La Guerre des Cieux de Seigneur Revan

Le crépuscule tombait déjà lorsque Joëlle et Revan arrivaient à Azuria, exténués par leur course. Arrivés aux abords de la ville, une fumée noire s'élevait de la place centrale, et une odeur puissante de brûlé infectait les yeux et les narines des deux compagnons. Intrigués ils accélérèrent encore leur course pour tomber sur un spectacle ahurissant : la ville était en piteux état, les maisons pillées et les vitres en éclat, des restes de nourriture calcinée et des ordures partout… Au milieu les restes d'un grand bûcher grésillait encore et quelques braises rougeoyaient encore. A son pied, un corps sale et tremblant gisait sur le sol.
Revan s'y précipita et identifia de suite la victime :

« Joëlle… viens vite !! C'est Ondine !
- Quoi ??
- Viens là je te dis ! Vite ! »

Revan l'avait retournée pour lui offrir une meilleure respiration. Son beau visage était sale de suie et égratigné. Ses cheveux roux étaient encore trempés de sueur et poisseux de cendres.
Joëlle, en constatant le désastre, ne rejoignit pas son ami mais fonça vers le centre Pokémon dévasté.
Le dresseur tapota les joues de la championne à terre en murmurant son nom. L'émotion et l'inquiétude le gagnaient. Quand ses yeux s'ouvrirent le dresseur sourit de soulagement. Mais dans un réflexe, Ondine fit un bon en arrière en gémissant.

« M'enfin qu'est-ce qu'il y a ? C'est moi… Revan. »

Dans ses yeux, il pouvait lire la peur et la souffrance qu'elle avait enduré. Peu à peu le calme revint dans l'esprit de la championne qui, dans un soupir puissant se laissa tomber sur ses genoux, le visage dissimulé par ses cheveux de feu.

Revan s'approcha lentement et s'accroupit à ses côtés, d'une main tendre écarta les mèches de ses cheveux. Dans ses yeux tournés vers le côté il lisait un désespoir qu'il ne lui connaissait pas.

« J'ai… j'ai échoué… Je ne suis pas digne…
- Ne dis pas ça… je suis sûr que tu t'es bien battue.
- Je… ne pouvais… rien faire…
- Allez, donne moi la main et lève-toi. »

Le dresseur tendit sa main vers la championne aquatique. Elle regarda avec stupeur la main puis le sourire que Revan lui offrait. Elle la lui donna en retour et se redressa.

« Au fait… où sont les villageois ?
- Je… je ne sais pas… beaucoup ont fui par la Route 5 dans la panique, mais les autres sont ligotés dans… oh mince !! Vite ! »

La championne reprenant pleinement ses esprit se précipita vers le Centre Pokémon où les villageois restants étaient debout, soignant les blessés. Joëlle, ainsi que sa cousine Joëlle, se chargeaient des soins les plus urgents.

« Hé oui au moins il y en a une qui pense aux choses les plus urgentes ! dit Joëlle d'Argenta d'un ton sarcastique.
- Oui bon…
- Oh c'est gentil à vous de nous venir en aide. Ajouta Ondine dans un sourire.
- Mais au fait qu'est-ce qui s'est passé ici ? »

Soudain, Revan sentit une douleur venant du plus profond de sa poitrine. Il venait de se rendre compte : il avait oublié quelque chose d'essentiel.

« Joëlle !?
- Quoi ? répondirent les deux cousines
- Pouvez-vous soigner mes pokémon ? Mon lucario est mal en point !
- J'y vais… annonça Joëlle d'Azuria en prenant les pokéballs du dresseur.
- Merci beaucoup.
- Je pense qu'il faudra soigner aussi ceux des villageois également. Prenez les miens aussi je vous prie. »

Ondine venait de prononcer cette phrase avec mélancolie… la dernière était murmurée, presque dissimulée par la honte d'avoir perdu face à un tel danger.

« Viens, montons à l'étage, je vais t'expliquer. »

La championne mena Revan au premier du Centre, et le fit s'asseoir à l'une des tables. Elle avait le regard lourd et les yeux encore humides.

« Elle a débarqué de nulle part, montée sur un oiseau qui m'était inconnu. Elle disait venir d'une région lointaine et qu'elle voulait se mesurer à la championne de la ville. J'ai donc accepté, comme il est de mon devoir. Le match était difficile. Elle a sorti un pokémon plante que je n'avais encore jamais vu : Une sorte de serpent vert aux yeux rouges. Elle le nommait « Najai ». Je n'ai jamais vu une telle rapidité chez un pokémon plante, il esquivait toutes mes attaques, même les plus précises. Et il broyait mes amis dans un tourbillon de feuilles.
Quand elle m'a vaincu elle n'a même pas pris le badge. Et des hommes en cape noire surgirent eux aussi sur des pokémon volants et ils saccagèrent le village avant de rassembler les vivres sur la place et d'y mettre le feu. Je… Je n'ai rien pu faire… »
La championne aux cheveux roux mit ses mains sur son visage et plongea dans un sanglot profond.
Le dresseur ne sut que dire. Il se tut, se leva, prit sa chaise et la posa près de celle d'Ondine et il l'enlaça. Elle se laissa aller et se blottit dans les bras de Revan.

« Ne t'en fais pas, on va vous aider…
- Me… Merci… »

Soudain, venant du rez-de-chaussée, une voix familière se fit entendre :

« Qu'est-ce qui se passe ici ? Un Roucarnage chromatique a ravagé la ville ou quoi ? »

Revan eut un bond. Il avait reconnu la voix. Il fit lentement se lever la championne, tout en gardant un bras sur ses épaules et descendit avec elle les escaliers pour rejoindre le nouveau venu. C'était un dresseur aux cheveux longs attachés, à l'allure amicale et tendre, dont la réputation n'était plus à faire…

« Frantz ? Que fais-tu ici ?
- Revan ?! Toujours en train de draguer ?
- Arrête c'est pas le moment de plaisanter…
- C'est bon… reste cool. Mais… qu'est-ce qui s'est passé ici ?
- C'est une longue histoire… mais d'abord faudrait ravitailler le village… chercher de quoi restaurer tout le monde…
- Eh bien… ça tombe bien…
- Quoi ? Ne me dis pas que…
- Si ! Si ! J'ai le sac rempli de chocolat au lait Meumeu… je voulais juste passer chez Léo avant de rentrer chez moi et je me suis arrêté ici quand j'ai vu la fumée…
- Non… pas poss… fais-voir… »

Effectivement le sac de Frantz était plein à craquer de tablettes de chocolat. Largement assez pour partager avec tout le monde… ce chocolat étant particulièrement énergétique.

« J'en… j'en reviens pas…
- Béni-sois-tu Frantz… s'écria Ondine, les yeux plein de reconnaissance.
- J'ai été à bonne école… n'est-ce pas Revan hein ? Après tu pourras m'expliquer tout ce qui s'est passé… »

*******
Un orage naissait du côté des montagnes… Le vent se levait et quelques fines gouttes de pluie froide tombaient sur la cape noire de Jeanne.

« Encore un signe de plus… il faut agir vite ! » pensa t-elle sur le dos de son Aéroptéryx.

Elle en meneuse, puis ses sbires derrière elle, montés sur des Déflaisan, se dirigeaient droit vers Lavanville… dont le haut de la tour Radio était déjà visible à travers la fine brume.