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[One-Shot] An evening of overflowing blackness. de Sushiclub



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Informations

» Auteur : Sushiclub - Voir le profil
» Créé le 09/07/2010 à 17:21
» Dernière mise à jour le 09/07/2010 à 17:24

» Mots-clés :   Absence de combats   Absence de poké balls   One-shot

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One Shot : An evening of overflowing blackness.
Une soirée comme les autres à Shibuya.
Les bruits de la foule. Envahissante. Suffocante. Étouffante.
Les panneaux publicitaires brillent dans la nuit comme des lucioles dans l'obscurité. Omniprésents et éreintants.
Presque plus que tous ces piétons qui se bousculent, créant un amas de personne mouvant et étourdissant. Tous animés d'un désir propre et pourtant qui, une fois ensemble, paraissent agir en un seul être. Un groupe de moutons. Rien de plus.
Et les immeubles les dominent tous, immensités grises évocatrices d'un développement rapide et essentiel pour survivre dans le monde dans lequel nous vivons. Ou de la servilité humaine.
Seul le ciel, encore assez éclatant pour repousser les nuages de pollutions amers de désespoirs, rappelle qu'il existe un semblant de nature dans cet univers soumis au règne du bitume et de la destruction.
L'homme est stupide. C'est pourquoi il mérite la fragilité de sa vie, la simplicité de ses actes, la répugnance de ses motivations, et ses illusions dont il se berce, croyant que le monde tourne autour de lui, se pavanant au milieu de ses semblables, persuadé d'être le héros de sa propre histoire.
Cris, pleurs et rires ne sont que des futilités dont il s'affuble pour donner un semblant de raison à sa pathétique existence. Aveugle à la naissance, toujours à la mort, il ne voit pas l'importance mineure qui lui est attribuée.
Les hommes sont partout. Nombreux. Trop nombreux.
En se multipliant ainsi, jours après jours, ils perdent toute leur importance devant le nombre extravagant de personnes qui leur ressemble.
Le monde, ils le voient rose, et lui le voyait noir. Dans ce désaccord artistique, il ne reste plus qu'une solution, là où le mélange des couleurs n'est pas une option.
Faire voler en éclat l'illusion du rose, pour la teinter de la noirceur de la réalité.

Costume noir, cravate rouge, les yeux perdus dans le vide ou perdus dans ses pensées. Personne ne peut le deviner.
Il marche au milieu de cette foule puante d'infériorité physique ou psychologique, avec le pas ferme et décidé de celui qui ne perd pas son temps dans des futilités qui n'ont pas lieu d'être, s'étant fixé un objectif, s'étant fixé d'y parvenir.
Personne ne le regarde et personne n'a à le regarder, son entourage bestial est fixé sur son propre avenir persuadé que celui-ci n'est là que pour empiéter sur celui des autres.
Ses pensées sont froides et contrôlées, rien n'interfère dans ce système délicat qu'est la réflexion de cet homme, son esprit et clair, sans la moindre rêverie inutile, un esprit lisse comme la surface de l'eau et aiguisé comme la pointe d'une flèche.
Il sait où il va, suivant son destin qu'il maîtrise a sa guise, avec la détermination dont dispose l'être au motif des plus purs.
Ses yeux ne s'attardent pas sur les idioties auxquelles le bas peuple confère toute son attention, manquant ainsi le plus important de la scène souvent bien au-delà de ce que leurs simples regards peuvent leur apporter.
Son visage n'exprime aucune émotion, car il n'en a aucune à exprimer. Il passe devant deux jeunes, encore insouciants, toujours insouciants, insouciants a tout jamais car s'en est ainsi qu'est définie la nature humaine. Ils se sourient, se félicitent, s'encouragent, un bal d'hypocrisies si bien dissimulées pour un être aussi simplet que celui qui les profère. La vérité n'a pas besoin d'émotions, car les afficher impliquent une volonté stupide et irréfléchie de vouloir convaincre de ses dires et ses pensées. Si l'humain est heureux ou triste, car de ces deux émotions se déversent toutes les autres, son besoin de le placarder comme une enseigne sur son visage implique que lui-même n'est plus sûr de faire ressentir a son interlocuteur les futiles sensations qui lui traversent l'esprit. Cette incapacité a s'exprimer avec les mots, et cette capacité a s'exprimer avec le visage ne témoigne que d'une chose, le monde ne se base que sur de simples apparences. La grandeur de l'âme n'est qu'une idée énoncée en l'air, obsolète, dépassée, aujourd'hui les apparences s'accaparent de notre point de vue, le manipule a sa guise, nous cachent les imbéciles et nous dénigrent les génies, telles un marionnettiste penché sur ses personnages, les contrôlant de part et d'autre, ils sont totalement en son pouvoir, comme les apparences ont pris le pouvoir sur l'esprit humain.

Il arrive devant son but, vestibule sombre et grisâtre, l'antre de la bête qui, tapie dans l'ombre, exerce de tout son pouvoir et toute son arrogance la supériorité illusoire qui lui a été donnée sur ses employés, serviteurs aveuglés par une hiérarchie à laquelle ils obéissent aveuglément, ne comprenant pas qu'elle découle seulement de la volonté de quelques semblables qui par ce moyen abject impliquent qu'ils sont supérieurs a eux.
Mais ce sobre et peu intriguant vestibule est séparé du monde extérieur par une porte vitrée, symbole d'une barrière entre le monde du labeur pur et simple et celui de la vie « libre » dont s'extase les hommes, persuadés que cette notion de liberté consiste à choisir l'ordre des tâches inintéressantes dont ils sont dépendants, se résumant a manger, boire et dormir.
Il passe une carte magnétique dans ce verrou narquois, qui n'est là que pour représenter le peu de confiance dont témoigne celui qui l'a commandé vis-à-vis du monde extérieur, participant de ce fait à entretenir le climat de doute et de crainte implicite entre chaque individu, ledit individu qui dément ce climat par des protestations et des faux sourires dont le seul but est de gagner une confiance non méritée de son prochain, pour mieux lui prouver qu'il aura eu tord une fois cette confiance acquise.
La porte s'ouvre, bêtement, car la violence dont l'homme fait preuve suffit à briser la simple glace sensée faire barrière avec la ville, pour empêcher un quelconque intrus de rentrer là où des puissances inconnues ont décidé qu'il ne le pouvait point.
A présent, les apparences ont repris leur rôle, l'homme a changé de vêtements et de visage, son costume de technicien passe inaperçu devant la crédulité des employés, pendus devant leurs ordinateurs, qui travaillent encore dans ce bâtiment à une heure si tardive, exploités comme on exploite du bétail, et pourtant persuadés que leur dignité est encore entière car ils sont capables de supporter leur labeur.
La fierté d'avoir un emploi relève bien de la stupidité humaine, convaincue que souffrir jour et nuit n'est là que le plus digne des travaux, alors que ce simple fait ne relègue l'homme qu'a une sous catégorie de travailleur soumis, qui doit respecter les ordres de son patron pour ne jamais voir les résultats de ce travail dont il se vante pourtant. Ou tout du moins, ne jamais en profiter.
L'argent fait tourner ce monde qui est tombé bien bas, il représente à présent le seul motif, et motif justifié, de donner un peu de sa personne pour le déshonneur public.

Désormais l'ex-homme vêtu de noir, et nouveau technicien, se dirige vers les escaliers. L'ascenseur est en panne, et à cette simple pensée personne ne s'étonne de le voir ici, prouvant a quel point l'esprit humain s'arrête à la réflexion des plus basique a laquelle il est tenu.
Mais le technicien ne répare pas l'ascenseur. Pour la simple raison qu'il n'est pas technicien. Pour la simple raison que cet ascenseur lui fournit une raison d'être là, une raison qui ne sera pas approfondie par les gens qui le voit.
Il est à présent au dernier étage. Un simple couloir et trois pièces, dont deux vides sur les côtés. La dernière, au fond, fermée, comme pour marquer l'indifférence de celui qui y trône sur la présence de ses employés, ne va plus l'être longtemps.

L'homme n'est plus technicien. Il n'a plus la moustache et le visage simplet auquel les gens identifient le stéréotype du bricoleur, non, il est à présent raffiné, mais seulement raffiné dans les apparences, car ce n'est que ce qui compte ici. Ses vêtements semblent coûteux et recherchés, il arbore le visage du sous-directeur, une personne naïve, à l'image de tous ceux qui ont encore quelqu'un les surpassant dans la hiérarchie d'une entreprise.
Mais bientôt, il sera a la tête de cette hiérarchie, non pas parce qu'il l'a voulu, mais parce que l'ironie du sort en a décidé ainsi, ou encore que le destin lui tend la main. Non, aujourd'hui le faux sous-directeur est là à la demande d'un PDG. L'autre PDG. Celui dont l'entreprise a sombrée, à cause d'une unique personne qu'il a décidé de tenir responsable, celle qui dirige l'entreprise qui lui est concurrente et l'a vaincue à plate couture.
Un motif bien futile. Mais qu'est-ce que la futilité dans ce monde, quand tout le monde y attache de l'importance sauf vous?

La porte s'ouvre.
Le directeur est là, sur sa place privilégiée, qui lui est d'ailleurs privilégiée parce qu'il en a décidé ainsi et estime que cette raison est suffisante.
Assis sur son siège, siège pour le faux-sous-directeur, trône pour le directeur, ce dernier compte ses dernières recettes, les fluctuations de son entreprise, avec une excitation exagérée et répugnante. Corrompu jusqu'à la moelle et fier de l'être, l'argent est son seul bonheur, preuve d'à quel point il est descendu bas dans ce qu'on pourrait appeler la grandeur de l'âme.
Sorti de la transe dans laquelle l'argent et le bonheur matériel l'on plongé, il remarque enfin la présence du subordonné dans son bureau.
D'un signe vers le siège en face de son aquarium, il ordonne tacitement à l'homme de s'asseoir, ne daignant même pas lui adresser la parole pour un échange qu'il devait estimer d'une banalité inintéressante.
Dommage. S'il avait parlé, il aurait sans doute remarqué que son sous directeur avait une voix fort différente de celle qu'il avait entendu tant de fois sans y avoir jamais prêté la moindre considération.
Ainsi, l'homme s'assoit devant le directeur, sans un bruit, tel un fantôme.
Le plus corrompu des deux prend la parole, sachant qu'il avait le privilège de parler en premier de part sa position hiérarchique, dont son interlocuteur ne se souciait guère.

-Je croyais que vous étiez rentré chez vous, Mr.Makoto. Que me vaut cette visite à une heure si tardive ?

Il sourit, un sourire factice et empli de haine car la présence du pseudo sous-directeur le dérange, nuit a son plaisir insolent de contempler son argent.
L'autre homme se lève soudain, sous le regard surpris et intrigué de son supérieur.
Il parle d'une voix ferme, claire et posée, qui provoque chez le directeur une réaction que l'autre avait vu des centaines de fois, se résumant entre autre à des yeux écarquillés et des balbutiements inaudibles.

-Je suis là pour vous tuer.

Un silence s'installe confortablement dans la pièce, comme lorsque le directeur était seul. D'un pas sûr et naturel, le tueur ferme la porte de la salle, prêt à passer à l'acte. Sa victime comprend enfin qu'il n'a pas à faire a la personne qu'il croît voir.

-Pour…me tuer… ?

Cette question est inutile, la réponse a déjà était énoncée. De ce fait, le tueur ne ressent pas le besoin de répondre à cette question vide de sens. Toutefois, dans son infini bonté, il laisse à sa victime le temps de proférer ses derniers mots ou dernières infamies.

-Vous…Vous êtes un tueur à gages…?
-En effet.
-…Qui vous envoie ?

Même dans les moments les plus critiques, la curiosité humaine prend le dessus. Parfois, s'en est presque désolant.

-Vous n'avez pas à le savoir.

Soudain, le directeur parait reprendre confiance, ses yeux expriment à présent le reflet de son âme. Crainte et malice.

-Je ne sais pas qui vous a employé…mais je suis prêt à payer le double de ce qu'il vous a donné pour le voir mort. C'est un marché honnête.

Ce mot. Honnête. Il aurait pu sortir de la bouche de n'importe qui et passer inaperçu, mais dans les mains de cet homme habité par tous les vices, c'est un blasphème, une injure jetée ironiquement a la face du monde. Il est temps pour l'homme d'accomplir ce pourquoi il est venu, et faire taire cet imbécile a jamais.

-Je ne me nourri pas de notion aussi viciées que l'argent et l'espoir. Ta vie s'arrête ici, alors qu'elle aurait du finir il y a déjà bien longtemps. Puisses-tu prier Dieu du temps bien trop long qu'il t'a accordé de vivre.

Et l'apparence du tueur change une dernière fois. Sous le regard de cet homme tremblant et gémissant a la vue de son véritable agresseur.
Sous cette véritable identité, qui reflète le fond de cet être, il ne peut point parler, mais il a déjà tout dit.
Une lame brille dans la nuit.
Ce n'est pas une lame.
C'est une griffe.
On crie.

Et d'un dernier geste, le Zoroark lui tranche la gorge.

Le monde n'est pas rose et ne le sera jamais. Quand le moment de la mort est venu, l'illusion vole en éclat, et laisse place a la réalité, sombre vérité dans ce monde où rien n'est vrai.
Haïssez tout le monde, et faites vous aimer de tous.
Et espérez alors, pouvoir percer à travers le voile des apparences.
Là où la vérité surgit au grand jour, derrière le flot de paroles inutiles.