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Le fantôme du désert [One-Shot] de MM-Blue



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Informations

» Auteur : MM-Blue - Voir le profil
» Créé le 05/08/2010 à 20:18
» Dernière mise à jour le 04/12/2013 à 17:57

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Errance.
« Où peut-il bien être ? J'ai beau chercher, je ne le trouve plus. »

Fouillant dans le sable, la créature se chuchotait des paroles à elle-même. Elle se releva et son visage apparu. Son visage ? Non, elle n'en avait pas. Le crâne blanc ivoire reluisait sous le soleil du désert. La créature tourna la tête à droite, puis à gauche, observant les alentours. Dans les orbites creuses du crâne, deux petits yeux brillaient. La créature sortit de son trou, révélant un corps à la peau brune.

La bête grimpa la dune de sable et fixa l'immensité du désert qui s'offrait à ses yeux. Elle cherchait inlassablement, depuis des jours, son os sans lequel elle se rendait à la merci des prédateurs. Cet os était son seul moyen de défense, il fallait le retrouver. Elle parcourait tout le désert s'il le fallait. Elle se remit en route, se dirigeant vers une falaise rocheuse. Arrivée à destination, elle inspecta les lieux minutieusement, fouillant les moindres recoins. Rien. Des jours que la pauvre bête n'avait rien avalé. Elle était épuisée et désemparée.
Elle s'assit au pied de la falaise, pleurant la disparition de son bien le plus cher. Finalement, pleurait-elle vraiment ? Seul le bruit étouffé de gémissements au fond du crâne nous en donnait une preuve. La créature s'allongea et s'endormit, inconsciente d'être à découvert et de devenir une proie potentielle pour les affamés du coin. Quand elle se réveilla, une immense ombre lui cachait le soleil. Qu'est-ce que cela pouvait-il bien être ?

Puis dans un craquement, un visage vint se présenter à elle: une sorte de carapace verte enveloppait la tête de l'inconnu, deux petits yeux brillants la regardaient et une grande gueule s'ouvrit, laissant apparaître une immense langue rosée qui alla s'écraser sur le crâne protecteur de la créature à terre. Au cou de l'immense inconnu pendaient des fruits qui semblaient délicieux. D'ailleurs, celui-ci les présenta à la créature qui s'assit avant d'en cueillir un. L'inconnu releva la tête, courbant son cou afin de regarder la créature manger. Quand elle eut fini, elle remercia le Pokémon qui se tenait en face d'elle. Le soleil l'éblouissait et elle ne put que voir une sombre ombre de son sauveur. De grandes et magnifiques feuilles partaient du flanc de l'inconnu et s'élevaient comme de grandes ailes dépliées.

« J'espère que vous avez bien mangé. Vous me sembliez en mauvaise forme alors je vous ai fait un peu d'ombre grâce à mes feuilles. »

La créature regardait avec insistance son sauveur avant de lui répondre par un petit hochement de tête.

« C'est la première fois que je rencontre un Ossatueur. Mais on m'avait dit que ceux-ci ne se séparaient jamais de leur os... L'avez-vous égaré ? »

Son os ! L'Ossatueur avait complètement oublié qu'elle devait se remettre à la recherche de son os. Elle posa sa petite main contre le sol pour s'aider à se relever. Une fois debout, elle inspecta les alentours. Voyant que sa nouvelle amie semblait préoccupée, la Tropius regarda elle aussi de tous les côtés, sans même savoir ce qu'elle devait chercher.

« Il faut... Que je retrouve mon os ! »

L'Ossatueur commença alors à partir vers un lieu étranger. La Tropius décida de la suivre, de loin. Marchant dans les pas de l'Ossatueur, Tropius commençait à suffoquer. Cette chaleur était pratiquement insoutenable et le soleil était à son zénith. L'Ossatueur ne semblait pas touché par cette sécheresse et marchait d'un pas déterminé. Au bout d'une heure, la Tropius s'effondra dans un nuage de sable. L'Ossatueur s'arrêta et regarda la pauvre bête à bout de force. Elle ne pouvait pas abandonner le Pokémon qui l'avait sauvée. Elle arriva vers la Tropius affaiblie, posa ses petites mains sur le corps de son amie, essayant de la pousser pour qu'elle se relève. La Tropius gémit puis, voyant les efforts de l'Ossatueur pour que celle-ci se remette en marche, essaya de se relever. Ses jambes avaient beaucoup de mal à la porter et elle vacillait. L'Ossatueur inspectait toujours les environs, guettant un éventuel rôdeur. Rôdeur qui, alléché par le festin qui se présentait, ne tarda pas à arriver.

À l'horizon, entre les dunes, un nuage de sable se rapprochait à grande vitesse. L'Ossatueur se mit en position défensive, devant son amie mal en point. Le nuage de sable était maintenant tout près. Du sol jaillit alors, en un bond, un Kabutops, lame en avant. Celui-ci atterrit sur le sol violemment, amortissant sa chute avec une de ses lames. Il se releva et hurla, la tête levée vers le ciel. Puis il plongea ses yeux cruels dans ceux de l'Ossatueur, essayant de l'intimider. L'Ossatueur ne se laissa pas faire. Elle gratta le sol du pied, comme pour avertir une éventuelle charge. Le Kabutops, affamé, ne voulut pas faire attendre son gosier plus longtemps et se jeta sur l'Ossatueur. Elle ne pouvait pas se défendre sans son os mais elle ne bougea pas et dans ses yeux pouvait se lire une grande ténacité. Alors que le Kabutops allait lui trancher la tête, une grande feuille vint bloquer l'attaque du Pokémon qui, surprit, se recula d'un bond. L'Ossatueur tourna la tête et vit le sourire que son amie lui faisait.

Elle fut alors plus déterminée que jamais. Ce sourire avait ravivé en elle la flamme du combat et elle fonça sur le Kabutops, encore sous le coup de la surprise, le crâne en avant. Le Kabutops se protégea grâce à ses lames et repoussa sauvagement l'Ossatueur. Celle-ci recommença sa charge, mais tout se déroula exactement comme la première attaque.

Après ça, l'Ossatueur observa le Kabutops. Il était beaucoup trop fort et ses attaques n'avaient aucun effet. Elle baissa alors la tête et ferma les yeux. Le Kabutops resta sur ses gardes. Il ne savait pas ce que lui préparait son adversaire. Et quand il alla pour s'élancer vers elle, un grand nuage de sable s'éleva et commença à danser autour de l'Ossatueur immobile. D'étranges marques se dessinèrent alors sur son corps puis elle ouvrit les yeux d'un seul coup, fixant le Kabutops.

Ses yeux étaient devenu rouge sang et le sable tournoyait toujours autour d'elle. Elle se jeta alors furieusement sur le Kabutops, lui enchaînant plusieurs coups d'une puissance extrême. La puissance de l'enchaînement combiné au sable qui fouettait encore plus violemment sa carapace, le Kabutops fut contraint à abandonner le festin qui lui tendait les bras. Blessé, il s'enfonça dans le sable, repartant comme il était arrivé. Les marques sur l'Ossatueur s'effacèrent et le sable se mêla à nouveau à l'immensité du désert. Cette attaque l'avait épuisée mais elle n'était pas prête à renoncer à ses recherches. Elle se dirigea vers la Tropius qui semblait de plus en plus affaiblie. Heureusement, le soleil ne tarda pas à se coucher.

L'Ossatueur, assise contre le flanc de son amie, observait ce magnifique spectacle qu'était le coucher de soleil. Le ciel avait pris une belle teinte rose orangé. Avec ça, le froid de la nuit ne tarda pas lui aussi. La Tropius réussit à se remettre en route. Les deux amies luttaient maintenant pour avancer contre le vent glacé. Faisant voler avec lui le sable du désert qui fouettait leur peau, le vent les empêchait de voir où elles se dirigeaient. Elles trouvèrent tant bien que mal un abri pour la nuit. A l'aube, elles se remirent en route. L'Ossatueur était toujours aussi déterminé à récupérer son os. La Tropius lui parlait mais elle ne répondait pas. Ce fut une journée calme, le soleil tapait moins fort que la veille. Elles avançaient dans ce désert qui semblait sans fin. Elles s'arrêtèrent quelques minutes pour grignoter les fruits du Tropius. Puis elles se remirent en route, s'enfonçant toujours plus dans le désert. Et les jours passaient et se ressemblaient. Elles marchaient, inspectaient les alentours et l'os restait toujours introuvable.

« Je n'en peux plus de marcher. Jamais nous ne trouverons cet os, c'est peine perdue ! »

L'Ossatueur entendait la voix de son amie mais se souciait peu de ce qu'elle disait. La Tropius s'arrêta. Les fruits de son cou avaient disparu et celle-ci était des plus maigre. Elle regarda le soleil qui semblait les narguer, elles, pauvres âmes errant dans cette vaste étendue.

« Le soleil a desséché mes fruits. Je manque d'eau, nous ne nous en sortirons pas comme ça ! »

« Comment se fait-il qu'un Tropius ait atterri dans ce désert ? »

La Tropius regarda, étonnée, son amie qui venait de s'arrêter. La Tropuis baissa la tête, sans réponse.

« Peu importe de toute façon... Maintenant, tu es là et tu dois t'adapter au désert. En tout cas, ce n'est pas lui qui s'adaptera à toi ! »

L'Ossatueur continua sa route, traînant les pieds dans le sable. La Tropius regardait son amie s'éloigner de plus en plus. Elle baissa la tête puis s'écroula au sol. La petite silhouette de l'Ossatueur devenait de plus en plus floue puis elle disparut. Qu'est-ce qu'un Tropius était venu faire dans ce désert ? Ce Tropius... Il avait été forcé à l'exil. Forcé à l'exil pour avoir trahi son clan. Forcé à l'exil pour avoir protégé un être qui n'en valait pas la peine. Forcé à l'exil pour avoir aidé un "ennemi", simplement pour avoir était trop gentil. Et en vol, voilà qu'elle s'était perdue dans ce désert. Tout ce qu'elle voulait, finalement, s'était un ami...

La dernière chose qu'elle vit avant de fermer lentement les yeux, ce fut ce sable, toujours ce sable à perte de vue qui semblait se moquer de son sort. Et c'est dans un dernier soupir que sa vie s'arrêta. Le sable volait. L'Ossatueur marchait, toujours. Elle ne s'arrêtait pas. Elle ne regardait pas derrière elle. Toujours tout droit, elle marchait. Deux jours, un mois, quatre puis cinq. Elle ne s'arrêta plus jamais. Elle continua de marcher dans ce désert infini. Et les années passèrent ainsi. Son âme avait fini par quitter son corps mais celui-ci marchait toujours, il allait toujours plus loin. Un corps animé par une détermination farouche. Il continua à marcher et il continuera jusqu'à la fin des temps, cherchant cet os, un os qui n'a peut-être jamais existé, qui sait ?