La ronde triste [Song-fic] de MM-Blue

Sur l'étagère, elle attend, la poupée de laine. Elle regarde l'enfant jouer. Elle attend.
Sur l'étagère, elle rêve, la poupée de haine. Elle aimerait pouvoir jouer, elle aussi. Elle rêve.

Et elle se lève, elle traîne. Elle glisse de l'étagère et se retrouve parterre. Branette la bête.

Enfermée dans son corps de chiffon, elle rêve de devenir éon. L'enfant continue de jouer.
Enfermée dans son corps de haillons, elle rêve de mauvaises intentions. L'enfant s'est arrêté.

Please let me dream,
S'il vous plaît, laissez moi rêver,

L'enfant s'est retourné. Au sol, le monstre n'a pas bougé. Il a envie de crier.
L'enfant l'a attrapé. Dans ses mains, la bête n'a pas piaillé. Pourtant l'envie l'a rongé.

Let me scream,
Laissez moi crier,

Le corps de tissus semble si chaud. Il semble si beau.
Mais à l'intérieur, elle a mal. Tout au fond c'est bestial.

Ça tourne, la tête. Ça sert, la taille. Mais elle s'en fiche, la poupée de chiffe. Elle ne sent que cette douleur, la douleur de l'intérieur. Le vide, le rien, le néant. La géhenne, la haine, la peine.

I feel sad.
Je me sens triste.

L'enfant l'a secoué. La poupée a rêvé. Elle a rêvé de l'immortalité.
L'enfant l'a observé. Et la poupée en a rêvé. Rêver de se suicidé.

Please let me dream,
S'il vous plait, laissez moi rêver,

Au fond d'elle, la bête hurle. Elle brûle. Elle se déchaîne, essayant de briser ses chaînes.
Attachée à ce corps de pacotille, l'âme impure cherche à sortir de ces guenilles.

Let me scream,
Laissez moi crier,

L'enfant tire sur ses membres. Le corps de fripes voit sortir ses tripes. Torturé pour acquérir la liberté, la poupée du Malin agonise dans les bras de l'enfant Saint. Cette souffrance sublime, cette mort illégitime. Un impur plaisir qui vient bénir l'horreur de cette scène à punir. Tant innocent est l'enfant qui s'amuse maintenant à barboter dans le sang.

Let me die.
Laissez moi mourir.

Mais la poupée s'est relevé, plus monstrueuse que jamais. Son corps ensanglanté est désormais libre de bouger, libre de crier et libre de penser. Son corps de monstre est maintenant prêt à attraper l'enfant pour le dépecer. Agrippant de ses griffes la tête du bambin, léchant son visage blanc d'un air hautain, la poupée satanique chante, hypnotique.

I love you I love you
Je vous aime, je vous aime

De ses griffes, elles lacèrent tendrement les chairs tout en chantonnant un petit air. Sadique, la poupée satyrique.

I do love you.
Je vous aime vraiment.

Et la poupée s'est mise à danser, plus abominable que jamais. Son corps de sang séché virevolte désormais autour de l'enfant statufié. Elle rit, horrible. Et elle vient se jeter au pied de l'enfant, avec son sourire traumatisant. Elle le regarde de ses deux boutons cousus à même sa peau de chiffon.

I love you I love you
Je vous aime, je vous aime

Elle caresse ces mains, ces mains innocentes couvertes de sang. Elle caresse ce ventre, ce ventre rond d'enfant.

I do love you.
Je vous aime vraiment.

Le moment fatidique est arrivé. Elle déchiquette son corps inanimé. Elle devient folle et saute sur la carcasse. Quelle est cette folie qui nous menace?

Puis son corps se fige. Elle tombe au sol, ses yeux se vident. Et l'enfant la prend violemment dans ses mains, la sert très fort, la torture et lui fait mal. Il la repose sur son étagère, puis cache sous son lit le poupon lacéré. Il rit, horrible et enfin sort de sa chambre pour offrir un peu de répit à cette poupée qui ne demande qu'un peu de tranquillité, qui aimerait crier, qui rêve de se suicider...

Don't quite !
Pas tout à fait!