One-Shot : La princesse et le voyageur de ShiroiRyu

C'était finalement à son tour. Accompagnée de Friyendia, sa Momartik, il se trouvait dans la cité d'Arkan, prêt à participer au concours. Même si le précédent s'était déroulé d'une façon un peu spéciale … Il appréciait quand même ces petites choses. Pour l'occasion, il avait décidé de revêtir une étrange tenue qui ne lui correspondait guère d'habitude. Un kimono blanc… entièrement blanc et qui correspondait à ses cheveux. Mais il n'y avait pas que cela … Son haori était de couleur blanche, les kamons de couleur bleue étant au nombre de quatre et représentant Mizuhan. Enfin, l'Obi qui retenait le tout était d'une couleur rouge sombre. A côté de lui se trouvait une petite Momartik qui semblait un peu intimidée par la foule autour d'eux. Il lui murmura de ne pas trop avoir peur et de continuer à le suivre jusqu'à ce qu'ils arrivent au milieu de la scène. Il s'inclina devant les spectateurs et le jury, Friyendia faisant de même avant qu'il ne prenne la parole :

« Je m'appelle Soriu Tiadramat et ma partenaire s'appelle Friyendia. Nous venons de Mizuhan et je vais vous raconter une histoire portant le nom de « La princesse et le voyageur. » Pendant que je vous la raconterai, ma Momartik et moi-même animerons le terrain de telle façon que vous pourrez avoir une vision des différentes scènes qui s'y déroulent. Si vous me permettez de bien vouloir commencer maintenant. »

Il s'inclina respectueusement une seconde, prêt à pouvoir raconter son histoire. Maintenant qu'il était au courant … à ce sujet … Et bien que cela ne plaisait guère comme idée à la Gardevoir, il allait faire avec. Il avait besoin de sa Momartik et de toute façon … Dans le fond … L'histoire qu'il allait raconter lui convenait très bien. Il toussa un peu, faisant apparaître quelques filets d'eau entre ses doigts pour bien montrer ce qu'il comptait utiliser. La Momartik, quant à elle avait commencé à faire apparaître quelques morceaux de glace. Le tout allait pouvoir commencer très bientôt. Avec lenteur, le terrain fut recouvert par une flaque d'eau de faible hauteur mais qui allait lui permettre de tout mettre en place. Maintenant, il pouvait débuter son récit.

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Il y a longtemps, très longtemps, en des temps immémoriaux, la région de Mizuhan était recouverte par l'or blanc : la neige. C'est dans cette région que se passe notre histoire. Risou, un jeune homme ayant atteint l'âge de la majorité, décide de quitter le village natal pour partir à l'aventure. Simplement, Risou n'est pas n'importe qui, il est tout simplement … simplet. Un simplet est une personne qui n'a guère les possibilités de réfléchir correctement. Mais à côté de cela, Risou était quelqu'un de très gentil et serviable. Cela avait été un véritable déchirement pour sa famille et une inquiétude pour le village de le voir partir seul dans un monde qu'il ne connaissait pas. Mais … Il était un adulte et maintenant, il devait vivre seul.

Les premières semaines du jeune homme se passèrent très bien. Grâce à son comportement des plus sympathiques, nombreux étaient les villages qui n'hésitaient pas à l'accueillir allégrement. Mais tout cela ne plaisait guère à Risou. S'il était parti de son village natal, ce n'était pas pour vivre paisiblement dans d'autres. Il était en mal d'aventure et il espérait trouver un endroit, un lieu où un évènement des plus particuliers qui pourrait pimenter son existence. C'est ainsi qu'un jour, alors qu'il se trouvait dans une auberge, il entendit deux hommes qui discutaient entre eux :

« Non mais tu sais ce qu'on en dit hein ? Moi, je n'y crois pas un traître mot à cette histoire ! Tout ça, ce ne sont que des légendes pour se voiler la face ! »

« Pourtant, tu es d'accord que bon nombre de personnes qui étaient porté disparues sont subitement revenues quelques jours plus tard non ? »

« Ouais mais avec une perte de mémoire, je tiens à te le rappeler ! » répondit aussitôt le premier homme alors que Risou arrêtait d'écouter la conversation. De l'aventure ? C'était donc pour lui ! Il avait récupéré d'autres informations, les notant sur un morceau de papier bien qu'il avait beaucoup de mal à savoir ce qu'il avait écrit. Préparant quelques affaires, il avait alors quitté le village pour se préparer à ce long voyage. Se rendre vers l'Est, là où, d'après la légende, il y avait un royaume perdu … qui repoussait quiconque qui tentait d'y pénétrer. Le début d'un voyage, d'un très long voyage.

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Pendant qu'il racontait l'histoire, les doigts de Soriu donnaient vie à celle-ci. Le terrain était entièrement gelé, quelques morceaux de glace donnant l'impression de rochers plus ou moins gros. Enfin, une ville grossièrement dessinée avec des maisons et un mur l'entourant était présentée. Devant la ville, une figure d'une trentaine de centimètres était visible. Représentant un jeune homme bien emmitouflé dans ce qui ressemblait à un manteau de fourrure, il avait des cheveux hirsutes et un visage enjoué. Ce n'était pas facile de voir à cette distance mais on pouvait remarquer que le travail accompli était fait avec dévotion et ardeur. Visiblement, Soriu aimait passer son temps libre à utiliser ses pouvoirs autrement que par la magie. Il recommença à raconter son histoire.

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Pendant plusieurs jours et plusieurs nuits, Risou marcha sous le froid, la tempête et la neige mais rien ne semblait l'arrêter. Malgré les apparences, il était un jeune homme plus que déterminé. Lorsqu'il voulait aider une personne, il ne s'arrêtait que lorsque le travail était accompli. Alors maintenant qu'il avait ses propres ambitions, ses propres rêves, ses propres espoirs, il ne pouvait pas les mettre de côté. Mal lui en a pris puisqu'un seul homme, nullement aguerri et accompagné par des pokémons, ne pouvait s'en sortir face à une telle tempête. En pleine exploration, Risou s'écroula au sol, ses yeux se refermant alors que son corps fut recouvert par la neige.

C'en était terminé pour lui … Il ne sentait plus son corps, celui-ci semblant l'abandonner peu à peu alors qu'il n'avait plus aucune réaction. Peut-être avait-il vu trop gros ? Trop haut ? Peut-être … Pourtant, son cœur continuait de battre … et il ressentait de plus en plus une forte chaleur. Enfin, il pouvait commencer à bouger ses doigts, puis le reste de ses membres jusqu'à ouvrir les yeux sur une étrange créature. Deux cristaux de glace plantés sur une tête blanche, un kimono blanc avec un Obi rouge et surtout deux yeux bleus qui le fixaient avec soulagement. Il ne comprit guère ce qui s'était passé jusqu'à ce qu'il puisse se lever. Ce pokémon qu'il voyait … était-ce alors une Momartik ? D'après les légendes, il …

« Oh … Vous êtes finalement réveillé. » murmura une voix alors qu'il voyait la Momartik disparaître. Une femme dont la vieillesse était plus qu'apparente se tenait là, un sourire aux lèvres et un bol de soupe chaude dans les mains. Le jeune homme tourna son visage vers le mur dans lequel la Momartik s'était enfoncé, demandant :

« C'était votre pokémon, madame ? Enfin … La Momartik. »

« Oh ? Elle ? Ne vous en faites donc pas, elle n'est pas méchante, c'est même tout le contraire. Elle est la petite princesse de notre village. C'est grâce à elle que vous êtes toujours en vie. Elle a pris l'habitude de nous ramener les voyageurs égarés pour que nous puissions les sauver. Vous en avez de la chance, beaucoup de chance même. »

Elle ne croyait pas si bien dire ! Il éclata de rire avant de remercier la vieille femme pour la soupe offerte. Lorsqu'il put enfin se mouvoir librement, il visita le village où il se trouvait. Un village plutôt calme mais surtout éloigné de toute autre civilisation. Il apprit que nul ne rentrait dans ce village sans que la Momartik ne l'autorise. Elle était la gardienne ... mais surtout, il apprit qu'elle était l'incarnation de la dernière princesse de ce village. Dernière ? Oui, car elle avait été l'unique descendante du précédent monarque mais un destin tragique l'avait attendu. Elle avait emporté par une avalanche en voulant sauver quelques enfants qui s'étaient aventuré hors du village. Depuis ce jour, son esprit s'était réincarné dans le corps d'une Momartik qui veillait sur le village pour le protéger des malheurs qui pouvaient s'abattre sur lui.

Il avait été étonné, très étonné même. Mais il s'était approché de la petite Momartik, la remerciant pour tout ce qu'elle avait fait bien qu'elle restait très discrète. Il annonça la raison de son voyage, pourquoi elle l'avait trouvé dans la neige tout en rigolant sur un ton enfantin. Plusieurs villageois furent surpris de son caractère, ils ne s'attendaient pas à une telle candeur pour un garçon qui avait de telles idées. Il expliqua qu'il voulait justement changer et que pour cela, il avait quitté son village natal. On lui demanda pourquoi il n'y avait pas d'affaires pour survivre avec lui quand la Momartik l'avait retrouvé. Il signala qu'il n'en avait jamais réellement eut. On lui demanda pourquoi il ne s'était pas accompagné de quelques pokémons pour se réchauffer. Il répondait qu'il n'en avait jamais réellement possédé. Les villageois s'interrogèrent à son sujet : était-il plus naïf que candide ? Comment avait-il survécu jusqu'à ce jour ? Peut-être que la providence est là pour le protéger.

Mais providence ou non, une ombre observait le jeune homme, l'étudiant sous toutes les coutures, que cela soit ses paroles ou alors le moindre de ses gestes. Pourquoi une telle chose ? Car elle veut être sûre … être sûre d'avoir fait le bon choix. Or, à chaque fois, elle se trompait sur les personnes qu'elle sauvait … Oh, elle ne pouvait pas les abandonner mais ces personnes … Elles avaient un grand défaut, un gros défaut même … Et elle voulait voir si ce défaut se trouvait aussi chez le jeune homme ou non. Pour l'heure, ce n'était pas du tout le cas, c'était même le contraire. Mais … Il y avait un test à passer … pour savoir si il méritait de rester ici.

Elle se présenta soudainement devant lui, le jeune homme poussant un cri de surprise avant de rigoler. Il ne s'était pas attendu à une telle apparition ectoplasmique. Il avait ses affaires sur son dos, semblant être prêt à partir alors qu'elle paraissait étonnée. Partir ? Maintenant ? Mais surtout partir ? Pourquoi partir ? Ne se plaisait-il pas ici ? Elle fit quelques gestes, lui désignant le village tandis qu'il l'observait, la regardant avec amusement avant de lui tapoter le crâne. Il lui dit :

« Je dois partir. Je n'ai pas encore trouvé le royaume d'après les rumeurs et … »

Elle ne l'écoutait déjà plus, trouvant aberrant ce qu'il venait de dire. Il n'avait pas compris ? Ils étaient dans le royaume ! Enfin, dans ce qu'il en restait ! Si elle était le spectre de la princesse, cela voulait dire qu'il y avait un royaume non ? Elle n'était pas la princesse … Ahhhh ! Il l'exaspérait ! Elle lui prit le bras, le tirant un peu pour qu'il vienne la suivre. Elle avait quelque chose à lui montrer ! Le jeune homme soupira avant de l'accompagner. Les villageois la regardèrent partir, murmurant entre eux :

« C'est donc l'heure … Elle fait cela à chaque fois … »

« Depuis le début … Personne n'a trouvé grâce à ses yeux. Ce n'est pas cela qui permettra au village de survivre. Espérons qu'il soit le bon. »

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Maintenant, Soriu était en train de créer une seconde figurine, représentant la Momartik bien qu'elle était plus petite que la figurine représentant Risou. D'ailleurs, Friyendia était un peu gênée en observant les deux figurines, remarquant qu'elles leurs ressemblaient étrangement. Néanmoins, maintenant, Soriu faisait avancer les deux figurines grâce à ses pouvoirs élémentaires. Les deux figurines semblaient se diriger vers un rocher qui au final avait un trou à l'intérieur. Une grotte ? C'était là que la suite de l'histoire allait avoir lieu.

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Pendant plusieurs minutes, ils marchèrent dans la neige, le jeune homme ne faisant que suivre la Momartik, lui demandant plusieurs fois où elle l'emmenait. La créature ne lui répondait pas, ne faisant qu'être dans son mutisme alors qu'elle semblait savoir où se rendre. Enfin, le trajet fut terminé jusqu'à ce qu'il se retrouve devant ce qui ressemblait à un rocher perdu au beau milieu de la neige. Impossible de le trouver si on n'était pas accompagné, que cela soit au hasard, par la voie des airs ou d'une quelconque façon.

« Qu'est-ce que tu veux me montrer qui soit de si grande importance ? »

La Momartik ne lui répondit pas, pénétrant dans la grotte alors qu'il l'accompagnait. Quelques minutes plus tard, des flammes glacées firent leurs apparitions, arrivant à illuminer la grotte alors que Risou se demandait par quelle magie cela était possible. Néanmoins, il n'avait pas à perdre de vue la Momartik, espérant que tout cela serait bientôt terminé. Mais … Ses yeux s'ouvrirent en grand de stupéfaction et de surprise lorsqu'il vit ce qui se trouvait devant lui. Comment était-ce possible ?

« Momartik … C'est … C'est toi ? Mais comment ça se fait que … »

C'était juste une quantité phénoménale d'or, de pierres précieuses, de divers vêtements et autres objets qui avaient une valeur plus que certaine. Mais pourquoi ? Pourquoi y avait-il un tel trésor dans cet endroit ? Il se tourna vers la Momartik, ne touchant pas à une seule pièce dorée avant de lui demander :

« Tu peux me dire ce que c'est ? Ah ! Attends un peu ! Je sais parfaitement ! Si tu étais une princesse, alors, tu avais un royaume mais tu avais aussi un trésor ! C'est donc ton trésor, c'est ça ? Ou alors, je me trompe encore ? »

Elle hocha simplement la tête en réponse à ses paroles. C'était bien son trésor … Celui qui était caché depuis tant de temps. Elle l'avait toujours mis à l'abri des regards pour éviter que des personnes malhonnêtes convoitent celui-ci. Mais alors pourquoi avait-elle emmené le jeune homme à cet endroit précis ? Est-ce qu'elle voulait l'offrir ? Nullement. C'était tout simplement pour voir sa réaction et savoir ce qu'il allait faire. Le jeune homme s'approcha du fabuleux trésor, semblant soucieux avant de lui demander :

« Dit … Pourquoi tu ne le montres pas aux villageois ? Si tu es vraiment la princesse ... Enfin, si tu étais vraiment, tu devrais aimer que tout le monde soit heureux grâce à toi non ? Regarde ses grosses fourrures. J'ai remarqué qu'il y a quand même quelques personnes qui supportent mal le froid. Ca serait mieux de les emmener pour elles non ? Tu en penses quoi ? »

Encore une fois, elle resta muette, ne lui parlant pas jusqu'à ce qu'elle s'approche du Risou. Elle désigna de sa main les vêtements chauds, le jeune homme les prenant avant de se les mettre sur les épaules. Rapidement, il fut aveuglé par le tas impressionnant de vêtements qu'il avait sur le dos, arquant le corps. Il éclata soudainement de rire en disant :

« Il va falloir me guider, Momartik. Tu veux bien me dire par où aller car je ne vois plus rien. J'espère qu'on en a pris assez. De toute façon, si c'est trop épais, alors, on en coupera un ou deux pour en faire des plus petits ! »

La Momartik prit le bras du jeune homme, le tirant hors de la grotte avant de flotter avec lenteur à côté de lui. Comme il l'avait demandé, elle l'emmena jusqu'au village. Là-bas, ils furent tous plus surpris les uns que les autres de le voir revenir. Ce n'était pas à cause des vêtements qu'il avait récupéré mais bel et bien le fait qu'il soit parmi eux. Il ne comprit pas jusqu'à ce que l'on lui explique ce que cela voulait dire :

« Lorsque notre princesse sauve une personne, elle lui fait généralement passer un test pour savoir si ensuite, elle est apte à vivre dans notre village et ne risque pas d'emmener le malheur. Quand c'est le cas, elle lui efface tout simplement la mémoire avant de la ramener hors du village mais en sécurité. Je crois que notre princesse ne s'attendait pas à une telle réaction de ta part et qu'elle a trouvé la perle rare qu'elle attendait. »

« Ces vêtements sont pour vous ! Mais maintenant que je suis revenu, je dois repartir pour voir si il y a d'autres … »

Risou s'arrêta dans ses paroles alors que la petite Momartik lui tirait le bras, comme pour l'inciter à ne pas partir. L'une des villageoises émit un petit rire avant de reprendre :

« Je crois que notre princesse n'a pas envie que tu t'en ailles. Pourquoi ne pas vivre ici ? Au moins pour quelques semaines, voir mois. Peut-être que tu changeras de décision entre temps ? Nous avons bien besoin de personnes comme toi, capables de travailler sous ce froid sans s'arrêter. Je suis sûre que cela ferait très plaisir à notre princesse. »

Rester ici ? Et ses projets d'aventure alors ? Est-ce qu'il devait les … oublier ? Devant le regard de la Momartik, il n'eut guère le choix. Il prit une profonde respiration, disant :

« Bon … Toute façon, je suis encore jeune, hahaha ! Si je veux éviter de me perdre à nouveau, il vaut mieux que je reste ici pour m'endurcir ! Je veux bien reste alors. Tu es contente alors, Momartik ? D'ailleurs, c'est quoi ton nom ? »

« Oh … Son ancien nom était Fradinyra. Très joli, n'est-ce pas ? » annonça la villageoise qui lui avait proposé de rester dans le village. Oui … C'était un nom très beau, qui correspondait parfaitement à la petite Momartik. Celle-ci ne réagit pas à l'annonce de son prénom originelle, regardant la villageoise comme pour la remercier d'avoir convaincu le jeune homme de rester dans le village.

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« Bien que cet instant pourrait annoncer la fin de l'histoire, elle n'est pas pour autant terminée. » annonça le jeune homme aux cheveux blancs alors que devant lui et Friyendia, plusieurs figurines étaient présentes. Pourtant, deux d'entre elles se démarquaient : Risou et Fradinyra. Plus grandes que le reste, elles se mouvaient comme par magie, se déplaçant sur le petit terrain aménagé par Soriu. Friyendia était celle qui s'occupait de faire bouger les figurines avec minutie.

« Les journées passèrent, puis les semaines et enfin de nombreux mois. Contrairement à ce que Risou avait pensé, il se plaisait à cet endroit et ne réfléchissait plus à la possibilité de quitter le village. Lui et Fradinyra étaient maintenant inséparables et il était impossible de voir l'un sans l'autre. Au fur et à mesure, la place du jeune homme dans le village était incontestable. Sans être charismatique, son caractère comme ses actes montraient par là tout le dévouement et la gentillesse dont il faisait preuve. Une gentillesse qui le perdra. »

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Cela faisait maintenant presque six mois que le jeune homme était dans le village. Il s'était très vite intégré et on se demandait même si il n'avait jamais fait partie du village depuis sa naissance. Pourtant, plus les journées passaient, plus le jeune homme semblait anxieux. Il était rare qu'il soit dans une telle humeur et il n'aimait guère en parler. Puis finalement, un jour, alors que la Momartik ne l'accompagnait pas, il s's'approcha de l'ancien du village, lui demandant en regardant à gauche et à droite :

« Dites … Je voulais savoir … Depuis quelques jours, j'ai remarqué que Fradinyra semblait triste. Vous n'avez pas une idée ? Pourquoi elle est ainsi ? »

« Et bien … Les Momartiks sont les esprits de jeunes femmes mortes dans les régions enneigées et tragiquement. Ainsi … Imagines-tu un instant ce qu'elle ressent en étant à tes côtés ? Elle regrette sa vie passée, cette vie qui lui manque tant. Mais nous ne pouvons rien faire pour cela, on ne peut pas ramener les morts à la vie. »

« Mais … Dites … Où est-ce que son corps se trouve ? Enfin … Celui humain. »

« Nul ne l'a jamais découvert, il doit être probablement enfoui sous la neige à des quelques kilomètres du village. Pourquoi une telle question ? »

« Oh … Pour rien … Pour rien du tout. J'ai peut-être une idée pour la rendre heureuse ! » dit le jeune homme avec entrain avant de se redresser, le vieil homme s'exclamant :

« Risou ! Ne fais donc pas de bêtises ! Tu sais très bien que … »

« Je ne fais jamais de bêtises, juste toujours ce que j'estime être le mieux pour les autres ! » répondit aussitôt Risou avant de s'éloigner de l'ancien, semblant avoir une idée derrière la tête. Mais peut-être pas la meilleure qui soi. Loin de là même.

Il retrouva la Momartik, celle-ci étant assise sur un muret, regardant fixement au loin dans une seule et même direction. Le jeune homme vint s'asseoir à côté d'elle, regardant dans la même direction. Il balançait ses deux pieds dans les airs, ne disant rien du tout.

« Momartik … Momo … Momartik. » murmura faiblement Fradinyra, baissant la tête alors que Risou venait passer une main sur le sommet de son crâne, caressant faiblement celui-ci ainsi que les deux petits cristaux logés dessus.

« Ne t'en fait pas … J'ai trouvé la solution pour que tu ne sois plus triste ! Je n'y ai jamais pensé avant mais maintenant, c'est fait ! Tu sais ce que je vais faire, Fradinyra ? »

« Momartik ? » demanda la Momartik, intriguée par les paroles du jeune homme.

« Je vais aller chercher ton corps humain dès demain ! Puisqu'il est complètement recouvert par la neige et le froid, il doit toujours être en bon état non ? Enfin … C'est ce que je crois. »

Comment est-ce que … Risou avait-il pensé à ça ? Il y avait de fortes chances que ce qu'il dise soit vrai … Mais que ça lui qui donne cette idée, c'était le plus surprenant. MAIS CE N'ETAIT PAS LE SUJET ! La Momartik se retrouva aussitôt devant lui, criant :

« Momartik ! Momo Momartik ! MOMARTIK MOMA ! »

« Pourquoi est-ce que tu es en colère ? C'est pourtant une bonne idée. Je me demande à quoi est-ce que tu ressemblais en tant qu'humaine. Si tu étais une princesse, tu devais être forcément jolie, n'est-ce pas ? »

La Momartik se calma aussitôt, baissant la tête. Elle ne savait pas … Elle ne se rappelait plus de la forme … qu'elle avait auparavant. Mais ce n'était pas le plus important ! Les propos du jeune homme étaient plus qu'inquiétants et surtout … stupides ! Elle n'avait surtout pas envie que Risou se mette en danger ! Elle voulut reprendre la parole, se faire comprendre mais le jeune homme regardait au loin, disant :

« Et je suis sûr que ton corps se trouve là où tu n'arrêtes pas de regarder depuis tout ce temps ! Est-ce que je me trompe ou pas ? »

Mais qu'il arrête ! Ce n'était pas dans ses habitudes de réfléchir comme ça ! Il allait faire la plus grosse des bêtises ! Mais … Mais … Pourquoi fallait-il qu'il commence à réfléchir maintenant ? Du moins de cette manière ! Ce n'était même pas de la réflexion … mais de la logique d'après ce qu'elle voyait dans le regard du jeune homme.

« Bon ! Je vais aller me préparer et dès demain, je pars à la recherche de ton corps. »

« Momartik ! Moma momo Momartik ! »

Il était hors de question qu'il fasse ça ! Elle allait tout faire pour l'en empêcher ! Même si elle ne savait pas comment … Enfin … Elle pouvait peut-être lui faire pareil que chez les autres … Mais elle ne voulait pas … Pas de perte de mémoire pour lui. Et en même temps … Elle ne voulait pas revoir son ancien corps, elle le regretterait encore plus amèrement. Non … Elle ne voulait pas … de tout cela. Mais elle ne pouvait pas arrêter Risou, elle le savait.

Le lendemain, fortement recouvert par des fourrures assez épaisses, un sac sur le dos avec plusieurs outils comme une pioche, une pelle et divers autres objets, il était prêt. Plusieurs personnes tentèrent de l'arrêter mais la Momartik n'avait pas voulu se montrer. Elle ne participerait pas à une telle chose ! Le jeune homme semblait être un peu triste à cette idée mais il s'était résigné, avançant vers la sortie du village. Puis finalement, peu à peu, il disparut sous la tempête de neige, un corps blanc avec deux cristaux de glace faisant le même chemin quelques minutes plus tard. Pourtant, les villageois restaient plus qu'inquiets, même accompagné par Fradinyra, ils ne savaient pas si tout allait bien se passer.

« Alors, tu as décidé de m'accompagner ? Ne t'en fait pas Fradinyra, dès que nous avons retrouvé ton corps, nous rentrons à la maison. »

Mais elle n'était pas rassurée pour autant. Pour la première fois, elle vint serrer son bras entre ses deux pattes, voulant lui montrer par là qu'elle ne voulait absolument pas qu'il se mette en danger. Malgré la tempête de neige qui l'aveuglait, le jeune homme avançait sans renoncer. La Momartik était à ses côtés jusqu'à ce qu'elle s'arrête subitement.

« Qu'est-ce qui se passe, Fradinyra ? Pourquoi t'arrêtes-tu ? »

« Momartik … Moma. » dit-elle avant de désigner le sol à leurs pieds … ou plutôt ceux du jeune homme puisqu'elle n'en possédait pas.

« C'est ici ? Tu crois que c'est ici que se trouve ton corps ? Tu en es certaine ? Alors, si c'est le cas … Commençons aussitôt les recherches ! Je suis pressé de voir à quoi tu ressembles ! »

Il … était pressé ? Le jeune homme avait sorti sa pelle, commençant à creuser dans la neige avec vivacité, semblant impossible à arrêter. Elle était inquiète … Elle ne savait pas pourquoi … mais elle était inquiète … plus qu'inquiète … C'était peut-être une prémonition ? Un présage malsain ? Mais elle restait auprès du jeune homme.

Celui-ci travaillait avec ardeur, creusant sans même chercher à se reposer. Pourtant, elle avait remarqué que le froid engourdissait les mouvements du jeune homme. Elle lui demandait de s'arrêter, de retourner dans le village pour se réchauffer car c'était juste une idée complètement stupide. Même si il ne parlait pas son langage, il comprenait ce qu'elle disait et pourtant, il lui répondit :

« Et perdre tout le travail fait ? Jamais, Fradinyra ! Ce que j'ai dit, moi, je le fais, hahaha ! »

« Momartik ! MOMA ! MOMARTIK MOMA MOMO ! »

« Ca ne sert à rien de crier, tu sais bien que je n'arrêterai pas hein ? »

« Mo … Moma … » murmura t-elle avant de faire apparaître une sphère ténébreuse entre ses deux pattes. Si il n'y avait que cela comme solution pour le sauver …

« AH ! Fradinyra ! REGARDE ! » s'écria le jeune homme alors qu'elle entendait un bruit sourd, comme si Risou venait de percuter un objet dur. Elle fit disparaître sa sphère, le jeune homme creusant avec vivacité jusqu'à voir une épaisse plaque de glace. Il frotta la glace, collant son visage contre celle-ci avant de reprendre : « Je vois quelque chose ! C'est une femme ! Fradinyra ! Je crois que je t'ai trouvée ! »

Et … à quoi est-ce cela allait servir ? Qu'est-ce que cela allait apporter au jeune homme de la voir ? Sous sa forme humaine ? Elle aurait préféré être humaine tout court … Ne jamais être morte … Mais en même temps … Si elle n'avait pas été morte, elle ne l'aurait jamais connu … puisqu'elle serait alors morte de manière naturelle et donc non devenue une Momartik. Affreux, c'était plus qu'affreux de penser de la sorte, c'était plus qu'affreux de se dire une telle chose. Elle ne voulait pas y penser, elle ne voulait pas !

« Fradinyra, c'est pour bientôt. Tu pourras revoir ton corps ! Je me demandais à quoi est-ce que tu ressemblais mais bon … Tu dois être spécialement jolie non ? Les princesses sont toujours très belles de toute façon. »

Elle retrouvait là la candeur du jeune homme. Il n'y avait que lui pour parler de la sorte avec autant de facilité. Risou prit la pioche, commençant à briser la glace bien que la Momartik continuait de ressentir un étrange malaise. Pourquoi … Pourquoi ?

« Fradinyra … C'est un lac en fait ? Tu es morte dans un lac ? Brrrr … »

Dans un lac ? Elle ne s'en rappelait plus … Peut-être que la neige avait brisé le lac sur lequel elle s'était trouvée et … Oui … C'était ça ! Elle était morte en sauvant plusieurs enfants qui n'arrivaient plus à quitter le lac à cause de la plaque de gel. Elle n'était jamais morte dans une avalanche ! C'est parce que la tempête de neige avait tellement été forte que les personnes avaient pensé à ça ! MAIS SURTOUT, ELLE S'EN RAPPELAIT ! LE LAC ETAIT …

« Wow … C'est quoi … C'est quoi cette histoire ? » dit Risou en se redressant, remarquant les nombreuses fissures sur la plaque de glace. Il n'eut pas le temps de faire quelques pas que la glace s'effondra sous lui, le plongeant dans l'eau glacé. Aussitôt, la Momartik tenta de l'agripper pour le sortir de l'eau mais contrairement à ce qu'elle avait prévu, le jeune homme ne semblait pas vouloir remonter.

Que … Quoi ? Pourquoi est-ce qu'il nageait ? Pourquoi est-ce qu'il … Le corps humain ne pouvait pas supporter une telle température ! Et la glace ne tarderait pas à se reformer ! Déjà que ses muscles étaient plus qu'engourdis par le froid auparavant, elle ne voulait pas qu'il meure ! Elle traversa l'eau à son tour, tentant de lui crier de remonter à la surface avant de comprendre ce qu'il faisait.

Il s'était enfoncé dans l'eau … pour récupérer son corps. Son corps qu'elle n'avait plus vu depuis si longtemps. Le jeune homme agrippa le corps en parfait état de la jeune femme, préservé par la glace avant de s'immobiliser. Qu'est-ce qu'il … Pourquoi est-ce qu'il ne remontait pas ? La Momartik s'approcha de lui, le jeune homme lui faisant un petit sourire avant de serrer son corps humain contre lui.

Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu'il avait fait ça ? Mourir avec elle ? C'était juste … stupide de sa part. Le sourire se figea sur le corps du jeune homme, Risou ne bougeant plus du tout. Ses yeux se fermèrent alors qu'il déposait sa tête contre celle de la princesse Fradinyra. Les deux corps s'enfoncèrent de plus en plus dans l'eau, ne bougeant plus jusqu'à disparaître au fond du lac pour ne plus jamais remonter.

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Soriu avait terminé de raconter son récit, stupéfiant les personnes autour de lui. Quelques murmures se firent entendre, une telle histoire pour un festival, un endroit de joie et de bonheur, n'était-ce pas trop ? Quelques enfants commencèrent à sangloter tandis que le jeune homme montrait deux figurines de glace, l'une enlaçant l'autre. Elles étaient enfermé dans un cube de glace translucide alors que le jeune homme reprenait la parole :

« Qui a dit que l'histoire était terminée ? Pendant mon récit, je vous ai parlé de la providence. Pour ceux qui ne le savent pas, la providence désigne l'action d'Arceus sur notre monde. Depuis le début, celui qui nous a créés et nous dirige d'en haut a été le pilier fondateur de mon histoire. Depuis le commencement, Risou a montré maintes fois que ses actions, ses paroles, ses rencontres, tout cela était sous la tutelle d'un être supérieur à nous tous. C'est pourquoi, trois mois plus tard, alors que le village pleurait la mort du jeune homme et la disparition de la Momartik qui l'accompagnait, une violente tempête de neige s'abattit sur le village. »

Aussitôt dit, aussitôt fait, la Momartik commença à créer un puissant vent glacé autour d'elle. Le jeune homme et sa pokémon disparurent sous la tempête de neige qui s'était formée. Pourtant, bien qu'ils étaient devenus invisibles aux yeux d'une majorité, la voix du jeune homme retentit :

« Le village se pensait perdu. La protectrice n'était plus et cette tempête allait terminer le travail d'érosion commencé depuis tellement de temps. Pourtant, deux ombres apparurent à l'entrée du village. Deux ombres qui levèrent la main en direction du ciel, la tempête de neige s'arrêtant aussitôt. »

Deux mains qui se levaient aussi sur le lieu du spectacle. La tempête venait de se stopper mais à côté de Soriu, la Momartik avait complètement disparu pour laisser place … à une jeune femme ? Habillée d'un kimono, de longs cheveux couleur argentés et blancs comme ceux de Soriu, elle avait deux yeux émeraude comme l'Obi qui serrait son kimono. Elle portait un voile blanc sur ses cheveux, deux petites pierres glacées sortant de son crâne. Une étrange beauté émanait d'elle, semblant lui donner la pureté de la neige, ses deux petites joues rougissant alors qu'elle avait l'une de ses mains dans celle de Soriu.

« Risou se tenait là, devant eux, accompagnée d'une jeune femme à la beauté indéniable. Les villageois ne tardèrent pas à reconnaître en elle la Momartik qui avait tant fait pour eux depuis tout ce temps. Le trésor que Fradinyra avait gardé servit à faire prospérer le village de telle sorte qu'il puisse perdurer pendant des années, des décennies, des siècles durant. Placé sous l'égide d'Arceus, le couple se maria et vécurent heureux jusqu'à la fin des temps car sachez une chose plus qu'importante dans ce monde. »

Une chose plus qu'importante ? Qu'elle était-ce ? Le jeune homme s'inclina respectueusement devant la foule, Friyendia faisant de même bien qu'elle était sous sa forme humaine. Rouge de gêne, elle attendait la conclusion du récit de Soriu. Celui-ci prit ses deux mains dans les siennes, lui faisant face tandis qu'elle n'osait plus bouger. Pendant de longues secondes, ils restèrent immobiles jusqu'à ce que Soriu termine :

« Arceus bénit ceux qui s'aiment. Fin de l'histoire. »