Le Soleil se lève, une lumière s'éteint
« Le train à destination de Doublonville va bientôt partir. Les voyageurs sont priés de présenter leurs billets aux contrôleurs et de monter dans le train. » La joyeuse bande passa, chacun montrant son billet à la queue leu leu. Ils montèrent dans le train et se placèrent par groupe. Le trio de musiciens Marc, Valentin et Luka s'étaient assis ensemble avec la meilleure amie de Louise, qui s'appelait Linda. Louise quant elle s'assit avec son amoureux Florian qui était venu avec ses deux meilleurs amis, Hugo et Teddy.
Florian avait du mal à supporter ce trio de musicien, à vrai dire il n'aimait pas les musiciens. À chaque fois qu'il en rencontrait, ce n'étaient que des prétentieux qui jouaient plus pour attirer les filles que pour l'art de la musique lui même. Il se plaisait à dire « Les musiciens ne sont pas intéressants de par leur personnalité mais parce qu'ils font de la musique, et que la musique touche directement au cœur. Cela dit c'est aussi parce que ça fait « trop stylé! » » rajoutait il d'un ton niais.
En effet il était toujours rageant pour lui de constater que n'importe quel abruti « armé » d'une guitare pouvait faire chavirer le cœur de n'importe qu'elle fille. Lui se donnait du mal et essayait d'atteindre la perfection pour la personne qu'il aimait. Tant bien que mal il réussit cette prouesse et cela faisait maintenant deux ans qu'il était avec Louise.
Le paysage qui défilait par la fenêtre était magnifique, ils pouvaient voir le soleil qui se cachait derrière les arbres et faisait scintiller la mer au loin. La beauté de l'instant ne put que donner à Florian l'envie d'embrasser sa bien aimée. Leurs lèvres se collaient, doucement. La lèvre inférieure de Florian caressait la lèvre supérieure de Louise, elle la lui mordit puis s'éloigna de son visage.
Ils se regardèrent, leurs yeux étaient les mêmes, deux yeux verts olive avec des taches marrons, formant une sorte de soleil identique à ceux des éclipses. Le vrai soleil lui frappait sur la nuque de Florian qui se trouvait côté fenêtre. Cette chaleur le mettait dans un confort sans égal.
Le voyage ne fut pas très long et au bout d'une heure ils arrivèrent à Doublonville. La technologie émerveillait Florian, en une heure ils avaient parcouru tout Kanto et la moitié de Jotho, avant il aurait fallu deux jours à vol de Rapasdepic et une semaine à dos de Galopa.
Ils descendirent du train et sortirent de la gare. Doublonville était assez similaire à Safrania mais ses rues étaient plus en pente. Les immeubles étaient très hauts eux aussi, dispersés de chaque côté d'un long boulevard qui coupait la ville en deux. La gare était située dans la partie ouest de la ville, à quelques mètres de celui-ci.
Les musiciens proposèrent d'aller manger à la tour radio, il y avait un fast-food au troisième étage. Linda trouva l'idée bonne. Florian n'avait pas faim et préférait visiter un peu la ville avant. Sa moitié consenti à se remplir l'estomac, ce qui ne lui plut pas énormément. L'idée même qu'elle allait manger avec trois garçons le rendait malade. Il faisait mine de n'en avoir rien à faire, mais sa jalousie s'exprimait sur son visage. Louise le prit à part et lui dit que ce n'était rien, qu'elle avait besoin d'être un peu avec ses amis parfois.
Il acquiesça d'un faux sourire et se mit en route vers l'arène avec Teddy et Hugo. Pendant qu'ils marchaient ils parlaient de pokémons, se demandant quels étaient ceux qui se trouvaient dans l'arène.
« De toutes façons la seule chose qu'il y a vraiment à voir ici, c'est Blanche! déclara Hugo.
-T'es pas un peu jeune toi? Rétorqua Teddy.
-Si mais il faut admettre qu'il a raison! Avoua Florian en riant.
-Han han! On va le dire à Louise ça! S'écria Teddy.
-Il y a une large différence entre apprécier une fille physiquement et l'aimer. Là ça ne m'engage en rien, c'est un peu comme une œuvre d'art: J'observe et je déduis. Dans le cas présent elle est jolie voilà ça s'arrête là. Débita Florian.
-Nan mais je plaisante c'est bon. N'empêche que...
-Oh ta gueule! » Le coupa Florian.
Ils aimaient bien se charrier les uns les autres, sans être vraiment blessants pour autant. Après avoir jeté un coup d'œil à l'arène, ils firent des achats au centre commercial. Lorsqu'ils en ressortirent il faisait déjà nuit. La lumière orangée des réverbères mêlée au ciel encore bleu mais quasiment noir rendait l'atmosphère chaleureuse, quoiqu'un peu mélancolique.
Ils s'étaient un peu égarés et hélèrent un taxi pour retourner à la tour radio. Le C-Gear de Florian lui annonça qu'il avait reçu un message, il l'ouvrit. C'était Louise qui lui disait que tout ce passait bien et que l'ambiance était « géniale ». « Ouais génial effectivement » pensa-t-il, imaginant la fille qu'il aimait en train de rire aux blagues du « Boysband ».
Soudainement le sol trembla, et le taxi se mit à tanguer dangereusement. Le conducteur freina et alors qu'ils enlevèrent leurs ceintures pour voir ce qu'il se passait une autre secousse plus terrible encore que la première se fit sentir. Quand elle fut finie ils se dépêchèrent tous de sortir du véhicule. C'était un tremblement de terre. Les gens dans la rue étaient affolés et courraient dans tous les sens. Florian et ses deux amis se dirigèrent vers la tour radio en courant.
Eux même étaient un peu perdus mais ils devaient retrouver les autres. Au coin d'une rue, ils entendirent un bruit sourd. Ils se retournèrent et virent un spectacle sublime. Une immeuble, d'une centaine de mètres, se pencha gravement. Il allait tomber c'était sur. Il se penchait de plus en plus, Florian était figé devant ce spectacle. Il se sentait petit, il n'était qu'un homme. La nature elle de sa puissance destructrice pouvait briser les constructions les plus avancées comme si de rien n'était.
Il priait pour que l'immeuble ne tombe pas sur lui, il se disait « Non pas sur moi, je dois sauver Louise, je dois aller la chercher. » Teddy remarqua l'inaction de son ami et le prit par le bras, le forçant à s'en aller. « Mais bouge ton cul putain! On va crever! » Hurla-t-il. Florian reprit ses esprits et se remit à courir, tout en regardant le bâtiment s'effondrer dans un fracas métallique.
Ils arrivèrent au pied de la tour Radio. Les gens en sortaient par dizaines. Il se frayèrent un chemin jusqu'à la porte d'entrée, mais un policier les arrêta et leur dit « C'est une procédure d'urgence, vous ne pouvez pas rester ici! ». Florian essaya de dégager son bras de l'étreinte du gardien de la paix. Ce dernier le remit en place et le pria de circuler sans discuter.
Florian se sentait frustré et angoissé comme jamais. Il prit son C-Gear et appela Louise. Elle ne répondit pas. Il réessaya. Cette fois-ci elle décrocha:
« Chérie! Chérie tu vas bien? Demanda-t-il.
-Pour le moment ça va! On est près du port! Et toi où es-tu? Lui dit elle la voix remplie d'inquiétude.
-Au pied de la tour radio! Je viens te chercher! Ne bougez pas d'où vous êtes! Lui répondit il en cherchant le port de vue.
-D'accord mais... Qu'est-ce que... OH PUTAIN! UN RAZ-DE-MARÉE! COUREZ! NON! JE T'AI... Elle avait raccrochée.
-MOI AUSSI JE... LOUISE? RÉPONDS JE T'EN PRIE! » Hurla-t-il désespéré.
Teddy tapota à l'épaule de Florian et pointa son doigt en direction de la mer, sans rien dire. Il se retourna et une larme coula sur sa joue. L'eau dévalait la rue à toute vitesse et arrivait bientôt sur eux. Hugo eut le réflexe de décrocher la pokéball de la ceinture de Teddy et l'envoya dans les airs. Un Léviator en sorti rugissant de rage à la vue de l'immense vague. Hugo leur ordonna de monter sur le pokémon et de bien s'accrocher. Florian envoya Vipélierre les attacher avec ses lianes au pokémon aquatique.
Un autre passant tenta bien de s'y accrocher aussi mais c'était trop tard. La masse d'eau s'abattit sur lui et l'arracha du pokémon marin. Les trois amis s'agrippèrent de toutes leurs forces. Ils ne devaient pas lâcher. Vipélierre tenait bon lui aussi, restant solidement attaché comme on le lui avait ordonné.
Tout était blanc, tout était vide. « Suis-je mort? » se demandait Florian. « Je ne sens plus mes jambes, mes bras. Alors tout est fini? Et Louise... » En évoquant son nom, il reprit contrôle de son corps et ouvrit les yeux. « Où est elle! » S'écria-t-il en reprenant son souffle. Ils étaient toujours sur Léviator, qui nageait dans la ville inondée, noyée alors que le soleil refaisait son apparition. Teddy et Hugo quant à eux étaient toujours évanouis.
Pour les réveiller Florian leur donna des petites claques, ce qui fit malgré tout son effet. Ils toussotèrent, et demandèrent à Florian ce qui s'était passé. Il n'en savait rien, et puis de toute façon il était trop occupé à allumer son C-Gear qui marchait encore par miracle pour appeler Louise. Elle ne répondait pas. Il essaya dix fois au moins mais toujours rien.
Il se retourna et regardait Vipelierre qui avait vaillamment sût les protéger et qui se reposait. Il regarda ensuite son reflet dans l'eau et se mi à pleurer. Il n'avait jamais vraiment eu l'occasion de la protéger. Il en avait toujours rêvé pour qu'elle le voit comme une sorte de chevalier qui viendrait à son secours quand elle en aurait besoin. Mais ce n'était plus possible maintenant. Il avait échoué. L'amour de sa vie, celle qu'il aimait n'était plus là. Ce sourire qu'elle lui avait redessiné avait était effacé par les vagues, ces vagues qui sont si belles d'habitude, quand elles ne font pas cinquante mètres.
Il hurla de douleur. Il se mit a frapper avec ses poings les écailles du Léviator qui ne sentait rien. "C'est la faute de ces crétins de musiciens! J'aurais du venir avec elle ou l'emmener avec moi!" cria-t-il. Hugo posa sa main sur son épaule et le conjura de ne plus pleurer. C'était malheureusement impossible, il avait tout perdu ce jour là. Il fixa le ciel, le soleil qui brillait éternellement et lança:
« Même à un moment pareil, tu oses te montrer tout rayonnant à mes yeux? Tu oses te montrer tout resplendissant comme pour annoncer les jours radieux à venir? Tu oses de ta lumière éclairer ce monde comme pour le bénir? Mais moi je l'ai perdue cette lumière. J'ai perdu celle qui me guidait, celle qui m'a apprit à ouvrir les yeux. Ta lumière à toi, elle n'est qu'hypocrisie. »