Belle amie de Décybelle

Je ne comptais même plus le nombre de fois que je lui avait dis, hurlé, rabattu les oreilles à ce sujet. Mais comme j'étais suis aussi têtue qu'elle, je m'apprêtais à réessayer.
Je descendis les escalier suffisamment bruyamment pour que ma mère comprenne bien que j'avais quelque chose à lui dire.

-Maman, je veux un Pokémon. affirmai-je d'un ton décidé.

Ma mère extirpa ses mains des gants en plastique qu'elle posa sur l'évier, à coté de la vaisselle resplendissante de propreté. Elle me regarda avec ses yeux noirs comme elle sais si bien les faire : elle savait que cela m'énervais au plus haut point. Elle me dis d'une voix sèche :

-On en a déjà parlé Ophélie.
-Mais... !
-C'est non, ne discutes pas !

Je lui lançai un regard dédaigneux.

-Mais c'est pas juste ! Ludivine a deux Ponchien, Eliott a un Chacripan et un Caninos et Emily a même un Fouinette ! Juste parce que Madame a une peur bleue des Pokémon, elle prive sa propre fille d'en avoir !!

Je remontai les escaliers sans lui laisser le temps de répliquer, attrapai puissamment la tranche de ma porte de chambre, pris de l'élan et la claquai tellement violemment qu'un peu plus et elle sortait de ses gonds.
Je la haiiiiiit !!!
Je me laissai tomber sur mon lit, attrapai mon oreiller et hurlai dedans.
J'en ai marre, depuis mes deux ans je réclame un Pokémon, et quatorze ans plus tard, toujours aucune boule de poil, de plume ou de je ne sais quoi d'autre en vue...
La tête encrée dans l'oreiller, je tendis le bras et, après avoir tâtonné maladroitement ma table de nuit, attrapai mon portable posé dessus. Je me redressai, le plongeait dans ma poche, et m'approchai de mon œil de bœuf. Je m'allongeai dedans et regardai dehors...
Je regardai la forêt qui bordait la maison, dont les feuilles des arbres tricentenaires laissaient à peine passer quelques filets de lumière. J'aimais m'y promener, c'était ma cachette géante, mon jardin secret à moi, calme et tellement reposant... Je devrais y aller faire un tour, ça me calmera.
Je descendit de ma fenêtre circulaire, l'ouvrit et hurlai en direction de ma mère :

-Je vais dans la forêt !

Sans attendre de réponse, je sautai à travers ma fenêtre. Je me rattrapai au lierre qui grimpait le long du mur et, descendit habilement jusqu'au sol. Je savais très bien que ma mère n'aimait pas que je passe par là, «trop dangereux, le lierre pourrait céder, imagine la chute que tu ferait, et blah blah blah». Je me dirigeai vers l'orée du bois. Je connaissais cette forêt comme ma poche, je connaissais chaque arbre, chaque rocher.
J'avançai doucement, faisant craqueler le tapis de feuilles mortes sous mes pieds. Je marchai pendant plusieurs minutes, silencieusement. Le vent s'engouffrait dans les feuilles des arbres gigantesques, des oiseaux chantait gaiement, l'odeur des sous-bois humides me chatouillait agréablement les narines.
C'est alors que j'aperçus une grosse masse couleur bordeaux un peu plus loin dans le bois.
Je me statufiai, fixant cette chose parfaitement immobile. Ma méfiance se dissipa au bout de quelques secondes et ma curiosité prit le dessus, je m'approchai.
Au fur et à mesure que je progressais vers cet animal, je pu constater qu'il n'y avait pas que sa fourrure qui était rouge, mais toutes les feuilles autour de lui semblait couleur sang. Quand je fus à quelques mètres de lui, je compris que j'avais affaire à un Pokémon sauvage, à un gros Pokémon sauvage, qui avait l'air en piteux état.
Je m'agenouillai à côté de lui et, comme il était sur le ventre, le retournai délicatement.
Quand je vis sa tête qui bascula sans vie, je fis un bond de plusieurs mètres.
Mon dieu, un Zoroark !!