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Les seize facettes cachées d'Evoli de Wolf-Myu



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» Auteur : Wolf-Myu - Voir le profil
» Créé le 30/07/2010 à 19:44
» Dernière mise à jour le 30/07/2010 à 19:44

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Chapitre 3 : Devenir un Noctali
La forêt est vraiment très sombre en cette nuit de fin d'automne... De lourds nuages noirs voilent les étoiles et la Lune ; ils sont si bas que j'ai l'impression que je pourrais les toucher simplement en levant le museau. Les ombres des arbres s'étendent sur mon passage, et j'ai l'impression qu'elles veulent m'attraper pour me retenir ici. Mais pas question. Ma décision est prise... Ah ! C'était quoi ce bruit ? Je sursaute et regarde autour de moi, tremblant. Je soupire bruyamment de soulagement en voyant un Hoothoot hululer à côté de moi. ... Non, il n'y a pas de quoi être soulagé en fin de compte... Ses yeux rouges posés sur moi luisent dans le noir, inquiétants. Je ralentis l'allure, sur mes gardes. Quelle idée de partir en pleine nuit ?! Ah ouais mais... Forcément, se pointer en plein jour avec un petit baluchon accroché autour du cou, ça fait suspect...
Le vent souffle à la cime des arbres géants de la forêt, faisant craquer les branches dénudées de chacune de leurs feuilles comme des vieux os usés. D'ailleurs, le vent souffle vraiment fort cette nuit. Les nuages d'encre, alourdis de pluie et de foudre, filent comme des Voltali en pleine course, poussés par le vent. Ils doivent d'ailleurs être aussi électriques que ces pokémon...
L'air est très lourd, il est certain qu'il va pleuvoir avant la fin de la nuit. Je devrais peut-être m'abriter et reprendre la route à l'aube... Après tout, je suis déjà loin à l'ouest du lieu qui m'a vu naître. Le bruit retentissant du tonnerre me fait sursauter et m'arrache net à mes réflexions. Aurais-je omis de préciser... Que l'orage m'effraie ? Juste un petit peu hein, n'allez pas vous inventer des histoires... Un éclair blanc zèbre le ciel une fraction de seconde. Il a la forme d'une racine... Bon, ce n'est pas le moment de regarder la forme des éclairs ! La pluie se met à tomber, de plus en plus fort.
Très vite, je suis trempé comme une soupe, et je me met à courir pour trouver un abri. Sauf que nous sommes presque en hiver, alors pour trouver un abri au milieu des frêles arbres qui ne sont pas morts de froid... Soudain, une idée me vient. Mais oui ! La forêt devient pinède à quelques centaines de mètre de là, au nord-ouest ! Les conifères et leurs branches alourdies d'épines toute l'année me protègeront de la pluie et du vent, et en plus j'aurais un doux coussin d'épines sous le ventre quand je m'endormirai... Un autre grondement du ciel me fait accélérer. Courir attire la foudre, mais je n'ai pas le choix... La pluie battante me martèle le dos et alourdit mes poils. Elle est glaciale, et il faut que je bouge pour ne pas m'engourdir à cause du froid. J'aperçois le sol entièrement recouvert d'épines à une cinquantaine de mètres de moi. J'y suis presque ! Mais... Je lève les yeux et m'arrête net.
Le sommet des pins se secoue dangereusement, et sous mes yeux l'un d'entre eux prend feu, frappé par un éclair. Malgré la très forte pluie, le feu s'étend rapidement et commence à dévorer la pinède. Je reste tétanisé, au milieu de ce spectacle effroyable. Le vent s'acharne, faisant tournoyer les nuages et la pluie, sifflant entre les branches des arbres, me glaçant jusqu'aux os. Le tonnerre ne cesse de retentir, cri de folie du ciel accompagné de nombreux traits de lumière qui déchirent la nuit l'espace d'un instant.
Je fais volte-face et me met à filer aussi vite qu'un Arcanin à pleine vitesse dans la direction opposée au brasier et au destin funeste de la pinède. Je cours, toujours droit devant, manquant à chaque seconde de percuter de plein fouet cet arbre ou ce rocher. Parfois, je trébuche, mais je me rattrape très vite et continue ma course effrénée à travers la forêt, poursuivi par le déchaînement des éléments.
Quelques minutes plus tard, je m'effondre, incapable de faire un pas de plus. Je lance un dernier regard derrière moi, terrifié. Je ne vois plus de flammes, seulement un Cornebre qui me regarde et me lance un croassement semblable à un ricanement. Soulagé d'avoir finalement réussi à sauver ma peau, je pose ma tête sur le sol et m'endors aussitôt.

Le lendemain, à l'aube, le gazouillement d'un Roucool me tire doucement de mon sommeil. J'ouvre les yeux et ce que je vois m'émerveille et m'effraie à la fois. Je me suis assoupi près d'un petit ruisseau d'eau très claire, où un Nenupiot traverse avec un petit Grainipiot sur le nénuphar de sa tête. De l'autre côté du ruisseau les attendent un Ceribou et un Chenipan, que le pokémon Aquaplante a déjà dû faire traverser auparavant. Un peu plus en aval, sur la même rive que moi, un Tournegrin et un Granivol prennent tranquillement le soleil, qui filtre sans peine à travers les branches des arbres presque entièrement dénudées. Mais ce qui m'effraie, c'est que... Ce lieu m'est inconnu. Comment suis-je arrivé là ? Où est ma petite tanière si accueillante, où je me sens tellement en sécurité ? Soudain, tout me revient en bloc. La fugue. L'orage. Le feu. Ma course effrénée. Même le ricanement du Cornebre...
J'essaie de me lever, mais j'ai beaucoup de mal. Je suis tout ankylosé à cause de la pluie gelée de cette nuit. J'arrive finalement me mettre sur mes pattes et, surtout, à tenir dessus. Je m'approche du petit ruisseau qui serpente à travers le bois tel un Rayquaza d'argent et baisse la tête pour boire. Alors que je lape l'eau gelée, mon reflet me trouble. Ma pierre ne me paraît pas si grosse et si moche que ça, sans les lourdes moqueries des autres. Je la trouve même presque jolie. On dirait un cristal ; transparente et pure comme lui. Je souris et enlève le balluchon de mon cou avant d'entrer dans l'eau qui me fait frissonner. Elle est froide, mais je suis couvert de boue séchée à cause de l'averse d'hier, alors il faut bien que je me lave un minimum ! Je me roule donc dans l'eau pour me décrasser et finit même par m'amuser à faire des cabrioles dans le ruisseau. Nenupiot, Grainipiot, Ceribou et Chenipan, qui jouaient au football avec une baie Willia sur la rive, me regardent et rient. Mais cette fois, ce ne sont pas des moqueries, mais des rires sincères. Ils ne rient pas de moi, ils rient avec moi. Et rien que pour ça, ma fugue en valait la peine.

Finalement, je ne reprend ma route que plusieurs heures plus tard. Le Nenupiot m'a proposé de venir jouer avec eux, et c'était la première fois qu'on me faisait pareille proposition, je ne pouvais pas refuser. De toute façon, pourquoi je l'aurais fait ? Désormais, j'ai tout mon temps. Je vis au jour le jour. Alors on s'est amusé pendant des heures avec la baie Willia. Sauf qu'au bout d'un certain temps, Nina, la Chenipan, a eu un petit creux et a grignoté la baie. Elle était très gênée mais finalement, on a tous éclaté de rire et on a mangé la baie ensemble.
C'est donc ça d'avoir des amis. Ça fait chaud au cœur. C'est si agréable... On a l'impression de pouvoir soulever des montagnes ensemble, et que rien ne peut nous arrêter. On n'est plus seul...
Je m'apprête donc à repartir. Le petit groupe me regarde tristement. Le Nenupiot s'approche et me dit doucement, alors que j'étais en train de remettre le balluchon autour de mon cou :

« Tu sais Kalnim, tu peux rester avec nous si tu veux...
- Non, lui répondis-je. Je ne peux pas. Je dois me rendre sur la falaise Crépuscule pour pouvoir évoluer en Noctali.
- Oh, c'est dommage, murmure Nina tristement...
- Mais, ajoutais-je, je reviendrai un jour. Vous pouvez en être sûr.
- Promis, fais le Grainipiot, les yeux plein d'espoir ?
- Promis juré, dis-je la tête haute pour montrer que je ne manquerai pas à ma parole, si je ne reviens pas, je servirai de diner à un Carvanha.
- Bonne route, me lance la petite Ceribou de sa voix flûtée. »

Je hoche la tête et repars en trottinant, vers l'ouest. C'est tellement bien, de voyager. Je découvre alors que chaque arbre est unique. Je ne me souviens pas en avoir vu deux identiques, et même les pokémon changent en fonction de l'endroit de la forêt de je traverse. Dans ma terre natale, les pokémon oiseaux étaient surtout des Roucool et des Nirondelle. Ici, ce sont plutôt des Piafabec. Je crois que c'est parce que j'approche de la lisière de la forêt, et que si l'on continue vers l'ouest on arrive jusqu'à un désert sans fin. Ce qui est une zone très différente de la forêt, d'où le fait que les races de pokémon qui y habitent soient différentes. C'est ma prof, la Voltali, qui nous l'avait dit. Finalement, je me souviens mieux de ses cours que ce que je pensais.

Le soleil est déjà très bas quand j'atteins la falaise Crépuscule. Elle est encore plus belle que dans mes rêves les plus fous, et elle est si grande qu'elle doit presque toucher la Lune, la nuit. Pas étonnant que les Evoli viennent ici pour évoluer en Noctali. Le soleil est en train de mourir à l'horizon, en face de la falaise. Le crépuscule est là. Je m'avance sur le long surplomb rocheux, et m'assois une fois au bout, regardant le soleil finir de disparaître au loin, tel une balle écarlate plongeant au ralenti dans l'ombre des montagnes inaccessibles.

« Je n'ai jamais rien vu d'aussi magnifique, pensais-je. »

L'obscurité recouvre le monde alors que le soleil s'éteint finalement. Je reste assis, sachant que derrière moi la Lune se levait. J'attends impatiemment qu'elle passe au-dessus de ma tête pour pouvoir enfin accomplir mon rêve et évoluer en ce que j'ai toujours voulu : un beau Noctali au pelage de nuit, aux anneaux étincelants comme des lucioles sous l'astre nocturne, aux yeux écarlates envoûtants... Et peut-être sans cette pierre qui avait gâché ma vie. Je ferme les yeux et profite de mes derniers instants d'Evoli, restant ainsi, les yeux clos, durant un moment qui me paraît interminable. C'est la tradition. Quand je rouvre les yeux, la Lune est juste au-dessus de moi. Je lève la tête et ferme une nouvelle fois les yeux.

« Je veux devenir un Noctali, souhaitais-je très fort dans ma tête. C'est mon rêve le plus cher, ô grand astre de nuit. »

Mais je ne sens rien se passer. Je rouvre les yeux et me regarde. J'ai toujours ma grosse queue touffue, et ma crinière couleur crème. Je lance un regard suppliant vers la Lune, me remettant sur mes quatres pattes :

« Je vous en prie, acceptez ma requête ! »

Toujours rien. Mes oreilles et ma queue se baissent soudain. Mes parents avaient peut-être raison, en fin de compte. Peut-être suis-je trop jeune. Ou peut-être ne suis-je tout simplement pas prêt... Je me retourne et commence à redescendre de la falaise. Cette idée m'est insupportable. Tirer un trait sur mon rêve, qui était pourtant à deux doigts de se réaliser ? Pas question ! Je me retourne subitement vers la Lune à mi-chemin entre l'extrémité de la falaise et la forêt, faisant dégringoler des petites pierres du surplomb rocheux très étroit. Je regarde de nouveau le croissant de l'astre, d'un air déterminé, et crie :

« Faites-moi évoluer en Noctali ! Je jure de ne plus rien vous demander après ça ! »

Mon cri résonne dans la vaste étendue de sable en contrebas, ayant pour seule réponse son propre écho. Mes yeux commence à briller au clair de lune et des larmes d'argent coulent sur mes joues. Un fin rayon lunaire frappe ma pierre.

« S'il vous plaît !! »

Soudain, la pierre sur mon front se met à briller et m'enveloppe d'une lumière étrange, différente de celle de l'évolution habituelle. J'ai l'impression que mon estomac se retourne et une douleur effroyable me prend à la tête. Je me met à hurler.

« Que... Que m'arrive-t-il ?! »

A suivre...