Les clés des rêves.
«...Nous ne vivons pas dans un monde parfait. Il existe la tentation, même si vous refusez de le voir... » Dolus, Dracaufeu, Flamme, réunion de l'assemblée typale.
La créature expliqua son monde, son existence. Il s'appelait Eclair. Eclair lui avait dit que lui vivait en permanence entouré d'animal, comme lui. Les Pokémons. Il lui expliqua les bases de son existence, des traditions de son espèce. Les attaques, les faiblesses, les résistances. Lorsqu'Eloïse lui dit qu'elle connaissait un jeu vidéo qui racontait leur vie, les 'Repomons' et qu'elle lui montra les combats au tour à tour, Eclair fut presque vexé.
-La base d'un combat est l'agilité, la souplesse, la rapidité, avait-il dit, on n'attend pas bêtement que l'adversaire nous attaque sans rien faire et, crois moi, personne ne t'offrira le plaisir de se laisser mourir sans se débattre.
-Et vous vivez dans un autre monde ?s'emporta dans ses rêves Eloïse.
-Non, pas exactement.
-Ah.
Elle n'avait plus rien dit. Il lui raconta comment il se nourrissait, identifier les baies...
-Ne crois pas que nous ne nous alimentons que de ça... Au contraire, une fois tous les six mois, un Pokémon à besoin de manger de la chair... Elle provient de ses congénères...
-Tu en as mangé beaucoup, avait-elle demandé ?
-Pas ses derniers temps, non... avait-il répondit en la scrutant.
Eloïse s'enfonça dans son fauteuil et Eclair éclata de rire. D'un rire rapide. Bref. Ses vertèbres craquèrent et l'aspirèrent vers le divan.
-Il faudrait que j'aille chez Eos...
-Qui ?
-Eos, Aquali, Bulleur... Un maître qui soigne les Pokémons. Sans lui, la forêt serait une hécatombe. Il faut que j'y aille.
-Pas question que tu fasses un pas, objecta Eloïse. Je vais te transporter dans un drap.
Quelques poignées de secondes plus tard, un drap jaune avec à l'intérieur Eclair, qui gémissait, elle s'élança dehors.
Soudain, Eloïse croisa le regard de quelqu'un.
-Dis, tu n'as pas peur qu'on te voit ? lui demanda-t-elle.
-Moi ? Non. Mais toi...
Elle relève la tête. Un attroupement s'était formé. Honteuse, elle perça le cercle d'étonné et s'engagea dans une ruelle déserte.
-Comment ça se fait qu'ils ne t'ont pas vu ?lui demanda, presque fâchée. Je me suis tapée la honte !
-Très peu de gens voient les Pokémons. Très peu de gens les entendent. Certains voient sans entendre, d'autres entendent sans voir. C'est très amusant de faire tourner quelqu'un en bourrique parce qu'il entend une voix sans savoir d'où elle vient. Ah, oui, et la catégorie à laquelle tu appartiens, dix personnes sur un milliard voient et entendent les Pokémons.
- Bon, tu veux que j'aille où ?
-Dans la forêt.
Après cinq minutes de marche, Eloïse y arriva. Son bras la faisait souffrir. Plus lourd que ce qu'on croit, l'anim... Le Pokémon
-Comment ça se fait que je ne vous ai pas vu plus tôt, demanda-t-elle.
- Deux explications, répondit Eclair en prenant un air et une voix savante. 1, on ne va pas se jeter sous les yeux de tout le monde pour voir s'il nous entend ou nous voit. On vit cachés. Deux, un don peut se développer pendant l'adolescence.
-Ah.
Elle ne dit rien du trajet. Lui non plus. Enfin, ils arrivèrent devant une grande bâtisse en bois.
-Comment ça se fait que l'on ne l'ait jamais vu non plus ?
-Elle n'est pas construite en bois, mais en albarèque. Comme nous, il ne se voit et ne se sent que pour certains. Il est rare de l'entendre.
Ils entrèrent. À l'intérieur, il y avait deux armoires, des machines dont les aiguilles bougeaient sans arrêt ainsi qu'une dizaine de table. Sur une d'entre elle était allongé un Pokémon, avec des fils le rejoignant à une machine.
Eclair appuya sur un bouton. Un Pokémon bleu, ayant vaguement l'air d'une sirène descendit l'escalier en colimaçon au coin opposé de la pièce.
-Et revoilà notre client le plus fidèle, soupira-t-il en l'observant, sans se préoccuper d'Eloïse. Pose-le là, fit-elle en désignant la seconde table.
Il le tâta et repéra les endroits où Eclair criait.
-Vous n'avez pas de méthode moins douloureuse ?
-Ma foi, non, dit-il sans relever la tête.
Il se dirigea vers une armoire et en sortit un pot. Eos plongea les doigts dans la mixture jaune moutarde et en mit sur les trois pattes cassées et les côtes d'Eclair.
-Ça ne prendra que cinq minutes à agir, expliqua-t-il en levant la tête.
-Cinq... souffla Eloïse. Et lui ?
-C'est un peu plus grave. Treize côtes, les quatre membres, six vertèbres cassés et deux fissures de la boîte crânienne.
-Et... Il est en vie ? Il restera combien de temps ici ?
-Pour répondre à ta première question, oui. À la seconde, une journée.
-Seulement...
-Ici, intervint Eclair, on guéri environ mille fois plus vite que vous. On reste vivant deux fois plus longtemps que vous et on meurt à des blessures dix fois supérieur au votre.
Eloïse le regarda, puis plissa un œil.
-Bizarre.
Cinq minutes lus tard, ils sortaient de l'infirmerie.
-Merci, dit Eclair.
-Merci pourquoi ?
-De m'avoir amené là. J'espère qu'on se reverra, Eloïse.
-Tu as pété un câble, là. Je reste. Tu ne crois pas que je vais t'obéir et vivre une vie ennuyeuse en passant à côté d'une autre remplie de Pokémons et de combat ? Tu crois que je vais rater ça ?
-Eh bien... oui.
-Alors là tu peux toujours y compter, cracha Eloïse. Tu peux faire ce que tu veux, je reste.
Le pelage d'Eclair s'hérissa et ses tâches rouges commencèrent à émettre des faibles quantités d'électricité. Eloïse ne bougea pas. En fait, elle n'avait pas vu les mini-décharges. Eclair, devant un acte de courage pareil, se calma. L'humaine n'avait peur de rien.
-Tu es prête à risquer ta vie pour un monde qui ne te concerne pas ? demanda-t-il, avec une pointe d'admiration.
-Oui.
Il la fixa, comme la première fois. Si elle le voulait...
-Bon. Première étape, Frimapic.
-Eh, je te rappelle qu'on est à Vestigion, c'est pas en claquant des doigts qu'on va à Frimapic ! C'est à dix jours de marche !
-Tu crois ça ? Regarde.
Il claqua des doigts. Un imposant oiseau, noir et blanc, à la crête rouge apparu et piqua vers eux. Il atterrit avec une précision déroutante, à quelques millimètres d'Eclair.
-Bonjour, maître, dit-il en le saluant de son aile.
-Je t'ai déjà dit de m'appeler Eclair, protesta celui-ci. Monte, Eloïse !
Après moult hésitations, elle grimpa et l'oiseau s'envola.
-Direction Frimapic, ordonna Eclair.
-Pourquoi-t-il appelé maître, demanda Eloïse, tandis que le Pokémon prenait un virage négocié pour aller vers Frimapic.
-Je l'ai gagné à un tournoi, expliqua Eclair. Donc normalement, je suis son maître.
-Vous gagnez des Pokémons aux tournois ?
-Non. J'ai juste droit aux services de transport. Je ne peux pas lui dire de s'écraser contre un mur.
Cinq minutes plus tard, ils arrivaient à Frimapic. En fait, le Pokémon volant se posa dans la forêt gelée, près de la ville.
-Merci, dit Eclair.
Le Pokémon s'envole.
Ils pénétrèrent dans une nouvelle maison. Eloïse observa un panneau.
'Alakazam, nouvelles du monde'.
Ils entrèrent. Un Pokémon jaune, cuillère à la main, habitait ici. Il la dévisagea mais ne dit rien.
-Salut Alakazam, lança Eclair. Des nouvelles de Lascian ?
Alakazam se concentra. Sa cuillère se tordit. Enfin, il prit la parole.
-Oui. De mauvaises, dit-il. Il approche. Il n'a plus qu'à trouver deuxième clé.
-Ah. C'est plus ennuyeux que ce que je pensais.
-Tu n'as jamais pensé.
-Tu oses me dire ça, à moi, le premier de la classe !
-Rectification, le premier des derniers de la classe.
Eclair fit semblant de réfléchir.
-Ah... Euh... Je ne me souviens pas...
Il se tourna vers Eloïse, tordue de rire.
-Aide-moi, plutôt que de rire, se fâcha-t-il faussement.
Elle s'arrêta de rire quelques secondes et en profita pour répondre.
-Je ne défends pas le dernier d'une classe, moi.
Et elle repartit dans son fou rire.
En cherchant une réplique, Eclair avisa l'horloge de la salle.
-Déjà ?
Il courut vers la porte.
-Merci Alakazam ! Salut !
-Attends-moi, cria Eloïse en le rejoignant.
-Ah, les jeunes... Toujours impatient, commenta-t-il lorsqu'ils furent partis.
Le Pokémon oiseau volait vers Kanto, Eloïse et Eclair sur son dos.
-Je n'ai rien compris.
-À quoi ?
-À votre histoire de clé.
-Ah !... Il y a fort longtemps...
-Je ne suis plus une enfant.
Eclair la dévisagea.
-Pourtant, on dirait, fit-il. Donc, il y a longtemps, notre Dieu, Arceus, possédait un sceptre qui lui permettait d'imposer sa volonté à n'importe qui. Il nous guidait ainsi. Mais un jour, un homme, Voliditas, découvrit un point faible au sceptre et le prit. Après avoir ordonné à notre Dieu de mourir, il le cacha derrière deux portes. Les clés se trouvent dans les deux mondes des rêves.
-Il suffit de rêver pour y accéder ?
-Ce n'est pas exactement ça, fit Eclair. Celui-ci qui accède au monde des rêves doit combattre une multitude de Pokémon hyperpuissants pour obtenir la clé.
Le Pokémon oiseau approchait de Kanto.
-Et que va-t-on faire ici ? dit-elle en pointant le doigt vers la région.
-Pas ici, corrigea Eclair. Là.
Il montra la mer.
-Je ne vois rien, objecta Eloïse.
-Etouraptor, plongeon ! ordonna Eclair.
Le Pokémon volant piqua, puis transperça le plat de la mer avec son bec.