Zouna de Nora

- Debout ! Brailla Toty en levant les stores. On y va !
- Qu...Quoi ? Balbutia Angélina en ouvrant des paupières piquantes. Déjà ?
Il était aux environs de sept heures du matin. Toty était entré brutalement dans la pièce et les réveillaient.
- Des dizaines de groupes sont déjà partis, il y a déjà trois heures de cela, nous sommes les derniers si vous voulez savoir !
Léane se leva d'un bond.
- Oh non ! Nik est partit, lui aussi !
Elle se mit à gémir comme une petite fille. Angélina leva les yeux au ciel.
- Il avait promis qu'on partirait ensemble ! Le traître !
- Allez, habillez-vous. Ordonna Toty en sortant. Nous allons chercher le matériel nécessaire à l'expédition.
En s'habillant, Léane prononçait des jurons concernant le fameux Nik Marshall qui l'avait littéralement laissée tomber. Angélina revêtit un gros pull de laine ainsi qu'un pantalon en coton puis rejoignit les garçons qui finissaient de prendre les pics, les cordes et les accessoires importants. Ils épaulèrent leur sac à dos et marchèrent en direction de la grande montagne qui s'offrait à eux. Elle était tellement grande ! Angélina n'en crut pas ses yeux. Toty passa devant, il était le seul qui connaissait le chemin. Tous lui emboîtèrent le pas, Yannis le fit d'ailleurs avec une certaine impatience commune à une impertinence enfantine.Ils marchèrent trois heures sans s'arrêter, au début, le terrain était plat et un peu glissant mais maintenant, la neige leur arrivait jusqu'au genou et il était devenu difficile d'avancer plus vite. Toty était toujours devant, par moment, il s'arrêtait et
regardait autour d'eux comme s'il s'était perdu. Jalil avançait en prenant quelques photos de l'immense montagne sur laquelle ils allaient bientôt grimper.
Yannis écoutait son walkman en sifflotant des airs encourageants, il ne semblait pas se fatiguer. Angélina suivait le petit groupe assez facilement contrairement à Léane qui demandait une pause pour la dixième fois consécutive.
- J'en peux vraiment plus ! Dit-elle haletante.
- Tiens bon. Dit Toty d'une voix sourde.
- Il faut... que je m'arrête...
Et elle se laissa tomber dans la poudreuse en suffoquant. Toty fit demi-tour, la releva par le bras avec une brusquerie incontrôlable.
- Ne nous arrêtons pas ici, il y a des risques d'avalanches.
- Je m'en bats le coquillage ! Mes pieds me brûlent, mes autres membres sont gelés ! Elle peut bien s'amener l'avalanche ! Je ne bougerais pas !
Angélina avait oublié à quel point Léane pouvait être têtue, bien plus qu'elle. Elle observa les environs, ils étaient en très mauvaise posture, comme l'avait dit Toty, juste en face d'une pente dont l'angle était incliné d'une façon très abrupte, une coulée de neige aurait put se déclencher au simple son d'une voix.
Plus loin, le soleil reflétait ses derniers rayons sur la neige blanche semblable à une masse de crème fouettée. Il eut un rayon rouge en face d'Angie, un Roucarnage s'en échappa et survola le groupe.
- Vérifie s'il n'y a pas d'abri ! Lui lança Yannis d'en bas.
L'oiseau s'envola un peu plus loin puis poussa un de ses croassements qui vous font penser à de l'eau qui s'écoule dans une source, ni éraillé, ni déchaîné, un croassement doux et agréable à entendre. Yannis passa devant avec un signe de la main qui les incita à le suivre, son oiseau avait trouvé un abri, semblait-il. Cette fois, Léane se releva seule et suivit le groupe à quelques mètres en marmonnant des mots incompréhensibles. Quelques instants plus tard, ils étaient arrivés dans une crevasse creusée dans un rocher recouvert de neige. Là, Jalil regroupa quelques branches de sapin non loin de là et alluma un feu car la nuit tombait et ils se retrouveraient bientôt dans un noir complet. Angélina déposa son lourd sac, sortit son sac de couchage et s'installa à l'intérieur, leur caverne n'était pas de tout confort mais elle les protégeait de quelques avalanches. Léane, recroquevillée dans son coin, brailla.
- J'ai faim !
- Si tu veux, on peut faire cuire quelques saucisses. Dit Jalil en lui tendant le paquet.
Elle se hâta de le déballer et en sortit les six saucisses qu'elle dévora crues et à pleines dents. Angélina soupira puis grignota sa maigre pitance qui n'était autre qu'un croûton de pain avec une tranche de viande séchée. Jalil entreprit de nettoyer ses
lunettes dont les verres commençaient à s'embuer. Yannis écoutait sa cassette en chantonnant des airs sans s'occuper de quelconque nourriture que les autres ingurgitaient. Angélina sortit son Farfuret et lui donna un bout de viande. Les pokémon supportait de ne pas être nourrit pendant deux ou trois jours mais si Angie désirait quelque chose, c'était que son pokémon
démon-glace ne s'affaiblisse pas.
- Demain, commença Toty qui retirait ses chaussures, nous partirons au lever du jour. Ainsi, nous rattraperons notre retard sur les autres voyageurs.
- Je vais lui faire sa fête, moi ! Marmonna Léane. Jalil écarquilla les yeux en remettant les lunettes sur son nez.
- De qui parles-tu ?
- De l'abruti d'hier soir ! Nik Marshall ! Si on le retrouve, je vais lui montrer ce que c'est de me laisser tomber ! Il entendra ma vengeance ! Pas vrai, Azumarill ?
Son Azumarill approuva avec ferveur.
- La petite Léane s'énerve ? Ironisa Yannis qui s'intéressait à la conversation. Depuis quand dis-tu des choses pareilles ? Ca me fait mal aux oreilles d'entendre ça de ta part. Tu comptes lui faire quoi à ton Nik Marshall ? Lui lancer un cil ?
Léane ignora catégoriquement ses répliques et se contenta de donner une des saucisses restantes à son pokémon. Le feu lança ses derniers crépitements puis la grotte fut plongée dans une noirceur totale. Un froid glacial les entoura, leur glaçant le sang et les os. Angie se rétracta dans son sac de couchage, les frissons envahissaient chaque parcelle de son épiderme. Farfuret vint se glisser à ses côtés pour lui tenir chaud.Le soleil se leva bien trop tôt pour Angélina. Il vint leur éclater aux yeux soudainement. Angie se dressa tout en se frottant les paupières, elle eut un terrible choc en découvrant que Toty était déjà parfaitement réveillé, attendant l'aube, il observait
les rayons du soleil éclairer la plaine enneigée. Léane poussa un grognement.
- Allez, habillez-vous. Dit Toty.
Angélina s'exécuta. Vêtue d'habits chauds, elle alla à l'extérieur de la crevasse pour contempler la grandeur de la montagne au petit matin. Farfuret sur ses traces. Elle décida de s'entraîner le temps que les autres se préparent. Avec souplesse, elle fit des chaînes de saltos arrière avec quelques rondades ainsi qu'une roue manchote. Suite à ses enchaînements décousus, elle parvint en haut de la plaine, laissant derrière elle de longues traces dans la neige. De ce sommet, elle découvrit un ensemble de tente vert kaki dont les pieds étaient ancrés dans le sol. Un groupe de voyageurs étaient présents et Angie pariait que c'était ceux qui avait quitter l'hôtel hier matin. Elle redescendit en vitesse jusqu'à la grotte.
- Les groupes sont ici. Je les ais aperçus.
- Où ça ? Grogna Léane en se plantant devant elle.
- Un peu plus haut, au sommet de la plaine.
- Ils ne devaient pas être très loin de nous hier quand on s'est couché. Fit Jalil.
Léane était déjà partie, enragée et fulminante de colère. Angélina lui emboîta le pas, de façon à la faire retrouver la raison. Elles marchèrent toutes deux jusqu'au campement dont les membres mangeaient tranquillement. Léane se posta devant un homme à courte moustache et lui fit d'un ton amer.
- Est-ce que vous étiez dans le clan de Nik Marshall ?
- Qui ? Interrogea l'homme.
- Nik Marshall ! Siffla Léane entre ses dents. Un garçons d'un peu près mon âge ! Mince, musclé, grand...
- Ah ! S'exclama l'homme soudainement. Oui, je me rappelle de lui, cheveux blonds paille, oui, c'est ça ?
- Oui, vous savez où il est ?
- Oh ! Pas vu depuis hier en fin de journée, il était dans notre groupe puis il est partit avec deux autres personnes escalader la montagne, il n'a pas voulu nous attendre. Il s'en est allé.
Léane eut un faible sourire, un sourire crispé et figé. Puis, elle se détourna de l'homme en maudissant Nik. Angélina songea à partir mais l'homme l'interrogea.
- Vous cherchez Zouna, vous aussi ?
- Si on ne cherchait pas la pierre, nous ne serions pas ici. Répliqua-t-elle sèchement.
- Oh ! Désolé, ma petite dame, je voulais pas vous offensez.
L'homme avait l'air sympathique donc Angie pensa à être un peu moins sur la défensive.
- Nous y allons progressivement, ces jeunes sont fous ! Ils pensent pouvoir escalader la montagne et trouver Zouna en une nuit, si tu veux mon avis, ce Nik Marshall qu'elle recherche, il ne reviendra pas.
Angie dut admettre qu'il n'avait pas trop été prudent mais elle n'avait pas pensé qu'il pourrait mourir. L'homme continua de déguster son repas sans rien ajouter. Toty, Jalil et Yannis arrivèrent, les sacs sur l'épaule et l'air fatigué et abattu. Léane s'était écroulée dans la neige en criant des paroles de vengeance. Angie accourut vers Toty pour lui raconter sa brève entrevue avec l';homme.
- Ne restons pas ici, dit-il méfiant, tu vois le col qui frôle la montagne ? Nous passerons par-là.
- C'est imprudent, fit-elle en regardant l'endroit désigné par Toty, les risques d'éboulements et d'avalanches sont énormes.
- Crois-moi, la carte indique que cette route est plus sûre que toutes les autres. J'y étais et je m'en souviens comme si c'était hier. Alors, va chercher Léane et n'ajoute rien !
Angélina se retint d'ajouter quoi que ce soit et partit ramasser son amie démoralisée. Les cinq copains se mirent en route vers le col, bientôt, ils atteindront la montagne, il était à présent trop tard pour reculer et pour empêcher les évènements de se produire. Si seulement, ils avaient sut...