Les Fragments d'âmes de thomas812

Maxime suivit son Pokémon sur une longue distance, parcourant la montagne à pied. Il faisait nuit, il était fatigué, respirait difficilement et tenait toujours cette souffrance au plus profond de lui. Il lui ne puisait ses forces que dans sa seule volonté, aussi fut-elle très forte. Tout cela s'arrêterait bientôt, il y avait deux issues possibles : soit le monde s'éteignait, soit il pouvait le sauver. En cet instant, il lui semblait que cela était du pareil au même. Seulement, il ne voulait pas réagir égoïstement, c'est pour cela qu'il poursuivait sa quête, bien que tout cela lui paraissait de plus en plus futile.

Il regardait autour de lui. Rien. Seule cette roche sombre qui crépitait sous ses pieds. Rien de plus que cette vision qui s'étendait à perte de vue. Il lui sembla un instant avoir regagné le monde inversé. Mais ce n'était pas le cas, et cette pensée réanima sa tristesse de plus belle. Il se mit à pleurer. Pleurer. C'est tout ce qu'il faisait depuis qu'il était arrivé sur Sinnoh. Lorsqu'il y pensa, il se rendit compte que son voyage ne lui avait apporté que peine et souffrance. Finalement, jouer les héros n'avait plus rien de trépidant à ses yeux, cela était même ridicule.

« C'est encore loin ? » Demanda-t-il à son Pokémon qui lui répondit non d'un geste de tête. « Bien, c'est bientôt terminé » pensa Maxime dans sa tête. Il se demanda soudain ce qu'il ferait lorsque tout cela serait terminé. Oui, la vie paisible qu'il menait jusqu'à présent était détruite, annihilée par une quête réalisée par un enfant crédule. Le garçon avec qui il vivait et qui était tout pour lui était mort sous ses coups. Il s'arrêta.

Il réalisa le monstre qu'il venait de devenir. Deux hommes tués par sa main. Lui qui était pourtant si pure auparavant. Et de quelles horribles façons avait il réalisé ses actes ! En effectuant ces actions macabres, il s'était tué lui-même, il venait de s'en rendre compte. Il ne se supportait plus lui-même, ne ressentait plus rien, n'étais plus rien. Et, sans s'en rendre compte, il s'était arrêté devant une petite grotte dont l'entrée était très étroite. Le tombeau de Giratina s'offrait à lui.

Le Pokémon lui signala d'un signe de tête qu'ils étaient arrivés à l'entrée de l'antre du gardien du second monde. Il le félicita d'un ton monotone, puis l'invita à regagner sa Pokeball. Maxime pénétra dans la caverne, le cœur léger, tellement léger qu'il ne pesait plus dans sa poitrine, comme si on lui avait arraché, ou bien comme s'il s'était consumé à l'intérieur de lui pour quelques raisons les plus horribles les unes que les autres.

Le jeune dresseur avançait dans le noir, rampant, profitant du petit espace qui lui était accordé afin d'atteindre le tombeau. Ses mains le faisaient souffrir car le sol et les parois les écorchaient. Et ses genoux aussi. Mais il n'avait pas vraiment mal. Du moins, il ne le ressentait pas vraiment. Au bout de quelques minutes, il atteignit un couloir.

Il chuta dans des escaliers qui progressaient circulairement. C'était les marches que les deux assaillants avaient emprunté six ans plus tôt. Il voyait l'immense porte se dressait devant lui. Elle était toujours fermée. Il observa le symbole gigantesque qui la recouvrait. Que signifiait ce triangle dont les coins étaient en réalité des cercles et ce losange central ? Il avait le sentiment qu'il allait très bientôt le savoir. Il ouvrit la porte lentement.

Giratina était face à lui, immobile, le fixant, dans un silence mortuaire. Les murs étaient recouverts d'une énergie blanchâtre qui illuminait parfaitement la grande pièce. Voilà d'où venaient tous les malheurs de la région, de cette énergie.

Il observa ensuite les colonnes qui continuaient de piéger le titan. Tant de malheurs créaient avec tout cela. Mais tout cela était bientôt terminé. Grâce à lui ? Non, Maxime, lui, avait créé bien plus de problèmes qu'il n'en avait réglés. Tout cela était l'œuvre de Darkrai. C'est grâce à lui qu'il avait pu réaliser tout cela, c'était le seul héros de cette histoire. Il se mit à pleurer à nouveau, puis chuta au sol, sous le regard attentif de Giratina. Le colosse poussa sans doute un crie, sans doute pour sortir Maxime de sa torpeur. Le jeune homme leva la tête, les larmes toujours présentes dans ses yeux et sur ses joues.

Il jeta ses six Pokeballs au sol d'un geste maladroit. Se présentèrent ainsi Metalosse et Ectoplasma mais également Nocturnoir, Magirève, Noctali et Absol. Maxime était un champion d'arène ayant pour thème les Pokémons de type Spectre et Ténèbres, et cette équipe – mise à part Metalosse – constituait son arène. Il ne parvenait à faire cesser les larmes, mais, difficilement, ordonna tout de même à ses Pokémon de brisés les colonnes.

A peine la première colonne fut elle frappée par une attaque que celle-ci s'évanouie, comme du sables qui s'envoleraient dans une tempête. C'était tellement simple, pourquoi donc Giratina était il resté piégé là ? Il était sans doute le seul qui ne pouvait pas détruire ses colonnes, ou bien avait il encore était trompé ? Maxime ne savait plus. Non, il ne savait plus rien.

Le titan fut bientôt libérer, et s'approcha de Maxime. Le dresseur se releva, et regarda le titan qui se présentait devant lui d'un air déterminé. Il venait de se ressaisir.

« Giratina, acceptes mes excuses, au nom de la race humaine. Tout ce dont nous t'avons fait subir, tu as était la victime d'un piège macabre que tu ne méritais pas. »

Le Pokémon ne bronchait pas. Il continuait à le regarder d'un air terrible. Maxime savait que cela ne serait pas si simple. Il regarda autour de lui ses Pokémons toujours immobiles. Ils semblaient se prosterner devant le gardien du monde inversé. Tout était clair à présent pour le dresseur. Il sécha ainsi son ultime larme, et reprit.

« Ecoutes moi bien. Je sais ce que tu ressens. Je n'attends pas de toi ni pardon, ni merci. Pour arriver jusqu'à toi, j'ai du accomplir ma vengeance, et ton sentiment est justifié. » Il posa la main sur sa poitrine. « Darkrai est mort pour toi. Alors voilà ce que je te demande. A quelques kilomètres, s'affrontent Dialga et Palkia, dans un duel sans merci, qui détruisent le monde peu à peu. Arrête-les. Car toi aussi, tu seras une victime de leur agissement. »

Le Pokémon continuait de le regardait d'un air terrible. Un long silence s'installa durant lequel Maxime et Giratina se fixèrent. Il sembla au jeune dresseur que cela dura pendant des heures. Puis le titan leva la tête et détruisit le sommet de son tombeau. Maxime sourit faiblement lorsqu'il vu le dragon s'élever dans les airs rapidement et s'échapper de ce sanctuaire. Puis il se retourna vers ses Pokémons.

« Vous m'obéirez quelque soit l'ordre que je vous octroi, n'est-ce pas ? »

Chacune des créatures approuva d'un signe de tête, lent et respectueux. Maxime sourit. Il décrocha de sa ceinture les six Pokeballs qui y reposaient. Il les posa, une par une, très soigneusement, sur le sol, en ligne droite, chacune espacée d'une trentaine de centimètres de la précédente. Puis il conféra à chacun des Pokémons de détruire sa propre Pokeball. Aucun n'obéit. Il insista alors pour se faire respecter. Il eut alors raison de l'opposition de ses créatures. Une par une, les sphères se transformèrent en un amas de poussière sans âme, ce qui eut pour effet à chaque fois d'illuminer quelques instants la créature à laquelle la Pokeball était raccordée. Maxime sourit. Il prit dans sa main un petit tas de poussière, puis, minutieusement, confectionna un tas de poussière comprenant les six petits.

Voilà ce qu'il restait de son passé de dresseur : de la poussière. Puis il se souvint qu'il avait toujours son Pokémobile. Il décida alors d'effectuer la même opération avec les Pokémons que la petite puce contenait. Il appela ainsi Rhinoferos, Dracaufeu, Voltali et Lokhlass et leur conféra le même ordre qu'à leur paire après avoir positionner, de manière tout aussi minutieuse, les quatre Pokeball au sol. De la même façon, ils refusèrent dans un premier temps, puis réalisèrent leur lourde tâche.

Les dix créatures restèrent immobiles lorsqu'il confectionna le tas de poussière formé par les dix sphères magiques. Le dresseur souriait pendant, mais ce sourire n'était pas synonyme de bonheur, mais plutôt créé par un sentiment de compréhension sur lui-même. Une fois le tas ultime formé, il se releva, l'observa quelques instants, puis le détruisit d'un coup de pied. Toutes les cendres s'écartèrent dans toute la pièce. Maxime resta ainsi immobile, debout, en silence. Son repos fut troublé par un bruit.

« Ecto ?! »

C'est son Ectoplasma qui lui agrippait la jambe, d'un air triste. Le dresseur se baissa, et caressa la tête du Pokémon.

« Ne t'inquiètes pas. Si j'ai fait tout cela, c'est parce que vous allez maintenant devoir agir seuls. Il est temps pour moi de m'en aller. » Dit le dresseur simplement.

Il se releva alors, et regarda la brèche formée par le grand dragon. Il adressa un dernier sourire aux dix créatures qui le regardaient. « Tout ira bien », leur dit-il. Puis, il s'éleva dans les airs grâce au pouvoir de Darkrai, pénétra par la brèche et s'effaça du champ de vision des dix Pokémons, toujours immobiles.