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La Flamme des Champions [Fanfic collective] de VLCMédia



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» Auteur : VLCMédia - Voir le profil
» Créé le 15/05/2011 à 15:48
» Dernière mise à jour le 15/05/2011 à 15:48

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Chapitre 5 : Stéphanie de Milbroso [Alabama] 
Stéphanie de Milbroso [Alabama] 


La première semaine s'acheva, l'entraînement de Sébastien commençait à porter ses fruits : il commençait à rivaliser avec les meilleurs apprentis d'Auguste, ce qui ne les mettaient pas en joie : comment un jeune parvenu, un dresseur itinérant, parvenait à les battre en une semaine, mais en plus avec une méthode qu'ils suivaient, pour certains, depuis plus de vingt ans ? Cela voulait-il dire qu'Auguste ne les avait pas entraînés sérieusement ? 
Tel était à peu près l'état d'esprit des apprentis, que Sébastien énervait trop, malgré ses tentatives pour les adoucir, appuyé par Auguste et son secrétaire Clément. Les apprentis étaient maussades et très jaloux, ce qui agaçaient Auguste au plus haut point. 
Auguste commençait à avoir une petite colique, mais ça ne le gênait pas et il se disait que ça n'avait aucune relation avec sa maladie. Il était entré en contact avec une clinique privée au Bahamas qui proposait un traitement alternatif qui avait déjà fait ses preuves en rallongeant significativement la vie de la plupart des patients qu'elle avait hébergés. Auguste avait réservé une chambre pour dans trois mois, et commençait presque à oublier son SIDA. 
La difficulté des exercices qu'il proposait à Sébastien allait crescendo : mais ce dernier les réussissait avec de plus en plus de facilité, ses Pokémons s'améliorant de jour en jour, sous l'effet aussi des conseils culinaires de Germaine et des indications pour leur soin que les livres d'Auguste lui donnaient. 
En outre, bien qu'Auguste se refusasse à surveiller ceci, Sébastien avait une vie privée mouvementée, il sortait beaucoup... mais Auguste laissait faire, tant que Sébastien restait assidu. 
Néanmoins des évènements fâcheux perturbèrent le train de vie paisible d'Auguste. Tout d'abord, sa diarrhée empira, et il commença à avoir de la fièvre : pourtant ces symptômes n'apparaissait pas tout de suite ! Sa maladie s'était-elle donc développée en sourdine, pendant que l'action de ses Pokémons le protégeait ? Serait-elle plus forte maintenant ? Auguste avait tout de même confiance en sa clinique privée et était persuadé qu'il finirait par mourir de vieillesse. Il refusait de prendre un traitement tant qu'il était encore champion. 
Un article parut aussi sur Céladopole Match, affirmant qu'il cédait bientôt sa place (sur des sources sûres : bien évidemment, c'était un de ses apprentis qui avait contacté le journal !). Le jour même, l'information fut relayée par la radio et la télévision ; le soir même, le porte-parole de la Ligue Indigo expliqua que le remplacement d'Auguste n'était « pas d'actualité ». L'affaire fut vite oubliée, mais pas par tout le monde, ce qui eut pour conséquence finale l'investigation de Cramois'île par des brigades entières de pseudo-journalistes et de paparazzi. Germaine en débusqua plusieurs dans le jardin, et un avait même réussi à se faufiler dans la maison. 
Le mardi de la seconde semaine depuis l'arrivée de Sébastien, Auguste était en train d'annuler ses obsèques, quand son portable sonna, sur un numéro inconnu. 

« ... Je me demande qui ça peut bien être... » 

Il décrocha. 

-Allo ? Auguste ? 

Le sang du champion ne fit qu'un tour. Il venait de reconnaître la voix de son ex-femme, Stéphanie Milbroso. 

-Auguste !? Mais réponds !! 
-Bonjour. 

« Raccroche, raccroche !! » se dit-il. 

-Ah, Auguste ! Tu es fier de toi ? 
-? 
-Bernie m'a appelée aujourd'hui ! Il a été jeté à la porte ! Il est au chômage maintenant ! 
-Et ? 
-Tu l'as fait virer ! 
-Comment as-tu obtenu mon numéro ? 
-Ce n'est pas le problème ! Tu as fait virer Bernie ! 
-Avec un prénom aussi ridicule ça m'étonne déjà beaucoup qu'il ait été embauché... 
-Oh, tu ne le nies même pas ! 
-Je suis sûr qu'en vendant l'un de ses yatches le pauvre Bernie s'en sortira... 
-Monstre ! 
-Moi aussi je suis content de te parler après tout ce temps. Comment va le juge suprême Camille ? Il a bien reçu ton chèque ? 
-Que... Qu'insinues-tu ? 
-Que je suis en train de devenir comme toi ? 
-Oh ! 
-Merci de ne plus rappeler. 

Auguste raccrocha sèchement et se remit au travail. Au bout de dix secondes, le téléphone resonna. Auguste le laissa sonner cinq bonnes minutes, puis, gêné par le bruit, il décrocha et dit aussitôt : 

-Le numéro que vous avez demandé ne peut pas vous encadrer. Merci d'aller vous jeter sous un camion, et de ne plus rappeler. 
-... Aug... 

Mais Auguste avait déjà raccroché. 
Le téléphone mit cinq secondes pour se remettre à sonner. Cette fois, dans un soupir sonore, Auguste décrocha tout de suite. 

-Auguste de Cramois'île, j'écoute ? 
-Auguste, ... 
-C'est encore une réclamation ? Vous voulez financer votre projet de construction d'une vingt-troisième villa à Parmanie ? 
-Auguste, ça suffit ! Parle un peu sérieusement ! 
-Et toi donc ! A qui vas-tu faire croire que tu as besoin d'argent ? Au juge suprême ? 
-Arrête avec le juge suprême ! 
-Désolé, je lui envoie la pierre, c'est plus économique qu'un chèque de dix millions ! 
-... 
-C'est bon, tu as appris à raccrocher ? 
-Tu es vraiment irrécupérable ! 
-Mon argent aussi. 
-TON argent !? Je te signale que notre union t'a bien profité sur le plan financier ! 
-De mémoire d'homme, tu avais ton compte bancaire séparé du mien... Et tu ne m'as jamais fait de versements ! La maison que je possède est une maison de fonction... Et je suis champion du septième échelon, j'ai une paye suffisante pour me passer d'une fille de milliardaires ! 
-Hmph... goujat ! 
-Alors, j'ai pas bien compris ce que tu me veux... Si c'est ton exemplaire collector d'A la recherche du temps perdu, je te l'ai déjà rendu ! 
-... tu m'énerves ! 
-Si ça veut dire que tu ne rappelleras plus... J'espère que j'ai gardé du champagne ! 

Auguste raccrocha, énervé et arrêta ce qu'il était en train de faire. 
Il sortit son manuscrit et lut ce qu'il avait écrit sur sa rencontre avec sa femme. 

Ma rencontre avec Stéphanie eut lieu juste après ma victoire à l'arène de Cramois'île. 

La salle fit un triomphe à Auguste. Il rappela Magmar et alla se présenter au champion, qui l'attendait de l'autre côté du terrain. L'obscurité avait été levée, et Auguste découvrit que plus aucun des apprentis n'étaient là. Le vieux champion le félicita devant tout le monde, sans y mettre beaucoup de coeur, et lui donna le badge. 
Auguste reçut le badge, fier. Le champion vit, impassible, la collection complète des badges de Hoenn briller alors qu'Auguste y ajoutait le badge qu'il venait de gagner à son revers de veste. 
Le futur champion sortit de la salle le coeur léger, ravi par ses propres progrès, et aperçut près de l'entrée les deux jeunes filles derrière lesquelles il était assis tout à l'heure. 
Elles le lorgnaient avec un air émerveillé... 


-Mère, père, voici Auguste ! 

Auguste fit la bise à Madame Milbroso, serra la main de Monsieur Milbroso, un veil homme impeccablement vêtu, le monocle à l'oeil gauche, et offrit son bouquet de fleurs à Madame Milbroso, une quadragénaire habillé comme une diva et lourdement parfumé. 

-Enchanté de faire votre connaissance, dit Auguste avec application. 

Il avait pris soin de se préparer en conséquences : son smoking était impeccable, ainsi que sa coupe de cheveux. Ils se mirent à table et parlèrent d'Auguste. Il lui demandèrent quel était son projet pour l'avenir, et celui-ci répondit qu'il allait rejoindre la Ligue Indigo pour devenir champion. 
Auguste fit aussi connaissance avec le frère de Stéphanie, Pierre. Ce dernier se tenait en bout de table et parlait peu : mais il semblait presque rayonner, par son charme immense. Auguste fut intrigué par la personne, que ses parents semblaient presque snober. Les avait-il déçu ? 


Il réécrivit le passage : 

J'eus la malchance de rencontrer cette grognasse de Stéphanie après ma victoire à l'arène de Cramois'île. 

Auguste venait de découvrir le fantastique pouvoir de l'écriture sur l'effet. C'était extraordinaire : en quelques balbutiements de crayons, il pouvait coucher sur le papier ce qu'il voulait : il pouvait faire hurler la page, il pouvait faire pleurer n'importe qui ; il pouvait déplacer des montagnes, démolir des murs, se défouler sur quelqu'un ; il pouvait mettre en scène un vieillard atteint d'une maladie mortelle. 
Emerveillé, Auguste mit du temps à se rendre compte qu'on venait de sonner à la porte. Se dirigeant vers l'entrée, il entendit Germaine ouvrir et accueillir les nouveaux venus. Il entendit les voix : 

-Bonjour, est-ce que nous pourrions nous entretenir avec son Excellence le champion Auguste, je vous prie ? 

Auguste arriva dans l'entrée. 

-Le voilà, dit Germaine. 

Deux hommes se tenaient dans l'encadrement de la porte. L'un était grand, fier, et l'autre était plus trapu, désinvolte, jaugeant Auguste par-dessus d'imposantes lunettes de soleil. Leur point commun résidait dans l'uniforme de police qu'ils arboraient tous deux. 

-Messieurs ? Dit Auguste en s'avançant vers eux. 
-Votre Excellence, pouvons-nous vous parler un petit instant ? Demanda le grand policier. 
-Je vous écoute. 
-En fait nous en aurons pour plus longtemps que ça. Si vous pouviez... 
-Très bien, entrez. 

Les policiers entrèrent. Germaine, intriguée, regarda Auguste qui haussa les épaules. 

-Suivez-moi je vous prie, dit-il en guidant les policiers vers le salon. Germaine, servez l'apéritif pour ces messieurs. 
-Oh, inutile, intervint le petit policier. Nous ne faisons que passer. 

Auguste leva un sourcil. 

« Ils ne font que passer ou bien !? » 
-Voilà, prenez place, dit-il en les faisant assoir autour de la table basse disposée au fond de son salon. 

Les deux policiers s'assirent côte-à-côte sur le canapé. Auguste s'assit en face d'eux, sur son fauteuil préféré. 

-Votre Excellence, commença le grand policier, je me présente : je suis le lieutenant Werther et voici mon collègue, l'inspecteur Faust. 
-Excellence, dit le l'inspecteur Faust, nous souhaitions vous voir dans le cadre de l'enquête autour du décès du Docteur Bartholomé Barclay. 
-Allez-y. 
-Vous admettez bien avoir vu le Docteur Barclay peu avant sa mort ? 
-Le jour même, oui. 
-Et il vous a diagnostiqué... une entorse au genou, n'est-ce pas ? 
-C'est exact. 

Imperceptible regard échangé entre les deux agents de police. 

-Vous ne vous souvenez pas avoir décelé quelque chose d'anormal dans le comportement du Docteur Barclay ? 
« Magazine porno, jeu vidéo pour adolescent idiot... » 
-Non, rien d'anormal de sa part. 
-Rien d'alarmant dans la condition de l'air, une mauvaise odeur, ou autre ? 
-Non, désolé. Je n'ai plus un odorat très développé... 
-On comprend. 
-C'est tout ? Demanda Auguste. 
-Oui, c'est tout. Nous aurions du vous interroger au commissariat, mais nous voulions vous dispenser de cette peine... 
-... merci... 
-Au revoir, votre Excellence. 
-Au revoir. 

Auguste les raccompagna jusqu'à la porte. 
Le lieutenant Werther demanda à l'inspecteur une fois dehors : 

-Il cache qu'il a le SIDA parce qu'il ne veut pas que ça se sache ? 
-Je pense. Aujourd'hui encore l'opinion publique voit très mal... ça. 

Ils montèrent dans leur voiture. Faust était au volant. 

-Bon, de toute façon, les vidéos récupérées s'arrêtent au moment où Barclay lui dit : vous avez le syndrome de machin. Je vois très mal pourquoi Auguste aurait mis le feu au cabinet, sachant que ça ne doit pas être Barclay qui lui a refilé... 
-On abandonne cette piste donc ? demanda Werther. 
-Oui, on abandonne cette piste. 

La voiture démarra. 

Germaine alla voir Auguste dans son bureau, l'air inquiet. Elle le trouva assis à son bureau, songeur. 

-Queq'chose tourne pas rond ? demanda-t-elle avec toute la chaleur de son accent. 
-Oh, non, ça va pour l'instant... répondit-il avec une infinie tristesse. 

Il était las, morne, le bras soupesant la tête baissée, comme fatigué de vivre. Ses yeux mi-clos commençaient à se brouiller. Germaine soupira et plissa ses yeux. 

-Vous, vous cachez quelque chose. 

Auguste regarda Germaine. 

-Je vais mourir. 
-Hein-gue ? 

Sous le choc, elle ne sut que dire. 

-Je vais mourir et j'entraîne mon successeur. 
-Comment pouvez-vous dire c'la ? 'Faut garder espoir dans la vie ! 
-... Sortez s'il-vous-plaît. 

Germaine sortit, choquée. 
Auguste resta à pleurer. Dehors il faisait froid et il pleuvait. 

-Ah nan, nan ! 

Germaine revint en force. 

-Béh alors le champion, il est où, hein-gue ? dit-elle en secouant Auguste. Mais c'est pas une attitude de vainqueur ça ! Sortez vos tripes et oubliez un peu vos tracas ! 
-Je me passerais bien de votre leçon de morale surfaite. 
-Leç... Oh, et puis merde-euh ! C'pas un jeunot d'soixante ans qu'va m'apprendre la vie ! J'ai eu deux cancers, moi ! Et pourtant je garde espoir ! Vous préférez attendre la mort en restant à chialer s'votre bureau !? 

Germaine quitta la salle en claquant la porte. 
Auguste fit un grand soupir. Des vacances... il lui fallait des vacances... Il lui fallait partir dans ce centre et vite ! Il prit son téléphone et commença à composer le numéro de l'arène. Terminé, le petit entraînement gentillet. Demain il se chargeait lui-même d'entraîner Sébastien, et il n'irait pas de main morte ! 
Mais au moment de taper le dernier, il eut un doute. Et si... 
Et si plutôt que de nommer Sébastien en tant que son successeur à l'arène, il décidait d'en faire autrement ? Avec son entraînement, Sébastien pourrait faire ce qu'il voulait. Champion ou pas. Mais au fond, champion, qu'était-ce ? Sur plus de trente ans de carrière, il en retenait des horaires contraignants, des obligations contraignantes, des combats rarement intéressants... 
Et surtout, une grande ambition complètement gâchée, écartée. 
Il raccrocha et sortit son agenda. Il chercha le numéro du professeur Chen. 

« Voilà... Une seule envie, et c'est de devenir champion qui m'a empêché de la réaliser... » 
-Laboratoires Chen bonjour ? 
-Bonjour, c'est Auguste de Cramois'île. Veuillez me passer le Professeur Chen je vous prie. 
-Tout de suite ! 

Auguste attendit un peu. 

-Allo, Auguste ? 
-Bonjour Samy. 
-Qu'est-ce que tu veux ? 
-Est-ce que tu pourrais m'envoyer les résultats de nos... recherches ? 
-Oui... tu te décides enfin à commencer la ch... 
-Oh non j'y ai renoncé depuis longtemps. 
-Mais alors ... ? 
-Je veux juste tous les documents aboutis... et la localisation de... tu sais bien... 
-Oui, oui... 
-Tu me les envoies par la poste ? 
-Des documents aussi précieux !? 
-Du calme... je doute qu'on les intercepte ! 
-D'accord. 

Auguste raccrocha, serein. 

« Je me dépêche de finir l'entraînement de Sébastien... puis je lui donne les documents... et je pars au centre ! » 

Ce soir-là, Germaine, assez grognonne, bacla le repas. Auguste se leva trois fois pour aller vomir, et surprit Sébastien à faire de même. Visiblement, il avait du trop énerver la vieille dame.