Master de Sévy

• Eliott •
J'affichais une mine enthousiaste mais en réalité je tremblais comme une feuille. Déjà, la découverte du Dracaufeu m'avait tétanisé. J'étais à milles lieu de me douter que les Pokémon étaient si impressionnants. J'avais peur de ce qui allait sortir des Pokéball…peur qu'ils soient dangereux, où qu'ils effraient Mila. Sévy et Mély appuyèrent sur le bouton de leur engin rond, et le filet rouge fit apparaître deux créatures que je ne connaissais pas : la première, celle de Mély était de taille moyenne et de couleur beige, des bourgeons poussaient à son cou et une large feuille à l'aspect tranchant ornait sa tête. Il ressemblait un peu à un petit dinosaure, et arborait un sourire. Il n'avait pas l'air très méchant, et diffusait une odeur agréable. Ca allait. Par contre, en voyant l'autre Pokémon, celui de Sévy, j'ai cru qu'il allait me bouffer. Un énorme alligator bleu, bipède, avec une crête rouge sang, des griffes et des crocs acérés ainsi qu'une queue aussi importante qu'une massue. J'avalais ma salive tandis que Mila enfouissait sa tête dans mes bras. Mély et Sévy se tordaient de rire.
-Qu'y a-t-il de drôle ? bredouillai-je. Il est…dangereux ?
Sévy caressa le museau de l'alligator qui lui rendit doucement son geste.
-Hasard, mon Aligatueur, est totalement inoffensif, dit Sévy. Je l'ai depuis qu'il est tout petit, donc j'ai eu le temps de l'éduquer. Il ne ferait pas de mal à une mouche, sauf si je lui en donnais l'ordre bien sûr.
Comme je n'avais pas l'air convaincu, elle saisit ma main et la posa sur le front du Pokémon, puis la fit descendre le long de son museau et jusqu'à ses crocs. Elle ouvrit même la bouche du monstre et plaça sa tête dedans. J'imaginais qu'il referme alors la bouche et que la tête de Sévy soit broyée, mais ouf, il ne broncha pas.
-Tu vois ? s'exclama t-elle, toujours la tête au milieu de la gueule ouverte de la bête. Bon. Intéressons-nous maintenant à Gordonn, ajouta t-elle en désignant l'autre Pokémon.
C'est cette fois Mély qui prit la parole.
-Lui aussi est inoffensif, mais ça, tu dois t'en douter. C'est un Macronium. Il a un air chétif, mais il est assez puissant en fait. Il est très fidèle !
Mila alla le caresser, puis timidement, s'approcha d'Hasard. Ce dernier la prit sur ses épaules et fit le clown pour l'amuser. Elle éclata de rire et en redemanda. Nous restâmes quelques minutes à les observer, puis les deux starters rentrèrent dans leur Pokéball (je commençais à me familiariser avec les thermes techniques !).
-A qui le tour ? interrogeai-je.
-Maintenant nous allons te présenter les mascottes de nos équipes. Prêt ?
-Ouais. Enfin, je crois…
-Ne t'inquiète pas, me rassura Mély, ceux-ci sont adorables.
Je me méfiais quand même. Mais finalement, c'est vrai qu'ils étaient mignons. Le premier, celui de Mély, était assez gros et tout rose. De plus il affichait un air niais qui lui donnait une bouille adorable. Le second était celui qui était présent dans ma chambre, et que Mila caressait lorsque je m'étais réveillé. C'était un petit panda tout beige, avec des tâches orange un peu partout, de grandes oreilles et une queue touffue.
-Pincal, le Ramoloss, et Mozart la Spinda.
-Elle peut rester avec moi Mozart ? questionna Mila. Je suis rassurée avec elle parce qu'elle est toute douce et j'aime bien ses chamallow.
-Bien sûr ma puce, répondis Sévy.
Les deux suivants étaient très différents l'un de l'autre. Celui de Sévy ressemblait à un gros lion aux poils épais noirs et bleus, avec une étoile au bout de la queue : Thunder, le Luxray. Et celle de Mély, une sorte de coquille d'œuf blanche avec tâches rouges et bleues, une casquette plus presque grosse qu'elle : Lola, la Togepi. J'aimais bien le lion. Il avait apparemment mauvais caractère, mais il me plaisait bien, j'aimais son côté mystérieux. Je n'étais plus vraiment effrayé, je m'étais pris au jeu et je voyais que Mila s'amusait autant que moi à découvrir ces créatures fabuleuses. Quatre autres Pokémon suivirent, dans l'équipe de Mély Esméralda la Mentali et Fleur de Lys la Kirlia. Ces deux là n'avaient pas franchement l'air de s'entendre, en voyant la manière dont Fleur de Lys observait sa voisine. Dans l'équipe de Sévy il y avait une jolie Girafarig nommée Violaine et un Pikachu appelé Odd. Ce ça faisait bizarre de voir un véritable Pikachu ! Il différait assez de la série, ses joues rouges étant assez rugueuses, ainsi que ses poils jaunes coupés à ras, qui contrastaient avec l'aspect caoutchouteux qu'il avait dans le dessin animé.
Après quelques heures à jouer et à faire connaissance avec les Pokémon Sévy sembla se souvenir de quelque chose. Elle sortit de son sac un œuf énorme. Ce qui était sûr, c'est que ce n'était pas un œuf de poule ! Elle me présenta l'œuf en le posant devant moi, à quelques centimètres de mes jambes croisées en tailleur. Je m'émerveillais devant ses petites tâches marron, et son grain granuleux si étrange.
-Alors les Pokémon sont ovipares ? questionnai-je.
Sévy me regarda avec un air consterné.
-Non, non, c'est moi qui l'ai pondu cet œuf, répliqua t-elle.
Pendant un quart de seconde, nous nous tûmes. Puis nous partîmes tous d'un fou rire résonnant, tandis que Mila imitait la poule en caquetant. Cette situation détendit l'atmosphère. Au bout d'un moment, Mély se raisonna.
-Bon, il va bientôt faire nuit. Nous devrions rentrer.
-Rentrer où ? m'enquis-je. Où allons-nous dormir ?
-A la planque, fit Sévy.
Puis devant mon regard interloqué, elle ajouta.
-C'est un endroit, pas franchement secret, où nous nous réunissons tous, nous les entraîneurs et où le Maître a ses propres appartements. On l'appelle la planque parce que cette dernière se situe en hauteur, cachée par le feuillage épais des arbres. Et personne ne peut y pénétrer sans le mot de passe, que l'on confie à un homme, qui vient nous chercher grâce à un câble et qui nous remonte. Enfin bon, tu verras par toi même, parce que c'est dur à décrire.
Mes yeux brillèrent. Ca avait l'air super ! J'allais avoir mes propres appartements ! En effet, c'est à peu près la seule chose que j'avais retenu de tout ce qu'avait dit Sévy. Le reste n'avait été pour moi que, planque…hauteur, feuillage…et euh, un homme dur à décrire accroché à un câble ? Je crois. Qu'importe, je verrais bien de toute façon.

Nous avons marché pendant un bon bout de temps, nous enfonçant de plus en plus dans la forêt. Bientôt, la ville que nous avions quittée n'était plus qu'un petit point tâchant l'horizon. Mila n'en pouvait plus de marcher, alors Mély avait fait sortir son Macronium de sa Pokéball et Mila avait pris place dessus. Comme il faisait nuit et que nous n'y voyions quasiment plus, le Luxray de Sévy créa une boule d'énergie lumineuse. Enfin, nous arrivâmes dans un endroit de la forêt où les arbres étaient si rapprochés qu'on ne pouvait presque plus se frayer un chemin entre les troncs. Nous nous arrêtâmes. Je reculai d'un pas, surpris par le petit homme qui pendait au dessus de nous, accroché à un câble métallique.
-Salut Zeph ! lança Mély.
-Ah, les copines, vous nous ramenez le Maître ? interrogea le dénommé Zeph.
Il devait avoir dans les dix ans maximum. Il portait des sortes de guenilles et avait l'air assez sale. Il se balançait gaiement au dessus de nos têtes. Sévy me glissa que c'était un orphelin, et que les « directeurs » de la planque l'avaient recueilli et accepté pour le poste de gardien d'entrée, qui semblait fait pour lui.
-C'est qui la jeune fille ? fit-il en désignant ma petite sœur.
-C'est la sœur du Maître, se justifia Mély. On ne voulait pas la séparer de son grand frère. Je suis persuadé qu'il sera plus concentré en sachant sa sœur avec lui.
Zeph tira un peu sur sa corde qui descendit légèrement.
-Bon désolée les filles, fit-il à l'attention de Mély et Sévy, mais c'est la règle, même si je sais bien qui vous êtes, je suis obligé de vous demander le mot de passe. On ne sait jamais, vous êtes peut être des agents de la Team Rocket déguisés.
-Elle existe aussi la Team Rocket ? m'étonnais-je. Comme dans le jeu ?
Zeph hocha la tête. Je nageais dans le délire. Sévy glissa le mot de passe à son ami, qui frappa ensuite quatre fois dans ses mains.
-Ca, c'est le signal, m'indiqua Sévy. Il tape quatre fois dans ses mains parce que nous sommes quatre.
-Et ça sert à quoi ?
-Bah c'est très simple, regarde, fit t-elle en désignant les arbres feuillus. Tu vois le feuillage ? Et bien comme je te l'ai dit tout à l'heure, la planque se trouve cachée au dessus des feuilles, elle est construite sur des planches de bois. Pour y accéder, il nous faut l'aide de câbles, auxquels nous nous accrochons, puis on nous tire jusqu'en haut. Donc Zeph frappe quatre fois dans ses mains pour que l'on nous envoie quatre câbles.
A cet instant, lesdits câbles tombaient justement du ciel. Je m'accrochais au mien de toutes mes forces et indiquait à Mila d'en faire de même. La traversée des feuillages ne prit que quelques secondes, pourtant je crus que j'allais manger quelques feuilles. Arrivés en haut, un homme roux et musclé m'aida à me hisser sur la plateforme en bois clair. On ne voyait pas grand-chose vu qu'il faisait nuit, alors je me suis dit que je pourrais admirer le paysage le lendemain. Mély et Sévy nous conduisirent Mila et moi dans notre propre maison. Tout était construit avec des matériaux naturels, sans pour autant faire sauvage. L'endroit avait l'air assez luxueux mais était vraiment très simple. C'était spécial, ça me plaisait beaucoup. Nous mîmes Mila, qui tombait de sommeil, au lit et entreprîmes de discuter un peu.

-Dis-donc, m'interpella Mély alors que nous buvions un thé autour de la table basse de « mon » salon. On t'a dit que les humains d'ici naissaient avec des pouvoirs spéciaux des fois ?
Plus rien ne pouvait me surprendre, après cette folle journée.
-Ah bon ? Et je parie que vous en avez-vous. Ca ne m'étonnerait pas, vous êtes si bizarres.
-Merci pour le compliment, Eliott, fit Sévy en buvant une gorgée de thé.
-Je plaisante, me défendis-je. Puis en plus, pour un Terrien, c'est vrai que vous êtes bizarres !
-En effet nous avons des dons spéciaux, répliqua Mély en éludant ma remarque. Tu veux une démonstration ?
J'hochai la tête ; elles ne se firent pas prier. Sévy se concentra un peu sur sa boisson. Elle la posa sur la petite table, la fixa pendant quelques secondes. J'aurais juré qu'à cet instant, ses yeux étaient un peu plus clairs, plus étincelants. Puis elle leva une main, et le liquide, sortit de sa tasse. Puis elle ferma le poing, et le thé se transforma en une boule compacte. Alors elle tendit un doigt devant elle, et fit valser le thé en lui faisant prendre diverses formes. Au final, elle replaça le liquide dans la tasse. J'applaudissais, sous le charme de ce petit spectacle assez divertissant.
-Et ce n'est qu'un mince aperçu de ses dons, remarqua Mély, enthousiaste. Une fois, elle a failli sortir un lac de son lit !
-N'exagérons rien, la corrigea Sévy.
-Et toi, tu fais quoi Mély ? m'impatientai-je.
Mély s'assit en tailleur, plaça le dos de ses mains sur ses genoux et joignit ses index avec ses deux pouces. Puis elle ferma les yeux et s'éleva à deux mètres du sol. Arrivée à cette hauteur, elle se détendit et commença à voleter un peu partout. J'étais une fois de plus époustouflé.
-Si Mila voyait cela ! murmurai-je, des étoiles dans les yeux.
C'était comme dans un rêve.