La Fac des Trois Prestiges de Luxya

Lana était sur son canapé, une jambe repliée contre elle, une tisane entre les mains. Ethan était en train de marcher tranquillement dans la pièce. Il l'avait ramenée à son studio. Emi et Will les avaient aperçus quand ils étaient sortis du vestiaire, mais ils avaient compris qu'ils fallaient les laisser seuls. Intuition. Ethan s'était efforcé de rassurer Lana, seulement en la tenant, ou par des gestes inaperçus. Ça faisait cinq jours. Cinq ridicules jours. Mais quand il la voyait, il se sentait en confiance. Et c'était comme si ça faisait des années qu'ils se connaissaient. Ils avaient quoi, mangé ensemble, traîné ensemble, dîné ensemble, mais jamais seuls. Et c'était pour lui l'occasion unique de lui dire quelque chose qui les obligera à resserrer leurs liens à l'avenir. Parce que, si ça ne s'est déjà pas remarqué, Ethan avait l'air d'avoir eu le coup de foudre pour elle. Pas un coup de foudre qu'on aime que l'année, et qu'on oublie avec le temps. Parce qu'il s'était déjà dit qu'il ne voulait pas l'oublier. Plutôt un pressentiment sur le fait que c'est 'la bonne personne'. Enfin, de toute façon, il était encore trop tôt pour en être sûr.
Ça faisait maintenant vingt minutes qu'il marchait et qu'elle était sur le canapé, le regard fixe vers le sol, loin, tout en gardant la même position. C'est Ethan qui parla le premier :

- Tu veux rien me dire c'est ça ?

Elle détacha ses yeux bleu-gris de son point d'encrage et le regarda. Elle hocha la tête.

- Alors tu sais quoi ? C'est moi qui vais te parler.

Elle tourna la tête sur le côté en signe d'étonnement. La voix d'Ethan était dure. C'est tout juste si Lana n'était pas hypnotisée, le regard vide.

- Tu sais que mon Togekiss est un cadeau offert par ma sœur ? Hélène... Un petit œuf, tout mignon, à mes 12ans... Avant j'étais un enfant banal, des parents, une sœur, deux Pokémon... Puis un an plus tard, j'étais avec Hélène et je...

Sa voix s'était radoucie, et il fermait le poing qu'il ramena à son front, comme pour contrôler une ardente colère qui ne cessait de croître au fil des années.

- Je voulais voir le nouveau magasin des accessoires de Coordination qui avait ouvert pas loin de chez moi. Ma sœur ne voulait pas venir avec moi, ni mes parents d'ailleurs... Alors je suis parti tout seul, sans prévenir. Et elle m'a cherché... Et elle m'a retrouvé alors que j'allais traverser la route. J... Je...

Il releva la tête vers le plafond pour que ses larmes ne coulent pas.

- En bête enfant de 13ans, tu crois que moi, alors que j'avais mon rêve de l'autre côté de la rue, j'allais regarder avant de traverser cette foutue route ??? J'avais pas encore vu Hélène à ce moment... J'ai juste eu le temps de l'entendre hurler mon prénom... Je me suis retourné... Et ma sœur m'a poussé pour que je ne me prenne pas la Mercedes qui arrivait... Mais elle...

Il déglutit, incapable de se retenir plus. Il sanglota, la tête désormais entre ses mains, lâchée vers le sol.

- Tu vois, ma sœur avait 19ans, la vie devant elle, elle était brillante, charmante, elle adorait l'élevage comme Emilie... Et si j'avais pas désobéi en partant seul, ma sœur serait encore...

Il releva la tête vers Lana, les larmes aux yeux tout les deux, et il sembla souffrir atrocement pour sortir ce simple mot :

- ...vivante...

Lana posa sa tisane sur la petite table basse et allait parler quand il la coupa.

- Laisse moi finir. Tu ne voulais pas savoir comment j'ai rencontré Carapagos ?

Elle acquiesça calmement, les yeux humides.

- Je n'ai pas eu que ça comme malheur... Passer d'un gamin qui adore regarder des concours à la télé se retrouve écrasé par la culpabilité... J'ai tué ma sœur, Lana ! Et personne ne pourra me contredire ! Mais bien sûr, comme je culpabilisais déjà... Mes parents se sont rajoutés. Chaque jour, ils me disaient « Tu es un monstre, notre fille est morte par ta faute ! » Enfin, ça n'a duré que quelques semaines, parce qu'après...

Son visage se figea dans la haine et l'humiliation.

- ... Ils ne m'ont plus adressé UN MOT. Je n'exagère même pas. Pour eux, ils vivaient avec un meurtrier. Mais moi, avant, j'étais pas conscient que tout était entièrement ma faute. J'étais trop triste... Alors, il y a 3 ans, je suis allé au Lac, à côté de Cimetronelle, et j'ai tenté de me suicider, tout était trop lourd à porter.

Ses yeux étaient rouges. Sa voix était glacée et pourtant étrangement neutre en même temps.

- J'ai plongé ma tête, et j'ai attendu. Que je meure. Comme Hélène. Sauf qu'elle c'était par sacrifice pour son petit frère et moi par lâcheté. Je ne me souviens plus comment c'était sous l'eau mais je sais juste qu'avant de perdre connaissance, j'ai vu une tortue.

Il sortit son Carapagos Chromatique. Il s'adressa à lui :

- Tu t'en souviens toi ?

Carapagos geignit de tristesse. Ethan lui tapota la tête gentiment.

- Quand je me suis réveillé, j'étais trempé, et Carapagos était à côté de moi. Et plusieurs villageois étaient attroupés autour de moi... Sauf mes parents, bien sûr. L'un d'eux m'a dit : « Hé ben mon p'tit gars, t'as de la chance que ce Pokémon ait lancé un Laser Glace vers le ciel, ce qui nous a rameuté ici ! », raconta Ethan en essayant d'imiter la voix. Et depuis bien longtemps... J'ai souri. J'ai pris une PokéBall, et je l'ai enfermé dedans. Quand je suis rentré trempé, mes parents ont dû être mis au courant car la seule chose qui m'ont dit a été : « Tu es pitoyable. »

Luxray était venu vers Ethan qui le caressa en souriant.

- Voilà. Bon depuis deux ans, ils me reparlent un peu. Le minimum syndical, tu vois ?

Non. Lana ne voyait pas. Ses parents étaient trop différents. Elle repensa à David et Noémie, toujours prêts d'elle quand elle pleurait, quand elle criait, quand elle riait. Et Ethan n'avais plus eu ça depuis cinq ans maintenant. Il vivait seul, avec deux fantômes ? Elle n'imaginait pas du tout ce que ça pouvait faire, et elle réalisa la chance qu'elle avait. Elle qui pensait que l'amour des parents était un acquis, voilà que sa théorie s'écroulait. Et c'est pourquoi Lana comprit plusieurs choses sur le comportement d'Ethan.

- Tu es tellement lunatique.
- Comment ça ? s'étonna-t-il, les yeux encore rougis par les larmes.
- Quand je t'ai vu, tu étais tellement gentil et avenant. Et des fois, sans crier garde, tu t'énerves, tu deviens froid. Et maintenant j'ai compris pourquoi.
- Je n'ai jamais été comme ça avec toi.
- Je... Euh... Non, c'est vrai. Mais avec Audrey, William... dit-elle.
- C'est possible. Donc tu es la seule qui connaît ma vie.

Il était venu s'asseoir à côté d'elle.

- Je suis désolée, chuchota-t-elle, triste.
- C'est rien, j'ai tellement eu l'habitude de ne rien dire, que des fois... J'ai limite l'impression d'inventer ce que je dis.
- Mais en tout cas tu n'as pas tué ta sœur, Ethan.

Il la regarda. Ethan a toujours gardé ça pour lui. Bien sûr, les personnes de Cimetronelle avaient toutes été mises au courant, mais il ne le disait pas aux autres. Donc jamais, il n'avait entendu qu'il n'était pas responsable. Il enchaîna :

- Je t'ai dit ça principalement pour que tu vois que des épreuves, on en a tous. Et que je suis quelqu'un de fiable, à qui tu peux tout dire.
- Je le sais ça. Mais c'est juste que...
- Quoi ?
- ... J'ai peur.

Ethan soupira silencieusement. Soudain, on entendit un petit bruit venant de la cuisine.

- C'est quoi ? demanda Ethan.
- J'en sais rien.
- Oh... Bon au moins tu sais que je suis là. Puis je pense que tu n'attendras pas longtemps.
- Ben vas-y, prends-toi pour un psy aussi... marmonna-t-elle.

Le brun comprit que ça ne servirait à rien d'insister. Il se releva en s'appuyant sur ses genoux, et se tourna vers elle.

- C'est bon, je te laisse. Et pense à récupérer Evoli au fait.

Lana écarquilla les yeux, et s'empressa de se lever pour aller chercher son Pokémon. Elle se figea dans sa course et se retourna vers lui.

- Quoi ? demanda-t-il.
- ... Merci.

Et elle repartit. Ethan observa autour de lui, et parla seul :

- Tu veux peut être ne rien me dire, mais moi je voudrais juste savoir ce qui te tracasse...


= =


- EVOLI !! Pardon pardoooon...
- Mais t'inquiètes pas ! ricana Emilie, toujours vers la piscine. Elle a bien joué avec les miens !

Evoli sautilla de joie. Les trois Pokémon d'Emilie jouaient avec le renard depuis tout à l'heure.

- Je l'ai un peu brossée, ça lui plaisait !
- C'est gentil, Emi, sourit Lana, le crayon noir ayant coulé sous ses yeux.
- Euh Lana... Je sais que tu t'entends mieux avec mon frère, ou Ethan, mais si tu veux me parler un peu, je suis là...
- Je... C'est gentil, répondit-elle, gênée.
- Eh les filles !

William arriva en trottinant. Il s'assied à côté de sa sœur, sur le sol, et débuta.

- Demain, c'est vendredi, on va s'ennuyer, ça vous dirait toi, Ethan et Audrey, de venir chez Emi et moi ? Notre grand-mère habite à Verchamps, c'est pas si loin à pied !

Lana réfléchit, puis finalement accepta. En parlant d'Audrey, où était-elle ? Il était 18h, elle devait largement être sortie de sa salle. Lana s'approcha d'Evoli, et lui fit un gros bisou sur le museau. Comme pour se faire pardonner. Elle se sentit mieux tout d'un coup. Ethan était là pour elle, Emilie aussi, William était son ami, le premier ami qu'elle s'était fait ici, ils allaient passer toute la journée de demain ensemble. Enfin, il restait Audrey, mais ça se fera peut être avec le temps... « Peut-être... » répéta-t-elle.
C'est à ce moment qu'Evoli s'entoura d'une aura blanche et s'illumina, les rayons perçants se projetant jusque dans le ciel orangé par le soleil. Emilie et William s'étonnèrent, et Emilie s'empressa de sortir un bloc notes. William souriait, content pour Lana que son équipe soit entièrement 'finie'. Evoli gagna en taille, sa queue s'allongea et se divisa en deux. Un joyau rouge orna sa tête, et ses oreilles prirent de l'ampleur. Ses pattes se rallongèrent, et sa fourrure blanche en collier disparut. Sa couleur, désormais violet, scintillait grâce au soleil. Le plus flagrant restait ses yeux, totalement métamorphosés. A la base ronds, ils prirent la forme de grosses amandes dont l'iris était violet et la pupille blanche.

- Mentaliiiiii !

Lana se mit à rire, et prit Mentali entre ses bras.

- Tu te rends compte que grâce à toi, je vais savoir pleins de choses ??
- C'est-à-dire ? demanda Emi.
- Les Mentali sont réputés pour prévoir le climat, et même à voir le futur proche, commenta Will. Mais ce n'est que le cas des Mentali heureux. En voyant comment Lana s'en occupe je pense qu'il n'y a aucun problème là-dessus.
- Puis Mentali peut donc anticiper les mouvements de ces ennemis... Je suis juste... TROP CONTENTE !!

Will sourit de voir Lana se réjouir comme ça. Il leva la tête vers le ciel, ferma les yeux, et sentit la chaleur du soleil lui caresser le visage.


= =


- Audrey, ouvre moi !
- JAMAIS !
- Mais j'ai rien fait... Avoue que tu es allée trop loin ! s'écria Ethan.
- Que dalle ! Avoue que tu es un coincé !
- Punaise, ça fait qu'une semaine qu'on se connaît !
- Ça t'a suffit pour aimer Lana, hein !
- Je vois pas de quoi tu parles... marmonna Ethan de l'autre côté de la porte.

Elle verrouilla son deuxième loquet et regarda ses Pokémon manger. Herbizarre, Altaria, Givrali et Symbios faisaient comme si de rien était, et dévoraient leur gamelle. Elle soupira de voir à quel point ils étaient 'cool' et n'avaient pas de problèmes. Tout ça, juste parce qu'elle n'avait toujours pas digéré la réaction d'Ethan.

- C'est pas grave, je vais me rabattre sur le blondin ! cria la rousse, assez éloignée de la porte.
- Will n'aime pas les filles superficielles... ricana-t-il.

La porte s'ouvrit brusquement, dévoilant une furie enragée.

- MOI ? SUPERFICIELLE ?!
- Oups...
- Tu viens me demander pardon, pour au final m'insulter ??
- Meuh... Pas du tout...

Ethan prit les mains d'Audrey entre les siennes. Elle sentit la chaleur de son corps musclé.

- Je voulais juste que tu ne restes pas enfermer dans ton studio, seule, pour qu'on aille rejoindre les... Houmph !!

Elle l'embrassa fougueusement. Elle était tellement proche que l'envie devint plus forte que la raison. Audrey aimait quand tout allait vite, et ce fut une si bonne occasion, qu'elle se ficha des conséquences. « Un beau gosse de plus, presque dans la poche ! ». Will, Emi et Lana arrivèrent.

- WTF ??? s'étonna Emi.

William écarquilla les yeux et se figea. Lana... s'arrêta aussi, regarda les deux dans l'encadrement de la porte. Emilie sentit la tension et tenta d'apaiser à sa façon.

- Euh vous voulez venir à la maison demain ? Et Evoli a évolué en Mentali ! Vous connaissez la blague de la chaise pliante ? Ah ben zut je l'ai dit toute seule... chouina-t-elle en souriant.
- Oh NON ! Je veux pas voir ce mec chez moi demain ! s'énerva William.

Lana se retourna et partit, avec Luxray. Ce dernier qui juste avant fit un « hmff ! » en direction d'Ethan, comme pour lui montrer sa déception. William ne tarda pas à la suivre. Ethan, qui depuis avait repoussé Audrey, les regardait, impuissant. Il n'avait pas envie de les rattraper. Il était juste... fatigué. Et s'il partait, que dirait Audrey ? Emilie inspira profondément, puis expira, las de ces histoires.

- Bon, devinez qui va manger seule ce soir...


= =


- C'est dégueulasse ! DE-GUEU-LASSE ! Mais beuh, quoi, ils ont rien à foutre ensemble ! Je comprends pas, là !
- Pourquoi tu dis ça, Will ? demanda Lana.

Ils étaient assis une fois de plus sur le long escalier de l'entrée de la Fac. Elle avait les jambes repliées sur elle, et attachées par ses bras, alors que William était totalement allongé sur une marche au-dessus.

- Parce que ! Il le sait lui !
- Oui mais avec ta réaction, on comprend tous... Puis pourquoi t'es allongé alors que t'es énervé ??
- Ca calme mes tensions, ça m'évite de sauter sur place comme un Lockpin au printemps, dit-il fermement.
- Oh... Etrange métaphore...
- Je sais, je suis pas doué à ça.
- Ben alors tais toi. Dis moi clairement ce que t'as pour elle.
- Mais je l'aime pas ! On a juste parlé entre mecs et je lui ai dit qu'elle me plaisait, c'est tout !
- Ben, c'est bon, t'as pas des droits sur elle hein, y a pas écrit « toutou de Willy » sur sa tronche non plus ! En plus c'est une dragueuse...
- Mademoiselle Orwell, je vais te casser TA tronche si tu continues !
- Monsieur Fabray, j'aimerais que vous ne considériez pas comme acquis, ce qui ne l'est pas !
- Eh ben, désolée t'es pas la propriété d'Ethan, et pourtant je tente rien avec toi !

Elle se retourna vivement vers lui.

- Quoi ?!
- Non mais j'ai pas envie non plus !
- Ah ouf... Attend, Quoi ??
- Non mais Ethan n'a rien envers toi non plus...
- Mouais... Z'êtes trop bizarres les gars, faut toujours répercuter vos sentiments sur quelqu'un...

Il réfléchit, puis demanda :

- T'as pas de sentiments pour moi ?

Elle pencha la tête, étonnée, et répondit :

- Non. J'ai l'impression qu'entre nous, y a pas d'alchimie. Tu me ressembles trop d'un côté je trouve.
- Ah ça va ! Heureusement qu'on pense nous deux la même chose. Pourtant je sais pas, d'un côté, tu pourrais vraiment me plaire, mais y a quelque chose qui fait qu'...
- ...on doit rester ami et pas plus ! acquiesça-t-elle en souriant. Je pense comme toi.

Elle se repositionna tranquillement. Elle mit ses pieds sur Luxray, et lui frotta le flanc. Will releva le buste.

- Tu sais ce que je fais quand je suis énervé ?

Lana répondit par la négative.

- Je fais un combat Pokémon ! dit-il en se relevant. On termine notre match ? Demolosse VS Lucario.
- Si tu es énervé, tu vas perdre.
- Que dalle.
- Très bien. Euh juste une question ?
- Oui ?
- Pourquoi je suis partie quand je les ai vus, moi ?

Il haussa les épaules, puis ricana. Ils se levèrent et se dirigèrent vers le stade.


= =


- Aaah je vois maintenant... s'exclama Emilie après qu'Audrey lui ai tout raconté.

Ethan avait ses cheveux bruns foncés en bataille tellement il les avait secoués à cause du stress. Il était assis à table, la main dans ses cheveux, dans le studio d'Audrey. La rousse parlait naturellement, assez fière de son coup.

- Oui, on peut dire que je n'étais pas consentant... souffla-t-il agacé.
- La prochaine fois, tu sauras à quoi t'attendre.
- Parfaitement, puisque tu ne recommenceras pas !
- ÇA SUFFIT ! Pour aujourd'hui ! Bon voilà ce qu'on va faire : connaissant mon frère, il doit se bastonner un peu pour se calmer, donc on va en profiter pour faire le point tranquillement. Ethan, que dois tu faire ? demanda Emi avec une voix de présentatrice télé.
- Arrête t'as la même voix qu'Estelle Nedis... marmonna-t-il
- Ben je fais exprès débile !
- Bon, faut que j'aille parler à William avant qu'il soit assez renfrogné pour me castrer... Et...

Ne voulant pas citer Lana, il s'arrêta là. Emilie comprit et demanda à Audrey que faire. Elle signala qu'elle n'avait rien à dire, peut-être qu'elle dira un 'désolée pour la gêne occasionnée'. Sans plus. Elle partit dans sa chambre et revint avec son œuf.

- Ooooh, j'en entendais plus parler ! s'extasia Emi.
- Oui, mais la il brille, donc je pense que ce sera pour demain !
- Je penche plus pour samedi. Parce qu'il brille peut-être, mais il ne gigote pas encore assez !

Les trois jeunes gens regardèrent l'œuf. Sous couveuse, bien au chaud, cela serait bientôt un petit Pokémon tout fier de naître.

- Sinon, tes heures de colle, c'était bien ? demanda innocemment Ethan.
- Boh, le prof avait l'air un peu gigolo, il me disait des phrases bizarres...
- Comme ? demandèrent en cœur les deux autres.
- Genre « Seules la miséricorde, la bonté et la générosité parviendront à conquérir le monde... » En fait il répétait plusieurs fois celle-là. Elle m'a un peu choquée alors je m'en souviens bien. Mais bon, c'est un vieux grincheux donc...
- C'est bizarre quand même, grimaça Emi.
- Je plussoie, confirma le garçon.

Blanc. Les trois étaient toujours autant gênés de ce qui s'était passé et voulaient donc se changer les idées.

- Bon, pour raconter ma vie, vous saviez que j'ai un an de plus que vous ? commença Audrey.
- T'as 19ans ? s'étonna Emi.
- Ouais ! J'ai redoublé ma 2nd. J'avais des supers bons résultats en Usage Artistique des Attaques, mais le reste... Je foutais rien !

C'est comme ça que la discussion commença.


= =


Sur le terrain, Lana s'écria :

- J'ai changé d'avis !
- De ? s'étonna-t-il.
- Je voudrais qu'on utilise d'autres Pokémon !
- Euh... Ok. Genre Luxray ?

Luxray secoua la tête à côté de sa maîtresse.

- Non, avec lui tu perdrais obligé, c'est pour les combats urgents, dit-elle en ricanant.
- Vantarde !
- Mais non. Lokhlass !

Le Pokémon apparut, et Lana déclencha le bassin d'eau. Des galets d'environ 1 mètre de diamètre étaient dispatchés dedans.

- Ah... Celui-là m'aidera peut-être dans ce cas là. A toi !

Le Pokémon se matérialisa de son énergie rouge. Un grand oiseau de bien 1mètre 50, le dessus de ses ailes rouges, et le dessous de son corps bleu. Gueriaigle poussa un furieux rugissement, tout en contractant ses griffes acérées. Son bec luisait à la lumière du soleil couchant. Lana était en extase devant l'aigle Vaillant.

- J'EN VEUX UN !!! cria-t-elle en sautant de joie.

William était toujours énervé. Même s'il avait un peu parlé, tout remontait. « Entre mecs, on se trahit pas ! »

- Cette fois, tu vas le combattre. Gueriaigle, Aiguisage à répétition !
- Tututu... dit Lana en secouant le doigt. Lokhlass, Laser Glace.

Le Laser partit et Gueriaigle l'esquiva, stoppant donc son augmentation de stat.

- Bon ça m'embête un peu, je pensais que tu prendrais Musteflott pour faire un combat à l'Eau, mais bon... Donc Surf !

Une vague immense prit naissance devant Lokhlass et allait s'abattre sur Gueriaigle.

- Et Laser Glace encore une fois !

Lokhlass gela la vague et Gueriaigle fut assommé par la glace.

- Bon, ça y est tu m'as énervé ! Gueriaigle, Rapace !
- Lokhlass, sous l'eau !

Lokhlass plongea sous l'eau mais Gueriaigle fonça à sa suite, enveloppé d'énergies semblables à des flammes. Qui ne consumèrent même pas dans l'eau. Lana fut très surprise, et Lokhlass aussi qui fut puissamment touchée sous l'eau.

- Tête de Fer !

Lokhlass en profita pour dégommer Gueriaigle, qui était en train de se remettre de son attaque.

- Toxik ! Dans l'eau entière ! s'énerva William.
- Oh non... geignit Lana. Ca m'énerve je lui ai remplacé Régénération par Prescience...
- C'est ça, dévoile moi tes attaques, merci bien ! ricana-t-il. Aiguisage !

L'eau s'emplit du poison et devint violette. Lokhlass était sortie de l'eau et s'était jetée sur un galet. Gueriaigle aiguisait ses griffes.

- Ton Pokémon ne tiendra pas longtemps, Lana !
- Tu sais ce qui m'énerve le plus chez un dresseur dans un combat ?
- Quoi ?
- C'est quand il se laisse submerger par ses EMOTIONS !

Gueriaigle tomba soudainement dans l'eau. Will haussa les sourcils.

- Je ne t'ai pas dévoilé ma stratégie, j'ai simplement dit à Lokhlass d'utiliser Prescience, tout à l'heure. Laser Glace !

« Elle a raison... Je suis trop énervé. »

- Maintenant c'est TON Pokémon qui est empoisonné, même si je sais que Lokhlass ne tiendra pas longtemps, elle a quand même de bonnes réserves en elle.

William s'aperçut que Lokhlass avait recouvert le bassin de glace. Et Gueriaigle était dessous.

- Mais t'es malade !! Gueriaigle, Surpuissance !

L'aigle défonça la glace et s'abattit de toutes ses forces sur le Pokémon Transport qui geignit. Lokhlass recula sur la glace.

- Gueriaigle, Aigusage !

« Mais qu'il est gavant ! Lokhlass tiens bon... »

Lokhlass voulait retrouver l'eau, mais la glace lui suffisait déjà pour le moment. Seulement, l'attaque Surpuissance l'avait bien affaiblie, et le Pokémon suffoquait un peu.

- Hin, hin, Gueriaigle, Surpuissance encore une fois, tiens le coup !
- Lokhlass, désolée, mais sous l'eau !

Lokhlass glissa sur la glace et partit sous l'eau, là où le Pokémon Vol avait fait un trou. Gueriaigle fonça sur le galet et stoppa son attaque de justesse. Il se recroquevilla à cause du poison.

- Prescience.
- Aiguisage !

Les yeux de Lokhlass devinrent roses et l'attaque fut lancée.

- Laser Glace !
- Rapace !

Alors que Gueriaigle fonçait droit vers Lokhlass, la tête du Pokémon Glace sortit de l'eau et envoya le jet glacé. Gueriaigle se le prit de plein fouet, mais n'arrêta pas sa chute pour autant, devenant tout glacé. Il déglingua Lokhlass sous l'eau qui peina à se remettre. Gueriaigle luttait pour rester apte au combat, et Lokhlass en profita pour remonter à la surface et se jeter sur un galet. Le Transport ferma les yeux et gémit en supportant le poison.

- Ah non !! Gueriaigle sors de l'eau ! Prescience non non non !

Trop tard. Gueriaigle sortit de l'eau empoisonnée et se prit la Prescience de Lokhlass. Il s'écroula sur la glace, K.O.

- En même temps, c'est mon dernier Pokémon, normal que je perde...

Il s'approcha en titubant vers Gueriaigle pour lui porter secours. Lana fit de même et manqua de tomber sur la glace.

- Manquerait plus qu'on tombe dans l'eau, ça serait bien naze !
- Ouais, t'as raison. D'ailleurs, passe moi un Antidote s'il te plaît, j'ai oublié mon sac.
- Il y un gros problème avec ses attaques, dit Lana en lançant un Antidote à Will et en en donnant à Lokhlass. C'est que tu n'as que des attaques de bourrins. Aiguisage est très bien, Toxik aussi, mais les deux autres l'épuisent trop vite...
- Je sais, mais je l'ai formé exprès pour dégommer sur son passage.
- La preuve que non, je t'ai battu, ricana-t-elle fièrement. Même si j'avoue que sans Prescience, c'est sans doute toi qui aurais gagné. J'adooore cette attaque !
- Oui bon, de toute façon, je ne toucherai pas à ses attaques. N'empêche on est des puissants, ricana William.
- Normal, cette école ne prend que des surdoués !
- T'es trop vantarde toi des fois... dit-il, blasé.
- « Bip ! Bip ! »

Lana s'excusa, et sortit son portable.

« De Matt. A 19h05.
Salut, moi c'est Matt et ma meilleure amie m'a totalement oublié depuis sa rentrée à Sinnoh ! Fais moi signe quand tu me prendras au sérieux ;) Le Médecin vadrouilleur attend comme un gland :D ! Bisous. »

Elle se mit à rire toute seule. Elle répondit, le sourire aux lèvres.


Ils repartirent vers le studio d'Audrey, là où ils les avaient vus la dernière fois. Avant cela, ils avaient pris des pizzas devant la Fac. Will toqua, ouvrit la porte, et découvrit les trois étudiants morts de rire devant la télé.

- Euh, vous faites quoi là ?
- On regarde « Mes Pokémon d'abord » ! C'est hilarant comme pas possible ! s'enjoua Emi. Le mec, il a demandé à son Tortank d'utiliser Hydrocanon sur le petit ami de sa fille, et ça l'a propulsé jusque dans une poubelle !
- Et vous rigolez... Pour ça ??
- Bwwééééééééh !!!

Seul Ethan s'était arrêté de rire en voyant Will. Lana montra timidement sa tête.

- Bon, je suis calmé, et j'avoue que...

Lana lui donna un coup de coude.

- Ça va ! J'avoue que je me suis emporté, voilà ! J'ai besoin de parler à Ethan. Quant à Audrey, ben j'ai rien à dire, dit William en croisant les bras.
- Tant mieux, moi non plus, dit-elle en le recopiant.
- J'arrive Will, dit Ethan, content de pouvoir s'expliquer.

Il frôla Lana. Il lui glissa discrètement :

- Je suis désolé si tu as mal pris ce qui s'est passé. Je ne te mentais pas quand je t'ai dit que je suis là pour toi.
- Non, ça m'est égal, et je n'ai rien à te dire, murmura-t-elle.
- Alors pourquoi t'es partie ?

Elle réfléchit puis ajouta, toujours aussi doucement :

- Je ne sais pas.

Il s'étonna et fut tiré par le bras. William lui demanda de s'expliquer, dans le couloir devant la porte.



Lana ne disait plus rien, juste parce que le simple fait de voir Audrey l'agaçait. Emilie coupait les pizzas, indifférente.

- Vous sortez ensemble ? demanda finalement la brune après cinq minutes.
- Et si c'était le cas ? répondit Audrey.
- J'en sais rien, je veux juste savoir.
- Non. Ce gars est une chiffe molle, il est peut être magnifique, c'est encore un gamin. Faut qu'il pète un coup.
- Tu ne sais rien de lui ! s'énerva Lana.
- Ah bon ? Et toi, t'en sais des choses ?
- J... Non, pas tellement., mentit-elle.
- Alors tu es gentille, tu la fermes, dit froidement Audrey.
- Si tu me redis ça, je me retiendrais pas pour te sauter dessus, ta tête m'insupporte.
- Onsecalmeslesfilless'iouplé... temporisa Emi.
- De quoi ? Tu la fermes ? Je rajouterai « grognasse » aussi, tiens ! Puis « asocial », « ronchonne », « rabat-joie » surtout !
- Rrrr !!

Lana se jeta sur Audrey qui était sur le canapé. Luxray grommela, tentant de ramener sa dresseuse à la raison. Les yeux gris de la brune traversaient avec fureur les deux yeux émeraude d'Audrey.

- Convaincs-toi d'une chose : Tu n'as pas de vie pour me dire ça. Tu veux juste te faire remarquer.
- Et toi convaincs-toi qu'il n'y a que les gens mentalement perturbés pour se jeter sur quelqu'un qui leur a juste dit de la fermer.
- Jecroisqu'aujourd'hui c'estlapressionàmort ... dit Emi en baissant la tête vers ses pizzas.

Lana se releva, choquée de sa propre action. Emilie n'avait même pas bougé.

- Ahlala les vertus de la pizza à la sauce tomate, fromage, oignons, jambon, œuf... Ahhh j'aime l'Italiiiiie !

Les deux garçons rentrèrent précipitamment après avoir entendu l'esclandre. Lana se tourna vers eux. Elle signala furtivement que ce n'était rien. Emilie appela alors tout le petit monde pour manger. Au final, ils mangèrent ensemble, contrairement à ce qu'elle avait pensé. Personne à table ne parla, chacun trop occupé à penser à diverses choses. Même la jumelle, d'ordinaire bavarde, se tut, pour respecter le silence ambiant. Un silence qui veut tout dire, paradoxalement.



Après avoir fini de manger, ils se préparèrent à regagner chacun leur studio. Ils avaient finalement tous acceptés de se rendre chez Emi et Will demain. Celui qui semblait le plus perturbé était Ethan. Il ne cessait de se secouer le derrière de la tête, en remuant ses cheveux foncés, de baisser les yeux. Les signes avant-gardistes de ceux qui ont commis un acte honteux.

- Ethan, ça va pas ? demanda Emi.
- Si, si très bien.
- Ça se voit que t'as l'air en stress ! rit Will.
- Non.
- Qu'est ce qui s'passe ? s'étonna Lana.
- J... J'a...

Il reprit soudain une posture naturelle et déclara :

- J'adore tes yeux.
- Oh. Ouais c'est ça... s'étonna Lana, suspicieuse.

Il se mordilla les lèvres et resserra la lettre au fond de la poche de son short...