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Les Esprits Pokémon - Premier Tome de LesEspritsPokémon



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Informations

» Auteur : LesEspritsPokémon - Voir le profil
» Créé le 30/10/2011 à 21:54
» Dernière mise à jour le 17/12/2011 à 22:49

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Chapitre 1 : Benjamin (Drayker)
« Il ne reste plus que quelques dizaines de secondes avant la fin du match, c'est la dernière chance pour Méanville de remonter le score ! » s'écria le présentateur exalté dans son micro.

L'assistance se souleva et les gradins frémirent d'excitation.

Benjamin sauta de toute la puissance de ses jambes et intercepta le ballon de basket en plein vol. Son équipe était menée de deux précieux points et il n'avait pas le temps de traînasser.

Le jeune homme s'élança à travers le terrain en dribblant, avant de passer rapidement la balle au coéquipier à sa droite. Lui et quelques autres foncèrent vers le panier adverse tandis que leurs concurrents au titre de Champions d'Unys tentaient de les arrêter.

Benji essaya de se démarquer tant bien que mal.

« Plus que dix secondes! »

Le public hurla littéralement de frustration, d'impatience et d'ardeur.

La balle voltigea. Le jeune homme la rattrapa d'extrême justesse, mais il était trop loin du panier. Un joueur adverse, de l'équipe de Maillard, faisait écran devant lui pour le gêner. Qu'à cela ne tienne, Benjamin lança le ballon derrière lui, en direction de Marno, son capitaine d'équipe.

Ce dernier la récupéra et tira, droit vers le panier. Une action risquée, mais la pression du chrono primait sur toute prudence.

Benji fixa la trajectoire de la balle, comme tous les autres. Pendant une fraction de seconde, les clameurs des gradins disparurent.

Le ballon ricocha sur le cadre et retomba piteusement au sol.

Le jeune sportif baissa la tête, dépité.

Méanville venait de perdre sa place aux jeux Pokélympiques.

***Le retour au vestiaire s'était effectué dans le silence le plus complet. Le silence de la défaite, de la déception. On s'était changé sans un mot, et à présent, Benjamin, ses cheveux châtains coiffés en brosse, fixait le sol sans le voir, pensif, ne prêtant pas attention à ses camarades qui commençaient à parler du match, ni au ton qui montait de plus en plus.

« Julien, t'as encore joué trop perso. Pourtant, je t'avais dit à l'entraînement de faire gaffe ! reprocha Marno, le capitaine.
- Moi, j'ai joué perso ? Tu déconnes ? Qui est-ce qu'a foiré son tir juste à la fin ?
- Si t'avais mieux joué, on en serait pas là !
- Ah ouais? Et si on avait un capitaine compétent, peut-être qu'on aurait tous mieux joué !
- Répète ça ?! »

Le dénommé Julien bouscula violemment son camarade, qui répliqua d'un coup de poing au ventre.

« STOP ! » s'écria Benji en s'interposant entre eux deux.

Avec l'aide de deux autres joueurs qui ceinturèrent Marno et Julien, il parvint à calmer le jeu et dit d'une voix forte :

« Ça sert à rien de s'engueuler, c'est pas ça qui va nous donner la victoire maintenant ! On fera mieux à la prochaine saison, mais si vous vous étripez, ça va pas être le meilleur moyen de faire progresser l'équipe, ok ? »

Le jeune policier fixa les deux impulsifs de ses yeux bruns pour s'assurer qu'ils avaient compris, puis saisit son sac à dos et quitta les vestiaires sans même attendre l'entraîneur, claquant la porte derrière lui.

Toutes ces tensions entre joueurs l'agaçaient. Ses coéquipiers étaient toujours à se chiffonner pour un rien, et dès qu'un peu de pression reposait sur leurs épaules, l'étincelle de susceptibilité se transformait en un vrai feu de forêt.

Son sac à dos de sport sur l'épaule, il quitta le stade de Méanville discrètement, évitant de se faire remarquer par qui que ce soit.

C'était sans compter avec Mehdi, son meilleur ami, qui l'attendait dehors, adossé au mur, les bras croisés. Benji le dépassa sans lui prêter attention, mais son compagnon se mit à marcher à ses côtés, bien décidé à ne pas lâcher l'affaire.

« C'était un beau match, commença le jeune conservateur de Musée.
- On a quand même perdu la finale de cette saison.
- Roh, Benji, te mets pas en rogne pour ça ! T'en feras plein d'autres, des saisons, et de toute façon, tu participes déjà au Tournoi Pokélympique en tant que Dresseur. T'as géré aux présélections en combat, c'est pas grave si tu ne concoure pas en basket !»

Devant le silence de son ami, il continua :

« Et puis, tu devrais te réjouir. Imagine, on part tous les deux en croisière jusqu'à Sinnoh, tranquilles, au soleil... Ça va être génial !
- Hmmmpf...
- Nan mais quelle tête de Frison tu fais, quand tu veux ! »

La remarque tira un sourire à Benji, détail qui n'échappa pas à Mehdi.

« C'est bon, t'as gagné. J'ai super faim, ça te dit d'aller manger en ville?
- Comme tu le sens, mais on embarque à Volucité ce soir. Ça serait pas très fin de rater le bateau,» rappela le jeune conservateur.

Il fut rapidement convenu qu'ils déjeuneraient à Méanville, avant de traverser en bus le désert qui séparait la ville des jeux de la capitale d'Unys, Volucité, d'où leur paquebot devait partir, avec pour objectif de rallier Sinnoh. Rapidement, les deux compères, après avoir engouffré plusieurs hamburgers, effectuèrent leurs derniers préparatifs.

Mehdi avait déjà sa valise avec lui – il l'avait prise avant de quitter Maillard, mais Benjamin dut faire un détour par son appartement, montrant une fois de plus sa fâcheuse tendance à oublier les détails importants.

« Qu'est-ce que tu serais sans moi, hein ? » le taquina son compagnon.

Et c'était vrai. Le jeune homme avait toujours été là pour Benji, avec sa bonne humeur, son intelligence et sa générosité. Ils s'étaient toujours tout dit. Enfin, presque tout dit... Le basketteur n'avait en effet jamais parlé de ses rêves étranges à qui que ce soit.

***Le bus les déposa devant le Centre Pokémon de Volucité après un trajet relativement court. Leur valise à la main, les deux camarades flânèrent parmi les immeubles démesurés pendant quelques temps, saisis par l'immensité de ces gratte-ciel. Le soleil d'été se reflétait sur les immenses façades vitrées présentes un peu partout, et la chaleur qui régnait dans cette mégalopole en était presque assommante.

Après avoir paressé pendant quelques heures à l'ombre des arbres d'un parc en compagnie de leurs Pokémon respectifs, Mehdi et Benjamin se dirigèrent vers leur paquebot. C'était un navire impressionnant par sa taille ; un fer à repasser géant couché de tout son poids sur l'eau, attendant nonchalamment de partir en mer. Des dizaines de dizaines de hublots perçaient sa façade, organisée en plusieurs ponts. A la proue du bateau, une étoile bleue enfermant un U côtoyait le nom de l'embarcation : l'Etoile d'Unys.

On leur indiqua leur cabine et les deux compères s'y rendirent rapidement, pressés de se décharger de leurs valises si encombrantes, et surtout pressés de faire le tour de ce paquebot.

Leur chambre était spacieuse et bien aménagée, ce qui aurait pu sembler normal vu le prix de la croisière. Deux lits superposés se dressaient dans un coin, ils disposaient de plusieurs étagères à vêtements, d'un canapé confortable installé face à un écran plat et d'une table basse en bois lisse. Une salle de bain adjacente et le nombre de chaînes disponibles sur leur télé acheva de convaincre Benji que le sacrifice d'une partie de son salaire en avait bien valu la peine.

Ce séjour promettait d'être confortable ! Un repos qui n'était pas du luxe en vue de la pression qui se profilait en même temps que le Tournoi Pokélympique.

Le Tournoi. Ce fameux événement qui attirait des centaines de Dresseurs du monde entier, mais aussi des Coordinateurs, des Pokéathlètes, des manager, et tous ceux qui aimaient les Pokémon en général. Benjamin et Mehdi y allaient tous les deux en tant que Dresseurs, bien sûr ; et si le basketteur avait des raisons d'espérer aller assez loin dans le tournoi, le jeune conservateur, lui, y allait surtout pour encourager son ami et assister au spectacle, sachant pertinemment qu'il n'avait pas de grandes chances de dépasser les sélections.

Mais plutôt que de passer le peu de temps qu'ils avaient en angoisse inutile, les deux comparses comptaient bien profiter au maximum de leur croisière au soleil.

***Une fois leur valises défaites, leurs affaires bien rangées et leur fascination pour ce luxueux environnement tarie, les deux amis cédèrent à la curiosité et partirent visiter l'Etoile d'Unys.

Le paquebot, organisé en exactement cinq ponts, comptait plus d'une centaine de chambres, un cinéma, trois piscines, un spa, un théâtre, un réfectoire-cafétéria, deux salles de bal, nombre de boutiques et, le plus incroyable, un court de tennis.

Des dizaines de transats surmontés de parasols s'étalaient le long des bassins remplis d'eau limpide, seulement troublée par les remous des quelques pressés qui s'y baignaient déjà.

Le soleil flirtait au loin avec l'horizon, teintant l'océan d'orange et de rose. Benjamin et Mehdi seraient bien restés là, à discuter, mais leur estomac affamé les rappela à l'ordre et ils se dirigèrent vers la cafétéria. Tout en admirant avec délectation le buffet composé de mets variés, les deux compères se rendirent compte du luxe de tout cela, ne regrettant pour rien au monde d'avoir sacrifié leur argent.

Après leur repas, fatigués et repus, les deux amis retournèrent dans leur cabine et dormaient à présent. Ou plutôt, Mehdi dormait et Benji contemplait le plafond, hésitant à s'abandonner dans les bras de Morphée. Finalement, l'épuisement l'emporta sur la méfiance et le jeune policer ferma les yeux.

A son réveil, le basketteur nota que son ami avait déjà quitté la cabine et que le jour s'était levé. A moitié aveuglé par les rayons solaires qui traversaient le hublot – merci à Mehdi qui prenait toujours soin d'ouvrir les fenêtres, probablement pour empêcher Benjamin de jouer les gros dormeurs – le jeune homme grommela en se redressant. La nuit avait une fois de plus été mouvementée.

Cela faisait plusieurs années qu'il rêvait. Chose normale, dirait-on, sauf qu'il s'agissait toujours du même songe, qui revenait inlassablement, de plus en plus fréquent pour finir par se présenter dès que Benji se reposait, ou presque, s'estompant dès son réveil.

Un Dracolosse. A chaque réveil, les images de ce Pokémon qui le fixait de ses yeux noirs, se tenant fièrement devant lui, dansaient devant les yeux de Benjamin qui ne comprenait strictement rien à ces rêves, d'autant plus qu'il en oubliait la teneur dès qu'il s'éveillait.

Cela ne l'aurait pas perturbé davantage si ces rêves ne le réveillaient pas en pleine nuit à un moment aussi crucial ; le jeune homme tenait absolument à débuter le Tournoi Pokélympique dans des conditions optimales, et souffrir d'un sommeil entrecoupé de sursauts en sueur n'entrait pas dans la définition que Benji se faisait de « conditions optimales ».

Dérouté, le jeune homme inspira profondément et prit une décision : suivre son instinct.

Pas très sûr de ce qu'il faisait, le basketteur verrouilla la porte de la cabine et s'assit sur le lit, en tailleur, posant ses mains sur les genoux et baissant la tête. Il ralentit petit à petit sa respiration, inspirant par le nez et expirant par la bouche.

« Allez... Viens t'expliquer... » murmura Benjamin.

Il tâcha avec peine de faire le vide dans son esprit. A plusieurs reprises, sa méditation fut interrompue par Mehdi qui cherchait des prétextes pour le pousser à sortir, surpris de voir son ami s'isoler. Cependant, il parvint tant bien que mal à se calmer et se concentra sur le roulis quasi imperceptible du paquebot, qui voguait au gré des flots. Le mouvement le rasséréna, et il parvint à ignorer les bruits alentours pour se focaliser sur son souffle.

Benjamin ne sentit pas la faim qui arrivait, ni la soif, ni l'engourdissement de ses membres. Il entra dans un état second, où le seul son était celui de son souffle, régulier et doux, et où la seule image était l'obscurité de ses paupières closes.

Soudain, un Dracolosse apparut au milieu de ce noir ambiant. Déstabilisé, Benji tâcha toutefois de ne pas rompre le lien fragile qui semblait les relier, lui et le Pokémon. C'était comme si un cordon très, très fin, les attachait l'un à l'autre.

Un cordon qui se briserait au moindre égarement d'esprit.

« Tu as besoin de moi... Tout comme j'ai besoin de toi, Benjamin, fit alors une voix grave.
- Hein? »

Le jeune basketteur ouvrit les yeux. Il était à nouveau dans sa cabine. Le fil avait cédé, la connexion avait disparue. Mais il n'avait pas rêvé... Il avait bel et bien entendu une voix... comme si ce Dracolosse lui avait parlé.

Décroisant ses jambes engourdies, le jeune homme jeta un œil à la pendule accrochée au-dessus de la porte. Dix-huit heures passées. Tant que ça ? !

Qu'importe. Enfin, si... Il avait faim, maintenant. Le temps était passé à une vitesse incroyablement folle et il n'avait rien englouti depuis la veille au soir. Apaisé, Benjamin se leva quand on tambourina à la porte, causant un vacarme qui aurait réveillé n'importe quel sourd.

« Benji ! Tu vas ouvrir, oui ? T'es resté enfermé là-dedans toute la journée !
- Pas la peine de faire autant de boucan, je suis pas sourd ! Où t'étais passé ? Ça fait une plombe que je t'attends ! Je meurs de faim, moi !... » répondit le jeune homme après avoir ouvert la porte.

La tête que fit Mehdi à cet instant-là valait tout l'or du monde aux yeux de Benjamin, dont le visage s'éclaira d'un sourire moqueur.

Le jeune conservateur comprit rapidement l'ironie et les deux compères éclatèrent de rire avant de se diriger vers le self, heureux de pouvoir partager cet instant d'amitié avant la pression du tournoi.