Chapitre 13: Se lancer à corps perdu dans la bataille
Chapitre 13: Se lancer à corps perdu dans la bataille
« Trente-six pokédollars soixante-dix. »
Jules déposa l'argent sur la table, maugréant un « voleur » assez bas pour ne pas être entendu. En sortant du bar, une violente rafale le secoua. Normal pour la saison. Normalement, les vents n'étaient pas si violent. Et en effet, non loin de lui se déroulait un combat de pokémons Vol. Une Lame d'air manqua Jules de peu. Il s'éloigna rapidement, veillant soigneusement à ne pas recevoir une autre attaque.
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« Rapport ! »
Pris de court dans ses calculs, un sbire s'avança devant Giovanni. Le jeune sous-fifre tremblait légèrement.
« Alors… d'après mes calculs, je dirais que nous avons capturé une trentaine de rebelles ainsi que trois de leurs chefs. »
« Et il t'a fallu autant de pour faire cela, imbecille ? »
« A vrai dire, je comptabilisais nos pertes. Voulez-vous en prendre connaissance, Monsieur ? »
« Non. C'est absolument inutile. Qu'importe ceux qui sont tombés dans notre camp, tant que nous avons accompli notre mission. Chargez-moi ces vermines dans des camions de transport et amenez-les au QG de Céladopole. Si Jules est assez intelligent, il comprendra ce que ça signifie. Du moins, s'il ne se fait pas pêcher avant. Allez, rompez ! »
Le jeune sbire s'exécuta rapidement et transmis les ordres à son chef. Celui-ci alla discuter avec ses collègues. Giovanni se tourna vers les prisonniers en leur adressant un sourire carnassier. Il fit signe à un Admin de venir le rejoindre.
« Finalement, vous allez me séparer les vulgaires sbires des leaders. J'ai d'autres projets pour eux. Si Jules vient, ce sera pour les sauver. Les autres peuvent d'ores et déjà mourir. Exécutez-les un à un dans le champ ! »
« A vos ordres ! »
Aussitôt que l'Admin eut fini sa phrase, l'escouade chargée de faire le sale boulot releva une à une les recrues. Les regards froids et impitoyable des exécuteurs en firent frissonner plus d'un. Puis, une fois que tout le monde fut placé dans l'arrière-cour, les sbires sortirent des Typhlosions. Cinq. Et chacun, un à un, déversa son feu dévastateur sur le groupe condamné.
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Jules marchait depuis le début de l'après midi. La bavette de Tauros à trente-six pokédollars et quelques lui brûlait l'estomac, ralentissant considérablement son rythme de marche. Le froid n'arrangeait pas les choses. Soudain, un klaxon dans son dos le fit sursauter. Le jeune homme se retourna et plissa les yeux pour mieux voir. C'était une petite camionnette de paysan, de couleur blanche. Mais Jules ne voyait pas bien l'homme qui la conduisait. Le chauffeur se gara sur le bas-côté de la route et descendis de son véhicule. C'était un homme assez corpulent, trapu, d'un âge légèrement avancé. Son expression, parfois joyeuse, parfois soucieuse, lui donnait un air assez étrange. Ses grosses moustaches grise frémissaient au vent.
« Je t'emmène quelque part gamin ? Tu vas où comme ça ? »
« A Ebricot. J'y ai un rendez-vous avec quelqu'un. »
« Monte ! Je dois me rendre au marché d'une ville voisine ! Je te déposerai au passage ! Allez, fais pas ton timide ! Tu veux que ta p'tite amie t'attende ? »
Jules rougit. Non mais qu'est-ce que c'était que ça ? Ce n'était pas pour ça ! Mais autant le lui faire croire non ? C'était toujours plus simple que de lui expliquer la situation… Le vieil homme rit aux éclats lorsqu'il vit l'expression de Jules. Il avait touché juste ! Enfin, c'était ce qu'il croyait. Il reprit sa place et invita le jeune homme à monter.
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« Regardez -moi ça. Vous êtes tous aussi pitoyables les uns que les autres. Mais cela ne change en rien votre destin. Tel que je le connais, il viendra pour vous. Vous serez les appâts. Vous assisterez vous-même à sa mort, en temps qu'invités privilégiés. Puis, vous mourrez en place publique pour avoir osé vous lever contre moi. Ainsi, le peuple aura enfin conscience qu'il est vain de se dresser contre Giovanni. Allez, emmenez-les en cellule de détention ! »
Les trois prisonniers furent conduits hors du bureau. Giovanni se retourna et passa ses mains dans son dos. Son regard se dirigea vers le fichier-rapport de Jules. Un rictus malfaisant se dessina sur son visage.
« Je t'attends de pied ferme, Jules. »
Son attention se porta ensuite sur le téléphone fixe. Oui, il valait mieux l'appeler, afin de parer à tout élément imprévu.
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« Il faut profiter de la jeunesse. Quand on est jeune, on peut tout faire, tout semble accessible. Je ne me souviens pas d'avoir eu une quelconque copine à ton âge. Si j'avais su que je rencontrerais… »
Jules n'écoutait pas. Il regardait le paysage par la fenêtre. Le vieil homme s'en était bien rendu compte. Mais il continuait son monologue. Puis, dans son flot continu de paroles, le vieux paysan eut un hoquet de surprise. Jules, intrigué, observa. Ses craintes étaient fondées.
« Un barrage de la Team Rocket ! Quelle déveine ! Je crois bien que tu vas être en retard pour ton rendez-vous. »
Jules frissonna. Si la Team Rocket le capturait, ça serai la fin de tout. Il devait descendre. Il tenta d'ouvrir la porte mais la poignée ne réagissait pas. Son regard se porta sur le vieil homme. Ce dernier regardait droit devant lui. Une fine larme roulait sur sa joue. Son pied appuya lentement sur la pédale de frein. Jules écarquilla les yeux. Comment avait-il pu se laisser prendre aussi facilement ?
« Je suis désolé gamin. J'en conclus par ta réaction que tu es recherché par cette bande de fripouilles. Je suis désolé. Mais j'ai besoin d'argent pour vivre, élever mon petit-fils. Tu peux comprendre ça ? J'espères que tu ne m'en voudras pas trop. Veux-tu que j'explique la situation à ta copine ? »
« Il n'a jamais été question de rendez-vous ! Si je vais à Ebricot, c'est parce que j'ai une réunion de résistants à présider ! Moi au moins, je me bat pour notre pays ! »
« Dans ce cas, je te souhaite de réussir. Mais j'ai vraiment besoin de cet argent. »
Le paysan ouvrit sa portière et se dirigea vers le poste de garde. Jules était resté en compagnie d'un sbire. S'il allait assez vite, il pourrait s'enfuir. Le vieillard n'en aurait pas pour longtemps alors il fallait agir dès maintenant. Brusquement, Jules ouvrit brusquement la portière, assommant le sbire sous le choc. Après avoir asséné un coup de pied au bandit déjà sonné, le jeune homme prit la tangente. Mais une petite motte de terre le fit trébucher. Il s'étala de tout son long sur l'herbe fraîche. Lorsqu'il voulut se relever, le jeune homme sentit quelque chose de froid et tranchant sur sa nuque. Lentement, il se retourna et aperçut un Insecateur. Le pokémon le tenait en joue. Derrière lui, son dresseur s'approchait.
« Si tu tentes de t'échapper cet Insecateur se fera un plaisir de te trancher la gorge. Relève-toi, doucement. Sbire, confisquez-lui ses pokéballs. Giovanni le veut absolument. Rien ne doit empêcher son transfert. Je t'emmènerai sain et sauf au boss, parole de Grégoire Leverrant ! »
« Et pour ma récompense ? » demanda le vieil homme.
« Ah oui. Insecateur, il est à toi. »
Le vieil homme commença à reculer. Alors voilà ce qui l'attendait ? Mais avant qu'il ne puisse commencer à s'enfuir, la faux de l'Insecateur le traversa de part en part. Le vieil homme hoqueta plusieurs fois. Le vieillard tomba lourdement au sol, encore conscient, parcouru de légers spasmes.
« Laissez-le se vider de son sang. On a autre chose à faire. Chargez notre invité dans la camionnette. Roger, tu restes pour surveiller et fouiller les véhicules qui passent. Le reste, vous venez en tant qu'escorte. Allez, dépêchez-vous ! »
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« Bon, on se calme ! On va attendre jusqu'à demain matin. Peut-être que certains ont pris un peu de retard. Attendons encore un peu, c'est la seule chose qu'il nous reste à faire. »
Un lourd silence s'installa. Les recrues étaient encore sous le choc. Nolwenn, fraîchement arrivée, guettait par la fenêtre l'arrivée d'éventuels rescapés, et peut-être celle de Jules.
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« Je suis content d'avoir pu enfin te mettre la main dessus. Je ne comprends pas pourquoi Giovanni t'a laissé partir et qu'il ait envoyé un avis de recherche juste après. Peut être cela s'apparente-t-il à un jeu pour lui ? Je n'en sais rien et je ne veux pas savoir. Quoi qu'il en soit, j'ai rempli mon devoir auprès de lui. Au fait, ton père a-t-il bien reçu mon message ? »
« Un message ? C'est vous qui… ? »
« Bien évidemment. Qu'est-ce que cela te fait d'être en présence de l'assassin de ton père ? »
Le regard de Grégoire croisa celui de Jules, haineux. L'homme s'en délecta. Faire rager les proches de ses victimes et savourer leur haine ; son passe-temps favori. Mais, alors que le bras de fer mental faisait rage, une violente secousse déstabilisa tout le monde. Le camion fut forcé de s'arrêter. Le chauffeur descendit constater les dégâts. Grégoire fit de même. Il ne restait plus que deux sbires pour surveiller Jules. C'était faisable. Grégoire n'oserait pas le tuer. Le ramener vivant à Giovanni était beaucoup trop important pour lui. C'était le bon moment. Mais alors qu'il commençait à se lever, un des sbires se dressa sur ses jambes et sauta hors du camion. Ouf, il n'avait rien remarqué.
« Bah alors, qu'est-ce qui se passe ? On a une roue cre… Max, ramènes-toi, vite ! »
Le second sbire répondit à l'appel de son collègue. Jules jeta un œil en-dehors du camion. Il apercevait deux corps étendus. Grégoire et le conducteur probablement. C'était le moment de fuir. Jules sauta à bas du camion tant bien que mal à cause de ses mains liées et partit dans la direction opposée des membres Rockets. Mais il fut stoppé net dans sa course. Ses muscles se tétanisèrent. Incapable de faire le moindre mouvement, le jeune homme s'écroula sur l'asphalte. Enfin, une voix vint briser le silence.
« Ok. Allez vérifier le camion. Moi, je m'occupe de l'autre là-bas. »
Jules ne pouvait pas tourner la tête. De ce fait, il ne pouvait pas apercevoir son bienfaiteur. Ou son nouveau bourreau…
L'homme, car Jules pouvait encore se servir de son ouïe pour identifier les mystérieuses personnes, fit basculer le jeune homme de sorte à voir son visage. A ce moment précis, l'inconnu écarquilla les yeux et poussa un hoquet de surprise.
« Bah ça alors ! Si j'avais su que c'était vous, je ne vous aurai pas paralysé ! Excusez moi Maître Jules. Mais rassurez-vous, la paralysie ne fait pas effet très longtemps. Ce qui n'est pas forcement un avantage (il désigna les Rockets du pouce). C'est pourquoi nous devons partir dès maintenant. »
Puis il se tourna vers ses compères et cria quelques ordres. Enfin, portant de nouveau son attention sur Jules, l'homme appela un Mentali qui utilisa ses pouvoirs Psy pour soulever Jules.
« Allez, on se tire de là ! »
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« Boss ! Boss ! C'est urgent ! »
Le sbire ne s'aperçut même pas qu'il était entré sans frapper, ce qui ne fit qu'énerver Giovanni.
« Tu me feras quatre heures de corvée pour ça ! Maintenant, parle ! Qu'as-tu de si important à me dire ? »
Puis il rajouta, un sourire carnassier sur les lèvres :
« Je suis tout ouïe… »
Le sbire recula légèrement. Il suait à grosse goutte, redoutant la colère de Giovanni.
« C'est de la part de Grégoire Leverrant, il a capturé Jules. »
« Ah ! Bien ! Perfetto ! »
« Mais il semblerait que le convoi qui le transportait ait été attaqué et… Jules s'est enfui. »
« Tu me feras cinq heures de corvée supplémentaire ! Disparais avant que je ne te mette au trou pour les trois prochaines semaines ! »
Le sbire n'attendit pas que Giovanni le menace pour partir. Il y avait des jours où il valait mieux rester chez soi…
Giovanni, une fois le sous-fifre au loin, frappa du poing sur la table. Comme si il n'en avait pas assez. Il aurai dû arrêter ce gamin plus tôt ! Dépenser autant d'argent pour sa capture… Il fallait clore cette affaire le plus vite possible. Et employer les grands moyens.
« J'aurai ta peau mocciosi ! Je t'aurai un jour ! Je t'aurai ! Tu payeras en temps et en heure. »
Giovanni saisit le téléphone avec énervement et composa le numéro d'un mouvement brutal, manquant d'enfoncer les touches.
« Marie ? Non, je me fiche du rapport de l'Admin Marks, je veux savoir combien il nous reste dans les caisses ! Tout de suite ! »
Il y eu un petit instant de flottement. Giovanni tapait de l'index sur le bureau de chêne.
« Si peu ? Mais au final, ce sera suffisant. Au fait, votre salaire est dès à présent réduit de cinquante pourcents. Nous devons nous renflouer… »
Giovanni raccrocha avant que la dame ne puisse protester.
« Allez, soixante-quinze pourcents. J'ai jamais pu la supporter… »
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« C'est bon, je peux marcher. Dites à ce Mentali de me déposer… »
Aussitôt dit, aussitôt fait ! Avant qu'il ne puisse terminer sa phrase, Jules était par terre.
« … en douceur. »
« Ah ah ah ! Excusez-le Maître Jules. Ce Mentali est encore jeune et il est assez… impétueux. »
En effet, derrière les dresseurs, le pokémon Psy riait de la situation. Jules se releva avec peine tout en se massant les fesses a cause de la dureté de l'asphalte.
« Bon, venons-en au fait. Comment vous êtes-vous échappé, Maître ? Il me semble vous avoir vu poursuivi par Giovanni ? Je vois que vous avez été plus fort que lui, pour vous en tirer si bien. »
En réalité, Jules éprouvait de la honte d'avoir perdu ses moyens devant lui. Si seulement il avait pu rassembler assez de courage pour le défier… Si seulement il avait été assez lucide pour tout prévoir, rien de tout ça ne se serai passé.
Ahmed, car tel était le nom de la recrue qui l'accompagnait, observait le jeune homme d'un air perplexe. A quoi le Maître pouvait-il bien penser ? Bah, ça ne le regardait pas. Soudain, une recrue derrière eux s'affola. Elle s'approcha d'Ahmed et lui expliqua la situation. « J'en informe Maître Jules. Merci de l'information, Miha. »
La dame s'inclina, tout en marchant. Ces Algatiens et leurs politesses…
« Maître Jules ? Miha ici présente… »
Il pointa la dame du doigt et son Roucool, celle-ci n'appréciant pas cette manie de désigner les gens ouvertement.
« …nous signale l'approche d'un véhicule. Elle ne saurait dire s'il s'agit d'un véhicule Rocket. Doit-on quitter la route et nous cacher dans les champs, en attendant que le véhicule passe ? »
Le jeune homme hocha de la tête. Aussitôt, tout le monde quitta l'asphalte au profit de la terre battue. Une fois que le véhicule fut assez proche, Jules l'observa en détail. Un camion de type transport de troupes. Avec un étrange sigle sur la bâche. A l'arrière, une dizaine de militaires dormait.
« Des mercenaires… Giovanni est donc si désespéré que ça ? » remarqua Ahmed d'un ton sarcastique.
Jules ne répondit rien. Il fallait reprendre la route.
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« Il fait nuit maintenant, tu crois qu'ils vont arriver ? »
« Mais oui, tu verras. Tu t'en fais pour ton frangin ? »
« Si je m'en fais pour lui ? Mais évidemment ! Qu'est-ce que tu crois ! Si t'avais un frère, tu réagirais comm… »
Nolwenn se leva, s'interposa entre les deux homme et les foudroya chacun du regard.
« Stop maintenant ! Je sais que tout le monde est à cran mais c'est pas une raison pour vous comporter comme ça ! Si je vous entends encore une fois, j'en informerai Jules ! »
Une fois que Nolwenn eut le dos tourné, un des deux dresseurs glissa une remarque.
« De toute façon, on sais même pas s'il est encore en vie… »
C'en fut trop. Nolwenn gifla la recrue et la saisi par le col.
« Écoute-moi bien. Jules est toujours en vie. Et si tu mets en doute ceci, c'est que tu n'es pas digne de nous suivre. Je ne veux plus… jamais… entendre ça. Et ceci s'applique à tout le monde, compris ? Moi vivante, je ne laisserai personne dire une telle chose ! »
Puis, lâchant le dresseur, l'Hoennaise retourna à sa fenêtre.
« Jules, qu'est-ce que tu fous ? Hein ? C'est quoi ça ? »
« Quoi donc Mademoiselle Nolwenn ? »
« Il y a quelque chose dehors. Préparez-vous au combat, on sait jamais… »
Les ombres passèrent non loin de la fenêtre puis disparurent dans les ténèbres de la nuit. Peu après, quelqu'un frappa à la porte. Nolwenn se dirigea vers l'entrée, méfiante, et entrouvrît le battant. Un large sourire se dessina sur son visage. Elle ouvrit alors complètement la porte et entraîna, ou plutôt traîna, le jeune homme, le plaçant devant elle. Son air triomphant semblait crier « Alors ? Qui avait raison ? ». Personne ne lui dit rien, bien qu'ils passaient près d'elle pour saluer leur leader. Elle en était verte de rage. Jules, après avoir enlacé Nolwenn, se plaça au centre de la pièce. Tous le regardait avec intérêt.
« Bon, pour commencer,… bonsoir et désolé du retard. Non, plus sérieusement, il nous faut contre-attaquer dès maintenant. Si possible demain soir. Les vies de vos leaders sont en danger. Nous ne pouvons pas les abandonner, impossible de nous défiler. Avant toute chose, je veux savoir combien vous êtes. »
« Vingt-et-un. Vingt-trois avec nous. » s'empressa de répondre Nolwenn.
« Vingt-trois pour cinquante-cinq au départ… Je tiens à dire que notre prochain assaut sera une opération de sauvetage. On récupère nos leaders et on rentre. Et après ça, on se prépare à la guerre. Je ne veux pas d'actes héroïque. Il faut, si possible, que tout le monde rentre au bercail. Bon, reposez-vous ; une longue journée d'entraînement s'annonce demain ! »
Jules quitta le cercle de dresseurs et vint se placer à coté de Nolwenn, à la fenêtre. La jeune femme ne quitta pas le paysage sombre des yeux.
« Tu sais, même moi je commençais à douter de ta survie. Je t'ai vu, acculé contre un mur, bloqué par Giovanni. Je ne pensais pas que tu t'en sortirais. C'est terrible à dire mais… »
« Tu dois être fatiguée. Va dormir. »
« Oui, ça doit être la fatigue. Bonne nuit Jules. »
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« Tu résistes ! C'est bien. Mais voyons voir si il encaisse ça ! Vive attaque et Queue de fer !
Le Voltali s'exécuta, se rapprochant dangereusement d'Aquali. Ce dernier joua l'imitation. Voltali esquiva la charge du pokémon Eau et lui asséna une terrible coup de queue. Mais Aquali était décidé à ne pas se laisser faire. Il usa d'une nouvelle Vive-attaque pour prendre Voltali de court. Mais tout ceci était prévu. Jules sourit et ordonna une attaque Fatal foudre. Le pokémon Bulleur n'y résista pas. Nolwenn rappela son pokémon. C'était une victoire importante pour Jules, lui qui voulait prendre sa revanche suite à leur dernier match… Et il venait de réussir !
« Ça été un beau match ma chère. Tu t'es bien battue mais… admet que… bah voilà quoi, t'as perdu. »
Nolwenn éclata de rire. Quel cas ce Jules ! Lentement, la jeune femme se retourna pour observer les recrues. Ils s'entraînaient depuis la fin de matinée avec acharnement. Certains faisaient des combats entre eux. D'autres préféraient être seuls. Mais ce qui était sûr, c'était que quelle que soit la méthode employée, les dresseurs faisaient des progrès. Peu après le repas, une recrue l'avait défiée. La jeune femme avait eu un sacré mal à vaincre son Pikachu. Et dire que quelques heures après, elle perdait contre Jules… Pauvre d'elle... Quand elle y repensait, le jeune homme ne lui arrivait même pas au talon au début…
Nolwenn se concentra sur un match bien précis. Elle lui semblait avoir entraperçu quelques fautes qui se seraient révélées fatales en véritable duel. Dès qu'elle fut sûre d'en voir une, elle se précipita vers les dresseurs, faisant de grands moulinets avec ses bras.
« Non, non, non ! Il ne faut jamais utiliser ce genre de tactique dans ce cas précis ! Sinon, l'adversaire profitera du fait que votre pokémon soit épuisé ! Quelle stratégie auriez vous utilisé à sa place, monsieur ? »
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« Oui, c'est bien ça ! Très bien même ! Ils font des progrès incroyables ces deux-là ! N'est-ce pas, Jules ? »
Jules, qui regardait ailleurs, sortit soudainement de ses pensées.
« Euh, oui, oui ! Mais tu ne crois pas que tu devrais aider d'autres groupes ? Tu manage ces deux-là depuis la fin de notre match. Les autres ont besoin d'aide non ? »
« Si je m'occupais de tout le monde, t'aurais plus rien à faire. »
« Vraiment rien ? »
« Bien essayé ! Allez, occupe-toi d'un autre groupe au lieu de te tourner les pouces ! »
Le jeune homme grommela, tout en s'éloignant de l'Hoennaise.
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« Et tu as regardé partout ? T'a rien trouvé ? Vraiment rien ? »
« Mais non ! Il n'y a rien ! Si tu me crois pas, vérifie par toi-même ! »
Emeline et Marcus se disputaient dans un coin, au bord de la crise de nerfs. Maxime se contentait d'écouter, les yeux fermés. Lentement, le vieil homme se leva et se positionna, en s'aidant des voix, entre les deux personnages. Lentement, il sortit une petite lime à métaux de sa poche, l'agitant en l'air, bien en vue.
« Mais, comment il a fait pour passer avec ça ?! Et dans sa poche en plus ! » s'écria Emeline.
Marcus se jeta sur elle pour la faire taire, la plaquant au sol sous la force de l'impact. Heureusement, le garde n'avait pas entendu et dormait toujours. Marcus et le général respirèrent un bon coup. Ils avaient eu chaud. La femme aux cheveux verts se releva, encore sous le choc. De Mergan tendit la lime dans la direction du sénateur.
« Tu en feras certainement meilleur usage que moi. »
Puis, il se retourna, faisant face à Emeline, qui ne s'était toujours pas remise. Pendant ce temps là, Marcus entama la découpe en tentant de faire le moins de bruit possible.
« N'oublies pas que je suis un militaire. J'ai reçu une formation pour parer à ce genre de situation. »
Le temps passait, long et ennuyant. Marcus s'acharnait sur les barreaux, ne se souciant même plus du bruit qu'il faisait. Emeline sursautait à chaque mouvement du sbire, qui jusque-là dormait toujours aussi profondément. Ce ne fut qu'au bout de trois quarts d'heure de travail qu'une brèche fut créée. Les trois Leaders sortirent ainsi de leur cellules, récupérèrent leurs pokémons, bâillonnèrent le garde au passage et sortirent.
Il n'y avait pas âme qui vive dans les couloirs. Étonnant pour le quartier général d'une puissante maffia… Mais il ne fallait pas se poser trop de questions. Le groupe continua son entreprise, sans se douter qu'ils étaient surveillés.
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Giovanni observait les trois leaders déambuler dans les nombreux couloirs du bâtiment. Il prenait un plaisir sadique à observer ces stupides opposants chercher la sortie pour s'échapper. Mais le jeu avait assez duré. Il saisit le combiné du téléphone et composa un numéro, tapotant de l'index sur le bois ciré du bureau.
« Marks ? Non, votre rapport m'intéresse peu pour le moment. J'ai quelque chose de plus urgent. Nous avons trois prisonniers en liberté au rez-de-chaussée. Interceptez-les et ramenez-les moi. »
Giovanni raccrocha sans laisser son interlocuteur répondre quoi que ce soit. Ces trois-là commençaient à sérieusement l'agacer.
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« Bon, nous y sommes mesdames et messieurs. Notre objectif se trouve dans cet immeuble. Nos leaders sont dans un des trois quartiers-cellules du bâtiment. On les localise, on les libère et on se replie le plus vite possible. Je veux que tout le monde rentre sain et sauf, donc pas d'actes de bravoure ou d'entorse vis-à-vis du plan. Une fois entrés, il n'y aura pas de temps mort alors vérifiez que rien ne vous manque. »
Nolwenn, qui s'était placée devant les dresseurs pour le briefing, s'avança d'un pas rapide vers le jeune homme. Son regard brillait de détermination bien que quelques gouttes de sueur perlaient sur son front. Elle se planta devant Jules et plongea son regard dans le sien, ce qui eut pour effet de surprendre le jeune homme.
« Je ne te lâcherai pas d'une semelle. Tu peux compter sur moi pour te ramener indemne. »
« Et ça tombe bien puisque c'est exactement ton rôle. Pas la peine de stresser, je sais que tu rempliras ta fonction à merveille. Tu as tout ce qu'il te faut ? »
« Oui. J'ai tout et… »
« Monsieur ? Je peux vous parler en privé un moment ? Désolé Mademoiselle Nolwenn… »
Nolwenn hocha la tête, observant Jules qui suivait le dresseur. Que pouvait-il bien se passer ?
« Désolé de vous déranger en pleine conversation mais… j'ai reçu ça de mon neveu. Il jubilait à l'idée de votre réaction… »
Le dresseur tendit une pokéball. Tout d'abord, Jules ne parut pas comprendre. Soudain, tout lui revint. Le jeune homme prit la pokéball. C'était bien ça. Mais avait-il vraiment changé ? Le petit garçon avait-il vraiment tenu sa promesse ? Remerciant la recrue, Jules retourna auprès de Nolwenn, une petite larme à l'œil droit. Après l'avoir essuyée d'un revers de main, Jules fit de nouveau face au groupe.
« Bon, si tout le monde est prêt, on y va. Je veux trois groupes. Chaque groupe ira fouiller un quartier-cellule. Le groupe qui trouve nos trois amis me contacte, je préviendrai tout le monde. Le point d'extraction, vu qu'ils vont sûrement bloquer les entrées principales, se trouve sur le toit. J'ai réussi à obtenir du général le secret de sa méthode de repli. En ce moment même, deux Alakazams préparent un portail de téléportation. Franchissez-le et vous vous retrouverez au refuge. Si jamais un des Alakazams est tué ou mis hors de combat, fuyez comme vous pouvez, sachant que vos choix seront restreints. Bon, on y va. Il faut faire le plus rapidement possible. On fonce, au pas de course ! »
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« Vous partez ? Et je pourrais savoir où ? »
« Pas le temps. Je suis déjà en retard, la fête à dû déjà commencer… Je t'expliquerai quand je rentrerai. En attendant, je te confie l'arène. »
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« Mes hommes ont fouillé la campagne de fond en comble et n'ont rien trouvé… Vous êtes sûr qu'ils ne se terrent pas en ville ? »
« Ce ne serait pas improbable. Mais où auraient-ils pu se cacher ? Chaque coin de rue est surveillé. Et s'ils étaient plus loin que l'on pensait ? Étendez les recherches jusqu'au Plateau Indigo s'il le faut mais retrouvez-moi ces traîtres ! »
« Bien Monsieur. Tant que vous payez, mes hommes vous obéiront. Je vais moi-même me mettre à leur recherche, si vous le permettez… »
« Non. Vous restez avec moi, vous êtes dès à présent mon garde du corps jusqu'à la fin de cette affaire. »
Le capitaine eut un air surpris. Lui qui voulait s'éloigner le plus possible de cet homme, le voilà collé à lui… Décidément, il n'avait pas de veine. Son regard se porta lentement sur le maffieux Il avait l'air si préoccupé et froid. Le capitaine crut même voir le sexagénaire trembloter. Non, ce n'était que son imagination…
Alors qu'il était en pleine réflexion, le capitaine reçut un appel. Il se pressa de sortir du bureau pour ne pas déranger le Boss et décrocha.
« Allô ? Ici Stéphane. Qu'est-ce qu'il y a ? »
« Nous avons un gros problème ! Les rebelles ont donné l'assaut ! Ils ont investi le hall principal et ils se sont divisés en trois groupes distincts ! »
« Et pourquoi ne pas avoir déclenché l'alerte ? Tant pis. Repliez-vous vers les cellules ! Je veux aussi un petit groupe pour bloquer les accès aux étages supérieurs et les sorties. Les sbires Rockets garderont les autres étages et les protégeront en conséquence. »
« Bien Monsieur. »
Le capitaine des mercenaires raccrocha, un peu fébrile. Mieux valait ne rien dire pour le moment à Giovanni. La situation allait se régler d'elle-même… Le capitaine reprit rapidement sa place à coté du Boss. Ce dernier dévisagea le chef des mercenaires de son regard inquisiteur.
« Un problème ? »
« Aucun, Monsieur ! » s'empressa-t-il de répondre, tentant de dissimuler sa peur.
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Dans le quartier-cellule est, les combats faisaient rage. De nombreux mercenaires, ainsi que quelques sbires Rockets, s'étaient amassés dans le secteur, bloquant l'accès. Tous les vaincre prendrait du temps. Jules tentait de repousser les attaques conjointes de trois mercenaires, épaulé par un dresseur plutôt talentueux. Tout le monde se battait mais au rythme où ça allait, les rebelles ne tiendraient pas longtemps. Et l'espace plutôt réduit ne facilitait pas vraiment la chose. Il fallait trouver un moyen rapide et efficace de dégager tout ça. Mais comment ?
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« Vive-attaque, Queue de fer et Pistolet à O ! »
L'Aquali s'exécuta immédiatement. Il zigzagua entre les mercenaires et frappa à trois reprises le terrible Colossinge du chef de groupe. Ce dernier s'écroula lourdement au sol, immédiatement remplacé par un autre. Nolwenn soupira. Quand cela se terminerait-il enfin ?
« Aquali, Encore un… »
Nolwenn fut violemment attaquée par un Médhyena. Aussitôt, deux dresseurs se placèrent devant elle pour la protéger.
Lorsque la jeune femme reprit connaissance, le secteur avait été nettoyé. Tout les mercenaires, ainsi que les quelques sbires qui les accompagnaient, avaient été ligotés et placés dans les cellules, jusqu'alors vides.
Les rebelles avaient aussi perdu du monde. Trois morts, ce qui pourrait se révéler assez ennuyeux pour la suite. Deux dresseurs aidèrent l'Hoennaise à se relever. Son flanc gauche la faisait encore souffrir mais il ne fallait pas perdre de temps. Il fallait rejoindre le groupe le plus proche.
« Jules ? Rien de mon coté, je te rejoins. »
« Non, commence à dégager les escaliers. L'autre groupe vient de me contacter. Ils les ont. Nous, on vous rejoint une fois qu'on aura plus ces saletés dans les pattes. »
« Compris ! »
Nolwenn raccrocha et se mit en route, une main crispée sur son flanc gauche. Derrière elle, les dresseurs se remettaient de leur combat. La mission ne se déroulait pas aussi bien que prévu mais au moins, ils avaient fait le plus gros.. Ou du moins, c'est-ce qu'ils croyaient.
De son côté, le dernier groupe d'intervention n'avait bizarrement pas trouvé tant de résistance que ça. L'ordre leur avait été donné de rejoindre le toit, ce qu'ils auraient pu faire si un groupe de mercenaire ne les avaient pas interceptés… « Un léger contretemps » avait dit Marcus à l'intention de Jules. Mais le contretemps allait s'avérer extrêmement ralentissant.
Au bout de vingt minutes, le troisième groupe pu se remettre en route. De leur côté, Nolwenn et Jules s'étaient arrêtés un moment au quatrième étage pour souffler un peu et pour attendre Marcus et son groupe.
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Tranquillement installé dans son fauteuil de cuir rouge, Giovanni comptait les secondes. Son plan diabolique le faisait sourire, ce qui intensifiait les inquiétudes du capitaine. Ce dernier se raidit lorsque le regard du Boss se posa sur lui.
« Que craignez-vous ? Ces miserabili ne seront bientôt plus qu'un lointain souvenir. Je suis toutefois déçu de l'efficacité de vos hommes… Je m'attendais à plus de résistance de leur part. J'espère que vous ne suivrez pas leur exemple. J'imagine que vous n'aimeriez pas en connaître les conséquences ? »
Le capitaine déglutit, portant toujours son regard devant lui. Giovanni rit aux éclats. Quel homme pitoyable. Le Boss se leva et tourna autour de l'individu, ruisselant de sueur. Le capitaine se tenait de plus en plus droit, osant à peine regarder le maffieux à chacun de ses passages. Soudain, la porte du bureau s'ouvrit à la volée. L'homme qui avait ouvert les battants transpirait à grosses gouttes. Sa respiration était rapide, sa peau luisait à la lumière du plafonnier. Lentement, l'homme releva la tête, laissant voir son visage fermé. Malgré la fatigue, Grégoire ne laisser transparaître aucune émotion. Le Boss sourit à la vue de son invité. Son regard se porta de nouveau sur le capitaine. Son sourire se fit plus large encore. Grégoire savait ce qu'il avait à faire. Il s'avança d'un pas lourd vers le chef des mercenaires et plongea son regard froid dans ses yeux. Les pupilles du capitaine se rétractèrent violemment. Il porta ses main à son ventre, sentant quelque chose du bout des doigts. Lentement et par mouvements saccadés, il baissa la tête. Grégoire tenait un objet dans sa main droite, un liquide rouge coulait sur ce dernier. Sa vue se troubla au fur et à mesure. Grégoire ne réagit pas, tenant toujours fermement le couteau, le remuant parfois par pur sadisme. Le capitaine s'écroula de lui-même, le regard empli de terreur et d'incompréhension. Quelques spasmes le secouèrent avant qu'il ne rende définitivement l'âme. Giovanni observait la scène d'un air un peu dégoûté.
« Tu aurais pu éviter de tâcher mon tapis d'Hoenn, mon cher Grégoire ! Mais passons. Tu es affecté à ma protection rapprochée pour le moment. Et fais sortir ce cadavre de mon bureau ! Après, tu me rejoindras sur le toit. »
Grégoire ne répondit pas. Mécaniquement, il prit le cadavre par-dessus son épaule, ne se préoccupant même pas du sang qui coulait sur sa veste, et quitta le bureau. Giovanni se rassit dans son fauteuil, prenant soin de ne pas marcher dans une flaque écarlate. Et voilà une chose de faite.
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« On avance, ils nous rattraperont. »
« Et s'ils avaient des problèmes ? «
« S'ils en avaient, ils m'auraient contacté. Marcus m'a assuré qu'on pouvait avancer sans craintes pour eux. »
Nolwenn recula un peu. Elle n'était pas rassurée. Elle pressentait quelque chose. Et son instinct ne la trompait quasiment jamais ! Elle espérait sincèrement avoir tort.
Le groupe continuait sa progression vers le toit, sans rencontrer de résistance. Les étages se succédaient rapidement et chacun était content de savoir la fin de la mission de plus en plus proche. Jules marchait devant, un peu haletant. Les pertes, bien qu'elles ne soient pas encore fixées, n'étaient pas très lourdes.
Les escaliers semblaient ne pas avoir de fin. Les étages se succédaient, longs et monotones. La troupe était fatiguée. Mais soudain, au détour de la cage d'escalier, une porte apparut. La porte de sortie ! Jules la poussa, impatient d'en finir. Son souffle se coupa net. Tout s'expliquait. Tout semblait trop facile… Mais les véritables ennuis allaient vraiment commencer. Le reste du groupe sortit à l'air libre, constatant avec horreur ce qui les attendait. En face d'eux, une cinquantaine de sbires, Giovanni légèrement devant accompagné de Grégoire. Jules serra les dents. Ces deux hommes… Il était temps d'en finir. Mais le surnombre était trop écrasant. Giovanni s'avança un peu plus, immédiatement suivi de Grégoire. Même chose pour Jules et Nolwenn.
« Quel coup du destin, n'est-ce pas ? Vous ne pouvez absolument rien contre nous. Déposez vos pokéballs. Nous pourrions trouver un arrangement quant à la façon dont vous serez exécutés… »
Giovanni reprit son sourire malsain. Jules, sans vraiment se contrôler, cracha par terre, ce qui étonna fortement tout le monde.
« Tout cela n'a que trop duré. Je crois qu'il est grand temps d'y mettre un terme, n'est-ce pas, père ? Quitte à mourir douloureusement nous mourrons avec les honneurs ! Tu ne verras pas le lever du soleil, Giovanni ! J'ouvre alors le bal ! Voltali, Fatal-foudre ! »
L'effet de surprise eut raison de quelques sbires peu réactifs. Aussitôt, les dresseurs formèrent une barrière afin d'empêcher les sbires de les prendre par les flancs. Au centre, les combats entre Jules, Nolwenn, Giovanni et Grégoire faisaient rage. Le vacarme autour d'eux était assourdissant. Tout les coups étaient permis. Grégoire n'hésita même pas à utiliser son poignard pour repousser l'Aquali qui tentait de l'attaquer directement. Jules se battait contre un Grahyena diaboliquement puissant. Des pertes se faisaient dans les deux camps. Ne plus avoir de pokémon valide était synonyme de mort certaine. Aussi, chacun se battait avec acharnement.
« Voltali, Vive-attaque ! »
Le pokémon électrique fonça sur le loup noir mais celui-ci répliqua d'un lourd coup de patte. Voltali était au sol, mal en point. Grahyena acheva le pokémon avec une attaque Queue de fer. Voltali put esquiver sans trop de problème, éloignant l'adversaire d'une attaque Coup d'jus surpuissante. Le pokémon Ténèbres retourna auprès de son maître pour récupérer avant de charger. Voltali tenta un Fatal-foudre. Le Grahyena esquiva facilement avant de repartir à l'assaut. Voltali s'épuisait. Il ne put esquiver l'enchaînement dévastateur du pokémon. Voltali fut envoyé loin, percutant quelques sbires. Ayant le champ libre, le pokémon Morsure fonça sur Jules. Un puissant Hydrocanon le repoussa. Jules en profita pour échanger Voltali contre le dernier pokémon qui lui restait. Le pokémon Plante apparut sur le terrain, le torse bombé et l'œil vif.
« Ma dernière chance… Attaque Lame-feuille ! »
Massko réagit au quart de tour et chargea sur Grahyena. Le pokémon Ténèbres encaissait les coups les uns après les autres sans broncher et riposta d'une attaque Morsure. Le pokémon plante se dégagea tant bien que mal. Le Grahyena ne lui laissa pas de répit en lui assénant une lourde attaque Queue de fer. Massko n'avait quand même pas déjà perdu ? Le pokémon loup s'approcha à pas lent de son adversaire, tous crocs dehors.
« Relève-toi Massko ! »
Les yeux du pokémons s'ouvrirent grand. Une aura verte l'entoura. Il se releva et examina ses pattes. Ses feuilles brillaient.
« Vive attaque et Lame-feuille ! »
Le pokémon Bois Gecko fonça sur l'ennemi et le contourna d'une vitesse démoniaque avant de lui administrer un combo de Lame feuille. Grahyena tomba, hors de combat.
Jules en profita pour jeter un coup d'œil autour de lui. Il ne lui restait presque plus de partisans. Cinq ou six, peut-être. Nolwenn avait presque perdu. Son Laggron était à bout de souffle. Elle ne tarderait pas à perdre. Un long cri de douleur retentit. Jules tourna brusquement la tête pour déterminer l'origine des cris. Deux recrues venaient de mourir. La défaite était inévitable. Une larme coula sur la joue de Jules. A cause de son inattention, Massko venait d'être mis hors de combat. Nolwenn se rapprocha du jeune homme, gardant un œil sur son match.
« Tu n'as plus de pokémons ? Alors arrête de chialer et met-toi derrière moi ! En cas de besoin, mon Laggron pourra utiliser son attaque Abri ! Mais, qu'est-ce que… ? »
Nolwenn observa le ciel. Le soleil brillait ! En pleine nuit ! C'était impossible ! Un long cri, déchirant, retentit. Chaque personne présente ne pensait plus qu'à se protéger les tympans. Une fois le son passé, Jules leva la tête. Une énorme gerbe de flamme se dirigeait vers eux.
« Laggron, Abri ! » cria Nolwenn, terrifiée par ce qui fonçait sur eux.
Le pokémon Eau créa une bulle autour de lui, incluant sa maîtresse et Jules. Le déluge de flamme se déversa sur le terrain, brûlant vif les pauvres sbires qui n'avaient pas de quoi se protéger et les dresseurs qui n'avaient pas eu le temps de se réfugier sous la bulle du Laggron. Un seul d'entre eux survécut. Grégoire avait usé de la même technique pour pour protéger son maître. Un nouveau cri se fit entendre. Les flammes formèrent une barrière entre les deux camps. Dans le ciel, un pokémon Vol, imposant, fondait sur eux. Son corps parsemé de flammes perçait le voile noir de la nuit. Un Sulfura. Le pokémon légendaire se posa derrière les rebelles, au bord du vide. Un homme, assez jeune, en descendit. Une allure imposante, des cheveux noirs en bataille, une flamme dans les yeux.
« La flamme des champions… » murmura Jules.
L'homme n'était nul autre que Sébastien, actuel champion de Cramois'île. Laggron, épuisé par l'utilisation d'Abri, fut rappelé dans sa pokéball, comme tout les autres pokémons.
« On dirait que j'arrive un peu tard… J'ai fait aussi vite que possible. Partons pendant que la Danseflamme fait encore effet ! »
Jules acquiesça. Au même moment, le troisième groupe fit irruption, considérablement réduit. Il ne restait plus que les trois leaders et un dresseur. Nolwenn prêta son Libégon au dernier groupe. Huit personnes sur un pokémon, c'était trop. Marcus, Emeline, De Mergan et le dresseur partirent ainsi devant, fendant les airs sur le pokémon Dragon. Le reste courut vers le Sulfura.
« Je n'accepterai pas ça ! Grégoire, éliminez-moi ces ribelli ! »
L'homme sortit un Arbok.
« Dard-venin ! »
Le pokémon Poison s'exécuta et lança ses dards à-travers le mur enflammé. Deux d'entre eux manquèrent leur cible. Le troisième fit mouche. Le Sulfura décolla à son tour.
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Un an et trois semaines plus tard
« Pour nous, le pire est passé, la guerre est terminée. Mais n'oublions pas ceux qui ont voyagé dans les ténèbres… et qui n'en sont pas revenus. Leur choix nécessitait un courage incroyable. Un sacrifice, une certitude inébranlable que notre victoire, leur victoire, était si proche. Nous ne les oublierons jamais. »
Dans l'assistance vêtue de noir, Nolwenn, assise au premier rang, pleurait sans retenue. Son regard se portait sur deux photos en particulier. Celle de Jules, souriant, trônant au milieu de tous, et de son frère, à coté de lui.
« Nous n'oublions jamais les héros. »