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Des vacances mouvementées... de Don d'ARCEUS



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» Auteur : Don d'ARCEUS - Voir le profil
» Créé le 26/07/2010 à 15:01
» Dernière mise à jour le 26/07/2010 à 15:01

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Une discrétion à travailler
Au bout de quelques minutes de marche, Célinda s'était retrouvée à l'orée d'une forêt qu'elle connaissait bien pour l'avoir souvent visitée à vélo avec ses parents – une piste sablonneuse avait effectivement été aménagée à cet effet. La jeune fille avait suivi ce chemin sur quelques dizaines de mètres puis avait entendu des éclats de voix. Elle s'était approchée silencieusement de l'endroit d'où ils lui avaient semblé provenir, sans savoir pourquoi elle s'était mise en tête de trouver la source de ces voix…

Mais Célinda n'avait rien découvert là où auraient pourtant dû se trouver les personnes dont elle avait entendu les voix. Comme pour mieux la guider, elles avaient de nouveau retenti. La jeune fille avait alors levé les yeux au ciel pour remarquer de nombreuses planches disposées de façon à ce que les personnes susceptibles de monter dessus prissent le moins de risques en s'aventurant sur la structure. Ainsi, des personnes avaient construit une cabane dans cette forêt ! Aussitôt après l'avoir vue, Célinda s'était alors mise en quête d'un escalier d'accès – ou de quelque chose du même genre – pour franchir les quelques mètres qui la séparait de la planche la plus basse. Ses recherches s'étaient révélées vaines. Elle s'était alors découvert une certaine affinité pour l'escalade. Elle avait remercié pensivement sa mère de lui avoir préparé un jean plutôt qu'une jupe, sans quoi elle n'aurait jamais pu atteindre une des planches qui l'avaient jusqu'alors surplombée.

Une fois debout sur la planche qu'elle s'était fixé pour objectif, Célinda avait admiré le panorama qui s'était alors offert à elle. Les éclats de voix avaient retenti une fois de plus. En espérant qu'on ne l'ait pas surprise, la jeune fille fit volte-face et s'approcha de la bâtisse en bois qui s'élevait à quelques mètres de là. Une bien jolie bâtisse pour un endroit aussi peu commun… Célinda s'en était donc approchée le plus silencieusement possible, consciente que c'était de cette cabane que s'élevaient les voix. Une fois arrivée à la hauteur de la cabane, la jeune fille s'était adossée au mur avec la discrétion qui l'avait toujours caractérisée. Elle avait juste eu le temps d'entendre qu'une prochaine réunion aurait lieu le lendemain, puis des bruits de chaises soigneusement levées, reposées puis rangées s'étaient élevés. De brèves paroles avaient ensuite été échangées, la plupart signifiant plus ou moins « À demain ! ». Célinda avait prié pour que les personnes sortant de la cabane ne se dirigent pas vers elle, ou que celles qui le faisaient ne la remarque pas. Une fois que tous les bruits de pas se fussent éteints, Célinda avait voulu se lever, mais ses jambes avaient bizarrement protesté ; la jeune fille n'avait pourtant pas eu mal à ses membres.

Soudain, une voix féminine et hésitante s'était élevée :

« Es-tu sûr du fait que ton plan puisse fonctionner ?
– Certain ! avait assuré une voix masculine très grave.
– Qu'est-ce qui vous fait donc dire cela ?
– Aie un peu confiance en moi, bon sang !
– C'est ce que tu demandes à tout le monde…
– … et que bien peu m'accordent, oui, je sais… pourtant, mon plan est tout à fait…
– Si tu le dis… En tout cas, ce sera de ta faute si quelque chose se passe mal…
– Bien que mon plan soit le meilleur de tous ceux que l'on a élaborés ensemble, je doute qu'il soit choisi…
– Tu te débines ? avait fait la voix féminine, moqueuse.
– Non, pas du tout… je reste réaliste, rien de plus… »

C'était très précisément à ce moment-là qu'elle l'avait vu. Célinda avait alors perdu le fil de la conversation ; elle était passée au second plan dès que la jeune fille l'avait aperçu, comme si la discussion qu'elle avait épiée jusqu'ici avait été dénuée d'intérêt.


Il se mouvait toujours avec une telle grâce, une telle rapidité, un tel naturel… Impossible de s'y habituer…

Elle avait alors repoussé une mèche rebelle, comme pour mieux l'admirer. Un mouvement infime, depuis l'endroit où s'était trouvé le jeune homme, un mouvement à la périphérie de son regard, et pourtant, il l'avait perçu. Il avait tourné la tête avec une telle rapidité que Célinda avait craint qu'il ne la perde.

Elle eut un sourire. Maintenant, cela lui paraissait plus comique qu'autre chose, mais à l'époque…

Leurs regards s'étaient croisés. Leurs deux cœurs avaient raté un même battement. Ils avaient eu le souffle coupé.

Comme à chaque fois qu'ils se regardaient les yeux dans les yeux…

Il s'était alors approché de sa démarche gracieuse, si naturelle… et silencieuse. Ils ne s'étaient pas quittés des yeux. Un millier de questions fourmillait dans la tête du jeune homme. Aucune dans celle de Célinda. Il s'était adossé au mur de la cabane, comme elle, et si près d'elle qu'un frisson parcourut l'échine de la jeune fille. Le garçon avait semblé être partagé entre révéler sa présence à tout le monde et ne rien dire. Il avait opté pour la seconde solution. Une même certitude pulsait au fond de leurs deux cœurs, une certitude encore fragile. Il ne voulait surtout pas la voir se briser en mille morceaux à cause de lui. Il rompit toutefois le silence pour s'adresser à Célinda :

« Qui es-tu ? Que fais-tu ici ? »

Il avait parlé à voix basse, ce dont la jeune fille lui était tout à fait reconnaissante.


Sa voix, si inattendue, ajoutait au charme sauvage qui irradiait si naturellement du jeune homme.

Incapable d'articuler quoi que ce soit, Célinda était restée silencieuse. Ce jeune homme était certes attirant, mais une aura… intimidante s'était tout de même dégagée de lui jusqu'ici. Il avait réitéré sa question, sans manifester le moindre énervement. Sa voix ne s'était pas pour autant adoucie. Elle avait murmuré timidement son prénom, toujours sous le charme du garçon. Quant à sa deuxième question, la jeune fille n'avait su que répondre. De toute évidence, le garçon avait tout de même espéré une réponse, aussi était-il resté silencieux. Célinda avait pensé à répondre que ç'avait été son instinct qui l'avait guidée jusqu'ici, mais elle n'avait pas osé parce qu'elle trouvait tout simplement la réponse ridicule.

« Il n'y a rien de ridicule à se laisser guider par son instinct… » lui avait assuré le jeune homme.

Célinda l'avait contemplé, abasourdie. Qu'est-ce que… Qu'avait-il dit ?
Le jeune homme avait alors souri. Il avait deviné qu'elle avait très bien compris sa réponse. Ce qu'elle n'avait pas compris, en revanche, c'était qu'il avait deviné ses pensées.

« On ne devrait pas rester là. Suis-moi. »

La jeune fille avait acquiescé, redevenue incapable de proférer le moindre son. Il s'était alors dirigé vers l'endroit par où était montée Célinda puis il avait sauté. Elle avait retenu un cri puis s'était approchée du bord de la planche, affolée. Le jeune homme lui avait alors fait signe de descendre. Elle avait préféré emprunter le même chemin que pour l'aller. Une fois après avoir rejoint le garçon, ce dernier l'avait prise par la main et l'avait entrainée vers le sentier que Célinda avait quitté quelques minutes auparavant. Comme si le fait de l'avoir quitté lui avait ôté l'usage de la parole, elle l'avait retrouvé en même temps que le chemin. Le jeune homme ne lui avait toutefois pas laissé le temps de prononcer un mot :

« Tu pourrais être plus discrète ! Heureusement qu'il y avait beaucoup d'enfants, pour une fois…
– Comment ça ? Que…
– Tu as été repérée dès ton intrusion… Heureusement que les personnes qui t'ont vue croyaient que tu jouais à cache-cache… »

Paraissait-elle si jeune aux yeux des adultes ?

« Il vaut parfois mieux paraître jeune que vieille… » avait seulement dit le garçon.

Ils avaient marché en silence en direction de la sortie de la forêt. Célinda avait été trop déroutée par celui qui l'avait accompagnée pour pouvoir parler. Et sa présence intimidante ne l'avait pas aidée. Ils avaient presque atteint la lisière de la forêt lorsque Célinda s'était enfin décidée à demander son nom au jeune homme. Une fois encore, il l'avait "devancée" en tournant la tête, ce qu'avait ensuite fait Célinda. Une forme s'était rapprochée d'eux. Non. Pas qu'une. Le jeune homme avait alors pris la jeune fille dans ses bras, sans lui en demander l'accord, puis il avait franchi la distance qui les séparait de la lisière du bois en quelques foulées gracieuses mais puissantes. Le jeune homme l'avait ensuite abandonnée là et était revenu sur ses pas. Tout cela avait paru si irréel à Célinda qu'elle avait décidé d'arrêter de vouloir comprendre. Elle avait regardé le jeune homme s'enfoncer dans la forêt, en direction des formes. Les connaissait-il ? Le jeune homme s'était retourné, puis il avait enjoint à la jeune fille dans un murmure – comment pouvait-on murmurer avec une voix si… spéciale et à une distance pareille et que le destinataire du message l'ait saisi ? – de rentrer chez elle. Elle avait obéi. Mais ce n'avait pas été elle qui en avait décidé ainsi. Ç'avait été son instinct.

« Comment t'appelles-tu ? Ne le saurais-je donc jamais ? »

La question avait fusé de l'esprit de la jeune fille, sans prévenir. Mais elle était restée sans réponse.