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De l'autre côté du miroir [One-Shot] de Sélenda



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Informations

» Auteur : Sélenda - Voir le profil
» Créé le 12/03/2011 à 16:10
» Dernière mise à jour le 12/03/2011 à 16:10

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De l'autre côté du miroir
Nathan arrivait à la fin de son long et fastidieux périple. Cela faisait maintenant presque une demi-année que le jeune homme avait quitté le nid familial. Et un mois qu'il n'avait plus vu le soleil se lever.

Passionné du grand Nord et de ses merveilles, Nathan prit un jour la décision de partir à la découverte d'un trésor de la nature : les aurores polaires. Son expédition fut préparée, organisée durant de nombreux mois avec l'aide de ses parents, réticents cependant à l'idée de voir leur fils effectuer un si périlleux voyage. Puis, un beau jour d'été, les bagages furent fin prêts, les vivres empaquetés, et les peaux de rênes, dont la fourrure chaude et confortable était très prisée par les voyageurs de ces contrées gelées, furent achetées. Les adieux furent émouvants. Et Nathan partit seul, ses sacs sur les épaules.
A présent, Décembre se mourait tandis qu'un Janvier froid et prometteur faisait son apparition, et Nathan approchait de son but. Le moment était idéal : la magnificence des aurores boréales n'atteint son apogée qu'en hiver, lorsque la température est la plus basse. Il avançait sur la banquise, marchant d'un pas lourd qui résonnait sur le sol gelé, emmitouflé dans ses fourrures. Parfois, il apercevait un banc de phoques ou de pingouins, accompagnés de leur petits, ou entendait au loin le chant d'une baleine.
Enfin, il fut arrivé. Il s'installa dans une cuvette enneigée, à l'abri du vent et des regards des prédateurs. Si Nathan paraissait calme, il n'en était rien. Le garçon bouillonnait de joie de voir son périple achevé, et avait hâte de voir les aurores boréales zébrer le ciel de leurs couleurs. Il fit un feu avec du bois, tant bien que mal malgré l'humidité ambiante, et fit griller pour lui un peu de viande du phoque qu'il avait chassé le matin. En effet, le jeune explorateur n'avait pu emmener avec lui six mois de nourriture et avait dû s'initier à la chasse. Il n'aimait pas ça, mais devait se faire une raison. S'il ne chassait pas, il mourrait. Puis, il se coucha sans pour autant dormir, à l'affût de la moindre lumière.

Plusieurs jours passèrent ainsi dans cette nuit éternelle, car le grand Nord était une contrée si reculée que le soleil ne parvenait pas à l'éclairer toute l'année. Ici, il ferait nuit encore six mois durant. Les jours passèrent encore et encore, se transformant en semaine, et le temps finit par émousser le moral du jeune aventurier. Mais un soir, enfin, cela se produisit.

Nathan se réveilla en sursaut, dérangé par un bruit métallique, froid, et une soudaine lumière. Il bondit sur ses pieds avant de refermer ses paupières d'un coup sec, aveuglé par une lumière intense. Petit à petit, le jeune homme finit par s'accoutumer à cette soudaine clarté et observa, ébahi, le spectacle qui se déroulait au-dessus de lui.
L'aurore polaire emplissait le ciel de sa froide clarté. Les couleurs se tordaient, serpentaient comme des cobras avec une grâce infinie, et se reflétaient sur la glace dans un cocon coloré. Certaines s'enroulaient entre-elles, formant des spirales, d'autres se contentaient de se séparer en plusieurs filaments multicolores avant de fusionner et de ne faire qu'un de nouveau. Si toutes les couleurs étaient présentes dans ce ballet furieux et enivrant, le rouge et le vert dominaient cependant. C'était lumineux dans cette obscurité, c'était coloré dans ce monde en noir et blanc, c'était magnifique. Une sorte de poussière argentée s'en dégageait, et l'air était chargé d'un puissant magnétisme. Nathan en avait le souffle coupé et ses grands yeux écarquillés reflétaient ce trésor des cieux. Une sorte de mélodie se dégageait de la voûte illuminée, un son clair et cristallin, mais en même temps dur et magnétique tandis que la lumière descendait vers lui. Incapables de bouger, pétrifiés par la surprise, le voyageur vit la lumière atterrir à ses pieds et former un pont scintillant et aveuglant, aux couleurs de l'arc-en-ciel. Nathan n'était peut-être pas un expert en astrophysique, mais il était certain que ce phénomène n'était absolument pas normal. Pourtant, il avançait, ignorant les cris angoissés de sa conscience, et tenta de traverser la lumière de sa main.
Il n'y parvint pas.
A sa grande surprise, le pont était solide. Plus surprenant encore, il le sentait tiède sous ses gants. Nathan fut tellement surpris qu'il en oublia de crier. Il posa un pied sur le pont. Puis un autre. Et se retrouva a marcher vers le ciel, inconscient du fait que si le pont se brisait ou disparaissait, il se briserait tout les os dans sa chute. Il était indifférent. Son cerveau avait débranché la prise, complètement obnubilé par les évènements. Aussi se contentait-il d'ouvrir de grands yeux ébahis et d'observer ce phénomène à la fois grandiose et magnifique, tout en avançant.

Il avançait et avançait encore, toujours plus haut, et le pont illuminé tenait bon sous ses pas. Si sa conscience s'était tue, il entendait pourtant une autre voix qui bourdonnait et murmurait dans sa tête, mais qu'il ne comprenait pas. Le ciel changea de couleur, les étoiles se voilèrent et l'aurore le cerna bientôt de tout les côtés. Le monde ne fut bientôt plus qu'un enchevêtrement de couleurs et de lumières. Puis, ce fut comme si un barrage cédait. Au point que Nathan entendit presque le bruit du verre qui vole en éclat. Et l'aurore disparut.
Nathan hurla, ne sentant plus aucun support sous ses pieds, puis commença a tomber... Avant d'atterrir, moins d'une seconde plus tard, sur un tas de neige. Il regarda autour de lui, chancela et dut s'asseoir. Il ne reconnaissait rien !
Au bout de quelques minutes d'une intense panique, Nathan se releva et se mit à courir. Cependant, il aperçut quelque chose, et s'arrêta aussi sec, les yeux exorbités.

"Des Pokémons !"

Un petit ours polaire se battait sous ses yeux, échangeant coup de glace, griffures et autres joyeusetés avec une espèce de gracieux fantôme violet, bleu, blanc et rouge. Nathan en avait déjà vu dans des livres, et on lui avait raconté de nombreuses histoires à leur sujet. Il était presque sûr de son verdict. Les Pokémons étaient des animaux mythologiques, faute de preuve de leur existence. Certains affirmaient en avoir déjà vu et proclamaient leur réalité, mais jamais personne ne parvint à la prouver. Et le doute persistait aux vues des découvertes. Un fossile qu'on arrivait pas a identifier, un animal étrange aperçut furtivement... c'était comme traquer Nessie, le monstre du Loch Ness. Personne ne savait réellement si ils existaient ou pas, mais s'ils existaient, ils étaient plus rare encore que l'animal le plus rare de cette planète. Et lui, Nathan, en avait deux sous les yeux !
La surprise et la frayeur étaient trop grandes, car le jeune homme, épouvanté, se rendait compte qu'il était dans un endroit totalement inconnu, tandis que les deux bêtes féroces s'écharpaient en face de lui. Aussi fit-il la seule chose à faire dans une situation aussi critique, instinct futile et primaire qui pouvait dans un tel cas compromettre indubitablement ses chances de survie, il cria.
Puis il s'évanouit.


Nathan sentait le sol dur dans son dos tandis qu'un souffle glacé lui balayait le visage, le faisant frissonner. Dans la sorte de léthargie dans laquelle il était plongé, le cerveau en arrêt et engourdi par le froid, il se sentait bien comme ça, allongé dans la neige, les paupières closes. Soudain, un cri retentit juste au-dessus de sa tête, le faisant sursauter et ouvrir les yeux, parfaitement réveillé. Il fut ébloui une nouvelle fois, mais cette fois-ci par la lumière du Soleil, l'obligeant à refermer les yeux. Le jeune homme, ébahi et surpris, releva brusquement la tête et se cogna le crâne contre quelque chose de dur. La douleur lui transperça la tête tandis que la chose qu'il avait cogné émettait un gémissement. Surpris, il ouvrit un œil, l'autre fermé contenant la douleur de sa tête, afin de voir ce qui gémissait de la sorte, et sa mâchoire frôla le sol lorsqu'il aperçut avec horreur le petit ours qu'il avait vu combattre peu auparavant qui se roulait dans la neige, se tordant de rire, tandis que le fantôme quadricolore se tenait la tête à deux... mains, ou ce qui lui servait de mains, gémissant, les yeux humides et fermés sous le coup de la douleur.

« C'est pas drôle ! cria le fantôme à l'attention de son camarade, les larmes aux yeux. Ça fait super mal !
- Si, vu d'ici, c'est très drôle ! rigola l'ourson. Puis, se relevant : Ne t'inquiète pas, ça passera... Après tout, t'es un Pokémon glace, et puis ton corps est creux. Le mal passera vite ! »
Et il repartit dans une nouvelle crise de rire. Le fantôme, ou plutôt la fantômette, le regardait, les yeux brillants de fureur. Enfin, elle se tourna vers Nathan, incapable de décrocher un mot et de bouger le moindre muscle tant il était éprouvé par ce qui lui arrivait. La fantômette sembla sourire, le regardant avec curiosité, avant de lui demander :
« Qu'est-ce que tu es, au juste ?
- ...Un... Un humain... finit par répondre le jeune homme, qui se demandait bêtement pourquoi la chose lui posait la question puisque c'était évident. Ça ne se voyait pas, peut-être ?!
- Un humain ?! Mais c'est super génial ! s'écria l'ourson, qui avait arrêté de rire et s'était redressé avec un enthousiasme débordant. Nous, on est des Pokémons. Hein Moma ? Moi, je suis un Kumashun, mais tu peux m'appeler Kuma. Et elle c'est une Momartik, on l'appelle Moma. Et toi, c'est quoi ton nom ?
-Na...Nathan. »
Mais Moma le regardait d'un œil étrange :
« Un humain... On en a pas vu ici depuis des années. Ils viennent et repartent aussi vite, éphémères comme une goutte de pluie. Selon les rumeurs, les humains n'apparaissent dans notre univers qu'après une grosse tempête magnétique. Ça n'arrive pas tout le temps, car ces tempêtes sont rares et qu'il est tout aussi rare qu'un humain se retrouve chez nous après l'une d'entre-elles. C'est un mystère que personne n'a encore percé... Comment es-tu arrivé là ? »
Mis en confiance par la gaieté du petit ours et la douceur de la fantômette, Nathan se calma doucement et raconta son aventures à ces étranges créatures, tout trois assis en triangle, dans la neige. Tout ceci semblait si invraisemblable ! Ça devait être un rêve. Oui, c'était cela. C'était surement un rêve. Cela le rassurait, de se savoir en train de rêver. Aussi gagna-t-il en confiance et sa voix, hésitante au départ, se fit plus ferme et plus forte. Les deux Pokémons écoutaient d'une oreille attentive, les yeux écarquillés, comme deux enfants à qui on raconterait une passionnante histoire. Il parla, parla, et enfin quand il se tut, son teint était rouge et sa langue sèche et gonflée d'avoir trop parlé. Kuma se tourna vers Moma en lui lançant un regard interrogatif. La Momartik plissa les yeux et sembla réfléchir un instant, avant d'annoncer d'une voix lente et basse :
« Tu sais, Nathan, nous ne savons rien des humains ici... On en a vu plusieurs, arrivés d'on ne sais où, devenir a moitié fous ou ayant des réactions complètement absurdes ou disproportionnées. On les a vu apparaître après des grosse tempête magnétiques. Il parait qu'elles ont lieu quand deux Grands Pokémons se battent dans l'espace, près de notre planète, mais tout cela n'est qu'une légende. Nous ne savons pas d'où elles viennent exactement. Ni d'où tu viens, toi. Ici, nous sommes des centaines de races de Pokémons différents. Les Momartiks et les Kumashuns sont deux d'entre-elles, toutes deux issues de l'élément glace. Il y a de nombreux autres éléments, et des Pokémons de tout types. Peut-être que vous, les humains, le savez, ou peut-être pas, mais il parait que certains Pokémons apparaissent sur votre planète à vous aussi. Personne ne sais si vous connaissez notre existence comme nous connaissons la votre. Tout ce que je peux te dire, c'est que les Pokémons ne reviennent pas, oh non... Il restent là-bas, dans votre monde. On dit qu'ils passent dans une autre dimension. A ce qu'on raconte, ils perdraient l'usage de la parole, ne sachant plus dire que le nom de leur race, et leurs instincts retourneraient à l'état sauvage, les transformant en de vulgaires animaux doués de pouvoirs extraordinaires... »
Et Moma parlait. Elle parla pendant des heures, racontant à Nathan le mode de vie des Pokémon, ce qu'ils mangeaient, leurs pouvoirs surnaturels, lui racontant tout ce qu'on savait sur ce qui se passait. Et le temps passait, le jour allait bientôt se lever. Nathan et Moma continuaient de parler à voix basse, toujours assis au même endroit, la gorge sèche et la langue gonflée, comme de vieux amis. Kuma, enfant joueur et fatigué, dormait à leurs côtés. Nathan sentait qu'il devrait être terrifié par les révélations de la fantômette, mais il n'en était rien. Ces deux créatures le mettaient en confiance, décidément. Et puis, il ne voulait pas penser a ce qui allait lui arriver à présent. Il le découvrirait bien assez tôt...
« Demain est un autre jour... »

Nathan se retourna vivement. Derrière lui se tenait un Pokémon. Une sorte de gros morse à la peau bleue. Il voulut reculer, apeuré à la vue des longues défenses, Mais Moma le retint, l'entourant de ses bras, lui chuchotant à l'oreille :
« C'est Kaimorse. Il est vieux, bien plus vieux que tout les Pokémon habitant dans les parages. Il est sage et bon. Il ne te fera aucun mal... »
Nathan, rassuré, toujours retenu par Moma, écouta ce que le Kaimorse était venu lui dire. Car oui, il se doutait que le sage s'était déplacé pour pouvoir lui parler à lui, l'intrus. Et il avait raison :
« Il te faut rentrer chez toi, à présent, car le jour se meurt, disait-il. Et quand le jour se meurt, les humains rentrent chez-eux. C'est inévitable... Regarde toi. Tu disparais peu à peu, tu seras bientôt parti, et je doute qu'on te revoie un jour parmi nous. Tu ne peux rester, et nous ne pouvons t'accompagner, tel est notre destin... »
Nathan sentait que Moma le serrait de plus en plus fort. Quand il lui demanda pourquoi, la fantômette relâcha son étreinte, et ouvrit la main. Un collier brillait dans sa paume, une fine chaine d'or, avec un pendentif représentant un croissant de Lune doré, pailleté d'or, en partie caché par un flocon. Le flocon, cerclé d'or, se superposait au croissant de lune, et brillait de toutes les couleurs existantes, qui se rejoignaient en son centre, en un lumineux point blanc. L'humain, interloqué, prit le bijou des mains de son nouvel ami, la voix éteinte. Une larme coula sur la joue de Moma, tandis que le voyageur se disait bêtement qu'il devait être le seul humain dans l'univers à avoir vu un jour un Pokémon pleurer, et que monde autour de lui disparaissait...
« Tu vas me manquer... »

Nathan se leva le lendemain avec une impression étrange. Il était exténué et se souvenait d'avoir fait un rêve très bizarre. Curieusement, il ne se souvenait pas s'être couché, et quatre mots résonnaient doucement en boucle dans sa tête.
"Tu vas me manquer... tu vas me manquer... tu vas me manquer..."
Alors, il se souvient de tout. L'aurore polaire, les Pokémons, Moma, Kuma, Kaimorse le sage, ce qu'on lui avait appris et comment il avait disparut...
Il se secoua pour s'éclaircir les idées. Après tout, ce n'était qu'un rêve...
Il sortit la main de sa poche, dans laquelle brillait un une chaine d'or ornée joli pendentif. Une Lune d'or surmontée d'un flocon arc-en-ciel...

Nathan rentra chez lui. Il ne raconta jamais ses aventures, trop conscient du fait qu'on ne le croirait pas, et gardant le bijou autour de son cou sans jamais l'enlever, pareil à un trésor. Jamais il n'oublia Kuma, ni Kaimorse, et encore moins Moma à qui il pensait si souvent. Mais le temps passait, et le jeune homme devenu vieux emporta le secret dans la tombe. Des dizaines et des dizaines d'années après cet évènement inconnu de tous, les humains, fascinés et rendus curieux par le magnétisme des aurores polaires, réussirent on ne sait comment à ouvrir une faille entre les deux univers. Seulement, le magnétisme est une chose complexe et fragile, qu'il est dangereux de dérégler, et les humains l'apprirent à leurs dépends lorsque l'univers des Pokémons fut annihilé, détruit, et que ses habitants, rendus sauvages et furieux, envahirent la Terre. La guerre fit rage pendant de nombreuses années entre humains et Pokémons, causant parfois des massacres dont les deux parties auraient honte plus tard. Un jour, les humains, à l'aide de leur technologie avancée, réussirent à recréer pendant quelques heures la même atmosphère que celle de la dimension perdue des Pokémons. Aussi ces derniers retrouvèrent parole et sagesse pendant ce court instant, suffisant pourtant pour étudier la situation, s'excuser sur les erreurs du passé et accepter des compromis. Ainsi, un pacte implicite fut passé entre humains et Pokémons, et enfin la guerre s'estompa. Ce fut le début d'une nouvelle ère, inaugurant le lien tissé entre humains et Pokémons, la formation de nouvelles grandes régions succédant aux primitifs continents et pays terriens, de nouveaux gouvernements, plus justes, et la naissance de Poképolis.