ces milieux. Je finis comme survivante. Comment en quelques secondes mon futur s'était détruit ? Tout cela à cause d'un homme !
Subitement une nausée monta en moi et je ne pus que détaler vers les toilettes pour vomir. Ma gorge en était irritée entièrement. J'ouvris les yeux pour voir… des effluves nauséabondes remontèrent dans mon nez. Je tirai la chasse d'eau et essuyai les restes du dos de ma main, que je lavai à l'eau du robinet ainsi que rinçai mon visage.
Le visage de cette femme sur la vitre… je ne me reconnaissais plus. Qui étais-je ?
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Quand je sortis dehors je me sentis seule alors malgré toutes les personnes m'entourant. Les bruits, les cris des enfants, les bousculades, les ronronnements des voitures. Malgré tout cela j'étais seule !
Comme une somnambule je vis ma cible et les actions passèrent au ralenti, j'avais cette désagréable sensation que mon corps ne m'appartenait plus, une autre personne agissait. Une autre prenait la pokéball contenant Scarabrute. Une autre la lançait. Une autre ordonnait la mort de l'homme.
- Toi ! S'écria-t-il avant qu'un flot de sang venant de sa gorge se déverse par terre.
Les gens se mirent à crier d'effroi beuglant des choses, les enfants pleuraient posant de multiples questions à leur parent. Un cercle s'était formé dont les deux personnes centrales étaient moi et ce cadavre par terre.
Une autre poussait tout le monde parlant dans un téléphone tandis que secours et la police arrivaient sirènes retentissantes.
Scarabrute s'amusait à faire peur aux personnes en leur faisant des grimaces.
Je restai la tête penchée pleurant comme quand j'étais petite prise sur une faute.
Un homme surgit de la foule venant mettre un coup à l'autre qui parlait au téléphone, il prit la pokéball et rappela Scarabrute et il m'attrapa le bras m'entraînant vers la route où une voiture nous attendait. Une voiture de civile noire. Une fois dedans elle bondit percutant deux passants qui ne s'étaient pas poussés.
L'homme qui m'avait entraîné m'assena une grande claque.
- Qu'est-ce que t'avais dans la tête à rester là debout à pleurer en face de ce cadavre ! Tu voulais te faire arrêter ? Siffla-t-il c'était la voix de l'Admin et son visage était dément. Réponds-moi !
Il me secoua et mon crâne se prit la vitre. Cette fois-ci je ne pus que pleurer ma détresse.
Mes yeux baignaient dans les larmes, je pleurai à en perdre la raison, hoquetant et gémissant parfois quand je le pouvais. Je me vis tomber d'un immeuble de cinquante étage répétant sans cesse « jusqu'ici tout va bien… jusqu'ici tout va bien… L'important ce ce n'est pas la chute, c'est l'atterrissage. » J'étais morte au fond de moi.
Au bout de quelques minutes je me calmai et me perdais dans les paysages qui défilaient si rapidement. De temps à autre je ressentais des élancements à la tête.
- Où va-t-on ?
- À Carmin-sur-Mer, répondit froidement l'Admin dédaignant me regarder. Nous avons des locaux là-bas où on te changera pendant ce temps nous allons analyser ce que va faire la police pour te trouver. Avec le mouvement de panique provoqué par toi ton image va circuler à une vitesse hallucinante, peut-être feras-tu un record.
- C'était mon premier meurtre comprenez-moi. J'avais peur de moi, ma nouvelle personnalité, geignis-je.
- Et tu voulais te faire arrêter ? Toi tu penses, les flics, eux, agissent et ton délai était extrêmement restreint, heureusement que j'avais prévu un moyen de fuir au cas où, grommela-t-il cette fois-ci me regardant, je sus qu'il compatissait.
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- Oh ! Par Arceus ! Cria ma femme dans le salon en train de regarder la télévision.
- Que se passe-t-il, ma chérie ? M'enquis-je.
Je jouais avec le Vétéran à la pétanque sur l'allée du jardin. Comme toujours il gagnait et moi perdais de quelques points. Ce dernier avait les genoux fléchi et s'apprêtait à lancer sa boule, mais il me regarda, inquiet. Il connaissait très bien ma femme et savait que la nouvelle devait être effarante pour qu'elle dise ces mots.
- Allons-y, lâcha-t-il en se remettant droit et lança sa boule côte à côte du cochon.
À l'intérieur je compris tout. Joe Taxi assassiné en pleine rue entouré de civils, assassiné par cette femme qui s'était échappée du centre psychiatrique. Celle que Voltali n'a pas pu tuer et par qui Voltali a été tuée. Mais à quoi cela rimait-il ? Je le regardais… Si Joe avait été tué alors je serais le suivant. Ma femme avait dû faire la même déduction.
- Je t'en prie partons sur le champ, n'attendons pas qu'elle vienne !
- Je refuse ! Protesta-t-il malgré le regard suppliant de sa femme.
- Pierre. Ne fais pas comme l'autre qui vivait sur l'île. Il n'avait pas bougé et je l'ai assassiné sans problème surtout qu'il est venu à moi…
- Cet enquêteur pensait à son passé de corrompu et avait des remords. Moi je ne viendrais pas à elle et la sécurité sera renforcée. Par contre on doit se poser la même question, non ? Pour qui…
- Travaille-t-elle ? Placée en centre psychiatrique c'est impossible qu'elle sache où il travaille et son chemin, aussi des gardes du corps le suivent depuis que je lui ai suggéré. C'est vraiment bizarre cette affaire.
- Écoute, ma chérie, n'ait pas peur, elle ne me touchera jamais. Je vais aller au commissariat. Je te la laisse Vétéran.
Je sortis de la maison. Et instinctivement je me retournai, ma femme avait le visage sombre et discutait gravement avec le Vétéran.
Un ancien tueur que nous avions relaxé ; Joe et moi…
J'étais le dernier Enquêteur de la Cellule.